Vortex Race : la course qui tourne à la tête (et fait tourner les jambes)
16/10/2025 20:50À Lausanne, ils ont eu une idée un peu folle, transformer un bâtiment circulaire en piste de course. Résultat : une rampe de 2,8 km, huit étages à gravir, 2000 coureurs prêts à tourner en rond… jusqu’au toit. Bienvenue dans la Vortex Race, l’épreuve la plus déjantée du calendrier suisse.
Sur le campus de l’Université de Lausanne ce jeudi 16 octobre, le Vortex attire déjà les regards. Un immense anneau de verre et de béton posé sur pilotis, construit pour héberger les athlètes des Jeux olympiques de la jeunesse en 2020 avant de devenir résidence universitaire. Huit étages reliés par une rampe intérieure continue, légèrement inclinée de 1% seulement mais longue de 2,8 km. De quoi donner des idées.
Un soir, des étudiants se lancent un défi « Et si on montait jusqu’en haut ? ». Le genre de vanne qui finit en événement officiel. Quelques années plus tard, la Vortex Race en est déjà à sa cinquième édition, et elle affiche complet.
| Courir en rond, mais pas pour rien
Le principe paraît simple, partir de l’extérieur, s’engouffrer dans la rampe, grimper les huit étages jusqu’au toit… et redescendre en sens inverse. Mais à l’arrivée, les visages disent autre chose. La montée douce devient un supplice discret, le virage permanent met les jambes à rude épreuve, et la répétition des tours finit par brouiller la tête. « C’est une course qui ne ressemble à aucune autre, confiait un participant à France 3 Alpes. On n’a pas de repères, on tourne, on ne sait plus trop où on en est. Mais quand on arrive en haut, la vue et l’ambiance valent tout l’effort. »
Entre le vertige et la fierté, chacun trouve son rythme. Certains foncent pour le chrono, d’autres viennent juste pour la curiosité : courir dans un bâtiment universitaire, ça ne se fait pas tous les jours.
| Une folie bien organisée
L’événement a beau avoir des allures de défi entre potes, tout est réglé au millimètre. Départs en vagues, musique, animations, bénévoles étudiants partout. Deux formats au choix, la version “Campus”, environ 7 km avec un passage sur l’extérieur avant d’entrer dans la rampe, et la version “Classique”, plus courte, pour se concentrer sur la spirale.
Près de 2000 coureurs sont attendus chaque année, venus de toute la Suisse romande et même d’ailleurs. Et au fil des éditions, la Vortex Race a gagné sa place dans le paysage des courses les plus fun du pays. Certains la décrivent comme “la plus délirante de l’année” (La Tribune n’a pas exagéré). Sur le toit, une vue à 360 degrés sur Lausanne et le lac Léman. En bas, un DJ, des food trucks et une ambiance bon enfant. On est loin de la rigueur des grands marathons, ici le mot d’ordre c’est kiffer autrement.
| Deux Français dans le top 10
Plus de 20 longues minutes (21’19 exactement) ont suffi au Suisse Maxime Fluri pour avaler la pente lors du raid de 7 bornes. Quelques secondes derrières, ses compatriotes Rico Punter (21’33) et Max Witteveen (21’36) tenaient leurs places sur le podium alors que deux tricolores se sont accrochés pour terminer dans les 10 meilleurs places. Le jeune Simon Guillou a achevé sa montée en 8e position (22’52) tandis que Mathiss Maury a passé la ligne à la dixième place, chronométré en 22’59.
| Le corps, l’esprit, et un brin de folie
La pente ne paraît pas redoutable sur le papier. 1%, ce n’est rien. Sauf quand elle dure presque trois kilomètres, sans pause ni ligne droite. Les jambes chauffent, les mollets tirent, et le cerveau s’emmêle. Pas de repère visuel, pas de virage à gauche ou à droite, seulement cette courbe continue, hypnotique, qui finit par t’embarquer dans un drôle d’état.
Certains y voient une métaphore de la vie d’étudiant. D’autres un simple prétexte pour repousser un peu leurs limites. Un coureur résumait très simplement « Tu penses que ça ne monte pas, mais quand t’arrives en haut, t’as tout donné. »
| Un OVNI dans le monde de la course
Dans un paysage running souvent formaté entre bitume, chrono, ravito et médaille, la Vortex Race casse les codes. Elle n’a pas besoin de panorama alpin ni de ligne droite à perte de vue, son décor, c’est l’architecture. Son ambiance, c’est l’énergie du campus. Son âme, c’est cette idée de s’amuser du quotidien, de détourner un lieu pour le transformer en terrain de jeu.
L’événement prouve qu’une course à pied peut être à la fois sérieuse et légère, compétitive et décalée. Un défi, oui, mais sans se prendre trop au sérieux.
| Tourner en rond… mais pas en vain
Il y a dans la Vortex Race quelque chose de presque poétique. Une boucle parfaite, un tour sur soi-même, une ascension sans montagne. Les coureurs tournent, montent, transpirent, rient, puis redescendent avec ce sentiment étrange d’avoir fait partie d’un moment à part. Alors que d’autres empilent les kilomètres sur des marathons urbains, ceux-là choisissent de grimper à l’intérieur d’un bâtiment circulaire, juste pour le plaisir du défi. Et peut-être un peu pour le symbole, dans un monde où tout tourne, certains ont choisi de le faire en courant.
Alors pour ceux qui en ont marre des lignes droites, qui aiment les courses un peu barrées et les souvenirs qui restent, direction la Suisse. Tourner en rond n’aura jamais été aussi bon.
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Dorian VUILLET
Journaliste