Courir dans le froid : bon ou mauvais pour la santé ?  © Marie Paturel

Courir dans le froid : bon ou mauvais pour la santé ? 

Conseil
20/12/2025 13:52

C’est une idée reçue qui a la peau dure : faire du sport dans le froid peut être dangereux pour la santé. Certains en profitent pour se lover dans le canapé, d’autres filent à la salle de sport pour transpirer à gogo. Quant à nous, nous proposons de briser la glace : sous les croyances, se cache une réalité bien différente.


« Tu vas courir par ce froid ? T’es dingue, tu vas tomber malade et c’est pas bon du tout de faire un effort par ce temps ». Les bons conseils de Maman ou de votre chéri(e) partent sans doute d’une bonne intention : vous protéger du danger terrible que représente l’hiver pour votre petit corps fragile, mais ils ne sont pourtant guère légitimes. Si ceux qui ne pratiquent pas de sports outdoor craignent de tomber malades ou de nuire à leur santé en sortant s’éreinter en hiver, le froid n’est pourtant pas l’ennemi qu’on croit.

| Le froid, oui, mais lequel ?

« Le froid dans nos contrées d’Europe occidentale n’est pas un problème car il n’est pas extrême, estime Guillaume Millet, docteur en physiologie de l’exercice et expert en ultra-endurance. Les problèmes commencent en dessous de moins 15°C ». Plutôt rares en France, de telles conditions ne concernent que très peu de sportifs. Ceux qui vivent en montagne peuvent être confrontés à ces températures, mais elles restent exceptionnelles. Dans nos contrées d’Europe occidentale, le froid auquel nous sommes confrontés ne constitue donc pas un réel danger pour la santé. En revanche, côté performances, la température a une influence non négligeable sur le chrono, comme l’analyse des chronos l’indique clairement.

Lire notre article : La météo, un enjeu crucial de la performance sur marathon

| Le froid, un faux problème

Lorsque nous sommes confrontés au froid, notre organisme s’adapte pour maintenir sa température autour de 37°C. C’est ce que l’on appelle la thermogenèse.

▶︎ Les vaisseaux sanguins sous-cutanés se contractent (c’est la vasoconstriction) afin de réduire l’afflux de sang et limiter la perte de chaleur

▶︎ Les besoins du cœur en oxygène augmentent, tandis que les muscles sont moins irrigués

▶︎ Des frissons apparaissent, les poils se dressent afin de créer une mince couche d’air chaud contre la peau

▶︎ La respiration et la diurèse sont modifiées

▶︎ La consommation d’énergie est majorée

Tous ces phénomènes composent la stratégie de l’organisme pour générer de la chaleur malgré des conditions climatiques difficiles. Alors pourquoi faudrait-il limiter l’activité physique dans la mesure où l’effort fourni permet de produire de la chaleur ? « On chauffe rapidement lorsqu’on court. La seule précaution à prendre concerne les extrémités (mains, pieds et tête) qui doivent être couvertes », indique Guillaume Millet.

Concrètement, on ne sort donc pas en short et en tee-shirt dans la neige ou sous des températures négatives, mais on s’équipe correctement pour avoir juste assez chaud, sans pour autant empiler les vêtements au point de transpirer à outrance. Le meilleur indicateur pour savoir si l’on est assez habillé pour courir en hiver est d’avoir un peu froid en sortant de chez soi et pendant les 10 premières minutes de course. Si vous êtes vraiment frileux, partez légèrement trop habillé et quittez une couche dès que vous surchauffez. Équipez-vous de gants, d’un bonnet ou d’un bandeau, ainsi que de bonnes chaussettes.

Enfin, concernant la consommation d’énergie qui serait accrue en raison de la thermogenèse, elle est très minime : elle ne représente que 5 à 10 % de la dépense calorique globale au repos. Lorsqu’on court, la température corporelle augmente, donc l’organisme ne frissonne plus et ne dépense plus cette énergie supplémentaire. Le surcroît de dépense énergétique vient alors de l’activité sportive elle-même et plus de la thermogenèse. Le sport dans le froid n’est donc pas un problème, au contraire.

| Les efforts répétés dans un froid vif, un vrai problème

Outre les conditions extrêmes dont nous avons déjà parlé (températures inférieures à -15°C), la répétition des efforts dans le froid peut devenir délétère pour la santé. « L’un des problèmes qui peut éventuellement se présenter, c’est lorsque l’athlète fournit régulièrement des efforts dans le froid, comme les fondeurs et les biathlètes, précise Guillaume Millet. Beaucoup de fondeurs sont d’ailleurs sous Ventoline pour traiter un asthme provoqué par un entraînement récurrent dans le froid. »

En effet, le poumon est l’organe le plus exposé lorsque l’air est froid et sec. L’une des solutions consiste à respirer à travers un « masque », par exemple un tour de cou remonté au-dessus du nez. Le coureur à pied souvent exposé au froid (en particulier celui qui vit et s’entraîne en montagne toute l’année) a tout intérêt à adopter ce genre de stratégie.

Ainsi, sauf conditions extrêmes ou conditions d’entraînement particulières, le froid n’est pas aussi dangereux que ce qu’affirment les idées reçues (et votre Maman toujours inquiète). En s’habillant de manière adéquate, on peut courir sans crainte pendant l’hiver en France… à condition de faire attention à d’autres paramètres comme le verglas qui peut mener à quelques douloureuses acrobaties.

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Marie PATUREL
Journaliste

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