L’événement 13-Unis, organisé par l’Association française des Victimes du Terrorisme, a rassemblé 3000 coureurs et marcheurs, dix ans après les attentats de novembre 2015, ce dimanche sur le parvis de l’Hôtel de Ville, où le village de la Fraternité permettait à chacun de se ressourcer après la course de la Liberté de 15 km ou la marche de l’Égalité de 7 km. © Benjamin Vodant

13-Unis : 3000 coureurs et marcheurs en hommage aux attentats du 13 novembre 2015

10 km5 km
09/11/2025 20:50

L’événement 13-Unis, organisé par l’Association française des Victimes du Terrorisme, a rassemblé 3000 coureurs et marcheurs, dix ans après les attentats de novembre 2015, ce dimanche sur le parvis de l’Hôtel de Ville, où le village de la Fraternité permettait à chacun de se ressourcer après la course de la Liberté de 15 km ou la marche de l’Égalité de 7 km.


L’arrivée victorieuse de deux cousins passant la ligne main dans la main, « très unis » tout le long de l’épreuve de 15 km, illustre parfaitement l’esprit solidaire, sportif et commémoratif de cette journée à l’atmosphère particulière organisée par l’AfVT, avec le soutien de la Ligue d’Ile-de-France d’Athlétisme, de la mairie de Paris et du Crédit Mutuel Fédéral, partenaire officiel. Cette manifestation « 13-Unis » s’inscrit dans une période d’hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015 et de célébration de la vie. L’occasion de se souvenir ensemble des événements marquants toute une nation dix ans auparavant. La marée orange qui a déferlé dans les rues parisiennes tout au long de la journée a une nouvelle fois prouvé que courir ou marcher a la pouvoir d’unir. 

| De participants faisant preuve de résilience

Impossible d’évoquer cette journée sans la course de la Liberté qui a rythmé toute la matinée. Prévue à 9h30 devant le Stade de France, elle a réuni 1600 coureurs pour 15 km d’effort : du stade à l’Hôtel de Ville, en passant par la place de la République, lieu emblématique des événements du 13 novembre. Les quais, « bucoliques avec le brouillard », et les grands boulevards parisiens, « pas toujours simples, où mentalement il fallait s’accrocher », ont fait également partie du tracé. « Les coureurs présents ont été résiliants, la résilience étant le mot d’ordre de ce grand événement où le sport était un facteur de cohésion et de reconstruction pour des milliers de personnes », a souligné Arnaud Flanquart, président de la LIFA. « C’est un parcours qui symbolise aussi tout le chemin accompli par les victimes depuis le 13 novembre. On voit combien la résilience et la force de chacun permettent d’aller au-delà de ce qui a pu se passer », a affirmé Carole Damiani, directrice de l’association Paris Aide aux Victimes.

Cette course a été orchestrée par la LIFA, missionnée depuis janvier pour organiser une course digne des plus grandes. « Nous avons des experts pour le traçage de parcours, la chronométrie, les signaleurs », a précisé le président de la LIFA, directement partant pour organiser cet événement qu’il considère comme « le plus beau que la Ligue n’est jamais organisé ». Il n’a pas hésité longtemps avant de mobiliser l’ensemble des ressources de la Ligue pour mener à bien ce projet, réalisé en six mois, tout en poursuivant ses autres événements habituels. « Ça m’a rappelé là où j’étais. J’avais entendu les coups de feu de chez moi en me demandant ce qui se passait, on a tous été marqué par ce jour là », s’est-il livré. 

|Célébrer la vie

Cet acte de mémoire pour tous n’en est pas moins une ode à la vie. « C’est cette solidarité qu’on recherchait en participant à cette course. Ça nous tenait à coeur », déclarent Juliette Laravoire et Cindy Dervishi, deux jeunes femmes du club de Chaville Athlétisme, qui couraient « pour se dépasser, mais aussi pour les autres. » Une vive émotion émanait également de deux membres du Conseil d’administration de l’AfVT, positionnées à l’arrivée « C’est émouvant de voir autant de personnes participer à une course solidaire », a confié Aurore Pernin.

« On sent la satisfaction d’avoir couru, d’être là pour la vie, contre la mort. C’est très important d’être dans le mouvement, dans la joie. Ce qu’on célèbre aujourd’hui, c’est la vie », a lancé Chantal Langlade. Bénévole depuis 2003, Cathy Francillonne a ressenti elle aussi l’atmosphère poignante de cette journée. « On veut ne pas oublier les victimes, a-t-elle lâché, avant de raconter sa soirée du 13 novembre 2015. « J’étais chez moi et surtout très inquiète, parce que j’avais un fils qui devait être sur Paris, du côté de République. Toute la nuit, je n’ai pas dormi. Il ne répondait pas, et il est arrivé comme une fleur vers 17h. Je lui ai sauté dans les bras. Il n’était au courant de rien, mais quel soulagement ! »

| Un podium masculin émouvant

L’image forte de cette course, c’est Thibault Reinhart et Constantin Van De Velde franchissant la ligne d’arrivée main dans la main. Pour ces deux marathoniens, le résultat importe peu, l’émotion est ailleurs. « On a perdu notre cousin il y a dix ans. Quand on a vu la course, on s’est dit que ce serait une belle occasion de la faire », raconte Thibault. Très vite, les deux cousins se retrouvent en tête. « On s’est dit qu’on allait au moins garder l’allure pour jouer le podium. Puis, vers République, on a vu qu’on était vraiment devant, alors on a décidé de finir ensemble. »

Son cousin Constantin, sa fille dans les bras, ajoute « Il n’y a pas que nous. D’autres membres de la famille couraient aussi ou étaient là pour encourager », comme leurs grand-mères, comme leurs grands-mères, impatientes de les serrer dans leurs bras et de figer cet instant en photo. Leur chrono de 51’36, soit 3’25 au kilomètre, mérite tout de même d’être salué. Lors de la remise des récompenses, Clément Dague, troisième en 54’48, a laissé transparaitre son émotion, lui qui n’avait que 15 ans au moment des attentats. « C’est le premier souvenir vraiment marquant de sa vie », se souvient-il. Ce dénouement ne pouvait pas mieux correspondre à ses attentes « C’est un symbole que les deux premiers arrivent en même temps. Je pense qu’on n’aurait pas pu rêver mieux que ça. »

| Les trois coureuses en tête touchées

L’émotion est partagée par le trio de tête féminin. L’étudiante bosnienne Emina Alagic, déjà victorieuse du 5 km des Voies Royales mi-octobre, a survolé la course en 1h01’21, « ravie de gagner, mais surtout heureuse d’avoir couru pour se rappeler de ce qui est arrivé ». Derrière elle, la sociétaire du Championnet Sport, Léonie Delabrière, en 1h03’06 et la représentante du CA Orsay, Nadia Simon en 1h04’45, complètent le podium. Consciente du pouvoir fédérateur du sport, elle a choisi cette course pour sa première dans la capitale, car « le message était beau et fort ».

Même si elle n’a pas donné le maximum d’elle-même, elle a connu des moments plus durs où, penser aux « gens qui avaient perdu leurs vies », l’a aidée à supporter la douleur de l’effort. « Finalement, c’est rien du tout de souffrir dans une course, relativise-t-elle, flashée en 4’16 au kilomètre. La vie peut s’arrêter du jour au lendemain, alors c’est beau d’être là et de juste vivre l’instant présent. »

Même si l’AfVT découvrait « le monde des runners », comme l’explique Géraldine Gorgol, en charge de la communication dans l’association, cela ne s’est pas ressenti. « Cette journée tombe très bien, parce qu’on a vraiment besoin d’être ensemble en ce moment. On vit dans une société très clivée sur de nombreux sujets, et c’est un moment où l’on est tous ensemble. Ça fait vraiment du bien de voir tout le monde ici, avec plein de sourires et tant de joie », remarque-t-elle. Du prix imbattable du dossard, à 15 euros seulement, aux morceaux de piano diffusés sur le village, en passant par les deux œuvres de Olivier Terral, l’une exposée sur scène, l’autre créée ce jour-même, le concert de clôture de l’événement et la liberté offerte aux spectateurs, pouvant circuler librement au niveau de l’arrivée, située au même endroit que l’entrée du village, tout dans cette course l’a différenciée d’une course ordinaire. Plus que jamais, le slogan de la République : Liberté, Égalité, Fraternité, a trouvé tout son sens et résonné dans les cœurs.

Retrouvez les résultats de cette course 13-Unis


Sabine LOEB
Journaliste

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