72 marathons en 72 jours : l’incroyable odyssée d’Alban Pellegrin aux quatre coins de la France
De Bray-Dunes à Lauterbourg, Alban Pellegrin a avalé la France à la force de ses jambes. 72 marathons en 72 jours, sans pause, sans détour. À 38 ans, l’ancien aventurier de Koh-Lanta a accompli un défi aussi fou qu’humain, où épuisement total et bonheur absolu s’en suivent.
Il pourrait en rigoler, mais le surnom lui va plutôt bien. Alban Pellegrin, c’est un peu le Forrest Gump à la sauce franchouillarde. Parti le 1er septembre des plages de Bray-Dunes, le Lyonnais a couru chaque jour jusqu’à franchir la ligne de Lauterbourg (Bas-Rhin), à la frontière franco-luxembourgeoise, le 11 novembre dernier. Il est 16h35 dans le village le plus à l’Est de la France quand le Rhodanien vient de terminer 72 marathons en 72 jours. Oui, 72 fois 42,195 km. 3200 bornes au total, 37 000 m de dénivelé positif, sans assistance, juste un petit sac à dos de sept kilos avec le strict nécessaire et une volonté à toute épreuve.
Son objectif ? Relier les quatre points cardinaux de la France, à la rencontre du pays et de ses habitants. Dormir chez l’habitant, partager un repas, écouter des histoires. Boosté par ses proches, l’ancien aventurier de Koh-Lanta n’a pas seulement traversé la France, il l’a vécue, au rythme des foulées et des rencontres.
En détails, le baroudeur a d’abord longé la Normandie, traversé la Bretagne jusqu’à la pointe de Corsen, ce bout du monde finistérien où la terre s’arrête et l’Atlantique montre son nez. Puis direction plein sud, cap sur les Pyrénées et le village de Lamanère, perché à l’extrême frontière. De là, Alban Pellegrin a mis le cap sur son port d’attache à Lyon, avant de repartir vers le nord-est, filer à travers l’Alsace et boucler son tour à Lauterbourg, tout au bout de la carte, là où la France touche presque le Luxembourg.
| Quand la route devient un journal intime
Son mantra « je cours chez vous » prend tout son sens. Chaque jour, cet aficionados des émissions télé d’aventure à l’instar de « Pékin Express » ou « J’irai dormir chez vous » partageait son aventure sur Instagram, entre images de routes désertes, sourires fatigués et émotions brutes.
« Je suis rempli, épuisé, bouleversé, heureux. Je pense à ma maman, à sa force, à son souffle, à ce qu’elle m’a laissé comme héritage invisible. »
Alban Pellegrin
Les derniers mètres à Lauterbourg, filmés en direct, resteront sans doute gravés dans sa mémoire. Le souffle court, la voix tremblante, il lâchait simplement « Je suis rempli, épuisé, bouleversé, heureux ». Une phrase sincère, simple, mais qui condense toute la douleur, la gratitude mais aussi de la plénitude d’avoir achevé cette expédition dont il aura du mal à combler le vide une fois l’émotion retombée.
| Un hommage à sa mère
Derrière le défi sportif, il y avait surtout une histoire de cœur. Ce tour de France des émotions, cet homme d’expéditions l’a imaginé comme un hommage à sa maman, disparue il y a deux ans d’un cancer du poumon. « Je pense à ma maman, à sa force, à son souffle, à ce qu’elle m’a laissé comme héritage invisible », a-t-il écrit sur ses réseaux, à l’arrivée de son dernier marathon. Ému au larme, naturellement.
Pour donner du sens à cette traversée, il a lancé une cagnotte au profit de la Fondation du Souffle, une association qui lutte contre les maladies respiratoires. L’objectif initial de 15 000 € ? Vite dépassé. À l’arrivée, plus de 30 000 € récoltés (30 960 € mardi matin). Une autre victoire, peut-être la plus belle. « Je suis fier d’avoir porté haut et fort la cause de la Fondation du Souffle, fier de chaque pas, chaque souffle donné pour les malades », a confié l’intrépide marathonien.
| Une aventure profondément humaine
Sans staff, sans chrono (il a couru le Marathon de Paris en 2h58), sans quête de performance, ce navigateur terrestre des temps modernes a privilégié la dimension humaine. Chaque marathon a été l’occasion d’un échange, d’un sourire, d’un partage. Il a couru avec des inconnus, été accueilli par des familles, parfois encouragé par des passants qui découvraient son histoire.
À force de kilomètres et de sincérité, il a fini par tisser un fil invisible entre les Français : celui de la solidarité. À la veille de ses 39 ans (il les fêtera le 21 décembre prochain), Alban Pellegrin a montré qu’un homme seul, une paire de baskets et un grand cœur pouvaient encore faire bouger les lignes. Il a relié les points cardinaux de la France, mais surtout, il a relié les gens.
| De Koh-Lanta à une trace indélébile
Les téléspectateurs se souviennent de lui pour ses deux participations à Koh-Lanta en 2015 et 2018. Déjà à l’époque, l’explorateur du Rhône se distinguait par son calme, sa détermination, et ce goût du dépassement. Dix ans plus tard, ce goût n’a fait que grandir. Ce défi XXL n’était pas une épreuve télévisée, mais une aventure intérieure.
Courir pour continuer à vivre, pour transmettre, pour remercier. Son « tour de France du souffle » laisse derrière lui un message fort. La résilience ne se crie pas, elle se court. Il ne trainera pas pour remettre les baskets. Ce nouveau pèlerin du temps a déjà donné rendez-vous à ses suiveurs le 29 novembre prochain sur la Saintéxpress (45 km, 900 m de D+), une course de la SaintéLyon, histoire de rendre hommage à sa ville de cœur, la Cité des Gones, Lyon, où il avait reçu un accueil exceptionnel lors de son passage sur la place Bellecour le dimanche 26 octobre dernier.

Dorian VUILLET
Journaliste