Hellen Obiri bat le record du Marathon de New York, Benson Kipruto s’impose au sprint et Eliud Kipchoge boucle ses Six Majors dans l’émotion. © TCS New York City Marathon

Marathon de New York 2025 : Hellen Obiri et Benson Kipruto triomphent, Eliud Kipchoge en larmes sur la ligne d’arrivée

MarathonMarathon de New YorkWorld Marathon Majors
02/11/2025 18:01

C’était le grand final de la saison. Ce dimanche, plus de 59 000 coureurs ont traversé les cinq boroughs de New York pour boucler la saison des Majors 2025. Et la 54e édition du Marathon de New York a offert une démonstration de force du Kénya : Hellen Obiri s’impose chez les femmes en 2h19’51, record de l’épreuve pulvérisé, tandis que Benson Kipruto l’emporte chez les hommes en 2h08’09, au terme d’un finish épique au sprint, le plus serré jamais enregistré dans l’histoire de la course. Pour la première fois, les podiums hommes et femmes sont 100 % kényans. L’autre image forte du jour restera celle d’Eliud Kipchoge, ému aux larmes sur la ligne d’arrivée. Le plus grand marathonien de l’histoire referme à New York le dernier chapitre de sa carrière sur les grands marathons.


| Hellen Obiri a le dernier mot et signe un record à la clé

Chez les femmes, la course a tenu toutes ses promesses. Avec huit athlètes ayant déjà couru sous les 2h20, le peloton élite féminin affichait le niveau le plus relevé de l’histoire du Marathon de New York. Dès les premiers kilomètres, un groupe compact s’est formé à l’avant, emmené par les trois dernières lauréates : Hellen Obiri, Sharon Lokedi et Sheila Chepkirui, un trio 100 % kényan. Derrière, les Américaines Emily Sisson, Fiona O’Keeffe, Annie Frisbie, et la Néerlandaise Sifan Hassan tentaient de suivre la cadence soutenue (passage au semi en 1h11’01).

Après le pont Queensboro, les coureuses ont retrouvé la frénésie de Manhattan. Sur First Avenue, dans une ambiance de folie, elles ont accéléré et n’étaient plus que cinq aux avant-postes. Le record de la course était plus que jamais menacé (2h22’31, signé Margaret Okayo en 2003). Sur cette longue ligne droite de plus de 6 kilomètres, le trio kényan a pris les commandes. O’Keeffe s’accrochait, Hassan revenait par à-coups. Mais la dure loi du marathon a fini par faire le tri et les 2 coureuses ont fini par être décrocheés du peloton de tête. Aux abords de Central Park, elles n’étaient plus que trois : les mêmes qu’en 2023 et 2024. Lokedi a placé plusieurs attaques qui ont fait mal dans les côtes du célèbre parc new-yorkais. Chepkirui a tenté de résister mais a fini par lâcher du terrain sur ses 2 compatriotes.

Puis, à 800 mètres de l’arrivée, après un mano-a-mano pendant plusieurs minutes, Obiri a pris les choses main en plaçant une accélération fulgurante. Avec sa foulée longue et puissante, elle s’envolait vers la victoire laissant sa rivale sur place. 2h19’51 à l’arrivée : record du parcours pulvérisé de près de trois minutes. Lokedi termine à 16 secondes, Chepkirui complète le triplé kényan en 2h20’24. Derrière, Fiona O’Keeffe, première Américaine, signe le meilleur chrono US de l’histoire à New York (2h22’49). Frisbie (2h24’12) et Sisson (2h25’05) confirment la montée en puissance du marathon féminin américain, tandis que Sifan Hassan, encore marquée par sa victoire à Sydney, finit sixième.

Entre Hellen Obiri et Sharon Lokedi, c’est une histoire de revanche permanente. Battue à Boston cette année, la double médaillée olympique a remis les pendules à l’heure à New York. Une course millimétrée, un negative split parfaitement exécuté, un finish de patronne dans Central Park et à la clé, un nouveau record du parcours. La Kényane confirme qu’elle fait partie des plus grandes marathoniennes de cette dernière décennie.

Classement Femmes

1. Hellen Obiri (Kenya) – 2h19’51
2. Sharon Lokedi (Kenya) – 2h20’07
3. Sheila Chepkirui (Kenya) – 2h20’24
4. Fiona O’Keeffe (États-Unis) – 2h22’49
5. Annie Frisbie (États-Unis) – 2h24’12
6. Sifan Hassan (Pays-Bas) – 2h24’43
7. Jessica Warner-Judd (Royaume-Uni) – 2h24’45
8. Emily Sisson (États-Unis) – 2h2’05
9. Amanda Vestri (États-Unis) – 2h25’40
10. Fionnuala McCormack (Irlande) – 2h27’00

| Benson Kipruto triomphe au terme d’un finish spectaculaire

Chez les hommes, l’histoire s’est écrite dans un souffle. Pendant plus de la moitié du parcours, le peloton est resté groupé, avec une vingtaine d’hommes partis dans un rythme conservateur, Eliud Kipchoge, Kenenisa Bekele et tous les favoris dans le même rythme. Un passage au semi en 1h05’18, bien loin des bases du record de la course (2h04’58 par Tamirat Tola en 2023). Puis au 25e kilomètre, sur le Pont Queensboro, l’Américain Hillary Bor (ancien steepleur) a décidé d’allumer la mèche. Le peloton s’est étiré et la course s’est enfin animée.

À 30 km, ils n’étaient plus que huit. Puis six. Puis quatre : Benson Kipruto, Alexander Mutiso, Albert Korir et le Britannique Patrick Dever, impressionnant pour son premier marathon. Dans les côtes de Central Park, Korir et Dever ont craqué, laissant la victoire se jouer entre les deux Kényans. Un duel de haut vol, à l’image de cette édition. Dans les 400 derniers mètres, Kipruto a lancé son attaque et semblait avoir fait la différence. Mais à 200 mètres de l’arrivée, Mutiso a lâché un dernier effort héroïque et est revenu comme une fusée sur son concurrent. Les deux hommes ont franchi la ligne d’arrivée aux coudes à coudes en 2h08’09, séparés par… 16 centièmes seulement ! Le plus petit écart de l’histoire du marathon new-yorkais. C’est finalement Kipruto qui est déclaré vainqueur, à la photo finish. Le médaillé olympique ajoute un nouveau Major à sa collection après Boston (2021), Chicago (2022) et Tokyo (2024). Il entre dans l’histoire en devenant le premier coureur à remporter les trois Majors américains.

Pour Alexander Munyao Mutiso, cette course vient confirmer sa place parmi les grands. Après une victoire à Londres en 2024, une impressionnante deuxième place cette année sur la même course, le Kényan a livré à New York une solide performance sur un parcours exigeant. À seulement 29 ans, il s’impose comme l’un des visages de l’avenir du marathon mondial. Derrière, Korir complète le podium (2h08’57), juste devant Dever (2h08’58). Le top 10 est relevé : le Suisse Matthias Kyburz (5e), les Américains Joel Reichow (6e), Charles Hicks (7e) et Joe Klecker (10e) confirment la progression du fond américain. Le Norvégien Sondre Nordstad Moen (8e) et l’Érythréen Tsegay Weldibanos (9e) complètent la liste. Un plateau homogène, des visages nouveaux, et une densité qu’on n’avait plus vue depuis longtemps à New York. La légende éthiopienne Kenenisa Bekele a abandonné peu avant le 30e km.

Classement Hommes

1. Benson Kipruto (Kenya) – 2h08’09
2. Alexander Mutiso (Kenya) – 2h08’09
3. Albert Korir (Kenya) – 2h08’57
4. Patrick Dever (Royaume-Uni) – 2h08’58
5. Matthias Kyburz (Suisse) – 2h09’55
6. Joel Reichow (États-Unis) – 2h09’56
7. Charles Hicks (États-Unis) – 2h09’59
8. Sondre Nordstad Moen (Norvège) – 2h10’15
9. Tsegay Weldibanos (Érythrée) – 2h10’36
10. Joe Klecker (États-Unis) – 2h10’37

17. Eliud Kipchoge (Kenya) – 2h14’36

| Eliud Kipchoge, les larmes du GOAT

Ce n’était pas une victoire, ni même un podium. Mais c’était son moment. Eliud Kipchoge a enfin couru à New York. À l’aube de ses 41 ans, le double champion olympique n’avait plus rien à prouver. Pourtant, il a pris le départ avec la même concentration que d’habitude, le même sourire calme, et surtout une détermination à toujours repousser ses limites. Lancé sur le même rythme que les leaders jusqu’à mi-parcours, il a ensuite rencontré des difficultés en fin de parcours et finit à la 17e place en 2h14’36. Au-delà du chrono, l’image à retenir est certainement celle d’un Kipchoge ému qui a fondu en larmes sur la ligne d’arrivée. Parce qu’en franchissant cette ligne, il est devenu Six Star Finisher, complétant le cercle des six Majors (Tokyo, Boston, Londres, Berlin, Chicago et New York).

Pour celui qui a remporté 11 Majors, c’est une page qui se tourne. Désormais, la légende ne court plus pour gagner, mais pour transmettre. Dans Central Park, ils étaient des milliers à être venus pour contempler une dernière fois sa foulée majestueuse. Cette fois, il n’y avait pas de chrono à retenir. Juste une émotion, brute et rare venant de celui qui a inspiré des millions de coureurs à travers le monde. Et il continuera à le faire. Après la course, le champion kényan a levé le voile sur son prochain projet : « Eliud Kipchoge Running World ». Une aventure ambitieuse, sportive mais centrée sur la transmission et le partage avec un programme chargé : courir 7 marathons sur les 7 continents dans les deux prochaines années.

| Les Français en difficulté sur le parcours new-yorkais

Côté tricolore, le Marathon de New York a laissé un goût amer. Félix Bour, bien placé jusqu’au semi (1h05’20), a dû abandonner au 34e kilomètre, victime d’une défaillance. Il avait contracté un virus quelques jours auparavant et n’a pas pu maintenir le rythme infernal. Cruel pour celui qui visait un top 10 pour sa première à New York. Emmanuel Roudolff-Levisse a, lui, tenu bon malgré les difficultés et termine 16e en 2h13’05. Un chrono pas à la hauteur de ses ambitions mais synonyme de meilleur résultat français du jour sur un parcours toujours exigeant.

Et mention spéciale à l’ancien aventurier de Koh-Lanta Dorian Louvet qui boucle ici sa folle aventure Miles of Discovery : courir les sept marathons « Majors » en un an. Un exploit de régularité et de mental, et une prouesse sportive puisqu’il a bouclé les sept marathons sous une moyenne de 2h30 (2h18’56 à Tokyo le 2 mars, 2h33’41 à Boston le 21 avril, 2h33’23 à Londres le 27 avril, 2h28’34 à Sydney le 31 août, 2h28’24 à Berlin le 21 septembre, 2h25’27 à Chicago le 12 octobre, et 2h27’09 à New York).

| New York : une ville, une ambiance, un mythe

Il y a le Marathon de New York et il y a les autres. Un tracé exigeant, des ponts immenses qui coupent les jambes, des descentes qui ne pardonnent pas. Mais surtout, une ferveur unique dans les rues. Deux millions de spectateurs massés le long du parcours, des orchestres dans chaque quartier, des pancartes toutes plus folles les unes que les autres dans le Bronx ou à Brooklyn. Ce dimanche, les conditions étaient idéales : une dizaine de degrés au départ, un ciel dégagé, peu de vent.

Pour les 59 000 coureurs venus des quatre coins du monde, c’est plus qu’une course : c’est une expérience de vie. Fouler First Avenue dans une ambiance de feu, profiter de la vue sur Manhattan, franchir la ligne d’arrivée dans Central Park… À New York, courir le marathon, c’est enfiler le costume d’une rock star le temps d’un week-end. Ici, on ne court pas uniquement contre la montre, on court pour se sentir vivant, pour goûter à ce mélange d’euphorie et d’émotions que seuls les finishers peuvent vraiment comprendre.

2025 restera comme une édition d’exception. Hellen Obiri a offert un récital et un record, Benson Kipruto un sprint d’anthologie et Eliud Kipchoge un au revoir plein d’émotion. New York a encore tenu son rang : spectaculaire, imprévisible, magique. On a déjà hâte de vivre l’édition 2026…

Retrouvez tous les résultats du Marathon de New York


Clément LABORIEUX
Journaliste

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