Marathon d’Amsterdam : Geoffrey Toroitich Kipchumba déjoue les pronostics et s’empare du record de l’épreuve
Face à un parterre de stars, dont le double champion olympique Joshua Cheptegei (5e), Geoffrey Toroitich Kipchumba, 25 ans, a survolé la 50e édition du Marathon d’Amsterdam, à l’issue d’une attaque chirurgicale à 7 kilomètres du terme. Chronométré en 2h03’29, le Kényan a dépoussiéré des tablettes le temps de référence de l’épreuve, jusqu’alors détenu par l’Éthiopien Tamirat Tola (2h03’39 en 2021). Chez les femmes, la palme est revenue à Anyalem Desta. L’Éthiopienne pulvérise son propre chrono de référence (2h17’34). Faisant du terrain son ADN, Marathons.com était sur place et vous fait revivre cette très belle matinée de course à pied.
Geoffrey Toroitich Kipchumba n’était pas le favori. C’est le moins que l’on puisse dire quand on feuilletait le dossier de presse de l’organisation. On nous ventait Tsegaye Getachew, vainqueur ici-même en 2022 (2h04’49) et 2024 (2h05’38), Gabriel Geay (2h03’00 à Valence en 2022) ou encore Joshua Cheptegei, qui avait décidé de renoncer aux Championnats du Monde d’athlétisme à Tokyo en septembre pour des « raisons personnelles » (2h05’59 à Tokyo en 2025). Il faudra désormais ajouter le nom de ce Kényan pour les prochaines éditions.
Alors que les hommes de tête flirtent en direct avec le record de l’épreuve au semi (1h12’15 contre 1h12’11), Gabriel Geay est le premier à lancer les hostilités. Cheptegei, pour sa troisième participation sur la distance reine, commence à montrer des signes de fatigue. Des va-et-vient incessants qu’il paye cache à 5 km de l’issue du marathon labellisé platine par World Athletics, alors que le futur lauréat s’envole, reléguant Getachew, Molla et Geay, qui parait jusqu’alors solide, à une potentielle place de dauphin.
La question n’est plus de savoir quel serait le nom du vainqueur mais si la marque de l’Éthiopien Tamirat Tola de 2021 (2h03’39) allait être effacée. L’entrée au stade olympique est une boule d’oxygène pour celui qui a bouclé le marathon de Tokyo en mars dernier en 2h05’46. Depuis 50 ans, l’histoire s’écrit dans la capitale des Pays-Bas. En retranchant 10 secondes au chrono de référence de l’épreuve, Geoffrey Toroitich Kipchumba, flashé en 2h03’29, vient de polir ce joli diamant néerlandais.
« J’ai eu de très bonnes sensations pendant la première partie », confie le lauréat du marathon d’Amsterdam 2025 en salle de presse. « À partir du 30è kilomètre, je savais que j’allais pousser pour voir qui était le plus fort. Au 35e, je me suis dit que je devais faire mon travail. J’ai pris mon train à quatre kilomètres de la fin. » Tellement qu’il s’adjuge le quatrième meilleur chrono de l’année sur cette distance derrière Sabastian Kimaru Sawe à Berlin (2 h 02 ’16), Jacob Kiplimo à Chicago (2h02’23) et Tadese Takele à Tokyo (2h03’23). Tsegaye Getachew (2h04’17) et Getaneh Molla (2h04’17) complètent le tiercé gagnant.
| Triplé éthiopien chez les féminines
C’est simple. Sur les 10 premières, 7 sont éthiopiennes. Et le podium n’y échappe pas. En tête au 35e kilomètre (1h54’27), le trio Anyalem Desta, Bertukan Welde et Mekides Shimeles s’est offert une bataille digne d’un thriller hollywoodien. Alors qu’elles ne sont plus que deux à 2,125 km du terme, la première citée place une ultime accélération dévastatrice. Pulvérisant son chrono de référence (2h17’34 contre 2h22’21), la jeune africaine de 21 ans a déplié un bout de papier chiffonné une fois la ligne franchie : « Jésus is Lord ».
« Je suis très heureuse. J’ai appris des choses incroyables. C’est vraiment intéressant pour ma vie, cette compétition », détaille-t-elle. « Jusqu’au dernière kilomètre, nous étions toutes les deux ensemble. J’étais prête jusqu’au bout. » Comme un hasard, elle aussi ne figurait pas parmi les athlètes mentionnés dans la communiqué de presse. Weldes (2h17’56) et Shimeles (2h19’55) s’emparent de l’argent et du bronze, alors que la française Margaux Sieracki s’est octroyée une superbe 8e place (2h25’47). Rene Wilt, le directeur de course, et toute son équipe sont prévenus : il faudra faire davantage attention aux outsiders dans les années à venir.
Pour son cinquantième anniversaire, le Marathon d’Amsterdam a de nouveau été le théâtre d’une lutte acharnée tant chez les hommes que chez les femmes. En 1975, 300 coureurs prenaient part à la première édition de cette course. Un demi-siècle plus tard, ils étaient plus de 30 000 à fouler la métropole européenne.
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Renaud Chevalier
Journaliste