© Bank of America Chicago Marathon

Marathon de Chicago Bank of America : Dans les coulisses d’une course légendaire

MarathonWorld Majors
10/10/2025 12:53

Le Marathon de Chicago Bank of America, organisé dans l’Illinois, fait partie depuis 2006 du prestigieux circuit des Abbott World Marathon Majors. Pour les athlètes élites comme pour les coureurs amateurs, cette course mythique représente souvent l’aboutissement d’un rêve de toute une vie. Plat, rapide et débordant d’énergie, son parcours traverse un décor unique mêlant les rives du lac Michigan, la Chicago River et Millennium Park. Les participants longent tour à tour espaces verts et gratte-ciel, pour une expérience entre nature et architecture. Reconnu par World Athletics avec le Label Platine, Chicago est aujourd’hui l’un des plus grands marathons au monde, attirant plus d’un million de spectateurs le long de son parcours réputé pour sa rapidité. La ville a d’ailleurs accueilli plusieurs records du monde, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

En avril, à quelques mois de l’édition 2025 qui se déroulera cet automne, Marathons.com a rencontré Carey Pinkowski, Directeur exécutif de la course, et Michael Nishi, Directeur des opérations, pour une conversation exclusive.


Dans ce voyage au cœur de l’une des courses les plus emblématiques du monde, nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Carey Pinkowski (Directeur de course, Marathon de Chicago Bank of America) et Michael Nishi (Manager général, Marathon de Chicago Bank of America) de la signification et des défis que représente l’organisation du Marathon de Chicago Bank of America.


De 4200 coureurs à plus de 53 000 : un marathon qui a changé de dimension

| Le Marathon de Chicago Bank of America a connu une croissance spectaculaire depuis sa relance en 1977, quand seulement 4200 coureurs payaient un droit d’inscription de 5 dollars. En 2025, plus de 53 000 participants sont inscrits pour la 47e édition. Quel regard portez-vous sur cette évolution, et quels en sont, selon vous, les principaux moteurs ?

Carey Pinkowski : Tout d’abord, je pense que les gens aux États-Unis et dans le monde entier ont redécouvert la course à pied comme activité, dans un monde dominé par la technologie et la vitesse, où tout bouge à 100 à l’heure dans tous les sens. La course à pied recrée du lien, des communautés, et représente une sorte de redécouverte : c’est le sport le plus accessible, qui offre à la fois exercice et détente, et chacun se l’approprie à sa manière.

Je suis convaincu qu’une fois que les gens découvrent cette activité, ils construisent une routine, prennent soin de leur esprit, et finissent par considérer le marathon comme l’expression ultime de la course. Ils s’attachent à leur rythme, à leur préparation, à ce jour où ils prendront le départ. Des questions comme « Tu cours ? » ou « As-tu déjà fait un marathon ? » deviennent une façon de se définir — surtout ici à Chicago, aux États-Unis.

Nous avons aussi constaté l’arrivée massive des femmes, qui représentent aujourd’hui la moitié de nos sas de départ. Quand Michael et moi avons commencé, il y avait à peine 4 ou 5 % de femmes. Une des initiatives que nous avons prises a été de proposer une égalité des primes entre hommes et femmes, ce qui était révolutionnaire, et même controversé, à l’époque. Comme il y avait beaucoup plus d’hommes, donner la même somme aux femmes a fait débat. Cela peut sembler un détail oublié de l’histoire, mais pour nous, c’est un des éléments clés qui a contribué à notre croissance.

Une dynamique mondiale : les Abbott World Marathon Majors

| Depuis 2006, Chicago fait partie des prestigieux World Marathon Majors, aux côtés de Boston, New York, Londres, Berlin, Tokyo, et désormais Sydney. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Carey Pinkowski : Les Majors reposent sur la collaboration. Nous partageons nos idées, nos bonnes pratiques, nos difficultés, qu’elles soient médicales, logistiques ou liées aux relations avec les habitants. Faire partie de ce collectif nous renforce. Cela nous permet d’innover ensemble, d’améliorer l’expérience des coureurs, et de donner un meilleur accès à des événements de niveau mondial.

Tous ces marathons entretiennent des relations solides. Les professionnels se montrent respectueux et courtois. Mais au final, nous sommes confrontés aux mêmes défis. Nos courses grandissent, nos partenariats avec les villes évoluent, nos méthodes et processus aussi. C’est un apprentissage permanent.

Avec le boom du running, nous avons commencé à passer plus de temps ensemble, à nous rencontrer de manière formelle, à partager nos meilleures idées. Nous avons alors réalisé que nous faisions face aux mêmes enjeux, avec la même vision. Travailler ensemble était une évidence. Et cela ne concerne pas seulement les directeurs de course : ce sont aussi les médecins, les équipes opérationnelles, les municipalités, les agences, tout un écosystème.

Notre but est d’améliorer l’expérience des coureurs. Cela profite à toute l’industrie. Nous évoluons donc collectivement. Les cinq membres fondateurs étaient là, puis Tokyo a rejoint, et plus récemment Sydney. C’est un environnement formidable pour tester des idées, voir ce qui marche, et donner le meilleur accès possible à ces courses. C’est, selon moi, une avancée majeure pour notre sport.

Un taux de finishers record

| Chicago affiche l’un des taux d’abandon les plus bas au monde : plus de 99% des partants franchissent la ligne. Comment expliquez-vous cela ?

Carey Pinkowski : J’aime parler de dynamique collective, car tout découle de cet élan. Il existe aujourd’hui énormément de groupes d’entraînement, sans oublier les avancées sur les chaussures, les vêtements, la nutrition, l’hydratation, et la manière dont les coureurs sont accompagnés. Ils sont plus intelligents, mieux préparés, plus conscients de leur allure.

Autrefois, on s’entraînait plus isolé, souvent seul, et l’accès à une information fiable était plus compliqué. Aujourd’hui, il y a une mine de ressources : sites spécialisés, plans d’entraînement, groupes de coureurs. Et il ne s’agit pas seulement du physique, mais aussi du mental, de la préparation psychologique.

L’expérience dans son ensemble a progressé. Nous avons aussi adapté notre programme pour informer les coureurs sur l’hydratation, les conditions météo, etc. Tout cela contribue à ce taux de finishers exceptionnel.

Michael Nishi : Les coureurs sont aujourd’hui mieux informés. Mais un enjeu majeur du marathon reste l’âge : la discipline vieillit. Notre priorité est donc d’attirer de jeunes coureurs. On commence à voir ce changement, dans les communautés comme dans l’ensemble du secteur.

Il y a une vraie énergie, un engouement né des clubs et crews de running. Le recrutement passe désormais beaucoup par les réseaux sociaux, qui séduisent les jeunes et mettent en avant la santé. C’est une dimension clé du succès.

Résultat : les abandons reculent. Les réseaux sociaux donnent envie d’être présent, de participer, de partager son expérience. Ces nouveaux groupes utilisent le marathon comme un lieu de rencontre et d’échange.

Carey Pinkowski : C’est un phénomène social. Avant, on se retrouvait autour d’une bière. Aujourd’hui, c’est autour d’un run. L’activité physique est redécouverte, et les gens se soutiennent mutuellement. Ils échangent des conseils, progressent ensemble.

Le côté convivial compte aussi : ce qu’on fait après l’entraînement ou la course, comme sortir dîner. Nous organisons un semi-marathon qui traverse différents quartiers, et nous associons les habitants à la préparation. Ils nous disent ce qu’ils aimeraient voir, entendre, vivre. Nous les écoutons pour améliorer et rendre la course plus accessible.

Des gens qui ne couraient pas se mettent à marcher, puis à courir un 5 km, un semi… et finissent par envisager le marathon. L’essentiel est de bouger. Et bouger donne confiance, renforce.

Michael Nishi : C’est un événement authentique. Il est né dans une communauté avec peu de moyens, et c’est devenu quelque chose de marquant. Nous avons la chance de voir à quel point cela a changé des vies. La course change les vies.

On le voit sur les lignes de départ, avec des gens qui n’auraient jamais imaginé y être. À Garfield Park, par exemple, l’espérance de vie à West Garfield est de 67 ans. Quatre miles plus loin, elle est de 85 ans. Bouger change tout, pour la communauté et pour la société.

L’impact économique et social

Le parcours traverse 29 quartiers, révélant toute la diversité culturelle et architecturale de Chicago. Quel est l’impact économique et social du marathon sur la ville ?

Carey Pinkowski : Le tracé passe par 29 quartiers de Chicago, qui reflètent parfaitement la richesse et le caractère local de la ville. Depuis des années, nous travaillons main dans la main avec les bénévoles et les habitants, et nous avons une vision claire de l’événement. Renforcer ce qui fonctionne, apporter des améliorations, c’est notre défi permanent.

L’élément clé reste le retour des gens, les habitants, les commerçants, les associations. Nous rassemblons tout le monde, et chacun a le sentiment de faire partie de ce collectif. C’est un écosystème incroyable, l’exemple ultime d’un effort partagé.

Il faut énormément de personnes pour que cela fonctionne. Les habitants nous ouvrent leurs rues, la police et le Park District apportent leur soutien. Nous bénéficions aussi d’infrastructures extraordinaires au cœur de la ville. L’événement est accepté et porté par la communauté. Les coureurs sont accueillis dans les quartiers, les bénévoles renforcent ce sentiment. C’est aussi une formidable vitrine pour la ville.

Beaucoup de participants n’étaient jamais venus à Chicago auparavant. Pour eux, c’est une expérience unique. Chaque année, nous apprenons quelque chose de nouveau. Le marathon fait partie de l’histoire de la ville. À travers lui, les habitants ont une responsabilité dans son développement. C’est un apprentissage permanent.

Notre course a une dimension historique : chaque rue, chaque immeuble raconte une histoire. Sur le parcours du Semi-marathon de Chicago, par exemple, on passe par des quartiers moins fréquentés et également à l’endroit même où Abraham Lincoln fut nommé candidat de son parti à l’élection présidentielle. Chicago est une ville pleine de facettes, et chaque édition nous fait en découvrir un peu plus.

Sécurité et organisation : un défi colossal

| Organiser un événement d’une telle ampleur est un véritable exploit logistique, surtout depuis l’attentat du Marathon de Boston en 2013. Quels sont vos plus grands défis en matière de sécurité et d’organisation ?

Carey Pinkowski : Il y a plusieurs facteurs à prendre en compte : la météo, l’environnement, et bien sûr la sécurité. Nos équipes font un travail formidable. Tout le monde se mobilise pour anticiper les défis. À mes yeux, Chicago est le meilleur événement de ville au monde parce que nous sommes intégrés à la communauté et que nous bénéficions d’un immense soutien. Nous avons bâti tout cela de zéro.

Je vois le travail accompli au quotidien : chaque personne est investie. Nous accordons une grande importance à la communication : répondre aux questions, expliquer. Je ne crois pas que les coureurs mesurent l’ampleur de l’organisation. Cela demande du temps, un travail acharné.

Chicago repose sur un effort collectif impliquant toutes les agences de la ville, notamment le Chicago Police Department. C’est un véritable pacte de confiance. Ils nous accordent des autorisations parce que nous faisons preuve d’une transparence totale : ce que nous faisons, ce que nous allons faire. Tout le monde se sent intégré au plan, et c’est une grande fierté.

Tout le monde connaît quelqu’un qui court le Marathon de Chicago Bank of America : un cousin, une nièce, un ami… Parfois même un policier ou un voisin. Le marathon est intrinsèque à la ville, cette connexion est ce qui lui permet de prospérer.

Michael Nishi : Il y a 30 ans, la sécurité était déjà une préoccupation, mais pas au même niveau qu’aujourd’hui, surtout après 2001. Soudain, elle est devenue prioritaire, et cela s’est renforcé année après année. Puis il y a eu l’attentat de Boston, une dizaine d’années plus tard. Depuis, la sécurité reste notre priorité absolue. Nous devons constamment améliorer les dispositifs d’urgence, car on ne sait jamais ce qui peut arriver.

Il y a aussi la météo, qu’on ne contrôle pas. En 2007, nous aurions dû arrêter la course à cause de la chaleur extrême. C’est probablement l’un des plus grands défis actuels, qui touche tout le monde, au même titre que les aspects juridiques et assurantiels. Nous avons beaucoup appris de cette édition, mais il faut sans cesse progresser.

| Vous avez mentionné la canicule de 2007, est-ce vous repensez souvent à cet épisode, est-ce que vous discutez encore de cela, plus de 10 ans plus tard ?

Michael Nishi : Absolument. C’est devenu la base de notre organisation. Chaque année, le programme évolue, mais nous regardons toujours en arrière. Nous voulons apprendre des situations imprévues auxquelles nous avons dû faire face. Heureusement, nous avons aujourd’hui des équipes expérimentées et beaucoup de soutien. Mais nous devons toujours être mieux préparés. Ces expériences nous forgent et nous servent à avancer.

Carey Pinkowski : Ce jour-là a marqué tout le monde, y compris les autres organisateurs d’événements à Chicago et ailleurs. Cela a conduit à la création d’une organisation unifiée de la gestion des courses. C’était le premier grand événement annulé. Nous avons tout de même eu 26 000 finishers, mais les conditions météo étaient un défi énorme : nous avons même dû dévier les coureurs de la ligne d’arrivée.

Nous pensons toujours à ce jour et nous nous appuyons sur cette organisation unifiée. Quand il faut prendre des décisions instantanées, tout le monde suit. D’autres événements comme Lollapalooza ou même NASCAR ont appris de cela.

C’est une grande leçon : lors d’événements de masse, nous devons travailler ensemble, pompiers, police, quartiers, pour élaborer un plan collectif qui se perfectionne édition après édition. L’année suivante, face à des conditions quasi identiques, nous avons su mieux réagir.

Michael Nishi : Nous avons tout changé, jusqu’à créer un système Event Alert. Il faisait si chaud, du jamais vu dans l’histoire de la course. Beaucoup pensaient que 2006 était une anomalie, mais l’année suivante, les mêmes conditions sont revenues. Nous avons dû faire appel à des ambulances, même hors de Chicago. La moitié des interventions médicales concernaient des coups de chaleur.

La première fois, avec Carey, nous nous sommes dit qu’on allait devoir arrêter, que nous ne pouvions pas prendre en charge tout ça. Mais dès l’année suivante, nous avons réussi à tout gérer avec des services privés, sans utiliser une seule ambulance municipale.

Carey Pinkowski : Nos coordinateurs, nos prestataires, le public… tout le monde nous a soutenus. Cela a montré la résilience de la ville et de notre équipe. Nous avons relevé le défi. Depuis, d’autres événements viennent s’inspirer de notre modèle. Nous organisons même des conférences pour partager nos pratiques, analyser nos opérations en conditions réelles et aider d’autres villes.

Un parcours rapide et historique

| Le Marathon de Chicago Bank of America est réputé comme l’un des plus rapides du monde. Comment garantissez-vous des conditions optimales, année après année, tant pour les records que pour le bon déroulement global ?

Carey Pinkoswki : Le parcours n’est pas totalement plat, il y a quelques petites montées. Mais Chicago est depuis longtemps une terre de performances. Récemment, Kelvin Kiptum et Ruth Chepngetich y ont signé des chronos historiques. Tout le monde considère Chicago comme une course rapide, au même titre que Berlin ou Valence. Deux des meilleurs temps mondiaux ont été réalisés ici.

Nous avons toujours eu une vraie philosophie de compétition athlétique. Les élites sont un atout marketing fort, et nous faisons en sorte qu’ils soient dans les meilleures dispositions. Dès leur arrivée, ils ont du temps pour se reposer, s’entraîner, se préparer. Tout est organisé pour réduire leur stress, de l’hôtel au départ, avec des navettes sécurisées de trois minutes. Notre équipe dédiée travaille main dans la main avec entraîneurs et managers pour qu’ils se sentent accueillis.

C’est devenu une tradition : beaucoup reviennent, comme Steve Jones, Rosa Mota ou Khalid Khannouchi. Le marathon a pris une autre dimension quand Kiptum a battu le record du monde en 2023, à seulement 23 ans. Je me souviens : il m’avait demandé qui était Khannouchi, qui était dans les tribunes. Je lui ai expliqué que Khalid incarnait la paix. Kelvin l’a remercié pour tout ce qu’il avait fait pour ce sport. Khannouchi avait même dit qu’il espérait que si quelqu’un battait le record à Chicago, ce serait Kelvin.

Il y a une histoire, une tradition, une responsabilité. Les athlètes viennent ici bien préparés, avec de grandes attentes, et souvent la réussite leur tend les bras.

Marathon de Chicago 2024
© Bank of America Chicago Marathon

Des records du monde et la barrière mythique des deux heures

| À Chicago, les records du monde masculins et féminins sont tombés coup sur coup : Kelvin Kiptum en 2h00’35 en 2023, Ruth Chepngetich en 2h09’57 en 2024 (l’interview a été réalisée avant sa suspension provisoire, après un contrôle positif à un diurétique en juillet). Cela change-t-il l’image du marathon, et pensez-vous qu’un jour, la barrière mythique des deux heures tombera ici ?

Carey Pinkowski : Absolument, ce n’est qu’une question de temps. Je pense que Kelvin Kiptum aurait pu le faire à Chicago. Comme on dit aux États-Unis, il avait encore « le pied sur le frein » lors de son record. Rien qu’à voir son deuxième semi couru en 59 minutes et 40 secondes, on sentait qu’il restait prudent au départ. Il n’a manqué les deux heures que de 35 secondes. Pour moi, il l’aurait réussi dès la course suivante avec les bonnes conditions. Malheureusement, il nous a quittés trop tôt.

Diversité et inclusion : l’ADN du marathon

| En matière d’inclusion, la diversité semble inscrite dans l’ADN du Marathon de Chicago Bank of America. Comment accompagnez-vous cette ouverture grandissante, et quelles sont vos ambitions pour les dix prochaines années ?

Carey Pinkowski : Inclusivité et diversité sont au cœur de la vision de notre organisation, CEM, en lien avec la Bank of America et nos sponsors. Nos visuels, nos affiches reflètent cette diversité, et mettent en avant des personnes comme Mary Beth. Nous voulons toucher toutes les communautés.

Nous recevons un fort soutien des clubs de la côte ouest, du sud, notamment des clubs noirs. Beaucoup découvrent la course, lancent des programmes de soutien. Michael a été un vrai garant de cette équité, en facilitant l’accès aux clubs. Nous invitons aussi des passionnés qui ne peuvent pas se payer l’inscription à participer. L’idée, c’est que chacun puisse s’approprier l’événement.

Michael Nishi : L’accessibilité est essentielle. Nous avons conçu des médailles pour les malvoyants, des dossards adaptés aux sourds pour signaler les zones à risque. Nous mettons aussi en avant des personnes neuro-atypiques, pour qu’elles soient vues et qu’elles inspirent. C’est une part importante de notre travail.

Carey Pinkowski: Janet, de notre équipe, a recruté des artistes issus de différentes communautés pour créer des œuvres. Chicago est une ville diverse, sportive, fière, faite de quartiers et de cultures. Ce n’est pas un défi pour nous, nous en faisons partie.

Il n’y a pas que les stars comme Chepngetich ou Kiptum : il y a aussi ceux qui courent en 3 ou 4 heures, des gens de parcours très variés. Tous font partie de cette communauté mondiale. C’est l’essence de notre message.

Vers 2028 et le 50e anniversaire

| En 2025, de nouveaux défis se posent. Quelles innovations préparez-vous ? Avez-vous le temps de penser déjà aux cinq prochaines éditions ?

Michael Nishi : Nous avons eu hier même une réunion pour préparer notre 50ᵉ anniversaire en 2028. Si vous pensez seulement à l’année prochaine, vous êtes déjà en retard.

Carey Pinkowski : Personne ne regardait son téléphone pendant cette réunion. C’était un vrai moment d’échanges, de regards, de conversation. Une célébration d’humanité. Les gens courent côte à côte avec des inconnus venus d’ailleurs, ils s’entraident, peu importe la nationalité. Tout cela grâce à la course, qui est si simple.

On travaille, on vit des vies stressantes. Courir demande du temps, mais c’est enrichissant. Cela crée de l’esprit d’équipe, des souvenirs, des relations. Nous connaissons un coureur, Randy, 70 ans, qui a déjà couru 47 marathons et veut atteindre 50 d’ici 2028. Pour beaucoup, c’est leur premier marathon, et nous voulons les fidéliser jusqu’à cette date.

L’énergie à Chicago est unique. C’est stressant à organiser, mais quand la course se déroule, l’émotion est immense. Des coureurs du monde entier viennent. Il y a 30 ou 35 ans, j’ai dit à Michael : « Si un jour on a 10 000 participants, on n’aura pas de problèmes. » Aujourd’hui, ils sont 55 000, et nous les accueillons toujours.

Marathon de Chicago 2024
© Bank of America Chicago Marathon

Leurs marathons de cœur

| En dehors de Chicago, quels sont vos marathons préférés ?

Carey Pinkowski : J’aime Boston pour sa tradition. Ils savent honorer l’histoire, rendre hommage aux coureurs qui s’y sont dépassés. C’est le plus vieux marathon du monde. Je me souviens l’avoir regardé enfant, fasciné. C’est une course difficile, avec les fameuses « Newton Hills ». J’adore l’ambiance de cette ville, son énergie, son histoire.

Michael Nishi : Moi aussi, je dirais Boston. C’est là-bas que j’ai battu mon record personnel. Chaque course est une expérience unique. J’ai aussi aimé New York, même sous la pluie. C’était plus dur, mais incroyable. Je me souviens du passage à Central Park, puis de la dernière montée sur la 57ᵉ Rue, où j’ai eu des crampes. Les gens m’ont poussé pour que je termine. C’était fantastique.


Le Marathon de Chicago Bank of America est bien plus qu’une course. C’est une célébration du running, qui mêle performances d’élite, ambiance populaire et décor spectaculaire. Grâce à une organisation millimétrée, une communauté passionnée et une ville vibrante, l’événement reste un rendez-vous incontournable pour tous les coureurs, qu’ils soient amateurs ou professionnels.
Bravo à Carey Pinkowski et Michael Nishi, dont la passion et l’engagement entretiennent la légende. À l’approche de l’édition 2025, Chicago continue d’écrire son histoire—toujours plus riche et inspirante—au rythme des foulées de milliers de coureurs.

L’édition 2025 du Marathon de Chicago Bank of America aura lieu le 12 octobre prochain, découvrez toutes les infos !

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