À 20 ans, Gregory David découvre qu'il a une grave malformation de l’aorte. Dix ans plus tard, une opération à cœur ouvert change sa vie.

Gregory David : « La course m’a sauvé la vie »

InterviewDéfi
26/07/2025 10:07

Gregory David avait 20 ans lorsqu’il a découvert qu’il vivait avec une dilatation de l’aorte. Une menace invisible qu’il portait depuis toujours, mais qui a été révélée suite à l’AVC de son père en 2013. Pour survivre, le Montpelliérain a dû subir une lourde opération et son coeur a été arrêté pendant plus de cinq heures. Son destin n’a pas toujours été bien tracé mais il a su en faire une force.


Gregory, « Greg » de son surnom a 32 ans aujourd’hui et il va bien. Mais les dix dernières années de sa vie n’ont pas été un long fleuve tranquille. Alors qu’il est tout juste âgé de 20 ans, son papa subit un accident cardiovasculaire cérébral. À la suite de cet événement, des tests génétiques sont réalisés, et ils révèlent que Greg, ainsi qu’un de ses oncles, sont touchés par une cardiopathie et plus précisement une dilatation de l’aorte. Cette nouvelle est assez choquante pour Greg, qui avant tout ça, ne se doutait pas une seule seconde qu’il était porteur de cette malformation. Il n’avait jamais ressenti de gêne, de douleur jusqu’à présent. Malgré l’absence de signes précurseurs, les recommandations sont strictes : plus de sport, pas d’effort qui accélère le cœur, et un traitement pour ralentir la fréquence cardiaque. L’objectif principal est d’éviter toute pression excessive sur l’aorte. Greg accepte de devoir faire attention, mais il est quand même difficile pour lui d’envisager cet arrêt soudain du sport. Il se souvient : « Ça m’a mis un coup moral de ne plus me défouler. En fait, c’était compliqué, car je ne ressentais rien, mais je n’avais pas le droit de faire de sport ». La seule issue qui se présentait à lui était l’opération. Mais, à ce moment-là, sa dilatation de l’aorte est minime et donc inopérable.

| Une vie à coeur ouvert

Pendant dix ans, il vit avec cette contrainte, cette aorte dilatée à hauteur de 44 millimètres. Tous les six mois, il passe des examens de contrôle. Il n’y a pas d’évolution critique, mais l’incertitude est là, en toile de fond. « J’y pensais tous les jours. Je vivais avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête ». Ce n’est qu’en 2023, au bout de dix ans, qu’il est possible pour lui d’envisager l’opération, car la dilatation de son aorte a atteint 53 millimètres. C’est ce seuil là qu’il devait atteindre pour pouvoir être opérable. Le processus est long. Plusieurs avis médicaux et des recommandations parfois contradictoires. Certains spécialistes suggèrent encore d’attendre. Greg, lui, sent qu’il est temps de passer à l’action. « Je voulais avancer. Je ne voulais plus rester dans l’entre-deux. Puis, avec mon chirugien, situé à Montpellier on s’est dit qu’on était prêts et tout s’est aligné ». L’opération est programmée pour le 27 novembre 2023. Il y va en conscience, sans dramatiser, mais avec lucidité : « J’étais prêt. Je savais que c’était nécessaire, j’en avais besoin pour tourner la page ». Malgré son assurance et sa confiance envers le corps médical il est utile de préciser que cette opération est très lourde. Greg aurait pu ne pas survivre ou avoir de très graves complications.

Heureusement, l’opération s’est déroulée sans encombre et il n’y a pas eu de complication. Cependant, se réveiller d’une intervention où le cœur est arrêté durant cinq heures, c’est comme naître une deuxième fois. Greg le dit, le 27 novembre, c’est sa nouvelle date de naissance. Il se rappelle : « D’abord, je ne réalisais pas, j’étais intubé, branché de partout, attaché au lit. J’ai commencé à me réveiller, mais je ne savais pas de quoi je me réveillais, j’arrivais même pas à ouvrir les yeux. Et puis j’ai entendu ma compagne et mon frère qui me parlaient. Ma compagne m’a dit : ‘Tout va bien, tout s’est bien passé, il n’y a pas eu de complications.’ La première chose que je me suis dite après avoir entendu ça, c’est : ‘Je suis vivant’. »

| La course à pied, presque par accident

Naître une deuxième fois, à 30 ans, ce n’est pas commun. Mais Greg le voit d’un bon côté et ne changerait rien si c’était à refaire ! Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui il a un mental d’acier et surtout, il a découvert une toute nouvelle passion : la course à pied. Pourtant, tout n’était pas gagné d’avance. Après l’opération, la reprise était lente. Les premiers jours, il ne peut même pas se lever. Il lui faudra près d’une semaine avant de pouvoir marcher : « la première fois qu’on m’a levé j’ai fait quinze mètres dans le couloir de l’hôpital et je me suis effondré ». Il se rappelle également d’un moment marquant après son opération, lors de la première séance avec la kinésithérapheute. Elle lui demande de réaliser un exercice de respiration avec une bouteille et une paille. Il doit souffler dedans pour y faire des bulles et tenir le plus longtemps possible. Dis comme ça, ça a l’air simple, mais Greg a tenu quatre secondes. Ces quatre petites secondes il s’en rappelle très bien. C’est grâce à elles qu’il a pris conscience du chemin qu’il restait à parcourir. « Je savais que le personnel médical avait fait son travail et que maintenant c’était à moi de tout donner pour aller mieux. »

Greg raconte : « Au centre de rééducation, on me remet progressivement en mouvement : vélo d’intérieur, marche sur tapis. On accèlère le rythme petit à petit. Mais pendant trois mois, je n’ai pas le droit de courir. Pendant l’opération on m’a ouvert tout le sternum et il faut du temps pour qu’il se consolide ». Puis, les trois mois passent et la course à pied est autorisée pour Greg. « Au départ, je n’y allais pas pour le plaisir. Juste pour retrouver du cardio et pouvoir refaire du kite. Je courais sans kiffer ». Et pourtant, sans qu’il ne s’en rende compte tout de suite, quelque chose change. Le geste se répète. L’endurance revient. La respiration s’allonge. La tête se vide. Petit à petit, il commence à y prendre goût. « C’est venu comme ça. Je me suis accroché au début car c’était difficile, j’ai perdu la moitié de mon cardio à 30 ans. Mais je dois avouer qu’à force, j’ai aimé ça. »

« Aujourd’hui je n’ai pas de mal à le dire : la course à pied m’a sauvé la vie. » Il sait apprécier le simple fait de pouvoir courir, de se sentir vivant, sans peur. « Je plains les gens qui sortent d’une opération à cœur ouvert et qui n’aiment pas le sport. Moi, ça m’a tenu. Même quinze minutes, ça me vidait la tête. »

« Aujourd’hui je n’ai pas de mal à le dire : la course à pied m’a sauvé la vie. »

Gregory David

Depuis l’opération, le chemin parcouru est incroyable. Seulement quatre mois après son opération Greg s’est aligné sur sa première course : les 5 km de Montpellier. Il l’a terminée, non sans mal, mais c’était fait. Il a découvert cette sensation unique de mettre un dossard, d’être encouragé par des inconnus. Ce premier dossard, c’est le premier mot d’une belle histoire qu’il continue d’écrire chaque jour. Il a pris pour habitude de courir 10 km quotidiennement, pour se tenir en forme et prendre soin de ce coeur qui a besoin de vivre fort.

À 32 ans Greg à déjà vécu de belles aventures. Mais, son chemin de vie, sa renaissance comme il dit, lui rappellent sans cesse cette chance unique qu’il a de vivre. Tout ça, il le doit à sa volonté, mais aussi à sa famille ainsi qu’à l’équipe de soignants qui l’entourait : « Je voulais vraiment le dire, j’ai eu des infirmiers, des soignants qui ont fait un travail incroyable et m’ont permis d’en arriver là. Mais mon moteur, c’était ma famille, mes proches et ma compagne. Pour eux non plus, ce n’était pas facile et ils m’ont toujours encouragé. »

Maintenant que Greg peut regarder l’avenir sans craindre pour sa santé il veut prendre sa revanche sur son opération. Cette revanche ce serait de pouvoir s’aligner sur un 100 km en 2026. Il veut continuer à vivre fort, de sport et de défis ! Pour autant, il n’est pas du genre utopiste et ne veut pas précipiter les choses : « pour le 100 km j’ai pas de date précise, je veux pas brûler les étapes. Je veux y aller en étant prêt et prendre du plaisir surtout. La prochaine étape ce serait de faire un 30 km, un 40 km et ainsi de suite. Le faire en 2026 ce serait super mais pas d’obligation. »

Avant 2026 il y a déjà de très beaux projets en préparation puisque Greg s’alignera sur la mythique course de la SainteLyon. Il prendra le départ de la SaintExpress, le format de 45 km. Et, comme un clin d’oeil du destin, la course aura lieu le 29 novembre 2025, soit deux ans et deux jours après son opération. L’histoire de Greg rappelle assez bien que la résilience s’écrit souvent à petites foulées…

Instagram : @greg_davidd


La rédaction

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