Théo Gabeau a accompli un exploit ce week-end à Amiens. Pour lutter contre le cancer, il s’était lancé le défi de courir 24 heures d’affilée. © Christian Legris

24 heures pour lutter contre le cancer : le défi fou de Théo Gabeau et de son association, Foulées d’Espoir

Interview
02/09/2025 20:52

Diplômé d’une licence STAPS, l’Amiénois Théo Gabeau a accompli un véritable exploit ce week-end au parc de La Hotoie, à Amiens. Pour contribuer à la lutte contre le cancer, il s’était lancé le défi de courir 24 heures d’affilée. Challenge relevé : l’étudiant est allé au bout de l’effort, parcourant 146 km sous les cris et applaudissements de ses proches et des quelques curieux venus le soutenir.


« J’ai des proches un peu fous. Et je pense qu’ils me permettent d’aller au-delà de ce que je suis physiquement capable de faire », sourit le jeune homme de 21 ans, auteur de plusieurs défis sportifs depuis trois ans : un premier ultra de 55 km, un Ironman, les 100 km de la Somme et désormais ces 24 heures de course, en partenariat direct avec la ville d’Amiens et le Relais pour la vie, un évènement festif et sportif contre le cancer partout en France.

Ses belles performances n’auraient pas la même saveur sans le soutien précieux de tous ceux qui l’accompagnent dans ces moments-là. « Le 31 août dernier, il s’est passé quelque chose d’exceptionnel : tous mes proches étaient là. Mes parents, mes amis… Dès 8 h du matin, alors qu’il faisait froid et que la journée s’annonçait compliquée, une quinzaine d’amis m’attendaient à la sortie de l’eau. Je pensais qu’ils reviendraient seulement pour l’arrivée après 180 km de vélo… Mais non : ils m’ont suivi tout au long du parcours, s’arrêtant tous les 10 km pour m’encourager, taper dans les mains et repartir plus loin. Ils ont fait ça pendant toute la course ». Et surtout, elles ne valent rien sans le projet qu’elles portent derrière.

Chaque épreuve est liée à une collecte de fonds pour une cause. Un Ironman couru au profit de L’Envol, qui œuvre pour les enfants malades, 100 km pour sensibiliser au cancer du sein, puis 24 heures de course pour la Ligue contre le cancer, grâce à la création de Foulées d’Espoir, l’association fondée par Théo en mars 2025.

| La naissance de l’association, Foulées d’Espoir

À force de courir en son nom pour des causes plus grandes que lui, Théo a voulu transformer son engagement personnel en une aventure collective. Quelques mois avant la création de Foulées d’Espoir, son vice-président actuel, Théo Monteiro, lui suggère de « se rattacher à quelque chose que les gens retiennent : une couleur, un symbole, un logo ». C’est à partir de là que le projet prend de l’ampleur auprès d’autres amis de Théo. Le bureau rassemble aujourd’hui des profils variés, tous «surmotivées pour utiliser le sport afin de faire le bien autour de nous » : un salarié dans le secteur bancaire, un orthoprothésiste, une kinésithérapeute et deux STAPSiens.

Pour se démarquer dès le départ, ils ont eu l’idée de réaliser un run and bike d’Amiens jusqu’à Haudivillers, le domicile des parents de Théo pour récupérer le document officiel de l’association. « On voulait montrer notre style à nous : un peu fous, mais dans un domaine sérieux. Il était important que les gens voient qu’on peut être simples et s’amuser, même quand on fait des choses qui nous tiennent à cœur », a expliqué Théo. Leur premier événement s’est déroulé le 28 mai, en écho à la journée nationale de lutte contre la sclérose en plaques. Grâce à un club Strava où ils ont expliqué le concept de parcourir un maximum de kilomètres en 24 heures, ils ont réuni de nombreuses personnes, valides ou non, pour courir ou marcher, totalisant 2295 kilomètres.

À la suite de ce premier projet, « la petite famille Foulées d’Espoir a commencé à bien s’ancrer  ». Certains se montraient impatients en attendant le projet suivant, tandis que l’équipe interne était déjà sur le qui-vive pour préparer les 24 heures à venir. À son annonce, l’effet a été immédiat : « La première réaction des gens, c’était de demander : “Est-ce qu’on peut venir ? Est-ce qu’on peut courir avec toi ?”  ». Théo semble avoir trouvé sa façon de s’engager à travers le sport, véritable vecteur de lien social : « Ce qui est bien avec le sport, c’est qu’il rassemble autour d’une seule et même chose : le projet ». Un engagement qui répond à un besoin profond, sans doute nourri par son histoire personnelle : sa mère, ex-marathonienne, a été atteinte d’un cancer du sein alors qu’il n’avait pas encore dix ans.

© Christian Legris

| Un enchaînement de défis jusqu’aux 24h

De 55 km courus en solitaire aux 24 heures de course non-stop, le fossé est immense, tant sur le plan physique que mental. En repensant aux 100 km de la Somme disputés en novembre dernier, Théo se souvient : « Je pense clairement que je suis allé chercher le truc le plus dur de ma vie. Je n’étais pas préparé, j’étais encore très fatigué de l’Ironman, parce qu’il n’y avait qu’un mois et douze jours d’écart ». Il boucle tout de même la distance en 11h54 en étant « aux anges ». Ce n’était pourtant qu’une étape, avant une succession de défis toujours plus insensés les uns que les autres.

À l’issue de ses 24 heures, il revient sur ce qui lui a fait défaut : « Mon psoas était tellement dur, même en le massant, qu’il était impossible à détendre. J’avais aussi des petits problèmes à la malléole. Je serrais un peu les dents et je priais pour que ça tienne. ». Il a également conscience que sa préparation, limitée à quinze semaines avec Heubi, champion du monde du 100 km reconverti dans le coaching en ligne, a pesé dans la balance. Ce rythme exigeant, difficile à maintenir en pleine période estivale, et qu’il s’était pourtant imposé, ne lui a pas forcément été bénéfique. « Malheureusement, je ne peux commencer mes prépas que fin mai. En général, je tournais à 40 km par semaine, alors qu’il en faudrait 80. C’était la première fois que je suivais une vraie préparation, et honnêtement, c’était dur. J’ai un respect immense pour ceux qui s’entraînent à ce rythme toute l’année ». Comme si cela ne suffisait pas, il a enchaîné les sollicitations la dernière semaine pour promouvoir l’événement. « Niveau sommeil, j’y étais pas du tout. J’étais complètement cramé. J’allais à gauche, à droite pour faire la promotion du défi, ce qui me plaît. Je ne m’en plains pas, parce que ça me fatigue, mais ça me galvanise tellement que c’est exceptionnel », a raconté le président de Foulées d’Espoir.

Les jambes désormais lourdes de l’effort terminé et la détresse de l’instant passée, il peut enfin se sentir fier de ce qu’il a accompli. Avant même le week-end tant attendu, la cagnotte en ligne et la vente de maillots avaient déjà permis de récolter plusieurs centaines d’euros. « Quand j’ai refait les comptes ce matin, à tête reposée, je ne pouvais pas rêver mieux », a confié Théo lundi après-midi. Plus de 1000 euros ont été réunis, un montant appelé à grimper encore depuis son arrivée triomphale dimanche soir.

Théo Gabeau : retenons bien ce nom, ainsi que celui de son association Foulées d’Espoir. Ce sportif engagé ne compte pas s’arrêter à la métropole amiénoise, ni même à la Somme. Il voit déjà plus loin, accompagné par ses proches et ses amis, sans qui son parcours n’aurait pas la même intensité. À chaque défi, il retrouve ce mélange unique de dépassement de soi et d’émotions qu’apporte un effort sportif mené pour une cause qu’il porte dans son coeur.


Sabine LOEB
Journaliste

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