Mike Studer, l’homme qui a couru un marathon sous l’eau
10/06/2025 13:53En 2021, l’américain Mike Studer a battu le record du marathon… sous l’eau, en 3 heures 44 minutes et 52 secondes. Une performance physique incroyable, sachant que l’eau est 800 fois plus résistante que l’air. Chaque foulée demande ainsi un effort énorme. Le scientifique Mike Studer a relevé ce défi pour une cause qui lui tenait à cœur.
| Records en tous genres et défis improbables
Dans le dernier siècle, les défis les plus fous ont été tentés et la liste ne s’arrête pas de grandir. Les réalisations historiques tombent. On a encore en mémoire la performance de l’Autrichien Felix Baumgartner en 2012 qui a sauté depuis la stratosphère, franchissant le mur du son en chute libre. En 2018, l’Anglais Ross Edgley a nagé 1 780 km autour du Royaume-Uni en 157 jours malgré les méduses, le froid et les courants. La course à pied ne déroge pas. En 2019, Jasmin Paris a remporté la Barkley Marathons, l’une des courses les plus durs au monde (160 km, 18.000 m de dénivelé, dans les bois du Tennessee), en bouclant le parcours… avec 99 secondes d’avance sur la limite fatidique. Elle fut ce jour-là la première femme à finir l’épreuve depuis 10 ans. Le coureur d’origine grec Yiannis Kouros, cité récemment dans le récit de Cliff Young, détient toujours le record de distance sur 48 heures (473,495 km), soit l’équivalent de 11 marathons d’affilée… Son record date de 1996 et n’a toujours pas été battu. Cette performance avait d’ailleurs été réalisé en France, à Surgères. On s’intéresse aujourd’hui à Mike Studer, un physiothérapeute américain qui, en 2021, a réalisé un marathon sous l’eau, sur un tapis roulant immergé, réalisant le temps incroyable de 3 heures 44 minutes et 52 secondes. Un record réalisé en hommage aux anciens combattants blessés, via l’association Honor Their Sacrifice.

| L’exploit de Mike Studer, un record sous l’eau
Mike Studer, à ne pas confondre avec son homonyme américain neurologue, est spécialiste en réadaptation physique. Déjà en 2012, il avait posé les bases de cette expérience avec une première tentative (vidéo ci-dessous). En 2021, il avait une ambition : passer sous la barre des 4 heures tout en levant des fonds pour les vétérans amputés ou souffrant de troubles post-traumatiques. Le défi s’est déroulé dans une piscine de l’Oregon, où Studer a enchaîné les kilomètres sur un tapis incliné à 1,5 %, immergé à 1,20 mètre de profondeur. Durant près de 4 heures, il a combattu l’hypothermie (malgré une température d’eau à 22°C), la déshydratation et la pression, écrasante pour les articulations. Pourtant, et des crampes terribles dès le 25ème kilomètre, il a tenu un rythme incroyable de 11,3 km/h! Car courir sous l’eau n’a rien à voir avec la course terrestre… En quoi ce record, homologué par le Guinness des records, est-il un exploit incroyable ?
| Un autre milieu, une autre pression
La résistance de l’eau est 800 fois supérieure à celle de l’air, forçant ainsi le corps à dépenser environ 40% d’énergie en plus. La flottabilité vient annuler une partie du poids et perturbe la foulée. Mike Studer devait constamment ajuster sa posture de “course”. Sans compter la thermorégulation : en milieu aquatique, le corps perd sa chaleur 25 fois plus vite, risquant l’hypothermie même dans une eau tempérée. Pour réaliser cette performance historique, qui tient toujours depuis, Studer s’est entraîné 18 mois, développant des capacités pulmonaires hors norme (il a notamment réussi à travailler et réduire sa fréquence respiratoire à 12 cycles/minute, développant une endurance musculaire spécifique. Un de ses secrets ? Un protocole inspiré des Navy SEALs : séances en apnée, renforcement en piscine profonde, et même des tests en chambre hyperbare, une enceinte étanche dans laquelle on est exposé à une pression supérieure à la pression atmosphérique. Tout ce travail a fini par payer avec ce record qui aura bien du mal à tomber, vu la spécificité de l’effort.
On espère ainsi que ce défi ne sera pas le dernier de Mike Studer ou qu’il sera rejoint dans ses tentatives par d’autres rêveurs… faiseurs !