Ultra Back To Life : quand l’ultra-trail rime avec régénération écologique
Du 28 au 30 novembre derniers, à Saint-Siméon-de-Bressieux, l’Ultra Back To Life (UBTL), porté par l’association Abundita et son fondateur Clément Chapel, a proposé une nouvelle manière d’envisager la performance sportive. Mêlant effort d’ultra-endurance, actions concrètes pour la biodiversité et sensibilisation des jeunes, l’événement est novateur. Et prometteur.
Les grands événements sportifs questionnent régulièrement en termes d’impact écologique, on l’a vu sur les dernières éditions de l’UTMB, le Tour de France, la Formule 1… Aucun sport de haut niveau n’est épargné et la course à pied ne fait pas exception. C’est dans ce contexte de réflexion autour de notre impact écologique collectif qu’est né l’UBTL, l’Ultra Back To Life. Cette course, dont la première édition a eu lieu fin novembre 2025, avait une ambition : faire d’une course un levier de régénération plutôt qu’une source de dégradation. Un format tout à fait original qui donne plus qu’il ne prend au territoire accueillant la course. Résultat ? Plus de 500 arbres ont ainsi été plantés sur un week-end par tous les participants, qui ne sont pas arrêtés là.
| Une autre manière de penser l’ultra-trail
Pendant 48 heures, les athlètes présents à Saint-Siméon-de-Bressieux (Isère), dont quelques noms déjà connus par les lecteurs assidus de marathons.com, ont en effet alterné les séquences de course d’ultra-endurance et des actions concrètes pour le vivant. Plantation d’arbres, création d’habitats naturels, dépollution, temps pédagogiques ou encore ateliers de sensibilisation. Au cœur du dispositif imaginé par Clément Chapel et ses acolytes, deux équipes symboliques, le Poumon Vert (la forêt) et le Poumon Bleu (l’océan), se sont affrontées dans une compétition où la performance sportive n’était pas la seule mesure du résultat.
Quelques jours après la course, elle n’était pas finie. Clément, organisateur heureux, était toujours au travail : « Nous faisons encore le point sur le décompte des déchets. Je ne sais pas qui a gagné la course. Cela se dessine doucement, ça va être serré ». Le vainqueur de cette première édition finalement ? Corentin Michel, venu à la course en vélo de Lyon (65 km), qui a parcouru 201 km durant la course mais surtout planté 27 arbres et ramassé plusieurs kilos de déchets.
Pour établir un classement, l’UBTL a introduit un système de points inédit, intégrant quatre dimensions :
➔ La performance sportive
➔ Le bilan carbone de l’équipe
➔ Les actions en faveur de la biodiversité
➔ La contribution pédagogique
Pour son organisateur, la course a été un franc succès, d’abord par l’engagement des bénévoles, la participation des services techniques de la commune de Saint-Siméon-de-Bressieux ou encore l’enthousiasme des coureurs : « le bilan est très bon, le week-end a été fantastique. Et les coureurs ont tous vécu la course la plus épique de leur vie. Ils étaient tous emballés je crois. 400 écoliers ont participé à des actions, les lycéens, la mairie, les services techniques de la mairie, 50 bénévoles, 50 coureurs, 100 curieux peut-être durant tout le week-end. En tout on a mobilisé près de 1000 personnes pour l’évènement. Cela n’a pas de prix. Il y avait une grande diversité sociale qui plus est, ça aussi c’est précieux et c’est un témoin de réussite pour nous. L’héritage de la course est riche. Il est temps de savourer ce qui a été fait. Personnellement, j’y ai travaillé un an ».
Dès le vendredi 28 novembre à 14h00, l’événement a été ouvert symboliquement par près de 300 écoliers, qui ont lancé la course via un relais solidaire au profit d’Action Contre la Faim avant de laisser la place aux ultra-traileurs. Plusieurs figures reconnues du trail engagé, dont Nicolas Vandenelsken et Olivier Maria, étaient présents. Xavier Thévenard a également salué l’initiative.
« Le bilan est très bon, le week-end a été fantastique. Et les coureurs ont tous vécu la course la plus épique de leur vie. »
Clément Chapel
| Une initiative qui s’inscrit dans le parcours de son créateur
Si l’UBTL a vu le jour, c’est parce que son créateur, via l’association Abundita, porte une vision précise : permettre d’utiliser le sport pour faire bouger les choses. L’enjeu n’est plus ici seulement de réduire la voilure en terme d’impact écologique, mais de bien de contribuer activement à restaurer les écosystèmes. D’où est venue cette volonté chez Clément Chapel, diplômé en Management du tourisme sportif ?
« J’ai toujours été animé par le sport. Petit, je pensais que plus grand je prendrai mon sac de foot et irai jouer aux Girondins de Bordeaux (sourire). J’ai commencé le sport engagé depuis 6 ans maintenant, après m’être sensibilisé à l’impact écologique et à la gestion des déchets. J’ai commencé à courir et à ramasser des déchets. J’ai fini par lancer l’association Ploggathon, contraction de plogging (ndlr, concept venu de Suède permettant de lier le sport et l’écologie) et de marathon. Grâce cette aventure, j’ai découvert le facteur humain et je n’avais jamais imaginé la puissance que cela pouvait représenter, avec pleins de superbes personnes qui ont porté ce projet. Une fois que j’ai eu touché à ça, cela ne m’a plus quitté. Aujourd’hui, on doit se bouger pour faire changer les choses et le sport peut être un moteur. Avec l’association on a battu plusieurs fois le record du monde de plogging, pour essayer de mettre le sujet sur le devant de la scène. »
Ploggathon a depuis laissé sa place à l’association Abundita, qui reprend le flambeau en amenant des couches supplémentaires d’actions : « La seule action de nettoyer ne nous a pas suffit, on est passé à une autre étape : nettoyage, temps de dépollution et plantation d’arbres, dans le but de créer des vergers citoyens, des haies fruitières dans les écoles. Puis l’année dernière j’ai participé aux Championnats du monde de plogging et cela m’a donné des idées pour ce format UBTL. On a réuni du monde à qui ça parle et voilà, la course est née comme ça. »
| Planter, transmettre, restaurer : l’impact concret de l’UBTL
L’un des traits distinctifs de l’Ultra Back To Life réside dans la clarté de ses objectifs écologiques et pédagogiques. Concrètement, l’UBTL 2025 peut mettre en avant un impact positif incroyable :
➔ 525 arbres et arbustes fruitiers plantés,
➔ 20 mètres de haies sèches assemblées,
➔ 1 nichoir à chouette installé,
➔ 500 tonnes de CO₂ stockées durablement,
➔ La création d’un jardin-forêt ludo-pédagogique,
➔ La création de 3 mares écologiques,
➔ 30 kg de déchets collectés et évacués,
➔ 500 enfants sensibilisés grâce à une semaine pédagogique menée avec le Lycée Professionnel Saint-Exupéry à Saint-Siméon-de-Bressieux du 24 au 30 novembre.
Cette dimension éducative représente l’un des axes les plus forts de l’événement. En mobilisant élèves et enseignants autour d’ateliers, de temps d’échanges et de rencontres avec les athlètes, l’UBTL inscrit la question écologique dans une transmission intergénérationnelle. La présence de 300 écoliers lors de la course solidaire d’ouverture a illustré cette volonté. Les plantations et la création d’habitats naturels constituent quant à elles des actions tangibles, ancrées dans le territoire.
L’objectif est de générer des bénéfices qui perdurent bien au-delà du week-end de course : un écosystème restauré, un puits de carbone renforcé et un espace pédagogique qui pourra être utilisé par les écoles locales dans les années à venir. En associant ces actions à un format d’ultra-trail, l’UBTL propose une équation originale et questionne les modèles événementiels traditionnels, ouvrant une nouvelle voie. « On est bien conscient que le format sport régénérateur ne va pas remplacer toutes les courses, mais cela amène quelque chose de différent que l’on a envie de promouvoir. Il y a bien plus que le chrono. Pour nous avec cette course, on désire ouvrir des brèches, donner des idées. »

Charles-Emmanuel PEAN
Journaliste