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Conjuguer sa passion pour la course à pied et s’engager pour une cause qui nous tient à cœur, c’est possible grâce aux courses caritatives et aux dossards solidaires : deux façons de donner du sens à une pratique déjà profondément ancrée chez les passionnés.

Courses caritatives : quand courir devient un acte engagé

Pratiques
13/06/2025 20:42

Conjuguer sa passion pour la course à pied et s’engager pour une cause qui nous tient à cœur, c’est possible grâce aux courses caritatives et aux dossards solidaires : deux façons de donner du sens à une pratique déjà profondément ancrée chez les passionnés.


Aller au bout d’un 10 km ou d’un marathon procure un sentiment d’accomplissement propre à  cette discipline. Bien sûr, le fait d’acquérir le statut de finisher pour la première fois marque davantage que de coutume. Ce premier pas marque l’entrée dans l’univers à ciel ouvert de la course à pied. Pour certains, cela représente un tournant. Ils ne le quitteront plus, pour des raisons qui échappent aux non-coureurs. Pour d’autres, la fierté prime. Le dépassement de soi est une valeur que les néophytes découvrent et s’approprient. Afin de réitérer l’expérience, ils vont partir à la recherche de nouvelles motivations. S’engager pour une cause s’avérera parfois être la clé. Et cet engagent les portera bien plus loin qu’ils ne l’avaient jamais imaginé.

| L’essence des courses caritatives et l’apparition des dossards solidaires

Plusieurs courses caritatives sont nées d’initiatives solidaires. Pour sensibiliser et mobiliser le public, les fondateurs de ces événements se sont emparés du phénomène de la course à pied afin d’amasser des fonds précieux au profit de leurs causes.

Cette année, le lancement du 10 km de l’UNICEF a marqué les esprits, mobilisant 10 000 personnes dans la lutte contre la malnutrition infantile. Portée par de nombreuses personnalités publiques, la première édition de l’événement a rencontré un vif succès. En frappant un grand coup, l’UNICEF a dédié cette course à son action auprès des enfants victimes de précarité alimentaire, dans des régions en conflit ou durement touchées par le changement climatique. La présence de plusieurs influenceurs le 2 mars dernier, au coeur du bois de Boulogne, visait à faire connaître l’événement, à sensibiliser le public à la cause et à collecter les 100 000€ nécessaires au déploiement des équipes sur le terrain. Deux courses gratuites de 1 km et 3 km ont également réunis 1 000 enfants pour l’occasion. C’est Françoise Parage qui s’est imposée en 37’21, avec un grand sourire, lors de cette matinée glaciale mais ensoleillée du mois de mars. 

Depuis 2010, La Course des Héros rassemble chaque année des milliers de coureurs. Plus de 20 millions d’euros ont déjà été collectés en faveur de plus de 200 associations. Engagée au nom d’une entreprise ou d’une association, une équipe, fédérée par un référent, se constitue pour participer à l’événement dans la ville choisie. Bordeaux, Lyon et Paris, accueillent successivement la course entre mai et juin. Une édition connectée est également prévue le 22 juin. Les coureurs inscrits par le biais d’une même entreprise participent pour une ou plusieurs causes similaires, sélectionnées par les organisateurs, ou pour soutenir l’association ou la fondation de leur choix. Ceux engagés au nom d’une association courent, quant à eux, pour sa cause spécifique. Cette année, la « Cause de l’année » mise en avant par La Course est l’insertion par le sport en France, à travers l’association Sport dans la Ville. Pour valider son inscription, un participant doit avoir collecté un minimum de 250€ ; pour une inscription en groupe, le montant minimum s’élève à 450€ de dons. 

Cela fait maintenant 13 ans qu’il est possible de courir le Schneider Electric Marathon de Paris en s’impliquant pour une cause qui nous est chère. Près de 9 millions d’euros ont été récoltés depuis 2012 — une somme conséquente qui a permis de financer de nombreux projets d’associations caritatives. Le principe est simple : créer sa page de collecte, ouvrir une cagnotte sur la plateforme au profit de l’une des associations proposées, en récoltant au minimum de 420€ (soit 10€ par km), et ainsi valider son dossard. L’association coup de coeur de cette année était l’institut Gustave Roussy, engagé dans la lutte contre le cancer. Plusieurs arguments sont mis en avant par les organisateurs pour encourager l’engagement : sensibiliser le public, ressentir une satisfaction personnelle, bénéficier d’une inscription garantie une fois les fonds collectés (ce qui n’est pas négligeable étant donné la forte demande pour cette course emblématique), et profiter de frais d’engagement réduits.

Conjuguer sa passion pour la course à pied et s’engager pour une cause qui nous tient à cœur, c’est possible grâce aux courses caritatives et aux dossards solidaires : deux façons de donner du sens à une pratique déjà profondément ancrée chez les passionnés.
© Aigline Photographe

| Un engouement accru de la nouvelle génération de coureurs

Prendre un dossard solidaire ou participer à une course caritative, c’est allier sport et engagement. Même pour ceux qui ne sont pas des mordus de la discipline, s’engager dans ce type d’événement est une manière de vivre une nouvelle expérience, de sortir de la routine et de maintenir un certain rythme d’entraînement.

Cet engouement croissant pour les courses humanitaires s’explique par l’essor actuel de la course à pied actuellement, ainsi que par la possibilité d’obtenir un dossard par une voie porteuse de sens, sans avoir à affronter les difficultés habituelles pour en décrocher un. Mais aussi par le besoin de se sentir utile dans un monde où l’espoir vacille, de ne pas baisser les bras face à des causes lointaines et pourtant bien réelles : pauvreté, réchauffement climatique, maladies diverses, etc.

Courir pour mettre en lumière une association, c’est bien plus qu’un simple geste : c’est agir concrètement. Chaque kilomètre compte, chaque foulée porte une cause. La motivation ne faiblit pas parce que chaque kilomètre compte. La mobilisation collective transforme la course en un véritable événement de solidarité, impliquant famille, amis et communauté. La visibilité de l’association s’accroît, car, tel un ambassadeur, le coureur fait connaître la cause auprès d’un public élargi.

Conjuguer sa passion pour la course à pied et s’engager pour une cause qui nous tient à cœur, c’est possible grâce aux courses caritatives et aux dossards solidaires : deux façons de donner du sens à une pratique déjà profondément ancrée chez les passionnés.
© Nathan Bani

| Portrait de trois coureuses impliquées

Ambassadrice du 10 km Unicef, Agathe Van Viet (@agatouvv) a à son actif plusieurs participations en tant que coureuse solidaire. Lorsqu’on lui a proposé de rejoindre le mouvement, elle ne courait plus régulièrement, et c’était l’occasion de s’y remettre officiellement. Pendant six semaines, motivée par la cause, la créatrice de contenu s’est préparée pour le moment venu. Son but était d’inciter sa communauté à faire preuve de générosité en soutenant la cause de la malnutrition infantile. Trois mois après cette renaissance, la photographe et vidéaste a enchaîné les courses jusqu’au adidas 10K Paris et, dorénavant, « courir fait partie intégrante de sa vie ». Blessée en 2019, elle a osé reprendre la compétition grâce à cet événement. En mars dernier, arrivée au 8e kilomètre, elle a eu besoin de se rappeler : « Je ne cours pas pour moi, mais je me dois de le faire pour l’asso. » Même mentalité lors de la course du 8 juin, au pied de l’Arc de Triomphe, où elle a pris le départ avec l’esprit détaché de la performance, engagée pour l’institut Gustave Roussy : « Peut-être que je ne ferai pas un super chrono, mais je cours pourune raison qui est plus forte que moi, et c’est ça qui compte» La raison à laquelle elle fait référence est la lutte contre le cancer. En quelques heures seulement, Agathe a récolté les 150€ requis pour participer à la course parisienne. Portée par la cause, elle a été au bout de l’effort « sans rien lâcher, sans abandonner, car cela encourage à donner le meilleur ».

Une autre femme a l’aura incroyable s’est engagée pour l’institut Gustave Roussy. Atteinte d’un cancer du sein en 2021, Christine Custoias a accompli un exploit le 13 avril 2025. Pour célébrer ses 50 ans, la vie et la croquer à pleine dent, cette épicurienne dans l’âme s’est lancée dans un défi sportif : courir le marathon de Paris avec un dossard solidaire pour récolter des fonds contre le cancer. La course, pour elle, est capitale pour le mental. Prendre un dossard solidaire était essentiel, car cette maman de trois filles se sent extrêmement reconnaissante envers l’institut Gustave Roussy, où elle a été soignée, soutenue, et où elle est encore suivie. Elle raconte : « Les derniers kilomètres, je les ai courus avec mon coeur et ma tête. Mon mental a tout donné. » Ce marathon, c’était un rêve depuis sa jeunesse. « Une évidence », comme le dit la fondatrice de l’association, Soleil Rose, créée dans l’idée de laisser un héritage qui a du sens, « car la recherche n’avance jamais assez vite quand vous êtes concerné.e.s ». Aujourd’hui, elle savoure cette réussite qui lui a procuré une multitude d’émotions. « Pendant ce marathon, j’ai ri, j’ai eu peur, j’ai revu tout ce que j’ai traversé pendant mes traitements. J’ai pleuré (beaucoup pleuré de joie), car je suis encore vivante », conclut celle qui a survécu à l’un des fléaux qui hante notre société. 

Céline Pattou et son équipe « 5 bornes eh oh » participera à La Course des Héros le 15 juin pour Bornéo Nature Fondation. Bornéo, la troisième plus grande île au monde après le Groenland et la Nouvelle-Guinée, reste pourtant méconnue du grand public. Pour « permettre de maintenir en vie l’un des poumons verts de notre Terre », et contribuer à la conservation de cette île foisonnante de vie, une équipe composée de super-héros et supers-héroïnes s’est formée. Céline, cette pâtissière aguerrie aux recettes végétales, a eu la chance d’en faire partie. Coureuse régulière, elle a vu dans cette opportunité « une façon de lier l’utile à l’agréable ». Très sensible à la cause écologique, elle tenait à s’investir dans une cause qui faisait sens pour elle. « J’œuvre à mon petit niveau, mais au moins j’essaie de faire quelque chose pour tenter de préserver notre planète », explique-t-elle. Accompagnée par une amie qui travaille au sein de l’ONG Bornéo Nature Fondation, elle s’est motivée à participer. Pour concrétiser cette idée, elle a constitué une équipe en faisant appel à ses proches : « Ça s’est fait tout naturellement. Des amis toujours prêts à relever tous les défis, c’est rare et précieux et j’en ai qui vont courir à mes côtés. » Pour récolter la somme nécessaire à l’inscription, elle a affronté des difficultés face auxquelles elle a su rebondir : « Pas toujours évident d’en parler autour de soi, de demander de l’argent, surtout en ces temps difficiles. Mais la cagnotte a monté petit à petit. Nous avons réussi à récolter 52% de notre objectif à nous quatre avant de se faire aider par une entreprise partenaire, et depuis, nous l’avons même dépassé ! »


Et si courir devenait un acte de solidarité ? Prendre un dossard pour une cause, c’est transformer un simple défi sportif en un engagement personnel. Pourquoi hésiter encore à se lancer ? Même pour ceux qui ne courent pas habituellement, c’est l’occasion de se reconnecter à soi, aux autres, et à un objectif plus grand que soi.

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