Every last Sunday of October in Washington D.C., for nearly 50 years, the Marine Corps Marathon has brought together over 30,000 runners in a unique atmosphere that blends a spirit of service, tradition, and popular enthusiasm. Organized by the Marines since 1976, this marathon winds through iconic landmarks like the Lincoln Memorial, the Capitol, and the Pentagon, honoring the core values of the Marine Corps: commitment, discipline, and brotherhood. As it approaches its 50th anniversary this fall, Alex Hetherington, the Race Director and a former Marine helicopter pilot, gave us a behind-the-scenes look at this extraordinary event. He shares his deep connection to the course, his personal running journey, and explains how the marathon is evolving to meet today’s challenges : inclusion, environmental impact, and preserving the military legacy. The Marine Corps Marathon is more than just a race, it’s a living tribute to those who serve, and a celebration of the bond between civilians and military alike. © Marine Corps Marathon

Le Marine Corps Marathon, bien plus qu’une course : une expérience humaine portée par l’esprit des Marines à Washington

Marathon
25/10/2025 14:55

Chaque dernier dimanche d’octobre à Washington D.C., depuis bientôt 50 ans, le Marine Corps Marathon rassemble plus de 30 000 coureurs dans une atmosphère unique, mêlant esprit de service, tradition et ferveur populaire. Organisé par les Marines depuis 1976, ce marathon traverse des lieux emblématiques comme le Lincoln Memorial, le Capitole ou le Pentagone, et rend hommage aux valeurs du Corps des Marines : honneur, courage et engagement. À l’approche de son 50e anniversaire cet automne, Alex Hetherington, Directeur de l’événement et ancien pilote d’hélicoptère dans le Corps des Marines, nous a ouvert les coulisses de cette course hors du commun. Il partage son attachement profond au parcours, son histoire personnelle de coureur, et explique comment l’événement évolue face aux enjeux contemporains : inclusion, impact environnemental et transmission de l’héritage militaire. Le Marine Corps Marathon n’est pas seulement une course, c’est un hommage vivant à celles et ceux qui servent, et une célébration du lien entre civils et militaires.

À quelques mois de l’édition 2025 du Marine Corps Marathon qui célébrera ses 50 ans, nous avons eu le privilège d’entrer dans les coulisses de son organisation.


Dans les coulisses de ce marathon à l’héritage militaire : interview avec Alex Hetherington, ancien membre du Corps des Marines, actuel directeur de l’organisation du Marine Corps Marathon.


| Pourriez-vous nous présenter l’organisation générale de ce marathon, décrire votre rôle au sein de l’événement, et nous dire depuis combien de temps vous y êtes impliqué ?

Alex Hetherington : L’organisation du Marine Corps Marathon représente directement le Corps des Marines des États-Unis. C’est une entité chargée de transmettre au public les traditions, les valeurs, la culture et l’esprit de service des Marines. Le Corps des Marines promeut aussi la condition physique, ses compétences organisationnelles et sa mission de sensibilisation. Nous organisons cinq week-ends d’événements par an, principalement en Virginie du Nord. Il y a peu (le 18 mai 2025), nous avons organisé notre semi-marathon historique à Fredericksburg, le plus grand événement public de la ville, dont nous sommes fiers.

Cette année marque la 50e édition du Marine Corps Marathon. Mon rôle est d’organiser ces événements et de bien représenter les Marines. Je suis un ancien Marine, aujourd’hui retraité. En dehors de ma famille, ma vie tourne autour des Marines, que j’ai servi activement et que je soutiens maintenant en tant que civil.


Je suis aussi un coureur passionné. J’étais connu pour ça. Je n’étais pas un athlète d’élite, mais j’étais très impliqué. J’ai couru au lycée et à l’université. J’ai toujours été inspiré par le Marine Corps Marathon, et j’aime beaucoup la distance du marathon. Je courais dans les équipes Marines, contre d’autres branches des forces armées. La tradition unique de ce marathon est la Challenge Cup qui date de 1978. C’est une compétition entre les Marines américains, la Royal Navy et les Royal Marines britanniques. C’est comme ça que je suis arrivé à mon poste actuel.

Le Marine Corps Marathon est une course unique. Entre son parcours exceptionnel, l’esprit du Corps des Marines qui l’anime, son accessibilité, son inclusivité et l’attention portée à l’expérience du coureur, il se distingue à l’échelle internationale.

| Qu’est-ce qui rend le Marine Corps Marathon si unique dans le monde ?

Alex Hetherington : Le Marine Corps Marathon se distingue par trois aspects essentiels. C’est d’abord une grande course, organisée de manière professionnelle, dans un cadre emblématique, et portée par l’esprit du Corps des Marines. Notre mission est simple : offrir à tous les coureurs, quel que soit leur niveau, la meilleure expérience possible. Que vous visiez un chrono ou simplement de terminer dans les temps, nous voulons que vous ayez les moyens d’atteindre votre objectif. Nous tenons aussi à valoriser les performances de tous, notamment celles des athlètes en situation de handicap, qui occupent une place importante dans notre événement. Enfin, c’est l’un des plus grands événements d’endurance au monde… sans dotation financière. C’est ce qui fait notre réputation de « marathon du peuple » : nous concentrons tous nos efforts sur la qualité de l’expérience vécue par les participants. Cela passe par le respect de vos objectifs, l’envie de vous voir performer, et la reconnaissance que vous méritez. La médaille du Marine Corps Marathon, emblématique, vous est d’ailleurs remise à l’arrivée par un Marine en service actif.

Le Marine Corps Marathon est considéré comme le « marathon du peuple », car aucune prime n’est attribuée aux vainqueurs. Gagner cette course, c’est avant tout avoir l’honneur de remporter une épreuve prestigieuse et de monter sur la plus haute marche du podium, où un ancien Marine remet les médailles.

| Pouvez-vous expliquer davantage la philosophie qui sous-tend cette position unique de « marathon du peuple » ?

Alex Hetherington : Cela reflète profondément la culture et les valeurs du Corps des Marines. Pour devenir Marine, il faut répondre à des exigences élevées qui peuvent être mentales, morales et physiques. Courir un marathon, c’est une épreuve difficile, un objectif ambitieux qui demande rigueur et discipline dans l’entraînement. Chez les Marines, il n’y a pas de hiérarchie entre les membres : chacun est célébré de la même façon. Les récompenses sont remises publiquement, dans un cadre solennel et respectueux… mais elles ne sont jamais financières. Elles sont symboliques, honorifiques. 

Remporter le Marine Corps Marathon, c’est un accomplissement qui vous suit toute votre vie, même sans prix en argent. Ce n’est pas une course taillée pour attirer les athlètes de haut niveau avec des primes, mais c’est une scène importante pour les coureurs forts qui veulent marquer leur passage. Certains anciens vainqueurs, pourtant habitués aux podiums
rémunérés, m’ont confié que la victoire qui a marqué vraiment leurs esprits, c’est celle du Marine Corps Marathon. Et pour moi, c’est le plus beau compliment possible.

L’histoire du Marine Corps Marathon est aussi fascinante que méconnue du grand public. Ce marathon est né dans l’optique de renforcer les liens entre l’armée et la population, et plus particulièrement de redorer l’image du Corps des Marines. Depuis, il continue de rassembler des militaires, en activité ou vétérans, ainsi que leurs proches, souvent directement concernés.

| Retournons un peu dans le passé à la date de la création, en 1975. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les Marines, à cette époque, ont décidé de créer un tel événement ?

Alex Hetherington : L’idée est venue du colonel Jim Fowler, ancien combattant blessé et décoré de la guerre du Viêt Nam. Il était en fait un Marine de réserve, et il servait au Pentagone. En 1975, il a rédigé un document à l’attention du secrétaire à la marine et du commandant de l’époque, plaidant en faveur du Marine Corps Reserve Marathon. Il avait le sentiment que le public américain perdait confiance dans les forces armées, dans le ministère de la défense, en raison de certains événements survenus pendant la guerre du Viêt Nam. Il a voulu organiser une célébration du service à laquelle les civils pourraient participer et qui permettrait de susciter un sentiment positif à l’égard du Corps des Marines, d’aider les gens à renouer avec en tant que civils. Le moment était bien trouvé car, en 1972, Frank Shorter venait de remporter le marathon olympique de Munich. La course à pied était donc très populaire. Les marathons commençaient à prendre leurs essors. C’est à cette époque que le marathon de la ville de New York a connu une véritable croissance.

Bien sûr, le marathon de Boston existait depuis longtemps, mais à l’époque, sa popularité explosait. L’idée de créer un marathon pour le Corps des Marines était alors vraiment novatrice, presque révolutionnaire. Au départ, l’institution elle-même n’était pas totalement convaincue. Mais l’un de ses plus fervents soutiens fut le secrétaire de la Marine, l’ambassadeur Mittendorf, un passionné de course à pied. Le projet l’a immédiatement séduit, au point qu’il a plaidé avec enthousiasme pour sa mise en œuvre. Résultat : à peine un an après la rédaction de la première note d’intention en 1975, la première édition du Marine Corps Marathon voyait le jour, en 1976. Une preuve de vision, d’ingéniosité et de détermination, au vu de la rapidité avec laquelle il a été créé.

| Le marathon emprunte des sites emblématiques comme le Pentagone, le National Mall, le Lincoln Memorial, le Jefferson Memorial et le Capitole. Est-ce que le parcours reste toujours le même ou a-t-il évolué ces dernières années ? Par ailleurs, comment se déroule l’organisation d’un marathon dans des lieux aussi symboliques ? Est-ce une tâche facile ou plutôt complexe ?

Alex Hetherington : Le principal défi, c’est que le parcours se déroule à la fois à Arlington, en Virginie, et à Washington, D.C., et environ 70 à 75 % du tracé est sur des terrains gérés par le National Park Service. Nous passons aussi sur des propriétés du Pentagone et du Département de la Défense. Cela implique de coordonner un grand nombre d’autorités différentes, notamment la police du Capitole, car le parcours passe près du Capitole. La difficulté majeure réside donc dans l’organisation avec toutes ces forces de l’ordre et services d’urgence aux juridictions multiples. Il faut mobiliser beaucoup d’acteurs pour faire fonctionner la course.

Par ailleurs, Washington, D.C., surtout dans cette zone emblématique de notre capitale nationale, connaît en permanence des travaux publics et des projets d’aménagement. Ces chantiers nous impactent aujourd’hui. Par exemple, dans le West Potomac Park, juste à côté du Lincoln Memorial, un énorme chantier a obligé à modifier le parcours l’an dernier, et ce sera encore le cas probablement pour cinq ou six ans.

Le premier Marine Corps Marathon s’était déroulé entièrement en Virginie du Nord. À la fin des années 70, il s’est étendu à Washington, D.C. Depuis plus de dix ans, le tracé était stable. La dernière modification, faite l’an passé, nous a permis d’ajouter deux nouveaux monuments au parcours : le mémorial Martin Luther King et celui de Franklin Delano Roosevelt. Cela a ajouté quelques virages, ce qui n’est pas idéal, mais nous permet de faire découvrir ces deux lieux importants. Comme toujours, il y a des compromis à faire, entre avantages et inconvénients. Nous sommes très attachés à notre parcours, que nous considérons comme l’u
n des meilleurs possibles.

Il est rare qu’un marathon de cette envergure repose uniquement sur la volonté des participants à s’y inscrire et sur le soutien de quelques partenaires. Cette manière singulière de fonctionner tient au statut unique de cet événement.

| Vous avez une position unique en tant qu’organisateur. Cette course est différente, surtout à cause des coureurs, mais vous dépendez également du gouvernement américain. Cela veut dire que les décisions, le financement, et l’organisation se font différemment. Pouvez-vous nous expliquer quel est votre fonctionnement ?

Alex Hetherington : L’organisation du Marine Corps Marathon est une activité gouvernementale financée par des fonds non publics (NAF – non-appropriated fund). Pour faire simple, nous fonctionnons de manière similaire à une organisation à but non lucratif, mais nous faisons officiellement partie du gouvernement des États-Unis. En tant qu’activité financée par des fonds non publics, nous ne recevons aucun financement des contribuables, aucun fonds voté par le Congrès ne soutient nos opérations. Au contraire, nous sommes entièrement autofinancés. Toutes nos activités, notre personnel et nos événements sont soutenus par les revenus que nous générons grâce aux frais d’inscription et aux partenariats. C’est ainsi que nous sommes en mesure de planifier et d’organiser nos courses.
Notre équipe est entièrement composée d’employés rémunérés par des fonds non publics, ce qui signifie que nous sommes des fonctionnaires fédéraux dont les salaires et avantages s’alignent sur les grilles de rémunération gouvernementales, mais sont financés exclusivement par les revenus générés par nos événements.

D’autres branches de l’armée organisent des événements similaires, selon les mêmes principes, avec leurs propres courses financées par des fonds non publics. Nous sommes très fiers d’avoir formé un partenariat avec elles pour créer une série de courses appelée Armed Forces Series Challenge, qui en est maintenant à sa deuxième édition. Elle comprend le Marine Corps Marathon, le Army 10-Miler (à Washington et Arlington, en octobre), le Air Force Marathon (en septembre, dans l’Ohio), le Coast Guard Marathon (en mars, en Caroline du Nord), et le nouvel événement, le Space Force T-10-Miler, qui a lieu à Cap Canaveral en décembre. Cette collaboration nous permet de partager nos meilleures pratiques et d’offrir une expérience commune à tous les coureurs, qu’ils soient militaires ou civils.

« Même si l’offre est très large aujourd’hui, je pense que le Marine Corps Marathon continuera à séduire. Ce qui compte, c’est de proposer une expérience qui a du sens, et qui donne envie de revenir. »

Alex Hetherington, Directeur de Course du Marine Corps Marathon

| En 2025, le monde du running a explosé. Il y a 50 ans, vous lanciez cette course, et aujourd’hui, la course à pied est devenue un phénomène. Avec autant de marathons sur la scène américaine, percevez-vous les autres courses comme des concurrentes ? Ou, à l’inverse, est-ce que vous collaborez avec les autres organisateurs ?

Alex Hetherington : Aujourd’hui, on assiste à une véritable explosion de la course à pied, ce qui est formidable. Cela permet aux athlètes de pratiquer la course durant toute leur vie, et c’est précisément ce que nous souhaitons. Pour moi, la course à pied est la meilleure médecine préventive : elle agit sur la santé physique, le bien-être mental, l’humeur, et l’équilibre global.

Je suis toujours un coureur actif, même en vieillissant, et j’adore cette diversité d’épreuves. J’ai mes classiques chaque année, mais j’aime aussi tester une ou deux nouveautés. C’est ce que je recommande à tout le monde.

Le marathon est là, accessible, et j’espère qu’un jour il s’intégrera dans vos projets. La concurrence est saine, elle vous pousse à rester authentique. Ma responsabilité est de vous offrir une expérience de course qui vous satisfasse pleinement. C’est ce à quoi je tiens le plus.

Même si l’offre est très large aujourd’hui, je pense que notre épreuve continuera à séduire. Ce qui compte, c’est de proposer une expérience qui a du sens, et qui donne envie de revenir. Nous montrons aux gens toutes les opportunités qui s’offrent à eux, nous leur expliquons comment ils peuvent en profiter au mieux, pour qu’ils prenn
ent les meilleures décisions possibles avec le temps et l’argent dont ils disposent.

© Marine Corps Marathon

| Comment expliquez-vous qu’autant de de coureurs aux États-Unis choisissent votre marathon comme premier marathon ? Quelles actions mettez-vous en place pour accueillir ces coureurs spécifiques ?

Alex Hetherington : Une grande part de notre réputation repose sur le fait d’être « le marathon du peuple », et d’être particulièrement accueillant pour les débutants. Chaque année, environ un tiers de nos participants courent leur tout premier marathon, et nous sommes en extrêmement fiers. Nous ne nous concentrons pas sur un peloton élite, ce qui nous permet de mettre toute notre énergie à rendre la course simple, facile à comprendre et accessible. Nous fournissons toutes les informations et ressources nécessaires pour que les débutants se sentent à l’aise et motivés.

Notre rôle est de rendre l’expérience aussi fluide et intuitive que possible. Nous incluons dans nos communications des conseils et des supports pédagogiques pour préparer les premiers marathoniens, afin qu’ils arrivent prêts le jour J. Car la vraie course commence bien avant, avec un plan d’entraînement réfléchi, progressif, qui permet de se préparer sereinement à parcourir ces 42 kilomètres (ou 26,2 miles).

| L’année dernière, il y avait plus de 30 000 participants, quel pourcentage étaient des Marines ? Pensez-vous que les Marines aiment courir plus que la plupart des gens ? Ils ont des exigences élevées, s’entraînent tous les jours, pratiquent plusieurs sports, et ont des capacités que beaucoup n’ont pas.

Alex Hetherington : Oui, Il y a une vraie tradition de participation des Marines au Marine Corps Marathon. D’abord, beaucoup de Marines viennent soutenir la course en uniforme. On les retrouve aux points d’eau, où ils distribuent des boissons, encouragent les coureurs tout au long du parcours et célèbrent leurs efforts. C’est une qualité essentielle chez les Marines américains : le leadership par le soutien et l’enthousiasme. L’entraînement est dur, mais ce qui aide à tenir, c’est cet esprit d’entraide et de motivation mutuelle.

Environ 35 à 40 % des participants sont des militaires en service actif, des vétérans ou des membres de leur famille, présents le jour de la course. Pour beaucoup, le marathon représente un rite de passage, une étape importante à cocher sur leur liste de défis personnels. C’est un moment fort, particulièrement pour les anciens combattants, car cette course célèbre leur engagement et leur service.

Mais ce ne sont pas que des Marines qui participent : la présence des civils représente une part essentielle de l’événement. Cela symbolise l’unité, un but commun et cette cohésion qui caractérise notre nat
ion. Nous accueillons aussi de nombreux athlètes militaires étrangers, ce qui renforce encore cette dimension de solidarité internationale.

| Considérez-vous que votre événement a une portée internationale ? Accueillez-vous des coureurs venus du monde entier ? Et qu’est-ce que vous mettez en place pour attirer ces participants, notamment en Europe, sachant que cela représente un long déplacement pour eux ?

Alex Hetherington : Nous faisons un peu de marketing international via certains de nos partenaires, mais ce qui fonctionne le mieux, c’est le bouche-à-oreille. Nous attirons beaucoup de participants parmi le personnel des ambassades à Washington, D.C., ainsi que des militaires étrangers en poste dans ces ambassades, qui encouragent ensuite d’autres athlètes militaires de leur pays à venir participer.

Souvent, ces coureurs viennent spécialement de leur pays d’origine pour prendre part au Marine Corps Marathon. La compétition par équipes militaires est très dynamique et regroupe un grand nombre de militaires étrangers, de membres des ambassades, et aussi de leurs familles. Beaucoup découvrent la course une première fois et veulent revenir l’année suivante.


C’est donc essentiellement par le bouche-à-oreille que notre participation internationale se développe. Cela fait partie intégrante de l’esprit de la course, qui célèbre l’amitié et la solidarité entre alliés, un principe fondamental aux États-Unis.

© Marine Corps Marathon

| Aujourd’hui et pour les années à venir, le nombre de participants à votre événement a beaucoup augmenté. Pensez-vous avoir atteint la capacité maximale ? Est-il encore possible d’accueillir plus de coureurs, par exemple en modifiant les parcours ? Et avec la 50e édition qui approche, avez-vous déjà des projets particuliers, comme ajouter ou supprimer certaines distances, ou changer certains aspects de la course ?

Alex Hetherington : Pour la 50e édition du Marine Corps Marathon, nous concentrons toutes nos ressources sur le marathon lui-même pour permettre à un maximum de coureurs d’y participer. Nous visons 40 000 inscrits, ce qui serait un record, alors que jusqu’à présent, le nombre maximal d’inscrits sur les trois distances réunies était d’environ 30 000. Le 10 km se fera virtuellement cette année, et le 50 km est temporairement suspendu. À ce jour, plus de 33 000 coureurs sont déjà inscrits, avec un rythme d’environ 1000 inscriptions par semaine, donc nous devrions atteindre notre objectif très bientôt.

Pour marquer notre 50e anniversaire, nous avons prévu toute une série d’événements : un dîner en l’honneur des légendes du marathon, une course pour enfants le samedi, une grande célébration en parallèle de l’expo juste avant la course, un footing convivial avec nos partenaires et sponsors clés, ainsi qu’une cérémonie d’ouverture pour les Championnats du Marathon des Forces Armées.

Chaque année, depuis 1998, des équipes des différentes branches des Forces Armées participent au Marine Corps Marathon pour s’affronter et décrocher le titre de meilleure équipe militaire. L’an dernier, le vainqueur masculin était le Major Kyle King, des Marines, qui a déjà remporté la course deux fois. Nous espérons qu’il pourra faire un triplé et deve
nir le premier triple vainqueur de l’histoire de la course. C’est un coureur extrêmement talentueux qui sera de retour cette année, ce qui nous enthousiasme beaucoup.

| Avez-vous des responsabilités en matière d’intégration sociale et d’environnement ? Quelles actions concrètes mettez-vous en place pour avancer sur ces sujets ? En 2025, on voit que vos événements inspirent des courses plus petites. Comment soutenez-vous ce mouvement ?

Alex Hetherington : Nous considérons la course comme une activité volontaire, mais cela ne nous empêche pas d’agir concrètement en faveur de la durabilité. Nous collaborons avec de nombreux partenaires et avons mis en place plusieurs initiatives pour réduire notre impact. Par exemple, le jour de la course, nous recyclons et compostons presque tous les matériaux utilisés. Les vêtements laissés par les coureurs sont collectés via nos partenaires, nettoyés et redistribués. Notre sponsor textile, Recover Brands, fonctionne avec un système en boucle fermée, utilisant des matériaux recyclés. Même nos T-shirts de finisher sont recyclés s’ils ne trouvent pas preneur après la course.

Nous avons également beaucoup progressé dans la prévision de nos besoins, ce qui réduit le gaspillage. Je n’ai pas sous les yeux nos statistiques précises, mais chaque année nous améliorons notre gestion pour rendre l’événement plus durable, notamment en économisant et en utilisant les ressources de façon responsable, comme l’eau. Nous réfléchissons sans cesse à des méthodes plus efficaces pour limiter le gaspillage et optimiser les déplacements. En ce sens, nous travaillons avec la ville pour que le métro ouvre deux heures plus tôt le jour du marathon, car c’est clairement le moyen le plus pratique pour venir et repartir. Nous encourageons donc fortement l’usage des transports en commun autant que possible.

| Peut-on dire que le semi-marathon est le « petit frère » du marathon, ou est-ce un événement complètement différent, avec un esprit tout à fait distinct ?

Alex Hetherington : Oui, c’est lié. Cet événement est important pour notre équipe car il nous sert un peu de répétition générale, surtout pour tester de nouvelles initiatives que nous voulons intégrer au marathon. Pour le marathon, nous prévoyons d’accueillir 40 000 coureurs, et lors de notre dernière course de semi-marathon à Fredericksburg, en Virginie, nous avions 8 000 participants. Cela nous donne l’occasion de mettre en pratique nos nouvelles méthodes, d’expérimenter et de collaborer avec de nouveaux partenaires.

Fredericksburg est une petite ville en pleine croissance en Virginie. C’est un peu la ville natale du Corps des Marines, car Quantico s’y trouve, un lieu incontournable dans la carrière d’un Marine, que ce soit pour la formation ou pour des fonctions au siège. Beaucoup de Marines retraités y vivent, ce qui donne à la ville une atmosphère très chaleureuse. C’est aussi une ville très chargée d’histoire, avec un passé colonial, où George Washington a passé son enfance. C’est pour cela qu’on appelle cette course le « semi historique ». C’est l’événement annuel de masse le plus important à Fredericksburg. L’ambiance y est un peu différente, mais cette course nous aide à mieux nous préparer pour le marathon qui aura lieu plus tard dans l’année.

Une de nos initiatives qui marche très bien est le Distinguished Participant Challenge, qui invite les coureurs à participer à nos cinq week-ends d’événements. Cette démarche se développe chaque année. Cette année, plus de mille personnes pourraient courir les cinq événements, dont le Marine Corps Marathon. C’est ainsi que nous construisons une com
munauté d’athlètes très engagés, qui nous connaissent bien, apprécient ce que nous faisons, et contribuent à faire grandir et évoluer notre organisation dans la bonne direction.

| En tant que coureur, y a-t-il une section du parcours que vous aimez particulièrement ? Si oui, laquelle est-ce ?

Alex Hetherington : J’adore le parcours du Marine Corps Marathon pour sa grande diversité. Ce n’est pas un parcours lent, mais pas non plus un parcours ultra-rapide. Il y a quelques montées, notamment dès le deuxième mile, avec un dénivelé d’environ 60 à 90 mètres, c’est plus que ce que beaucoup d’autres marathons proposent. Le parcours comporte aussi pas mal de virages, mais reste majoritairement plat. Ce que les coureurs retiennent souvent, c’est que la course se termine par une montée. À la fin d’une course, c’est justement la dernière chose qu’on veut faire : courir en côte. Pourtant, c’est ce qui rend ce marathon inoubliable. J’aime que ce ne soit pas un parcours trop difficile, il est accessible tout en restant un peu exigeant, car il n’est pas complètement plat.

Ce marathon est en fait une succession d’allers-retours, presque cinq en tout. Le Lincoln Memorial est le point d’ancrage central du parcours. C’est aussi pour cela que la course est parfaite pour les débutants : leurs amis et leur famille peuvent les voir et les encourager plusieurs fois sans avoir à beaucoup se déplacer. Parmi les monuments nationaux traversés, le Lincoln Memorial est vraiment le symbole fort pour moi. Abraham Lincoln a été, à bien des égards, notre plus grand président, et son mémorial est emblématique. Quand on revient vers ce mémorial en fin de parcours, la fatigue se fait sentir, mais on sait qu’on se rapproche de la ligne d’arrivée.

| En tant qu’organisateur, avez-vous couru la course officiellement ?

Alex Hetherington : Je l’ai couru de nombreuses fois, près de 29 fois. J’ai découvert cette course en tant que Marine et j’adorais y participer. Pendant 15 ans, j’ai fait partie des équipes de course du Corps des Marines, courant presque chaque année, que ce soit en service actif ou à la retraite. Pour un Marine, c’est un peu comme une mini-réunion annuelle.

Chaque année, en tant qu’organisateur, je retrouve des personnes que je n’ai pas vues depuis des décennies. Ce sont des gens importants, car ce sont des compagnons d’armes. Beaucoup de familles participent aussi, souvent en mémoire d’un être cher, Marine ou militaire, qui est décédé. Ainsi, beaucoup reviennent pour honorer ceux avec qui ils ont servi, ou simplement pour se réunir et courir ensemble. C’est ce qui donne toute sa profondeur et sa signification au Marathon des Marines, et c’est pour ça que je l’aime tant.

La période du COVID a été très difficile : nous avons dû annuler la course deux années de suite, ce qui a compliqué la remise en route et le retour des coureurs. Mais aujourd’hui, en 2025, la course est bientôt complète et l’enthousiasme est plus fort que jamais. Pour cette 50e édition, je suis particulièrement heureux de célébrer ce retour, tout en gardant en tête les leçons apprises.

| Quel est votre record personnel sur marathon ?

Alex Hetherington : Mon record personnel est de 2h29, que j’ai atteint trois fois dans les années 90. En tant que coureur investi, je m’entrainais dur, mais je n’ai jamais réussi à aller plus vite. On peut dire que j’ai atteint un palier. Sur mes trois chronos sous les 2h30, deux ont été réalisés lors du Marine Corps Marathon.

| Quand vous créez votre calendrier de courses, quelles sont les trois courses que vous souhaitez vraiment faire, que vous appréciez pour l’organisation, l’esprit, le cadre ?

Alex Hetherington : J’aime essayer de nouvelles choses, mais j’ai aussi mes habitudes. Ce que j’apprécie vraiment, ce sont les événements qui ont une vraie profondeur, une culture marquée et des valeurs claires. Chaque course raconte une histoire, celle de l’organisation et des coureurs qui y participent.

La course qui m’inspire le plus, c’est le Marathon de Boston, parce que c’est l’un des plus anciens événements de course organisés au monde. C’est incroyable d’en faire partie, d’autant plus que c’est une course très compétitive où il faut se qualifier pour y participer. Le départ se fait par vagues, en fonction des temps, ce qui rend l’expérience encore plus excitante. Chaque année, le défi est de battre son propre numéro de dossard, autrement dit, de courir plus vite que son temps de qualification.

J’adore également le 10 miles d’Annapolis, dans le Maryland. C’est une course en août, toujours très chaude et humide. Elle part et se termine au Navy and Marine Corps Memorial Stadium, qui fait partie de l’Académie navale des États-Unis, un endroit vallonné. Annapolis est une ville coloniale emblématique, riche d’une tradition maritime. C’est probablement la plus grande compétition que j’aie jamais gagnée, même si mon temps de victoire est sans doute l’un des plus lents de l’histoire de l’épreuve. Cette édition fête ses 50 ans cette année, ce qui est un beau clin d’œil.

Enfin, j’aime beaucoup le Army 10 Miler, la course proche du service des Marines. C’est une épreuve rapide et très compétitive, avec des équipes de toutes les bases de l’armée, y compris les cadets ROTC. Elle accueille aussi beaucoup d’athlètes adaptatifs, notamment des vétérans en fauteuil roulant. C’est une autre course superbement organisée que j’adore. Voilà donc mes trois courses préférées, celles auxquelles je reviens chaque année avec plaisir.


Depuis près de 50 ans, le Marine Corps Marathon est porté avec la même rigueur et le même engagement que ceux qui font l’honneur du Corps des Marines. À sa tête, un homme passionné veille sur chaque détail, avec un sens aigu de la mission : faire vivre une expérience profondément humaine. Derrière chaque Marine qui tend un gobelet, chaque coureur qui gravit la côte en direction de l’Iwo Jima Memorial, c’est l’esprit du «  Marathon du Peuple  » qui résonne. Ici, on ne court pas pour une prime ou la gloire : on court pour appartenir à quelque chose de plus grand que soi. Et à l’aube de sa 50e édition, cette course emblématique continue d’évoluer sans jamais trahir ce qui fait sa force : l’unité, le souvenir, et le partage.

La prochaine édition du Marine Corps Marathon aura lieu le dimanche 26 octobre 2025, découvrez toutes les infos !

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