À la rencontre des organisateurs : comment s’adapter face à l’essor de la course à pied ?

InterviewMarathon
31/10/2025 13:48

2,96 millions de passages sur les lignes d’arrivée ont été comptabilisés en 2024, soit une augmentation de 27% par rapport à 2023. Sur plus de 12,4 millions de coureurs, nous sommes de plus en plus à revêtir un ou plusieurs dossards dans l’année. Conséquences : des événements complets aussi vite que des concerts de superstars, des bouchons sur les parcours et des prix toujours plus élevés. Comment s’adapter au boom du running en tant qu’organisateur de courses ? Le micro de Marathons.com est allé à leur rencontre.



Depuis le retour du Covid, les Français ont ressorti leurs baskets. Cette tendance est confirmée par Frédéric David, responsable d’Annecy Running Organisation : « En 2021 tout le monde s’est mis à courir, en 2022 ils se sont mis à s’inscrire à des courses, en 2023 les courses explosaient, en 2024 ça débordait et ça continue ». Le running est devenu le sport populaire par excellence, transcendant les générations et les classes sociales.

Marathon de la Rochelle, Odyssea, Semi-Marathon des Sources d’Annecy, Abalone Marathon de Nantes… La liste d’événements de running a explosé, jusqu’à atteindre 11 334 courses en France en 2024. Malgré une offre conséquente, les coureurs affluent et les courses deviennent complètes plusieurs mois avant l’événement ! Plusieurs facteurs permettent d’expliquer cette frénésie autour des courses sur route : « Le fait que les influenceurs running qui soient de plus en plus nombreux et de plus en plus suivis, l’inscription plus facile sans avoir besoin de passer chez le médecin, le post-covid avec des personnes qui prennent plus soin de leur santé… Tout ça réuni ça fait que le running a explosé », affirme Julien Gaborieau, organisateur de l’Abalone Marathon de Nantes.  Les organisateurs doivent s’adapter à cette métamorphose du monde du running.


| Une nouvelle conception de l’événement running

Depuis 2003, Gwenaël Vigot, organisateur de l’Odyssea de Brest et agent sportif, a constaté cette évolution majeure, donnant toujours plus de visibilité à son événement. Les coureurs étaient 480 lors de la première édition, ils sont maintenant plus de 13 000 à prendre le départ chaque année.

© Odyssea de Brest

 « Avant, il n’y avait pas les réseaux sociaux. Aujourd’hui, c’est un point clé de la communication et de la promotion d’événement. »

Gwenaël Vigot

Les coureurs sont devenus de véritables chasseurs de dossards, à l’affût de la moindre communication ou de date d’ouverture de billetterie. Le digital fait maintenant partie intégrante de l’expérience coureur avec plus de 82% d’entre eux qui consomment contenu spécialisé sur des plateformes numériques, transformant leur passion en véritable mode de vie. Cela créé une nouvelle économie, notamment avec les influenceurs, marketeurs redoutables des événements running. Plus de 46% des pratiquants suivent activement ces personnes sur les réseaux. Mais toute cette communication ciblée pose un problème : la demande dépasse le nombre de coureurs possible sur la route.

Pour certains organisateurs, comme Frédéric David, cette affluence ne compte pas entacher les valeurs de son événement : « Je préfère vendre aux gens moins d’embouteillages, un parking facile d’accès et récompenser toutes les catégories d’âge plutôt que d’investir pour embellir l’événement en lui-même ». Favoriser l’expérience coureur : c’est un combat que décide de mener bon nombre d’organisateurs. Cela ne passe pas que par la garantie de la fluidité sur le parcours mais aussi par l’accessibilité et la convivialité.

Départ du © Semi-Marathon des Sources du Lac d’Annecy, une course sur route en petit comité au milieu des montagnes.

« Les courses annexes, ça permet de donner l’accès à l’événement à des coureurs qui ne sont pas marathoniens ». Nicolas Mauny, organisateur du Marathon de la Rochelle depuis 1991, ouvre son événement à un public de coureurs plus large, permettant de diversifier son offre. Sur l’Abalone Marathon de Nantes, la stratégie est différente : « Entre 2008 et 2025, l’envie du coureur a totalement changé. Il y a toujours des gens à la recherche de la performance mais il y a de plus en plus de personnes à la recherche d’une expérience ».

« Dans les années à venir, on a pour but de développer les a cotés. On sera peut-être décrié pour être le Disneyland du running mais on souhaite proposer une réelle expérience au coureur, qui va au-delà des 42,195 km ». Les événements de course à pied rivalisent de créativité pour attirer toujours plus de coureurs et leur offrir une expérience unique qui va plus loin que la course en elle-même. Plus qu’une médaille, les runners sont à la recherche d’un événement unique, à partager en famille ou entre amis.

© L’Abalone Marathon de Nantes

| Répondre à de nouvelles problématiques

« Il y a un tel engouement autour du running qu’on nous reproche d’être complet. C’est le revers de la médaille en tant qu’organisateurs, même si l’on est content d’avoir autant de coureurs chaque année. »

Julien Gaborieau

Avec 8 millions de pratiquants réguliers, difficile d’offrir à tout le monde son dossard tant convoité. 45% des coureurs ont au moins essuyé un refus d’inscription en 2024, manque de place face à la demande. L’exemple le plus frappant est celui du Marathon de Paris, avec 51% de néo-marathoniens, l’offre n’est plus en adéquation avec le nombre de coureurs. Féminisation et démocratisation de la pratique et des longues distances sont en cause. Fini l’image de l’épreuve élitiste, le marathon est désormais devenu une distance accessible à tous ceux qui s’en donnent les moyens.

« En 2023 le marathon était complet mi-septembre, en 2024 il était complet à la mi-août et là cette année, on est complet mi-mai en ouvrant à la mi-mars ! Le marathon duo était sold-out en 1 semaine, le 10 km en 3 semaines et le marathon en 2 mois ». Du jamais vu pour l’organisateur du Marathon de la Rochelle.

« Quel que soit l’événement, on est complet de la plus en plus rapidement. Maintenant on est obligé de mettre des jauges pour des questions de sécurité ». Plus y a de coureurs, plus les risques augmentent. Les organisateurs sont donc obligés de restrreindre la capacité de leur événement pour garantir à tous de bonnes conditions de course. « Sur le Semi-Marathon de Nantes, on aurait pu avoir 26 000 coureurs mais on l’a bloqué à 7000 participants pour des questions de sécurité afin pour maîtriser le flux des coureurs. On ne veut pas non plus impacté l’expérience coureur négativement ».  Avec cela, vient des innovations du côté du déroulement de la manifestation : « Pour le retrait dossard, on a décider d’étaler le retrait sur une semaine, ça permet de mieux gérer les flux ». Fort de son expérience, Gwenaël Vigot proposent de nouvelles solutions afin de garantir la fluidité des services proposés par l’Odyssea de Brest.

Sécurité, fluidité et qualité sont les bases que les organisateurs s’efforcent de conserver malgré l’augmentation constante de la demande de dossard sur leurs événements. Mais la recette de la course parfaite existe-elle vraiment ?


| « Il faut être bon et mettre les bons ingrédients »

Conserver l’ADN de son événement tout en y ajoutant une touche de nouveauté, c’est le nouveau défi des organisateurs. « Il faut être bon et mettre les bons ingrédients : un événement festif, un parcours performant, des bénévoles dévoués. C’est un tout qui réussi , notamment au Marathon de La Rochelle ! ». De cela découle une autre problématique : réussir à réunir le meilleur pour le coureur sans en faire pâtir le prix du dossard. « En tant qu’association, le prix du dossard du Marathon de la Rochelle n’a pas changer. On organise l’événement pour le coureur avant tout. »

© Marathon de la Rochelle

Pari gagnant également pour l’événement brestois : « Odyssea est devenu un incontournable. Les gens viennent pour soutenir la cause de la lutte contre le cancer du sein. Les formats non chronométrés et la marche rendent la cause accessible à tous. »

Pour le Marathon de Nantes, organisé par l’agence d’événementiel OC Sport, l’équation est différente mais le succès tout aussi fulgurant : « Plus on a de participants, plus on a de rentrées d’argent ce qui permet d’avoir plus de personnes travaillant au développement de la manifestation. Nous pouvons donc investir pour créer de meilleurs événements et proposer de la nouveauté au coureur chaque année. »  

Pas de recette magique donc, pour pallier à ce boom de coureurs, mais la mission reste la même pour tous les organisateurs : garantir le meilleur des événements à tous les participants !


La rédaction

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