Les signaux du corps pendant une sortie longue
02/07/2025 18:45Les signaux du corps pendant une sortie longue (et… qu’on fait semblant de ne pas entendre ). Des jambes molles, une foulée qui part en moonwalk, un ventre qui grogne plus fort qu’un public au Stade de France… Pendant une sortie longue, le corps envoie des SOS en morse, en stroboscope, en signaux de fumée. Mais comme on est de grands rebelles, on continue de courir en faisant « lalalala je t’entends pas ! ». Mauvaise idée ?
✓ Un peu, oui. Petit guide des signaux qu’on snobe, et de pourquoi c’est bête (mais drôle).
| Le mode barbecue : quand ton corps cuit à petit feu
Frissons sous 30°C, coup de chaud sous une brise polaire… Non, tu n’as pas muté en clim portable. C’est juste ton corps qui déclenche le mode « barbecue ». Mais bon, toi, tu te dis : « C’est normal, ça chauffe ! Je vais devenir Kilian Jornet, version gratin dauphinois. » Spoiler : si tu ne ralentis pas, tu vas finir bien doré à l’extérieur, tout mou à l’intérieur.
➜ Remède : Lève le pied, bois un coup, arrose-toi la tête. Ça marche mieux que de prier pour un nuage.
| Ventre instable : l’équilibre digestif, ce funambule
Ton estomac est un syndicat autonome. Si tu lui files n’importe quoi (ou rien du tout), il débraye direct : gargouillis, crampes, urgence sanitaire derrière un bosquet. Mais non, toi, héros de la bravoure intestinale, tu te dis : « Je vais serrer les fesses, ça va passer. ». Mauvaise nouvelle : ça passe rarement.
➜ Remède : Mange au bon moment, bois avant d’avoir soif, et repère toujours l’arbre le plus proche. Question de survie.
| La foulée zombie
Tu pars léger, style gazelle. Tu finis en pingouin boiteux. Les bras moulinent dans le vide, tes appuis te rappellent un sketch de Laurel et Hardy, tes hanches disent adieu au monde civilisé. Mais toi, warrior, tu te dis : « C’est la fatigue normale. Ça forge le mental. » Spoiler : ça forge surtout une tendinite.
➜ Remède : Vérifie ta posture, respire, arrête-toi deux minutes. Oui, s’arrêter c’est légal.
| Cardio en roue libre, ce que le cœur essaie de dire
Vitesse stable, cardio en orbite. Tu cours à 9 km/h mais ton cœur tape un semi-marathon à part. Normal ? Non. Toi, tu regardes juste ton allure, pas le radar d’alerte rouge dans ta poitrine. « Ça ira. » Oui, ça ira… jusqu’au malaise.
➜ Remède : Regarde aussi ton cardio, Sherlock. Si ça s’envole, ralentis, bois, refais le plein de sucre. Ou apprends à courir avec un défibrillateur dans le camelbak.
| La tête qui dit stop (mais pas pour rien)
Un coup de mou ? La tête qui lâche ? La playlist qui ne suffit plus ? La perte de motivation, la tête qui décroche, l’envie qui s’évapore : ce n’est pas toujours “dans la tête”. C’est souvent le résultat d’une baisse énergétique, d’un déséquilibre électrolytique ou d’un effort qui dépasse la capacité du jour. On réduit souvent une baisse de moral à une explication psychologique, à parler de « manque de mental », de « flemme ».
Mais il faut parfois se rappeler que le cerveau est un organe comme les autres. Lui aussi a besoin de carburant. Et quand il n’en a plus, il arrête simplement d’enclencher la machine. Novak Djokovic l’a résumé un jour à sa manière : « Quand je ne suis pas bien dans ma tête sur le court, c’est rarement mental. C’est souvent parce que mon corps ne suit plus.«
➜ Remède : Alimente-le (ton cerveau). Eau, glucides, électrolytes. Oui, ton cerveau est comme un vieux Nokia : sans batterie, plus rien ne passe.
| Pourquoi on fait les sourds (alors qu’il faudrait tendre l’oreille)
Parce qu’on glorifie les finishers à bout de souffle, les coureurs qui serrent les dents jusqu’au bout, ceux qui « n’écoutent pas leur corps ». Parce que les récits héroïques font plus de likes que les abandons intelligents. Parce qu’on confond ténacité et entêtement.
Mais écouter son corps, ce n’est pas capituler. C’est investir. Pour durer. Pour progresser sans casser. Pour aligner les sorties longues sans les subir. Parce qu’à force d’ignorer les signaux faibles, on finit par se heurter à un signal fort : la blessure.
| Écouter, ce n’est pas abandonner
Il y a une phrase qui revient souvent : « Faut pas s’écouter. » Et si, justement, il fallait faire l’inverse ? S’écouter, ce n’est pas abandonner. Ce n’est pas renoncer. C’est ajuster. Par respect pour le corps. Par lucidité. Par stratégie aussi. Parce qu’on s’entraîne pour durer, pas pour briller un dimanche et boiter pendant trois semaines.
Les signaux du corps sont nos meilleurs alliés. Ils ne veulent pas saboter la sortie longue, ils veulent qu’on la termine en bon état. Alors au prochain gargouillement, au prochain coup de chaud, à la prochaine baisse de moral : pause. On respire. On boit. On ajuste. Et surtout, on retient une chose : Le vrai niveau, c’est pas celui qui va le plus vite. C’est celui qui sait quand il faut ralentir.

Dorian VUILLET
Journaliste