Albert Courau : Courir pour lever le tabou sur les suicides chez les jeunes
Depuis plusieurs mois, Albert Courau court. Pas seulement pour le sport, ni même pour le dépassement de soi. Il court pour son ami Gaspard, disparu trop tôt, et pour tous les jeunes confrontés à la souffrance psychique. À 23 ans, Albert a déjà choisi de transformer sa peine en engagement et ses foulées en message d’espoir.
| Une passion née au cœur des montagnes
C’est à 20 ans qu’Albert découvre la course à pied. Originaire de Lyon, il a grandi au plus près des Alpes, avec une maison familiale à Combloux, en Haute-Savoie. Amoureux de la nature, il troque ses chaussures de randonnée contre des baskets. Arpenter les sentiers devient un moyen de se libérer, de se retrouver. Installé aujourd’hui à Paris, il partage ses entraînements entre chemins de montagne et bitume, la capitale oblige.
| Un engagement né d’un drame
Le véritable tournant dans la vie d’Albert survient il y a trois ans, avec le décès de son ami Gaspard, rencontré en classe préparatoire. Un choc. Une perte brutale. Un silence pesant, comme (trop) souvent lorsqu’il s’agit de suicide. Albert nous partage cette donnée : « Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans. » Il refuse de laisser cette réalité dans l’ombre alors il décide d’agir pour briser le silence, pour que les jeunes sachent qu’ils ne sont pas seuls et pour que la société regarde en face cette urgence de santé publique.
« Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans. »
Albert Courau
| Courir pour sensibiliser, courir pour parler
Un jour, Albert écoute un épisode du podcast LEGEND, dans lequel Anne-Dauphine Julliand, autrice et mère endeuillée, parle avec une force bouleversante de ses enfants, et notamment de son fils Gaspard, emporté par le suicide. « Une mère qui a perdu 3 de ses 4 enfants explique comment elle essaye de tenir le choc« . Cette écoute agit comme un déclic. Les mots, enfin posés. Le tabou, brisé. Pour Albert, c’est une évidence : il courra pour cette cause. Pour éveiller les consciences, créer du lien et faire du sport un vecteur d’engagement.
| Un dossard après l’autre
Depuis, les épreuves s’enchaînent : SaintéLyon, SaintExpress, Trace des Maquisards, Bali Trail Running… Jusqu’à 50 km et 3000 m de dénivelé positif. Chaque course devient un message et une main tendue. Le 25 août prochain, Albert s’élancera sur la MCC, l’une des courses de l’Ultra Trail du Mont Blanc, de Martigny-Combe à Chamonix. Un défi de 40 km et 2350 m de D+. Il y sera encouragé par ses proches. Un moment symbolique, presque intime, dans la vallée où la passion est née.
| Une cagnotte pour la recherche
Au-delà du symbole, Albert souhaite que son engagement soit concret. Une cagnotte en ligne a été lancée pour soutenir une étude sur la détresse psychologique des jeunes, menée par l’Hôpital Femme Mère Enfant (HFME) en lien avec la fondation Hospices Civils de Lyon (HCL). L’objectif est de mieux comprendre les facteurs de risque et développer des actions de prévention efficaces.
Pour soutenir la cagnotte « Des KM pour la santé mentale », c’est ici.
| Un message d’espoir
Après cet échange avec Albert, nous sommes touchés par la générosité, la force d’esprit et la maturité d’Albert. À travers chaque course, chaque mot, il nous rappelle qu’il est possible de transformer la douleur en moteur, et la mémoire en action.
Bravo pour le dévouement, bravo pour l’engagement. Bon courage pour la MCC, profite de chaque instant. Dans cet article, nous souhaitons avoir une mention particulière pour Anne-Dauphine Julliand, maman de Gaspard et bien sûr une pensée pour Gaspard.

Mélissa MERGOIL
Journaliste