Chaque compétition laisse des souvenirs uniques : émotions, victoires, échecs, objets symboliques des coureurs. © ASO

Que deviennent les souvenirs de nos compétitions ?

MarathonRunners Inspirants
27/09/2025 12:19

Chaque épreuve laisse une empreinte unique chez les coureurs. Qu’il soit joyeux ou douloureux, victoire éclatante, défaillance, week-end entre amis, désillusion, émotion ou succès inespéré, les compétitions marquent et façonnent les athlètes. Dossards, médailles, chaussures et autres reliques sportives autour de l’évènement se transforment souvent en objets symboliques chers aux sportifs. Alors que certains n’y accordent pas d’importance particulière, d’autres les conservent précieusement.


Chaque compétition se vit comme une aventure palpitante de plusieurs semaines, parfois de plusieurs mois, dont l’apothéose s’incarne le jour J. Beaucoup de passionnés vivent cette préparation comme un voyage intense, à l’image du marathon. Lorsque la ligne d’arrivée est franchie, les traces matérielles prennent une valeur sentimentale. Certains bâtissent un véritable petit temple de souvenirs, comme Laurie Maleysson (Velay Athlétisme), première Française du Marathon de Paris 2024 flashée en 2h40’02 à Valence la même année.

« Je conserve pas mal de choses symboliques qui me font penser à mes courses, comme les dossards. Je ne garde pas tout parce qu’il y en aurait des tonnes, mais je sélectionne et j’archive dans une pochette les plus marquants, les plus beaux. Ce sont souvent ceux des Championnats de France, des marathons, de mes records et de mes victoires importantes. Au début, je marquais au dos la course, mon chrono, ma place », commence l’athlète de Patrice Ducret.

Crédit: Larry Shooting 63

Initiée à la course à pied par son père, l’Altiligérienne apprécie lui offrir ses trophées comme son tableau personnalisé du Marathon de Paris 2024 avec son dossard et sa médaille gravée de son temps, 2h40’02. Ce dernier suit assidûment tous les résultats de sa fille. « Il a une pièce remplie de mes coupes et médailles depuis mes débuts en athlétisme. Il est fier de les avoir chez lui. Il y a les siennes d’un côté, parce qu’il a été un bon coureur, et les miennes de l’autre. » Jeter un coup d’œil à ces bibelots la replonge dans « l’émotion de la course, la victoire et parfois la dureté d’un effort en particulier. » « On s’attache à ces petits objets », éclaire la Ponote.

Les trophées récoltés au fil des années et des courses par Laurie Maleysson.

| Des reliques symboliques, parfois atypiques et originaux

Laurie Maleysson partage sa vie avec Pierre Lavernhe, récent champion d’Europe master de marathon en Finlande. Originaire du Puy-en-Velay, le coureur ne manque pas d’imagination pour garder en mémoire les courses mythiques.

Son coup de maître au détour d’une promenade post-compétition ? Sauver un morceau du mythique tapis bleu de l’arrivée du marathon de Valence.

« L’organisation démontait les infrastructures du Marathon de Valence. Il restait un morceau d’un mètre carré de moquette qui allait être jeté. Le vigile nous a regardés d’un drôle d’air quand on lui a demandé la permission. Finalement, il nous a même aidés à découper le tapis. Pierre l’a ensuite transformé en petits carrés floqués de 42mm de chaque côté avec nos chronos et le logo du marathon. J’ai acheté un cadre pour les afficher comme un trophée. C’est très symbolique pour nous. »

Laurie Maleysson (Velay Athlétisme)

La marathonienne, créditée d’un chrono de 34’08 sur 10 km conserve aussi ses souvenirs les plus discrets, à l’image des bracelets des Championnats de France modifiés en porte-clé, tickets de métro, de salons ou d’expositions liés à ses rencontres sportives. « On aime aussi les porte-bonheur pour les jours de course, comme notre bracelet commun avec Pierre, les enfants et moi. Il l’a porté le jour de ses Championnats d’Europe de Marathon. Après la course, il l’a enlevé pour le consigner. Je vais faire pareil de mon côté après le Marathon de Berlin 2025. C’est un clin d’œil à notre passion partagée. »

| Les chaussures de running ou le souvenir de la sueur

Pierre Lavernhe n’est pas à court d’idées post-marathon. L’auteur de Borne Podcast range ses Nike Alphafly dans une boîte, inscrit son chrono dessus et ne les remets jamais. « C’est une sorte de transmission pour mes enfants. J’aime aussi me dire que les baskets auront une valeur vintage dans quelques années. »

Les chaussures de running renvoient parfois à un record, à un marathon en particulier ou même à une préparation acharnée. Julien Rabaca (Athletic Club Secteur Monistrol) raconte. « J’ai toujours voulu garder mes chaussures usées plutôt que de les jeter. »

Julien Rabaca (en jaune), 2h15’34 au marathon, 1h03’30 sur semi-marathon. © Thomas Brachet

Auteur d’un 2h15’34 à Valence en 2024 pour son premier marathon, le Monistrolien de 24 ans connaît à la perfection l’histoire de chaque paire. « Si un jour j’arrive à atteindre mes objectifs, ces baskets matérialiseraient tout le travail que j’ai réalisé, en compétition ou à l’entraînement. »

« Voir ces chaussures est une source de motivation dans les périodes où je me sens moins bien. Je revois tout le travail que j’ai déjà accompli avec. Si un jour je réalise mes rêves, je pourrai me dire qu’il aura fallu un nombre incroyable de baskets pour en arriver là. »

Julien Rabaca (Athletic Club Secteur Monistrol.)

Son garage abrite une étagère avec ses chaussons actuels, ses trophées et ses médailles glanées en course à pied mais aussi celles de son passé à moto. Les breloques finisher comptent peu à ses yeux, exceptées celles de ses victoires et de ses records. Comme celle de son premier marathon de Valence 2024 ou celle de sa victoire au 21 km Run In Lyon. Sans oublier la médaille de son semi de Valence, où le bosseur a signé la meilleure performance française U23 de l’année en 1h03’30. « Ce lieu, c’est une sorte de musée », résume Julien Rabaca.

| Vestiges de courses : décoration et motivation

Nélie Clément (Gap Hautes Alpes Athlétisme) collectionne non seulement les dossards des Championnats de France, du Monde, d’Europe et de ses « grosses performances » mais aussi les titres nationaux et les sélections en Équipe de France. La Grenobloise détient un riche palmarès du haut de ses 22 ans. Au compteur, quatre sélections chez les jeunes et deux en senior (course en montagne, verticale et cross.) Ce que la coureuse chérit particulièrement, ce sont les reliques de ses batailles.

« Je plastifie mes dossards pour les afficher sur les murs de ma chambre. J’ajoute les médailles par dessus, avec les bracelets de cross et les accréditations aux grands championnats. » Chaque coin de sa pièce est une mosaïque de ses années athlétiques. La multiple championne de France prend grand soin de ses numéros. « J’essaie de les garder propres, sans pliures, sans défauts et je note ma course derrière. J’y tiens énormément. »

Nélie Clément (à droite), 22 ans et déjà 6 sélections en Equipe de France. © Alanis Duc

La double championne de France de course en montagne 2024 et 2025 aime se plonger dans ce décor.

« J’adore regarder mes murs, m’arrêter sur un dossard et me remémorer ces évènements. Je les revis en quelque sorte. Je fais attention aux nombres qui m’ont le mieux réussi. C’est aussi ce qui me pousse à me dépasser chaque jour pour revivre ces expériences. »

Nélie Clément (Gap Hautes Alpes Athlétisme)

Chez l’athlète de Lucas Lecomte, les médailles s’ajoutent aux photos de compétitions partagées avec ses amis. Son frère lui a offert un porte-breloque, son père a fabriqué une structure pour suspendre ses récompenses. « Ma chambre est remplie de tout ça », sourit Nélie Clément.

Les articles de presse ? L’athlète les laisse à sa mère, qui les garde soigneusement. Pour elle, les images sont plus précieuses.

Nélie Clément (Gap Hautes Alpes Athlétisme) conserve et affiche toutes ses récompenses nationales et internationales.

| Des souvenirs à l’abri des regards

Les souvenirs de course renvoient à une valeur assez personnelle et secrète pour certains. Jade Rodriguez (Entente Athlétique Grenoble 38), spécialiste de course en montagne, garde ses récompenses loin des yeux. La 3ème des Championnats du Monde juniors de course en montagne 2019 archive ses dossards de courses « importantes » dans une grande enveloppe.

Jade Rodriguez, 3ème des Championnats du Monde juniors de course en montagne 2019. © Alanis Duc

« Je garde les dossards des courses où j’ai réussi, mais aussi là où j’ai échoué puisque cela fait partie de la construction de mon parcours. Je veux garder en tête les bas autant que les hauts. Je sélectionne aussi les médailles, je ne garde pas tout. »

Jade Rodriguez (Entente Athlétique Grenoble 38)

Celle qui a passé son enfance à Font Romeu cumule trois sélections internationales en plus de ses différents podiums et titres nationaux (course en montagne et cross.) Exposer ses souvenirs de victoire est une source de réflexion pour la coureuse. « Je réfléchis à la manière dont je peux mettre en valeur mes objets liés à mes podiums nationaux et internationaux. Je n’ai pas encore trouvé ce qui me correspondait. J’ai un peu de mal à les afficher dans ma maison ou ma chambre. Je me sens gênée si les gens s’arrêtent sur tout cela en rentrant, c’est quelque chose d’assez personnel. » Ses breloques sont rangées dans un meuble, à l’abri des regards, aux côtés des cadeaux symboliques de son entourage. Un choix qui reflète son état d’esprit.

Jade Rodriguez (Entente Athlétique Grenoble 38) archive ses souvenirs dans un meuble.

Jade Rodriguez explique aussi cette volonté par une « sorte de détachement vis-à-vis du passé », une vision tournée vers le présent et le futur. Son mantra, ne pas ressasser ce qui n’est plus. La nutritionniste apprécie se souvenir des beaux moments mais ne s’y attarde pas. « Je suis très contente de retomber sur mes médailles, d’aller les voir quand je veux mais j’ai du mal à laisser longtemps les éléments du passé en exposition. J’éprouve le même besoin de renouvellement avec mes photos. J’ai besoin de les mettre à jour avec des images récentes. »

Chaque course laisse une empreinte unique, parfois matérialisée par une médaille, un dossard ou une autre relique symbolique. Ces objets deviennent des souvenirs des heures de labeur et des émotions vécues. Les années passent, mais la mémoire des instants sportifs reste vivante. Finalement, ces souvenirs, plus que les chronos, construisent l’histoire d’un coureur et de sa passion.


Emma BERT
Journaliste

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