Marathon à 40 ans

Pourquoi tant de personnes choisissent de courir leur premier marathon après 40 ans ?

MarathonCommunauté
18/09/2025 14:34

Passer la barre des 40 ans ne rime pas toujours avec crise de la quarantaine. Pour beaucoup, ce cap devient au contraire l’occasion de transformer l’âge en défi XXL : courir son premier marathon. Guidés par l’envie de sens, portés par une revanche sur le temps et inspirés par des modèles qui montrent la voie, de plus en plus de quadragénaires s’élancent sur 42,195 km, prouvant que cette distance mythique n’a rien d’une affaire réservée à la jeunesse.


Quarante balais. Une barrière importante à franchir pour certains. Mais pour beaucoup, ce cap devient un point de bascule positif, l’occasion de s’offrir un défi symbolique et fondateur. Nicolas, 42 ans, n’avait jamais dépassé les 15 km. Jusqu’au jour où il croise un coureur de 65 ans en plein footing de préparation pour le Marathon de Paris. « Si lui y arrive, pourquoi pas moi ? », se souvient ce mordu de sorties nocturnes. Quelques mois plus tard, Nicolas bouclait les 42,195 km en quatre heures pile. Pas un chrono stratosphérique, mais un souvenir impérissable, une impression d’avoir gravé ses 42 printemps dans l’asphalte de la capitale. Comme lui, de plus en plus de quadragénaires se lancent : au Marathon de Paris 2024, la moyenne d’âge des finisseurs est tombée à 38 ans (contre environ 41 ans en 2015) et près de la moitié des participants y disputaient leur premier marathon en 2025. Ces évolutions montrent que la quarantaine reste un âge clé – ni de départ, ni de recul, mais de lancement.

| L’âge de la lucidité, des moyens et de la rigueur

En effet, courir un marathon à 40 ans n’a rien d’illogique. À cet âge, beaucoup ont atteint une forme de stabilité : emploi fixé, enfants plus grands, revenus permettant d’investir dans une préparation sérieuse, dans beaucoup de cas. Finis les entraînements improvisés du dimanche matin : place aux plans millimétrés, aux chaussures dernier cri, aux séances de kiné pour prévenir les bobos. Mais au-delà des moyens financiers, il y a la lucidité. Nicholas Thompson, rédacteur en chef de Wired et marathonien accompli malgré un emploi du temps surchargé, expliquait souvent que l’âge oblige à écouter davantage son corps : « Après 40 ans, la récupération n’est plus optionnelle, elle devient stratégique. » Cette discipline imposée par le temps se transforme paradoxalement en atout : ceux qui courent à 40 ans avancés ne cherchent pas seulement la performance, ils construisent un projet solide, réfléchi et durable.

| Un défi qui donne du sens à une étape de vie

Si la quarantaine pousse tant de personnes vers le marathon, c’est aussi parce que la course devient un rituel chargé de sens. Dans Elle, une coureuse parisienne racontait avoir longtemps limité ses sorties à quelques kilomètres autour du canal de l’Ourcq. À l’approche de ses 40 ans, elle avait ressenti « le besoin de se faire un peu violence » et de marquer le coup en s’inscrivant au Marathon de Paris. Le résultat ? Une course vécue comme une renaissance. Elle n’a pas cherché un chrono mais une émotion, un accomplissement personnel. La psychologie sportive le confirme : le marathon à cet âge est moins une quête de performance brute qu’une façon d’affirmer sa capacité à franchir un cap. C’est un « rituel de passage » qui redonne du relief au quotidien, une preuve concrète que le corps et l’esprit peuvent encore repousser des limites.

| Elles ont attendu la quarantaine pour se lancer

Et le phénomène ne touche pas seulement les anonymes. Certaines personnalités françaises ont elles aussi découvert le marathon passé 40 ans. Que ce soit chez les hommes ou chez les femmes. C’est le cas de Nathalie Mauclair, double championne du monde de trail 2013 et 2015, qui n’avait jamais couru un marathon avant son quarantième anniversaire. Son parcours illustre bien cette idée qu’il n’existe pas d’âge « idéal » pour se lancer. Même à un haut niveau, la curiosité et l’envie peuvent surgir tardivement, et transformer une vie sportive.

Nathalie Mauclair a participé aux 20 km de Paris cette année.

Autre exemple marquant : Barbara Humbert. La détentrice du record du monde des 24 heures en master 9 n’a enfilé ses chaussures de marathonienne qu’à 43 ans. Pas d’historique d’athlète de haut niveau, juste l’envie de se tester. Depuis, la doyenne du Marathon de Paris 2024 a enchaîné les épreuves, prouvant qu’il n’est jamais trop tard pour écrire son histoire sur 42,195 km. Son récit a inspiré des milliers de coureurs et coureuses, convaincus que la quarantaine peut marquer non pas la fin d’un cycle, mais le début d’une aventure.

| Des modèles qui inspirent partout

Les récits qui circulent sur le web et dans les médias n’y sont pas étrangers. En France, on trouve aussi des histoires inspirantes. L’ancien cycliste professionnel Laurent Jalabert a découvert le marathon après sa carrière, et continue de briller sur route à plus de 50 ans, par le biais d’Ironman. Eliud Kipchoge, lui, n’a jamais cessé de marteler que « seul l’esprit fixe les limites », une maxime qui résonne encore plus fort chez ceux qui voient la quarantaine non pas comme un plafond de verre, mais comme un tremplin. Ces exemples nourrissent un imaginaire collectif où la quarantaine devient synonyme de nouveau départ.

L’ancien champion cycliste Laurent Jalabert s’est mis à courir sérieusement après sa carrière. (©Facebook Laurent Jalabert)

| Une revanche sur le temps et sur soi-même

Derrière ce premier marathon couru à 40 ans se cache aussi une revanche. Revanche sur le temps qui passe, sur les doutes accumulés, parfois sur quelques kilos installés au fil des années. La préparation impose un cadre, une discipline et un retour à soi. À l’arrivée, la médaille n’est pas qu’un objet symbolique : elle cristallise des mois d’efforts, un corps réconcilié, une confiance retrouvée. Plusieurs travaux intitulés The effects of physical activity on self-esteem in older adults: a systematic review” montrent que, chez les coureurs « maîtrisés » (40 ans et plus), la course à pied ne se limite pas au chronomètre. Les motivations liées à la santé, amélioration de l’image corporelle et hausse de l’estime de soi reviennent fréquemment dans les enquêtes auprès des runners plus âgés. Des études comparatives et des enquêtes sur les coureurs amateurs confirment que les pratiquants quadragénaires déclarent une meilleure perception de leur santé globale et un gain en bien-être psychologique après s’être engagés dans des préparations longues (semi-marathon / marathon). Beaucoup disent que ce premier marathon les a rajeunis, comme si une seconde jeunesse sportive s’ouvrait, plus consciente et assumée.

Un premier marathon reste un souvenir unique, qu’il soit couru à 25, 35 ou 45 ans. Mais passé la quarantaine, il prend une saveur particulière. Parce qu’il ne symbolise pas seulement un exploit sportif, mais aussi un choix de vie. Terminer un marathon à 42 ans, c’est se prouver qu’il reste des milliers de kilomètres possibles. Dans un monde où la quarantaine est parfois perçue comme un tournant vers le « déclin », ces 42,195 km racontent une tout autre histoire : celle d’une vitalité qui s’affirme, d’un avenir encore plein de défis, et d’un âge qui, loin de ralentir, peut encore accélérer.

Découvrez le calendrier des marathons.


Dorian VUILLET
Journaliste

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