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Kenya : de Nyahururu à la « Vallée des champions »

Marathon
26/08/2025 21:09

Depuis les années 70, le développement des structures sportives de haut niveau ne s’est jamais démenti au Kenya. Tout a débuté à Nyahururu, puis les villes d’Iten et de Kaptagat ont pris le relai. Aujourd’hui, plus que jamais Home of Champions, le Kenya continue d’attirer les coureurs du monde entier, tout en formant les meilleurs coureurs du pays.


Dans le premier volet sur le Kenya publié le 19 août, Marathons.com a évoqué l’histoire récente du Kenya, celle qui l’a amené à devenir la superpuissance de la course à pied que l’on connait aujourd’hui. Les succès d’hier et d’aujourd’hui passent évidemment par les structures du pays, qui se sont concentrés en 50 ans dans 3 villes du pays : Nyahururu, Iten et Kaptagat. Ce deuxième volet leur est consacré.

| Nyahururu, la ville où tout a commencé

L’histoire des camps d’entraînement kényans commence loin de l’effervescence actuelle d’Iten. Dans les années 1970 et 1980, c’est à Nyahururu, ville située dans les hauts plateaux du centre du pays, à quelques 200 km de Nairobi, que se développent les premières communautés d’athlètes. C’est là-bas que le premier champion renommé du Kenya, Kipchoge Keino, s’est construit. À l’époque, tous les coureurs du pays se donnent rendez-vous dans cette ville d’altitude (2300 mètres), au Nyahururu Stadium plus précisément. Peu de lieux dans le pays pouvaient se targuer d’avoir un stade à l’époque. C’est dans cette enceinte, aujourd’hui en souffrance, que Kipchoge Keino et l’équipe nationale kényane se sont préparés pour les Jeux Olympiques de Mexico en 1968, ceux qui ont révélé les athlètes du pays au monde entier. Dans les années 1980-1990, le centre de gravité sportif se déplace progressivement vers l’ouest, dans la vallée du Rift. La professionnalisation du secteur attire des entraîneurs et des managers étrangers, et les structures commencent à se perfectionner.

Iten © KIPRUN

| Iten et Kaptagat ont pris la relève

C’est à Iten, petite ville perchée à 2400 m d’altitude, que le phénomène de la course à pied au Kenya prend une autre dimension à la fin des années 70. L’arrivée en 1976 du missionnaire irlandais Colm O’Connell au Lycée St. Patrick marque un tournant : l’école devient une fabrique de champions. Plus de vingt de ses élèves ont décroché des titres mondiaux ou olympiques. L’entraîneur a eu sous ses ordres, entre autres, David Rudisha, Vivian Cheruiyot, Matthew Birir ou encore Brimin Kipruto. Peu à peu, une véritable culture de la course à pied grandit et des camps se multiplient, transformant Iten en capitale mondiale de la course de fond. De nos jours, les pistes de la ville et de ses environs sont prises d’assaut par de nombreux groupe de coureurs, kényans ou étrangers. Certains sont professionnels, d’autres amateurs. Pour répondre à cet afflux, les infrastructures continuent aujourd’hui de se développer. De nombreuses structures privées contribuent au développement de la course à pied au Kenya, quitte à transformer la course à pied en véritable industrie.

Kaptagat, ville plus discrète située à une trentaine de kilomètres d’Iten, s’affirme comme l’autre bastion d’excellence du pays. C’est ici qu’Eliud Kipchoge s’entraîne depuis plus de vingt ans, dans un camp au fonctionnement quasi monastique. L’altitude (2400 m), l’environnement préservé et la discipline collective y créent un cadre propice à la performance. Là où Iten attire aussi bien les champions confirmés que les amateurs étrangers, Kaptagat reste plus fermée, tournée vers l’élite kényane.

| Un florilège de structures privées

À Iten, la densité de structures privées dédiées à la course à pied est élevée. Impossible de citer ici tous les noms de celles qui ont émergé dans la Mecque de la course à pied… Une des références du pays a été lancée par l’athlète néerlandaise d’origine kenyane Lornah Kiplagat, qui a remporté des marathons d’envergure durant sa carrière (Los Angeles en 1997 et 1998). Il s’agit du High Altitude Training Centre (HATC). Hébergement, équipements sportifs, accès à des services de récupération : tout est intégré et permet aux heureux coureurs de se concentrer sur leur foulée. Le Kenya Camp va un peu plus loin avec la présence de pacers et de coachs sur place. Le JC Iten Training Camp combine également hébergement, équipements sportifs et coaching. Pas de sélection ici, seul compte de pouvoir s’offrir le séjour… Les marques se sont aussi pris au jeu.

L’équipementier Kiprun, qui a de grosses ambitions, a inauguré en novembre 2023 son centre, la 42 House. Une vingtaine d’athlètes, femmes et hommes, sont hébergés dans ce centre et s’entrainent sous la houlette de coach. Des partenariats avec deux écoles du Kenya vont permettre la formation de jeunes âgés de 13 à 18 ans, toujours dans le cadre de la 42 House. Dans les techniciens présents dans l’organigramme de la structure, on retrouve l’inamovible Colm O’Connell, de la St. Patrick High School, décidément incontournable au Kenya. On y retrouve également le The Swiss Side à Iten, un centre d’entraînement haut de gamme, idéal pour les coureurs et les sportifs désirant bénéficier d’un environnement de récupération performant et d’un accompagnement adapté à l’entraînement intensif.

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À Kaptagat, les offres privées sont plus limitées et la ville est tournée vers l’élite professionnelle du pays. Ainsi, le Great Rift Valley Sports Camp est le terrain d’entraînement privilégié de champions comme Eliud Kipchoge, Geoffrey Kamworor ou Moses Tanui. Il fonctionne en lien avec l’agence Global Sports Communication et offre un cadre isolé, propice à une concentration maximale, moins encombré que la vibrante Iten. La NN Running Team, structure professionnelle internationale lancée en 2017 où l’on retrouve aussi Eliud Kipchoge, dispose d’un centre d’entrainement à Kaptagat.

Depuis plus de 50 ans, le Kenya dispose d’une véritable culture de la course à pied, qui a bénéficié aux kenyans mais aussi à de nombreux coureurs étrangers. Aujourd’hui, en plein boom de la course à pied, les offres se multiplient à Iten ou dans une moindre mesure à Kaptagat. On notera toutefois que peu de structures privées sont lancées par des kenyans, ce qui reste dommageable pour le pays et ses habitants, qui auraient bien besoin des retombées économiques de la course à pied.


Charles-Emmanuel PEAN
Journaliste

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