Le Marathon du Cognac, où l’on trinque à la performance
Pour la 24e édition du Marathon du Cognac, 4700 coureurs se sont rassemblés ce samedi 8 novembre à Jarnac pour prendre le départ des différentes courses. L’événement a couronné Hugo Le Poulard, finisher de son premier marathon en 2h27’21 à seulement 19 ans, tandis que la Cognaçaise Cécile Devierre s’est offert, elle aussi, son premier sacre.
À l’image du record d’inscriptions battu cette année sur les quatre courses de l’événement charentais, les trois épreuves destinées aux enfants ont elles aussi fait le plein, réunissant près de 300 Pitchouns l’après-midi sur les différentes distances. Et les records n’ont pas fini de tomber : que ce soit sur le marathon, le semi, les 10,5 km ou les 5 km, plusieurs marques personnelles ont été envoyées aux oubliettes. C’est notamment le cas du jeune Hugo Le Poulard, qui signe un exploit local, en terminant vainqueur de son premier marathon en 2h27’21, alors qu’il s’était fixé un objectif de 2h30. À à peine 19 ans, il réalise le troisième meilleur temps de l’histoire de l’épreuve. Rien que ça.
Mais au-delà des performances, le Marathon du Cognac, c’est aussi une immersion dans la culture locale, avec souvent une météo qui répond clémente par chance. Un parcours exigeant, surtout dans sa deuxième moitié, mais qui amène les coureurs à traverser les vignes, les chais des Cognac Royer, les châteaux et qui régale les penses avec des ravitos pas comme les autres : pâté, boudin, huîtres, et bien sûr, une petite dose de cognac pour la route. Pas moins de 700 bénévoles ont été mobilisés pour permettre à cette fête de la course à pied de se dérouler de la meilleure des façons qui soit. C’est d’ailleurs la « Balade de Jacques », organisée en mémoire du guide-conférencier Jacques Rullier, qui a clôturé les festivités le dimanche matin, avec évidemment un traditionnel apéro offert aux marcheurs.
| Un podium inévitablement local sur le marathon
Le vainqueur de l’édition 2025 du marathon, Hugo Le Poulard n’a pas fait dans la demi-mesure. Le Charentais-Maritime a fait valser la concurrence pour s’offrir, dès son premier marathon, une victoire sans merci en 2h27’21. « Je me suis beaucoup entraîné, et le trail m’a bien aidé, car je faisais déjà de longues distances dans toutes les conditions », confie le jeune athlète, traileur et futur triathlète au micro de Charente Libre. Victime d’un coup de mou après le 30e kilomètre, il a profité du ravitaillement pour relancer la machine « Je me suis enfilé tout ce que je pouvais, ça m’a redonné un peu de sucre et j’ai pu finir grâce à ça. » Conscient qu’il pouvait faire 2h30 en s’engageant sur l’épreuve, il a douté un instant de ses compétences, avant de remettre du braquet pour finir en trombe. À propos de l’atmosphère particulière, il ne tarit pas d’éloges « Les encouragements m’ont porté, surtout sur la fin, parce que je n’en pouvais plus ». À même pas 20 ans, il s’offre donc une première magistrale, reléguant son poursuivant à plus de 11 minutes.
Derrière lui, le Cognaçais Raphaël Lassalle prend la deuxième place en 2h38’12. « J’étais vraiment dans les clous, l’objectif est atteint. Je voulais faire une grosse prépa avant les cross et c’était l’occasion de faire un marathon dans le coin », raconte le local, régulièrement au départ de cet événement, au média charentais. Même s’il a fait la course en solitaire, il a apprécié d’entendre crier son prénom par le public à plein poumon. « Ça fait vraiment du bien », ajoute-t-il. Sur son rival, il glisse avec le sourire : « Je ne le connaissais pas. Soit il maitrisait son affaire, dans ce cas-là, il était injouable, soit, il était un peu optimiste et il allait péter…Finalement, il savait ce qu’il faisait ». Lucide, le représentant du club local analyse : « J’ai gardé mon allure prévue dès le départ, car le marathon ça peut être terrible à la fin. La deuxième moitié de ce parcours est bien plus compliquée, mais en ne partant pas trop vite, ça se passe bien ». Le master 4, Stephan Duffau de la Team DUF complète le podium en 2h45’06.
Chez les dames, c’est Cécile Devierre, annoncée parmi les favorites, a parfaitement tenu son rang en bouclant le marathon en 3h07’08. Elle ne visait rien d’autre que la victoire « Je suis très fière, c’était vraiment mon objectif de gagner. Je suis très heureuse de représenter Cognac et le Cognac AC, mon club ! ». Bien calée sur ses allures toute la première partie de course, la Cognaçaise a été repoussé dans ses retranchements après le semi, à cause de la complexité du tracé. C’est la première fois que la locale l’emporte. « Ça fait du bien », se réjouit-elle, tout en garant l’idée de revenir pour faire mieux « J’espère qu’un jour je passerai sous les 3 heures… ». Rayonnante, paillettes sur les joues et sourire jusqu’aux oreilles, la championne résume son état d’esprit « Je pars toujours avec l’idée de me faire plaisir avant tout. Quand on fait les choses avec plaisir, la performance suit. » Derrière elle, Tiphanie Bardet prend la deuxième place e n 3h23’07, suivie de Leslie Marin en 3h25’52.
| Didier Violino en patron, Laurianne Allègre surprend au scratch sur le semi
Didier Violino (Clain Athletic Pictave) a signé un superbe triplé ce samedi. Déjà vainqueur des deux précédentes éditions, il réalise la passe de trois, au terme d’un beau duel avec son coéquipier Benjamin Guionnet, qui aura tenu lâché 2 secondes dans la dernière ligne droite. Les deux athlètes bouclent la distance sous les 1h13, dans une course plus rapide que l’an passé. Pour le Cognaçais, cette victoire a une résonance particulière « Ici, il y a une histoire, c’est une course qui me tient à cœur ». Le coureur du CAP savoure d’autant plus ce succès qu’il clôt une saison chargée :« C’est l’aboutissement d’une année très remplie pour moi, j’ai enchaîné les semi-marathons où je prends un pied phénoménal. C’est clairement ma distance », lâche-t-il. Son camarade de club, Benjamin Guionnet, actuellement en préparation pour le marathon de Valence, partage sa satisfaction « On se connaît très bien et on finit ensemble ! ». Sur la troisième marche du podium, Clément Dutrey (1h16’02) ne pouvait pas rêver mieux. « Je suis parti avec les deux costauds, mais j’ai vite senti qu’il ne fallait pas que je reste avec eux ! »
Chez les femmes, Laurianne Allègre s’impose en 1h33’05. La Charentaise a mené la course de bout en bout pour décrocher sa première grande victoire, sur un semi loin d’être anodin. « Je ne m’y attendais pas du tout ! L’an dernier, j’étais 5e ou 6e, mais c’est vrai que le chrono est bien meilleur », s’exclame-t-elle, encore surprise. Partie prudemment, elle a remonté le peloton sans se laisser perturber par la deuxième partie de parcours plus vallonée « Au 10e, je vois que je suis 3e. Je double la deuxième au 12e kilomètre, puis la première au 15e… et après, j’ai tracé ! ». Les encouragements du public l’ont portée dans les derniers kilomètres « Ça donne des ailes ! ». Initialement partie sur un rythme d’1h35, elle réalise bien mieux que prévu et s’offre un joli coup de boost avant le marathon de La Rochelle dans deux semaines. Derrière elle, Mélanie Adamczak prend la deuxième place en 1h35’59, suivie de Marie Dussaud du Braud AC en 1h36’47.
| 10,5 km, le Cognac AC fait le grand chelem
Le Cognac AC a frappé fort sur le 10,5 km, en trustant les quatre premières places. La victoire revient à Kévin Bourg, impérial du début à la fin. Auteur d’une course maîtrisée, il confirme sa belle forme du moment, alors qu’il fera une tentative de record personnel sur 10 km prochainement. « J’ai essayé de partir sur les allures de mon record pour me tester, parce que dans un mois, j’aimerais le battre », explique le vainqueur, lucide sur sa gestion de course. Confronté à un parcours exigeant, il a préféré temporiser « Les dernières années, j’ai eu des soucis dans la côte, un point de côté. Cette fois, j’ai voulu me gérer pour garder Thierry à distance et contrôler la fin, surtout avec les dénivelés. »
Derrière lui, son coéquipier, le master 3, Thierry Guibault, tout juste rentré du marathon de New York, a parfaitement géré son effort pour prendre la deuxième place en 34’25. « Le but, c’était de finir dans les trois premiers, et c’est fait. Le marathon, ce n’est pas une excuse », sourit-il. Malgré les 42 km américains dans les jambes, le champion de France masters de cross en 2015 et 2016 a encore de belles ressources. « Depuis dimanche, j’ai bien récupéré. C’est la magie des chaussures carbone ! On n’est pas à l’ambiance de New York, mais on n’en est pas loin, lance-t-il, avant d’évoquer dans un rire la fête prévue à la maison. J’ai 20 personnes tout le week-end, on va bien célébrer ça ». Le podium est complété par Maxime Thorin, qui boucle l’épreuve en 35’23’, permettant au club local de s’offrir le triplé gagnant.
Chez les femmes, le Cognac AC continue son récital grâce à Laurine Avinio, quatrième au scratch et large vainqueure féminine en 37’58. La Cognaçaise, 11e des derniers France de 10 km, affiche une forme étincelante. Spécialiste du 3 000 m steeple, dont elle détient le record de Charente en 10’35’’56, elle enchaîne les performances. « Si je devais conseiller un 10 km, ce serait celui-là. C’est la fête de la course à pied et du sport, tous les passionnés sont là. Que ce soit dans les vignes ou la campagne, il y a toujours du monde », s’extasie la duathlète, également montée sur le podium d’une étape de D2 à Saint-Grégoire, en Bretagne, en mai dernier. Derrière elle, Delphine Roux de l’A3 Alençon prend la deuxième place en 41’39, devant la junior Lylou Lhotellier, d’Air-sur-l’Adour, en 42’43.
Le club du Cognac AC a tout donné cette année et raflé un grand nombre de médailles, avec des résultats qui méritent d’être célébrés en trinquant. Pas le temps de lever le verre pendant l’effort pour les représentants du club : place à la fête une fois la course terminée, avec du monde, de la bonne humeur et un peu de Cognac pour arroser le tout.
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Sabine LOEB
Journaliste