Marathon du Beaujolais 2025 : Jérémy Mansuy et Perrine Géraud font mousser l’édition la plus festive
Ce week-end, le Marathon International Beaujolais a pris des airs de fête débridée, et dans ce décor gonflé de fanfares, de couleurs et d’efforts généreux, Jérémy Mansuy et Perrine Géraud ont livré deux récoltes bien différentes mais tout aussi éclatantes. Lui a signé un triplé historique, elle a dompté son territoire natal avec une assurance remarquable. Une édition dense, vivante, parfumée de gamay et d’encouragements sans fin.
Le Beaujolais à beau avoir le goût de la banane cette année, cela n’a pas empêché Jérémy Mansuy de glisser sur la concurrence. Le Marathon du Beaujolais a déployé sa 21e édition comme on déroule un long ruban coloré au milieu des vignes, un ruban guidé par des cris, des fanfares, des déguisements en tout genre, des efforts sincères et une bonne humeur qui circule d’un village à l’autre. Villefranche-sur-Saône a encore vécu un samedi hors du temps.
Le slogan “The Magic Charity Running Festival” n’avait rien d’une promesse en l’air, il s’est matérialisé partout, des premiers mètres à Cercié jusqu’au retour final en centre-ville. Un millésime qui continue de gonfler en ampleur avec plus de 33 000 grappes venus de 98 pays prêts à savourer un parcours qui ne ressemble à aucun autre lors de ce week-end festif. À noter que 200 000 euros ont été collectés et reversés à différents établissements hospitaliers du département.
| Le Beaujolais transformé en scène à ciel ouvert
Très tôt, les coteaux ont vibré au passage des coureurs. Des orchestres entonnent leurs refrains, des bénévoles encouragent un peloton bariolé, des châteaux se dressent comme des spectateurs de pierre et des groupes d’amis font de chaque ravitaillement une mini-fête.
Ambiance surréaliste parfois, ambiance joyeuse surtout. Les déguisements s’alignent par dizaines. Bottes géantes, raisins ambulants, super-héros persuadés d’être nés pour courir, momies hyperactives, pirates plus rapides que prévu. Rien n’illustre mieux l’esprit beaujolais que ces anecdotes glanées entre deux foulées.
| Jérémy Mansuy dans un numéro à part
Sur la distance reine, la lumière se pose une nouvelle fois sur Jérémy Mansuy. Le Lyonnais plonge un peu plus dans la légende locale en devenant le premier triple vainqueur du Marathon du Beaujolais. Consécutivement, par ailleurs. Son passage en 2h26’31 confirme une maîtrise complète du parcours, qu’il connaît désormais presque comme un vieux compagnon de route.
Pourtant, son récit montre une course loin d’être aussi simple qu’elle n’y paraît. Il confie un départ très rapide avec un semi avalé en 1h13, presque trop rapide à son goût. « On est partis super vite, avec un chrono de 1h13 au semi » racontait-il en repensant à ce moment clé. Il avoue une crainte de ne pas réussir à tenir ce tempo et soulève le choix d’une petite temporisation. « J’avais peur de ne pas réussir à tenir le rythme, alors j’ai ralenti un peu dans la bosse pour pouvoir bien finir et profiter de l’ambiance. »
Sa relation avec cette épreuve reste unique, presque intime. Il parle d’une pression ressentie avant le départ, d’une appréhension qui se mêle à l’envie. « Un peu de pression et d’appréhension avant le départ » reconnaît-il. Et puis la satisfaction, immense, presque étonnée. « Au final, content de ma course. Jamais je ne pensais faire ce chrono. Je visais plus aux alentours de 2h30. »
Chronométrés respectivement en 2h30’30 et 2h32’47, Ludovic Bailly-Basin (en chemise s’il vous plaît) et Damien Bourgoin montent sur les deux autres marches du podium au terme d’une bataille dense, tandis que Stéphane Ricard et Mathis Nogales se neutralisent jusqu’à la seconde près en 2h38’15.
| Perrine Géraud, souveraine au pays natal
Chez les femmes, la journée de samedi appartenait à Perrine Géraud. Une victoire nette, une foulée compacte, un tempo parfaitement orchestré et un sourire presque constant pour accompagner un long voyage dans son propre territoire.
En franchissant la ligne avec plus de trois minutes d’avance sur Céline Aujogues, la représentante des Morgon Runners pose une marque forte. Elle raconte un travail de fond sérieux et intense. « J’ai fait une grosse prépa cette année » confiait-elle. Puis elle glisse un remerciement sincère. « J’ai été coachée par un super entraîneur, Anthony, qui m’a vraiment aidée. Trop contente que ça porte ses fruits ». Une phrase qui décrit parfaitement le mélange de rigueur et de joie qui entoure son année.
Habituée aux pièges du parcours, elle en profite davantage encore cette fois. « Le parcours, on le connaît, il est magnifique. En plus, cette année, il faisait beau, j’ai eu des encouragements tout le long. Top. »
Une parenthèse plus difficile apparaît autour du trentième kilomètre. Une montée après Arnas où son visage trahit un léger fléchissement. Elle en parle sans détour. « Un moment de dur au 30e kilomètre, après Arnas, où la montée a été difficile. Mais par rapport à l’année dernière, j’ai osé partir vite et il faut croire que c’était la bonne stratégie ». Son chrono final en 2h58’58 complète ce récit. Elle le partage avec une fierté juste. « Très contente du temps, je voulais faire moins de trois heures, je fais 2h58, parfait ». Le podium s’équilibre avec Céline Aujogues en 3h02’02 puis Fanny Carrez en 3h02’50. Une densité remarquable sur un parcours aussi vivant.
| D’autres distances, d’autres héros
Du côté des autres courses du samedi, le semi-marathon a offert son lot d’exploits en l’absence du quintuple vainqueur Julien Devanne, champion de France de semi-marathon et de marathon en 2019. Igor Bougnot a tiré son épingle du jeu en 1h06’21, devançant Dylan Magnien en 1h11’05 et Loïc Moulin en 1h11’12. Chez les femmes, Camille Richer a imposé son rythme en 1h28’30, laissant derrière elle Cécilie Garod (1h31’41) et Astrid De Lamartine (1h32’05).
Sur le 13 km, Flavien Coindard a confirmé sa domination, franchissant la ligne en 43’11, quelques secondes devant Ghislain Airiau (43’29), tandis que Jules Chanteau complète le podium en 45’37. Chez les féminines, Mickaelle Aguera, 20 ans à peine, a savouré sa première victoire en Beaujolais en 52’26, avec Mélanie Ratel (55’42) en 2e position et Julie Clavelier (58’37) en bronze, illustrant parfaitement la vitalité et le mélange des générations qui caractérisent ce festival de course et de convivialité.
| Un parcours qui raconte la région
Le Marathon du Beaujolais, course la plus festive de France, ne se contente pas de tracer une ligne. Il raconte une histoire à travers ses paysages. Vignobles, panoramas ouverts, châteaux perchés, chemins vallonnés, villages transformés en tribunes naturelles. La course devient voyage initiatique où chaque coureur écrit sa propre version du Beaujolais. Les encouragements résonnent à chaque virage et les musiciens transforment les montées en scènes presque théâtrales.
✔ Retrouvez tous les résultats de l’édition 2025 du Marathon International du Beaujolais

Dorian VUILLET
Journaliste