Running écologique : peut-on courir sans (trop) détruire la planète ?
Activité outdoor, le running, et en particulier le trail, sont en lien étroit avec l’environnement. Courir dehors, respirer à plein poumons, fouler les sentiers, savourer l’ambiance d’une forêt : la course à pied nous reconnecte indéniablement avec la nature qui nous entoure. Mais peut-on courir de manière plus écologique ?
| Pourquoi courir n’est pas toujours écoresponsable
Quelle que soit la saison, le coureur à pied utilise une quantité non négligeable de matériel : short, tee-shirt, collant, veste, chaussures, chaussettes, sac… Or l’industrie textile à elle seule pèse près de 20% dans la pollution de l’eau dans le monde et la fabrication d’une seule chaussure de running émet 14 kg d’équivalent CO2. On ne parle même pas des conditions de travail des ouvriers de l’industrie textile, ni des déchets que représentent les équipements de course à pied usagés. Vos vieilles baskets élimées et jetées à la poubelle alimentent les usines d’incinération ou les décharges à ciel ouvert. Pas franchement idéal en matière d’écologie pour un sport qui se veut proche de la nature.
Par ailleurs, les événements de running attirent des centaines, voire des milliers, de participants. Hormis les épreuves locales qui drainent les passionnés des alentours, les grands marathons, les célèbres épreuves sur route, ou encore les trails prestigieux réunissent des concurrents de tous horizons. Les transports constituent d’ailleurs le premier poste des bilans carbone des événements de course à pied. Là encore, il semble paradoxal de pratiquer une activité de plein air ou de pleine nature tout en franchissant des centaines ou des milliers de kilomètres en voiture ou en avion.
| Un matériel de running vraiment éthique et écologique ?
Certaines marques développent des produits et des gammes écoresponsables, parfois dotés de labels : Blue Sign, Responsible Wool Standard, OekoTex… Soyez à l’affût de ces logos qui vous indiquent que la marque fait des efforts environnementaux et parfois sociaux. Depuis quelques années, certains équipementiers développent des modèles de chaussures recyclables, d’autres des modèles durables et réparables. Si ces initiatives ont d’indéniables vertus, elles restent encore très marginales. Le meilleur moyen d’alléger le poids écologique de la pratique du running reste de réduire la consommation de matériel. L’équipement qui pollue moins reste celui qui n’est pas acheté, donc pas fabriqué.
Adoptez donc de bonnes habitudes : ne renouvelez pas votre garde-robe sportive chaque saison, même si certaines pièces sont un peu fatiguées. S’il peut être délétère d’user les chaussures à outrance, surtout si vous êtes fragile des tendons, ne les changez pas trop souvent et privilégiez les références solides, donc plus durables. Le mesh Matryx est, par exemple, un gage de solidité à prendre en compte.
| Les éco-gestes pour un running plus durable
Pour un sportif d’endurance, l’alimentation occupe une place privilégiée dans la vie quotidienne. Choisir des aliments sains, locaux et issus de l’agriculture biologique permet de prendre soin de la planète et de votre santé. Les produits bruts, très peu transformés, sont également à privilégier. Cerise sur le gâteau : ils sont souvent peu emballés, ce qui permet de réduire le packaging, donc les déchets. Si les eaux minérales en bouteille ont souvent la cote chez les sportifs, l’eau du robinet est elle aussi tout à fait adaptée. On évite ainsi de consommer et jeter du plastique. Enfin, le marché de la nutrition sportive regorge de produits en tous genres (gels énergétiques, boissons isotoniques, barres énergétiques…) généralement conditionnés en emballages individuels.
Pour réduire votre impact environnemental, préférez le ravitaillement maison : des fruits secs dans un contenant réutilisable, un mix jus de raisin + sel pour une boisson de l’effort, ou même un mini-sandwich avec viande des grisons pour une collation sur longue distance peuvent tout à fait remplacer efficacement les produits industriels.
La nature de proximité reste le terrain de jeu le plus écologique. Si l’on doit malgré tout se déplacer pour s’entraîner, les transports en commun, le covoiturage ou encore le vélo peuvent être de bonnes options pour réduire l’empreinte carbone d’un entraînement. Réduire au strict minimum les déplacements liés à la pratique d’une activité sportive est à la fois une nécessité et une opportunité d’explorer plus finement les alentours de chez soi. Pour pimenter l’entraînement, des défis tout simples peuvent être imaginés. Par exemple, monter dans un bus ou un train, parcourir un certain nombre de kilomètres, descendre et… rentrer en courant ! A la clé : une sortie longue sans voiture et pleine de surprises.
Même principe pour les dossards. Chaque coureur devrait réfléchir avant de s’inscrire à une course située à l’autre bout du pays ou à l’étranger, et faire un choix de citoyen responsable plutôt que de sportif attiré par les sirènes du marketing. Certains événements prennent le taureau par les cornes, comme le Marathon du Mont Blanc qui a instauré récemment l’inscription prioritaire pour les concurrents qui peuvent prouver qu’ils viendront en transports en commun à Chamonix..
| Des événements écoresponsables pour une pratique plus vertueuse
Pour les organisateurs aussi, la question environnementale est devenue un enjeu et une nécessité. Ils sont de plus en plus nombreux à s’engager pour réduire l’impact écologique de leur événement : gestion des déchets, suppression des bouteilles en plastique sur les ravitaillements, gobelets réutilisables, produits locaux, contenants réutilisables. Repérez les événements vertueux en la matière et privilégiez-les : choisir un dossard peut aussi être un acte militant.
Sur les événements, en particulier les trails, jeter des déchets au sol peut être sanctionné, parfois même engendrer une disqualification pure et simple. Lorsqu’on court en nature ou en ville, une règle absolue doit s’appliquer : on ne laisse aucune trace derrière soi. Un minuscule morceau d’emballage qui tombe de la poche, un papier qui s’envole, un mouchoir abandonné derrière un buisson : rien n’est anodin dans la nature. Chaque coureur doit agir à son échelle pour éviter de transformer son environnement en poubelle, qu’il ait un dossard sur le tee-shirt ou qu’il soit à l’entraînement.
Quelques astuces peuvent être facilement adoptées : utiliser des sacs à crottes de chien en guise de mini-sacs poubelles pour y placer ses déchets et les jeter plus tard, s’interroger sur la nécessité d’utiliser du papier toilette ou une lingette pour un pipi en nature. Le must du coureur écolo reste le plogging, pratique née en 2016 en Suède qui consiste à collecter les déchets rencontrés au cours d’un footing. Non seulement on ne laisse aucune trace derrière soi, mais en plus on retire celle des autres.
| Des systèmes d’hydratation plus responsables

L’une des grandes révolutions des dernières mois concerne les ravitaillements. Supprimer les bouteilles en plastique et les gobelets jetables, c’est réduire considérablement l’impact environnemental d’un événement. Une démarche inscrite dans la Charte des 15 engagements éco-responsables du ministère des Sports. Un seul grand rendez-vous peut générer plusieurs tonnes de déchets, chaque geste compte pour préserver nos ressources naturelles.
De plus en plus d’organisateurs, à l’image d’ASO sur la Run’In Lyon et le Marathon de Paris, qui optent pour des dispositifs sans bouteilles ni gobelets, une première mondiale dans le running. Les participants sont ainsi invités à venir avec leur propre contenant, déjà rempli avant le départ. Un réflexe simple et durable, désormais largement adopté sur les courses responsables.
Pour courir en respectant davantage la planète, il suffit de changer quelques habitudes. Qu’il s’agisse d’équipement, de nutrition, de pratique quotidienne ou de compétition, chacun d’entre nous peut agir à son échelle pour que le loisir de plein air qu’est le running soit plus écoresponsable.
➜ Découvrez le calendrier des marathons

Marie PATUREL
Journaliste