Le défi fou de Gaspard Degryse, un supporter de Lille « amoureux » du running
Le passionné de course à pied Gaspard Degryse court, après chaque match de Ligue 1, le nombre de buts inscrits par son équipe favorite… multiplié par dix. Fervent supporter du LOSC depuis sa plus tendre enfance, le Lillois a déjà avalé 119 kilomètres autour du stade Pierre Mauroy depuis qu’il a entamé ce défi complètement dingue.
Gaspard Degryse, alias @gaspacho.dgr sur Instagram et @spacho.life sur TikTok, enchaîne les tours de stade chaque semaine depuis la quatrième journée de championnat. Poussé par ses potes, l’ancien combattant professionnel de Muay-thaï se lance dans ce projet à la mi-septembre, sans être immédiatement confronté à de trop longues distances. Il démarre fort, avec 21 km après la victoire face à Toulouse (2-1), avant d’être rapidement calmé dans ses ardeurs, par les scores moins flatteurs qui suivent. Deux défaites contre Lens (3-0) et Lyon (0-1), puis un nul face à Paris (1-1). Jusqu’à ce fameux 6-1 contre Metz, où il se dépasse complètement : 61 bornes qui cassent les pattes, une première pour lui.
Cet accro aux challenges n’est pas du genre à les étaler. « Je les fais souvent dans mon coin », glisse ce grand timide, qui ose désormais un peu plus aller vers les gens depuis qu’il s’expose sur les réseaux. Le virtuel lui sert de tremplin pour prendre confiance. « Je ne parle pas directement aux gens, mais j’essaie de faire comme si je m’adressais à plusieurs personnes quand je tourne mes vidéos. Si je croise quelqu’un dans la rue, je me dis que ma dernière vidéo a fait tant de vues, que je n’ai eu aucun mal à parler devant autant de personnes, donc que je devrais y arriver face à une seule ». Et surtout, il peut partager ce qui le fait vraiment vibrer, courir pour ce club qui coule dans ses veines.
| Le LOSC, une histoire de famille
Fils d’un ancien membre du staff médical du club, arrière-arrière-petit-fils du gardien du SC Fives, le club qui a fusionné avec l’Olympique Lillois pour former le LOSC, Gaspard a grandi avec le maillot lillois dans le coeur. Cette équipe a accompagné chacun de ses pas. « Non négociable », lâche-t-il quand il évoque la possibilité de rater un match des Dogues.
« On regarde les matchs avec mon père et mon petit frère, raconte-t-il, évoquant des habitudes un peu bousculées par son nouveau rythme. Ils m’ont pris pour un fou, au début, mais forcément, ils me soutiennent. Ils savent que ce genre de défi, c’est ce que j’aime dans la vie. Tout ce qu’ils voient, c’est que ça me fait marrer, que ça me rend heureux et c’est tout ce qui les importe. »
| Un ancien boxeur raid dingue de la course à pied
Même si ce défi serait une véritable montagne à gravir pour quiconque s’y lancerait juste pour le challenge, ce n’est pas le cas de cet amoureux de la discipline qui s’y tient par pur plaisir. « J’adore tous ses aspects, que ce soit les distances un peu plus rapides, comme le 10 km, ou des plus longues sorties tout seul », s’enflamme-t-il. Victime d’une blessure qui l’a récemment forcé à lever le pied quelque temps, il ne peut pourtant pas se passer de ses runs quotidiens. « C’était un peu un drame », confie ce coureur depuis un an et demi à peine.
À l’époque, enfiler ses baskets représentait une manière de continuer à faire du sport sans se soumettre aux exigences d’une préparation rigide, et surtout de faire un trait définitif sur sa carrière de boxeur professionnel en Thaïlande, là où les 10 km du matin ressemblaient davantage à une corvée. Avec désormais deux entraînements par jour, sauf le « jour de repos » dominical, il retrouve « plus ou moins » le rythme de sa vie de pro. « Ça m’a habitué à avoir un gros volume, même si maintenant je m’écoute plus. Je gère selon mes états de fatigue. Je ne vais jamais chercher trop loin quand je sens que je suis crevé ou que j’ai mal quelque part. »
« Je suis tombée amoureux de la course à pied. J’adore tous ses aspects, que ce soit les distances un peu plus rapides, comme le 10 km, ou des plus longues sorties tout seul. »
Gaspard Degryse
| Un défi qui coule de source
Cette simple suggestion d’un pote ne trotte pas longtemps dans sa tête. Elle tombe à pic pour ce jeune coach sportif de 24 ans, qui tourne déjà à 140-150 bornes par semaine. « Mes potes me voyaient toujours faire, à mon humble niveau, des petites performances sur mes sorties ou sur quelques courses. Ils m’ont dit ‘Vas-y mec, fonce ! Quitte à courir longtemps, autant le faire d’une manière un peu fun et décalée.’ »
Le défi s’est vite intégré à sa routine. « Je fais mes entraînements normaux, en adaptant un peu l’intensité. » Même s’il nécessite une organisation bien ficelée. « Ce n’est pas facile, mais je m’entraîne normalement à côté. J’essaie quand même de rester entre 110 et 130 kilomètres selon les semaines. Parfois, j’en profite pour caler ma séance dedans, je fais 10 kilomètres actifs ». En général, il boucle la séance le lundi, « pour être tranquille le reste de la semaine » pour s’entraîner.
| Une « ultra » distance qui fait sensation
Parfois ce challenge l’amène à repousser ses limites. Comme ce jour où il s’est élancé pour 90 tours de 700 mètres autour du stade Pierre Mauroy, après la victoire écrasante du LOSC 6-1 face à Metz. « Quand j’ai vu qu’on avait gagné 6-1, j’étais à la fois triste et heureux, retrace-t-il. Ça faisait longtemps que je voulais faire ce genre de distance. Du coup, je me suis dit : trop chouette, je n’ai plus d’excuse pour ne pas le faire ».
Il se souvient d’un bon copain venu courir dix kilomètres avec lui pour le soutenir. « Ça m’a fait du bien ! Mais en général, quand je tourne, j’aime bien me recentrer, être dans ma bulle. Cette fois-là, j’ai pu réfléchir à pas mal de choses ». Courir cette impressionnante distance l’a propulsé dans une autre dimension sur TikTok : 380 000 vues, plus de 200 commentaires et 3000 abonnés gagnés en un temps record.
Gaspard Degryse n’en a pas fini de distraire ses proches, et désormais ses nombreux abonnés sur les différentes plateformes. Des idées fusent déjà par dizaine dans son esprit, même si, pour l’heure, il se concentre sur sa prochaine échéance : les 10 km de Seclin, où il s’est inscrit il y a quelques jours, poussé par un ami. Il tentera d’y envoyer valser son record personnel de 33’57 pour se rapprocher des 33’30. « C’est bien de commencer la saison par un 10 km, parce qu’il s’agit des premières courses que j’ai faites ». Déjà finisher d’un semi-marathon, il n’hésite pas une seconde quand on lui demande s’il compte courir un marathon un jour. « C’est certain. Je ne sais pas lequel, mais bientôt ». Et puis, au fond de sa tête, une autre idée le titille, participer à une « Backyard », parce qu’il ne vit que pour relever ce genre de défis.

Sabine LOEB
Journaliste