Isaac Nader à Budapest

Championnats du monde de Tokyo : Isaac Nader, le hold-up à la portugaise du 1 500 m

1 500 mMondiaux Tokyo
17/09/2025 17:11

À Tokyo, le 1 500 m masculin a offert un final digne d’un thriller. Alors que Jake Wightman semblait tenir son deuxième sacre mondial, le Portugais Isaac Nader a surgi dans les derniers mètres pour arracher le titre, devant un Britannique sonné et un peloton bousculé par les mésaventures et les blessures.


Il aura fait une Gressier ou une Beamish, à vous de décider. Le Portugais Isaac Nader a signé le casse parfait sur la piste de Tokyo, ce mercredi lors de la finale du 1 500 m des Championnats du monde. Pourtant, tout semblait taillé pour Jake Wightman, champion du monde surprise en 2022 et en route pour un deuxième sacre, mais Nader a jailli dans les 30 derniers mètres pour coiffer tout le monde. Chrono : 3’34’’10, deux centièmes devant le Britannique (3’34’’12). Et pour compléter le podium, c’est le Kényan Reynold Cheruiyot qui s’offre le bronze en 3’34’’25 dans la finale la plus lente depuis la masterclass de l’Américain Matthew Centrowitz aux JO de Rio en 2016.

| Une course pleine de rebondissements

Le scénario s’est toutefois écrit en plusieurs actes. Finalement 5e en 3’34″52, le probant Niels Laros, sixième des Jeux de Paris et vainqueur des deux dernières courses de Diamond League, s’était tout de suite placé aux avant-postes avec Timothy Cheruiyot (4e en 3’34″50). Entre 500 et 700 m, le rythme s’est calmé, presque trop, avant que le vétéran kényan ne remette un gros coup d’accélérateur. De quoi préparer le terrain à une bataille finale explosive. À 500 m de l’arrivée, Jake Wightman déclenche son attaque. On croit alors revivre son coup d’éclat d’Eugène 2022 : le Britannique, également à l’aise sur 800 m, prend la tête, se détache, et semble filer vers un second titre mondial.

Mais dans le virage avant le dernier tour, son compatriote Josh Kerr, se blesse au mollet droit et perd tout espoir. En queue de peloton, le champion du monde en titre s’est battu jusqu’au bout pour finir en boitant, courageux mais loin, très loin (14e en 4’11’’23). Et dans la dernière ligne droite, c’est l’inattendu lauréat du mile du meeting Ligue de diamant d’Oslo qui surgit, tel un sprinteur lancé, pour priver Wightman de la gloire. Stupeur pour celui qui n’avait jamais fait mieux que deux 4e places aux Mondiaux en salle (2024 et 2025) et qui courait encore la distance en 3’36″50 à 23 ans (meilleur chrono de 3’29″37 cette saison).

| La 24e médaille portugaise dans l’histoire des Mondiaux

« Au cours des 100 derniers mètres, j’ai pleinement cru en moi, réagissait à chaud le médaillé de bronze lors des championnats d’Europe en salle d’Apeldoorn en mars dernier. Je savais que Jake (Wightman) se battrait jusqu’à la fin, alors j’ai plongé. C’était probablement la première fois que je le faisais de ma carrière, mais je ne pouvais pas risquer de perdre un titre mondial. Cela a payé à la fin ! Je n’ai pas de mots pour ce qui s’est passé. (…) Certaines personnes m’ont critiqué et ont dit que je n’y arriverai jamais, mais me voici champion du monde. Malheureusement, je n’ai pas pu entendre l’équipe portugaise m’encourager parce que la foule ici est si bruyante. C’est juste un de mes rêves accomplis, l’autre va devoir attendre jusqu’en 2028. Gagner l’or à Los Angeles n’est pas une promesse, c’est tout simplement un rêve. »

Ce sacre offre au Portugal sa première breloque dans la capitale nippone et propulse Isaac Nader dans la légende. Huitième champion du monde de l’histoire du pays, le Benfiquiste ajoute aussi une 24e médaille au tableau national. Et sur la distance, le gamin de Faro (sud du Portugal) s’inscrit dans une lignée prestigieuse : après Carla Sacramento (or à Athènes en 1997, bronze à Göteborg en 1995) et Rui Silva (bronze en 2004 à Athènes puis Helsinki 2005), Nader a décroché la quatrième breloque portugaise pour ce qui est devenue une spécialité lusitanienne.

| Un podium sans ses géants ni ses tricolores

Cette finale avait déjà perdu plusieurs cadors en route dont deux norvégiens aux CV fournis. Jakob Ingebrigtsen, champion olympique en titre, a été sorti dès les séries, diminué et sans jambes. Son compatriote Narve Gilje Nordås n’avait pas fait mieux, stoppé en demi-finale. Côté américain, Cole Hocker, champion olympique de Paris, a été disqualifié en demies pour un coup de coude dans l’emballage final. Et les Français dans cette histoire ? Aucun parmi les 14 finalistes. Le meilleur performeur de la saison Azeddine Habz (3’27″49) et son compatriote Paul Anselmini n’ont pas dépassé les séries, tandis que Romain Mornet a buté en demi-finale.

| Une finale qui relance les cartes mondiales

En un sprint, Isaac Nader a changé son statut : de finaliste ambitieux (12e en 2023 à Budapest), le demi-fondeur de 26 ans devient champion du monde. Jake Wightman, battu de si peu, repart frustré mais grand animateur de la course. Et Reynold Cheruiyot, à seulement 20 ans, confirme qu’il est la nouvelle locomotive kényane de la distance. Une distance désormais aussi attendue que le 100 m lors de chaque compét’.

Cette finale de Tokyo aura prouvé une chose : le 1 500 m reste une course où les hiérarchies vacillent au moindre faux pas. Wightman l’a appris à ses dépens, Kerr à son corps défendant, et Nader en a profité pour inscrire son nom au palmarès, avec panache.


Dorian VUILLET
Journaliste

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