© New York Road Runners
Près d’un milliard de dollars : quand le Marathon de New York fait tourner l’économie de la Big Apple
À New York, le running n’échappe pas à la frénésie de la Big Apple. Ici, on court pour la prestigieuse médaille du marathon, pour le style, pour la gloire, pour se dépasser, ou simplement pour se sentir vivant et partager une passion. Et cette immense énergie collective se traduit directement dans les chiffres. Des chiffres qui donnent le tournis, à l’image de la ville et de ses hauts gratte-ciel. Selon le dernier rapport économique de l’association New York Road Runners (NYRR), organisatrice du Marathon de New York, leurs courses ont généré près d’un milliard de dollars de retombées économiques pour la ville. Oui, un milliard. Plus que le Super Bowl. Et même plus que la période de Noël. Derrières ces chiffres se cachent la confirmation de l’ascension fulgurante du running et la preuve qu’ici la course à pied est devenue un véritable moteur économique et culturel et un pilier de la vie new-yorkaise au même titre que Broadway ou les Yankees.
| Le TCS Marathon de New York, un impact aussi fort que le Super Bowl
Chaque année, le TCS Marathon de New York est un peu aux runners ce qu’est le Super Bowl aux fans de sport américain. Même ferveur, même démesure, et désormais, même impact économique. En 2024, la course organisée par New York Road Runners (NYRR) a rapporté 692 millions de dollars à l’économie new-yorkaise, soit autant que le Super Bowl de Las Vegas, selon le maire Eric Adams.
Avec ses 55 642 finishers, la dimension internationale de l’événement est un enjeu majeur : 425 millions de dépenses venues des touristes, dont notamment 178 millions pour les hébergements, 109 millions pour la restauration et 51 millions pour le shopping. Une pluie de dollars donc pour les cinq boroughs new-yorkais, et un chiffre qui donne le tournis : +139 % de croissance depuis l’édition 2019.
Derrière ces chiffres vertigineux, une étude indépendante et sérieuse, menée par Audience Research & Analysis et Appleseed, a comptabilisé les dépenses directes et indirectes liées à 34 courses organisées entre avril 2024 et mars 2025 : 291 000 participants, plus d’un million de visiteurs venus d’ailleurs, et un total de 934 millions de dollars injectés dans l’économie locale, soit 58 % de plus qu’en 2020.
Les chiffres-clés
- NYRR a généré un total de 934 millions de dollars de revenus à travers ses 34 courses.
- Le Marathon de New York a compté 55 642 finishers en 2024.
- Le Marathon de New York a généré 692 millions de dollars en 2024.
- 425 millions de dollars de dépenses proviennent des touristes.
- Plus d’1 miilion de touristes sont présents pour l’événement.
- 2 millions de spectateurs sont massés au bord de la route pour assister à la course.
- La course est en forte croissance : +139 % depuis l’édition 2019.
- Plus de 5 000 emplois sont créés pour l’occasion.
| Pourquoi autant de passion autour de cette course ?
Le TCS Marathon de New York occupe une place à part dans le monde du running. Il est peut-être même le marathon le plus iconique du monde. Avec ses deux millions de spectateurs massés le long du parcours, l’ambiance est électrique, presque irréelle. Ici, les coureurs ne sont plus des anonymes : ils deviennent des rock stars d’un jour, portés par la ferveur de la Big Apple.
Membre du cercle prestigieux des Marathon Majors, ce marathon incarne le graal absolu pour des millions de runners qui rêvent de franchir la ligne d’arrivée dans Central Park. Mais ce rêve se mérite et a un prix… La demande explose chaque année, et avec le système de loterie, avoir un dossard relève presque du miracle. Ce facteur chance est donc prédominant et ajoute encore plus de prestige à l’événement. Chaque année, les runners du monde entier se prennent de passion pour cette course de légende. Celle qu’on prépare pendant des années et qu’on ne court souvent qu’une fois dans sa vie.
Les chiffres peuvent impressionner mais les spécialistes du milieu ne seront pas étonnés : les marathoniens consomment beaucoup lors de leur séjour. Hôtels confortables pour se reposer, restaurants pris d’assaut pour faire le plein d’énergie avant la course, boutiques de sport dévalisées pour la fameuse Marathon Jacket, musées et stades bondés… bref, toute la ville se transforme en terrain de jeu pour des coureurs en quête d’une expérience totale.
| De la crise sanitaire à la course à pied comme symbole
Pour donner encore plus de perspective à l’étude menée par NYRR, il faut se rappeler qu’il y a cinq ans à peine, en pleine crise sanitaire mondiale, les rues étaient vides, les marathons annulés. Et depuis que la situation s’est améliorée, la donne a totalement changé. On a assisté à un véritable boom du running avec une explosion de participation sans précédent. Après de longs mois confinés, le running a repris sa place et a ouvert de nouvelles portes pour des millions de nouveaux pratiquants, celles d’un sport universel, accessible, social, et désormais… très rentable.
Pour autant, l’association NYRR est bien une organisation à but non lucratif. Née il y a près de 70 ans, elle a su transformer la passion des coureurs new-yorkais en véritable puissance économique. Son modèle repose sur une boucle vertueuse : des courses populaires → des retombées économiques → des programmes sociaux et éducatifs → encore plus de coureurs.
| Une course populaire autant qu’économique
Les causes caritatives bénéficient également des retombées économiques de l’événement : 79 millions de dollars ont été levés par des coureurs solidaires pour des associations partenaires, dont 12 millions pour Team for Kids, le programme jeunesse du NYRR.
Au-delà des chiffres financiers, il y a surtout de l’humain derrière l’étude menée par NYRR. Au fil des années, l’association est devenue un acteur social majeur pour les habitants des 5 boroughs de la ville. En 2025, plus de 668 000 personnes ont participé à des programmes ou événements estampillés NYRR. Parmi eux, 217 000 jeunes via le programme Rising New York Road Runners, qui vise à initier les enfants à la course à pied.
Les bénévoles, eux, étaient 25 000 à donner de leur temps (plus de 150 000 heures) pour faire tourner la machine et coordonner toutes les courses. Et derrière tous ces données, il y a des histoires : celle d’un gamin de Brooklyn qui court son premier 5 km, celle d’une retraitée du Queens qui retrouve du lien social grâce aux marches du programme Striders de NYRR. C’est aussi ça, l’impact du running : du lien humain, de la santé publique, et une certaine idée du vivre-ensemble, made in NYC.
| Quand les marques suivent la cadence
Le running new-yorkais, c’est aussi un aimant à sponsors, équipementiers et médias. Les géants du sport savent qu’un dossard affiché à Central Park, c’est une vitrine mondiale. L’écosystème attire aujourd’hui autant d’entreprises privées que de coureurs : l’industrie du running ne se limite plus aux chaussures et aux gels énergétiques. Entre les partenariats, les plateformes de running en ligne (Runna, Strava…), les initiatives durables comme la Team for Climate, le running devient aussi un vivier de tendances. Depuis 2017, New Balance est l’équipementier officiel du Marathon de New York. Un véritable jackpot pour la marque américaine, qui ne compte certainement pas lâcher ce partenariat qui offre une visibilité mondiale pour ses produits.
| Un moteur à cinq boroughs
New York adore se définir comme la ville qui ne dort jamais. On pourrait aussi la qualifier de ville qui court toujours. Des 5 km de quartier à l’iconique New Balance 5th Avenue Mile en passant par le TCS Marathon de New York, on célèbre le running toute l’année et chaque course est une fête locale. Les cafés de Williamsburg, les restaurants du Bronx, les hôtels de Midtown, tout le monde profite de la venue des coureurs. Et quand la ligne d’arrivée est franchie à Central Park, les chiffres restent : plus de 5 000 emplois créés, 384 millions de dollars de salaires versés et 54 millions de recettes fiscales pour la ville.
Le running occupe désormais une place significative dans le paysage économique de New York au même titre que Broadway, le baseball ou le cinéma. Et si les chiffres donnent le tournis, le message de l’association NYRR reste simple : plus qu’un sport, la course à pied, c’est un moteur collectif et un levier social puissant. Une preuve qu’à force de courir par milliers, à New York, on fait vraiment avancer la société.
✔ Retrouvez l’intégralité de l’étude d’impact de NYRR
Clément LABORIEUX
Journaliste
