Les plus grosses boulettes sur Strava : départs ratés, pauses oubliées, GPS capricieux et tracés improbables.

Quand Strava fait la blague à notre place

21/07/2025 21:30

Chaque coureur a sa petite routine : chaussures, montre, appli, échauffement. Et parfois, entre la précipitation, le manque de lucidité post-run ou une technologie un brin capricieuse, le run du jour se transforme en sketch. Strava, temple numérique de l’ego sportif et des performances partagées, enregistre tout. Absolument tout. Même les fails. Et certains valent de l’or. Florilège.

| Quand tu pars… à l’autre bout du monde

Le classique des réseaux : l’appli envoie le run, au beau milieu de l’Atlantique. Un cycliste raconte sur Reddit : « Les gens connectés voient le trajet correctement, ceux déconnectés le voient au milieu de l’océan Atlantique… plutôt drôle. » Imagine l’heureux coureur convaincu d’avoir glissé au large, tout juste revenu sur terre après sa séance cardio. Résultat ? Une trace GPS qui commence au port de Brest et se termine à l’équateur, avec la mention “Bon retour !”. Strava n’a pas encore réglé le bug, alors on regarde la carte, on rit et on accepte l’erreur comme une poésie involontaire.

| L’oublieuse de pause : 3 km fantômes

La pause “pipi‑cigarette‑séries d’1 minute” ? Elle est sacrée. Mais quand la montre ne relance pas la trace, l’activité devient farce : on repart, on s’arrache, on revient… et 3 km disparaissent sans explication. Strava support appelle ça les “bad GPS data” : “GPS drift… lost GPS signal… straight line connecting your start and endpoints” À traduire : « Dérive GPS… perte du signal… ligne droite entre le point de départ et le point d’arrivée » Pendant ce temps, ton chrono est digne d’un marathonien dopé, mais dans la vraie vie, les jambes ont tourné et le cœur a chauffé… sans que Strava ne l’admette.

| Le sprint… après avoir appuyé sur stop

Qui n’a jamais lancé Strava… après la fin du run ? Le plus rageant : tu sens que c’était un jour “fast legs”, tu rentres fier, tu regardes la trace… et rien. Ou un minuscule point. Quelques grammes de frustration pure. Certains l’appellent “ghost run”. La communauté s’en moque gentiment en créant des memes genre “I just ran a lot – Strava says no”. Ces runs n’existent pas. Belle leçon : l’effort invisible, c’est toute une philosophie.

| “GPS artist” ou dessin complètement foiré

Certains ont réussi à dessiner un requin ou une œuvre sur la carte. D’autres créent… accidentellement, un pénis géant. Une anecdote récente du Guardian : à la base, Terry Rosoman a involontairement dessiné un pénis de 116  km bien qu’il s’était dit en chemin qu’il serait une bonne idée de poursuivre cette oeuvre d’art pour sensibiliser à la santé masculine. Car cette trace qui évoque un corps humain improbable est due à un croisement de rues incongru. Et puis, la compétition artistique du GPS n’est jamais loin : dessins ciselés, formes compréhensibles… et formes involontaires, presque subliminales. Bien souvent, l’intention n’y est pour rien. Mais la combinaison hasardeuse des rues, des angles et des zigzags crée des œuvres d’art modernes un peu borderline. Certains en font même un sport à part entière.

| Le fameux 0,01 km

Celui-là, on le connaît tous. Tu appuies sans faire exprès sur pause après 10 m, tu laisses l’appli tourner… et t’obtiens 0,01 km sur le résumé. Nul, presque insultant. Mais parfois, la légendaire artefact donne lieu à une publication ironique : « Sortie 0,01 km, grosse mentalité » ou « Run impossible – résultat réel : 0,01 ». Après tout, c’est la promesse Strava  : tout moment compte, même le plus ridicule.

| Cases spectaculaires dans la heatmap

Strava publie parfois des heatmaps globales remplies d’anomalies : carrés surgissant dans des zones désertiques, des zones très fréquentées… Ces anomalies numériques alimentent les discussions : « what are these weird heatmap anomalies ? » (« c’est quoi ces anomalies bizarres sur la carte de chaleur ? », en français). L’explication reste floue entre GPS bounce, erreurs, ou superposition de runs. Mais l’effet visuel, lui, est garanti : rectangle militant, pixel numérique, traces stroboscopiques. Ça pique les yeux, et ça amuse.

Un exemple d’anomalies des « heatmaps » dans les rues de New-York. © Strava

| Cas d’école : l’ex-olympien à 1 min/km

Sur TikTok, The Running Channel partageait une perle : un ex-athlète olympique « Andy » avec un run de 3 secondes à 1 min/km. Non plus un bug, mais un gag total : une très courte séquence d’activité qui affiche une allure… absurde. Le clash entre les chiffres et la réalité, c’est souvent là que réside l’humour le plus grinçant. Un des commentaires se moque gentiment : « Ah ! L’invisible ! ». Marrant.

@runningchannel What’s been your biggest Strava fail? 😂 #runningpodcast #runchat #runimproverepeat #strava ♬ original sound – The Running Channel

| Silent heroes : ceux qui légendent le bug

Enfin, respect à ceux qui transforment la boulette en performance littéraire. Et Strava devient leur terrain de jeu :

– « Test GPS – échec monumental »

– « 0,01 km, mais j’ai couru, je te jure »

– « Sortie fantôme, KOM de l’impression non-existante »

Ces titres appellent le rire, désamorcent l’éventuelle honte, et structurent un humour très codé, que seuls les runners comprennent. Au final, c’est la fête du récit, même si la data est bancale.

Plus qu’un réseau de performance, Strava révèle le quotidien, entre tranches de bravoure et clins d’œil numériques. Les erreurs dues à des pauses oubliées, à un GPS capricieux ou à un geste maladroit illustrent cette drôle d’obsession : tout est traçable… sauf parfois, tout. On rit, on partage, on se sent moins seul devant son point de 0,01 km. Parce qu’avant les chiffres, il y a le fun. Et parfois le bug. Et ça vaut tout l’or KOM de la terre.