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Entre humanité et performance, Emmanuel Bonnier s’attaque aux Championnats du Monde des 24 heures
Auteur d’une performance ahurissante aux 12 heures Running de Nantes le 13 septembre (145,033 km), Emmanuel Bonnier est parvenu à se qualifier pour les championnats du monde des 24 heures à Albi mi-octobre dans la catégorie Open. Une étape dans la quête de son rêve ultime : revêtir le maillot tricolore. Au-delà du défi sportif, l’Angevin s’élancera pour soutenir Ô Ma Vie, une association qui réalise les rêves d’enfants atteints de cancer.
Lui-même n’y aurait certainement pas cru. Après seulement huit ans de course à pied, le Ligérien ferraillera aux côtés de Michael Boch (Ac Vallee Ste-Marie-Mines, 5 sélections) et Diego Filiu (Zoom Volt Runners) aux Championnats du monde de 24 heures à Albi dans quelques semaines. Emmanuel Bonnier n’a pas l’ambition de faire de la figuration : l’Angevin visera les meilleures places françaises voire « un top 10 international ». Si le vainqueur de l’Ultra-Trail de l’île d’Oléron 2025 (7h52) ne concourra pas sous les couleurs de l’Hexagone (sélection dans la catégorie Open), il partira dans les mêmes conditions que les cadors de la discipline avec un staff médical mis à disposition. Une boucle d’1,5 km autour du stade Maurice Rigaud et municipal à avaler le plus de fois possible. « Je partirai sur des allures de 4’30 au kilomètre pendant 80 km avant de marcher toutes les 20 minutes pendant 45 secondes », souffle l’intéressé.
Sous ses airs a priori prétentieux, le lauréat de Tout Angers Bouge 2023 s’appuie sur des résultats plus que solides. Sur le podium lors du Grand Raid de l’Ultra Marin (175 km) fin juin sous les yeux de sa femme Latifa et de Noam, son fils de bientôt trois ans, le co-fondateur de Sunday Runners est allé puiser loin dans ses réserves. Et s’est fait une belle frayeur. « J’ai eu un problème intestinal à partir du 25 km », révèle-t-il. « J’ai fini déshydraté. Je n’avais pas suffisamment d’eau dans le sang. » Alors qu’il mange un bout d’orange, son corps le lâche. « On m’a emmené en civière. Ils ont sorti le défibrillateur. » Hospitalisé sous surveillance à Vannes, le trentenaire présente un ECG proche de celui d’un coeur atteint d’infarctus. Un constat que l’on peut expliquer par un coeur musclé, propre aux athlètes d’endurance.
| Les 12 h de Nantes, un choix gagnant
Action, réaction. Depuis sa course chaotique, le fondeur s’est entouré d’un coach en nutrition. « Avec Florian Mouchel, nous avons réalisé des tests de sudation. » Celui qui est à 36 battements par minute s’est également testé à la consommation de glucides. « Je suis monté en charge à l’effort sans avoir d’inconfort digestif. » Alors que nous avions échangé par entretien téléphonique trois jours avant sa course de 12 heures à Nantes, Emmanuel Bonnier a depuis réalisé une performance majuscule dans la ville de Jules Verne. Un test grandeur nature réussi avec brio. L’Angevin a trusté la première place en parcourant 145,033 km (4’58 au km). De quoi viser haut en Occitanie.
Outre le chrono, le gestionnaire de ses propres biens immobiliers courra pour réaliser les rêves d’enfants atteints de cancer, avec des stades plus ou moins avancés, en soutenant l’association Ô Ma Vie. « Tous les gains obtenus dans la cagnotte seront versés au service oncologie du CHU de Nantes et d’Angers. » Disneyland à Paris est une destination dorée pour une poignée des 60 malades concernés. Avec comme bonus la possibilité de rencontrer leurs personnages préférés. « Parfois, un des deux parents arrête de travailler. Ce sont des coûts importants. » L’objectif : financer une partie de ces voyages et « leur mettre des étoiles dans les yeux ». Lui aussi pourrait être émerveillé par sa propre performance.
Alors qu’il n’avait jamais couru plus de 100 km avant juillet, Emmanuel Bonnier poursuit son ascension fulgurante aux championnats du Monde de 24 heures à Albi mi-octobre, dans l’optique d’être qualifié pour les France en avril 2026 à Tullins en Auvergne-Rhône-Alpes. On le connaissait surtout pour ses défis loufoques. On le connait désormais pour son humanité et ses performances.
Renaud Chevalier
Journaliste
