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Comment se reconstruire pour revenir plus fort après une blessure ?

ConseilStay Healthy
22/05/2025 21:54

Le running, pour certains, c’est bien plus qu’un sport : c’est un mode de vie, une identité et même un lien social avec le reste du monde. Alors quand une blessure s’en mêle, c’est tout un équilibre qui vacille. Privé de son activité préférée, de sa dose de bonheur et éloigné de ses objectifs, le coureur blessé se retrouve souvent face à un vide difficile à combler. Pourtant, cette période peut devenir une opportunité de croissance, à condition d’être bien accompagné. Carl Bescoby, psychologue spécialisé dans la réhabilitation des athlètes blessés, partage des conseils précieux pour traverser cette épreuve.


| Écouter son corps, accepter la blessure : une étape fondatrice

Le premier réflexe quand une douleur s’installe, c’est souvent… de l’ignorer. Parce que l’envie de courir est plus forte. Parce qu’on a une séance importante, une course prévue, ou juste besoin de sa dose de bonheur, les fameuses endorphines. Ce réflexe, selon Carl Bescoby, est courant chez les sportifs dont l’identité est fortement ancrée dans la performance. Le mental prend le dessus, minimise les signaux d’alerte, jusqu’à ce que le corps crie trop fort pour être ignoré.

C’est ici que tout commence : accepter. Accepter que quelque chose ne va pas. Accepter que faire une pause maintenant, c’est éviter de s’arrêter plus longtemps plus tard. La fameuse mentalité du « go hard or go home » est parfois l’ennemie silencieuse des coureurs. Il ne s’agit pas d’abandonner mais justement de s’entraîner plus intelligemment, à l’écoute de son corps et de ses sensations.

Une fois cette acceptation faite, il faut poser un diagnostic clair. Consulter un professionnel de santé (médecin du sport, kiné, ostéo), comprendre ce qui a provoqué la blessure (souvent une accumulation de fatigue, un déséquilibre musculaire, une récupération négligée, un surentraînement), puis construire un programme de réhabilitation. Ce plan n’est pas juste une fiche de soins, c’est un calendrier essentiel pour le coureur. Avec l’estimation d’une date de reprise de la course, il offre une direction. Et c’est vital pour garder le cap et maintenir une routine active.

| Les impacts psychologiques invisibles de la blessure

Quand le corps s’arrête, l’esprit, lui, s’emballe. Le planning d’entraînement disparaît, les repères s’effondrent. Ce qu’on faisait machinalement devient inaccessible. On n’est plus « celui ou celle qui court tous les matins ». Et très vite, le vide s’installe. Carl Bescoby parle ici d’un phénomène bien connu chez les sportifs : la crise identitaire post-blessure.

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C’est un moment où l’on se sent inutile, dépassé, hors-jeu. L’estime de soi s’effrite. On observe les autres progresser, s’entraîner, partager leurs séances sur Strava. Et nous, on reste sur le banc. Le sentiment de stagnation, voire de régression, alimente les doutes :

  • « Je perds tous mes progrès. »
  • « J’aurais dû être plus prudent. »
  • « Je ne reviendrai jamais à mon niveau. »

Ces pensées ne sont pas anodines. Elles fatiguent, usent, rongent. Le docteur Bescoby le résume bien : « Pendant la blessure, le mental devient un job à temps plein. »
L’enjeu ici, c’est de ne pas laisser l’identité d’athlète se réduire à la capacité à performer. Le corps ne court peut-être plus, mais cela ne veut pas dire que l’athlète a disparu.

| S’accrocher à ce qui compte vraiment

Le tournant, pour beaucoup, vient quand on change sa façon de voir les choses. Quand on cesse de s’acharner à « revenir comme avant » et qu’on commence à reconstruire différemment. C’est là que Carl Bescoby propose un travail intérieur profond, avec trois questions simples mais puissantes :

  • Quelle valeur importante reste vraie, même blessé ? Exemple : « le mouvement », « le partage », « la nature ».
  • Quel type de personne je veux être, même sans mes running aux pieds ? (un coéquipier bienveillant, un partenaire fidèle, une personne patiente, quelqu’un d’actif etc.)
  • Qu’est-ce qui m’importe, là, maintenant ? (Prendre soin de soi, rester connecté aux autres, transmettre…)

Ces questions aident à avancer dans l’adversité. En réalisant d’autres activités, elles permettent au coureur blessé de remettre de la souplesse dans une identité qu’on pensait figée au running. On comprend qu’on peut être coureur autrement. Qu’on peut rester soi-même, même sans courir 60 km par semaine. Cette flexibilité mentale, c’est le premier pas vers un retour solide. Moins rigide, plus fort mentalement.

« Lorsqu’un·e athlète se blesse, il ou elle perd souvent le sport comme source de reconnaissance, et cela peut être très difficile à vivre. Le sport donne un sentiment de valeur, d’identité, de réussite. Mais quand une blessure met tout à l’arrêt, on peut vite avoir l’impression de ne plus exister, comme si notre valeur s’était envolée avec la compétition. N’oubliez pas que vous êtes bien plus que votre pratique sportive, même si, parfois, le regard des autres semble l’oublier. »

Dr Carl Bescoby @theinjurypsychologist

| Le cross-training, un allié précieux

Même blessé, l’entraînement continue. De nombreuses blessures autorisent, voire recommandent, une activité physique alternative sans impact : natation, vélo, elliptique, renforcement musculaire, yoga. C’est ce qu’on appelle le cross-training.

Au-delà des bienfaits physiques (entretien cardio, maintien du volume d’entraînement, meilleure récupération), le cross-training est aussi un bon filet psychologique. Il permet de rester actif, de garder une routine, d’avoir des mini-objectifs. On remplace l’intensité par l’intention. On travaille ses faiblesses et on sort de cette impression d’être au ralenti.

Carl Bescoby insiste aussi sur un point : maintenir une activité sociale autour du sport est essentiel. Accompagner ses partenaires à l’entraînement, discuter matos, assister à une course en spectateur… cela aide à rester dans la boucle. À ne pas se sentir exclu du monde auquel on appartient. L’enjeu majeur ici est d’éviter tout isolement social et de conditionner son cerveau en vue d’une guérison optimale.

À retenir : la checklist du coureur blessé

  • Poser un diagnostic médical fiable
  • Mettre en place un plan de guérison clair avec un professionnel
  • Adopter une pensée compatissante envers soi-même
  • Faire un travail d’introspection sur ses valeurs profondes
  • Continuer à bouger différemment avec du cross-training
  • Changer de spectre : progresser ailleurs, en attendant le retour
  • Prendre de la distance avec la pression sociale et les réseaux (Strava, etc.)
  • Rester actif dans sa communauté, autrement
  • Planifier une reprise progressive, adaptée, dès que possible


La blessure n’est pas une parenthèse vide. C’est une étape à part entière de la vie de coureur. Une opportunité, souvent douloureuse, de faire les choses différemment. D’être plus souple avec soi, plus attentif à ce qui compte vraiment. Comme le rappelle Carl Bescoby, guérir, c’est aussi reposer l’esprit, pas seulement le corps. Et si cette pause imposée était le début d’un renouveau plus aligné, plus conscient, plus solide ? Le chrono reviendra. Mais d’ici là, prenez soin du sportif en vous, même quand il ne court pas.

Retrouvez plus d’informations sur le sujet sur le compte officiel du docteur Carl Bescoby @theinjurypsychologist.

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