© STADION-ACTU

Anaïs Quemener : « Mon fils me donne une nouvelle force »

MarathonInterview
27/06/2025 13:29

Anaïs Quemener fait partie de ces athlètes dont le parcours force l’admiration. Double championne de France de marathon (2016 et 2022) et victorieuse de courses prestigieuses comme le Semi-Marathon du Mont-Ventoux ou l’Eco Trail de Paris, la sociétaire de La Meute Running a surmonté un cancer du sein et incarne une résilience rare. En 2025, un nouveau chapitre s’est ouvert pour elle : celui de la maternité avec l’arrivée de son fils Elyo.

Devenir mère, quand on est athlète de haut niveau, bouleverse forcément quelque chose. Le corps change, les priorités évoluent et les repères se déplacent. Mais pour Anaïs Quemener, il ne s’agit pas d’un avant/après brutal. Elle parle plutôt d’une continuité : un corps qui s’adapte, un mental qui se renforce, et une performance qu’elle regarde désormais avec plus de douceur, mais tout autant d’ambition.

Dans cet entretien à cœur ouvert, Anaïs Quemener nous partage son vécu de femme, de mère et d’athlète. Elle revient sur sa grossesse, la reprise de la course, son lien avec son fils, et la manière dont cette nouvelle vie enrichit sa manière d’être compétitrice.


| Devenir mère : un corps qui change, une force qui naît

Il y a des courses qui sont difficiles, qui marquent les esprits mais l’une des plus belles courses d’Anaïs Quemener ce sont ces neuf mois de grossesse. Une nouvelle aventure rythmée qui a toujours laissé une place à la course à pied. Malgré tout, être athlète de haut niveau et voir son corps changer ce n’est pas une tâche facile. Mais Anaïs n’était pas inquiète, « Je pensais que ça allait être quelque chose de compliqué et au final j’ai adoré voir mon corps évoluer mois par mois ».

Elle reconnaît que courir avec son bébé dans le ventre peut laisser place aux doutes, aux questionnements pour la sécurité de la maman et de l’enfant. Mais une chose est sûre, personne ne ressent mieux les choses qu’une maman alors l’athlète championne de France de Marathon : « Je pense que l’essentiel c’est de s’écouter, de faire confiance à ses propres sensations. Si maman va bien, si bébé va bien et que le feu vert est donné du côté médical il n’y a pas de raison de s’arrêter de pratiquer son activité physique. Je pense que si nous on se sent bien en tant que maman, bébé sera bien aussi. »

Et justement, Elyo a laissé à sa maman la chance de courir jusqu’à plus de sept mois de grossesse, sa maman dirait même « J’ai l’impression que pendant que j’étais enceinte il m’a laissé courir ». Un petit garçon qui a donc grandi avec la course à pied et qui continue, dans sa poussette, d’être bercé au rythme des foulées !

| Retour à la course : un nouveau souffle

Cette année 2025 continue d’être riche en émotions pour Anaïs Quemener. Elle a donné la vie mais surtout elle continue de donner un sens à la sienne avec des défis toujours plus impressionnants. En effet, l’athlète française (record en 2h28’43 à Séville en 2024) prendra le départ du quintuple Marathon de Colmar, le 1er juillet prochain. Ce n’est pas tous les jours qu’on verra une femme courir un marathon par jour pendant cinq jours seulement cinq mois après sa grossesse. D’autant plus qu’il a fallu reprendre l’entraînement assez rapidement pour pouvoir être prête pour la course. Cela a nécessité des adaptations : « J’ai quand même réussi à mettre un peu de volume dans mes entraînements, j’arrive à faire des semaines de 100 / 150 km. Après c’est au mental parce que mes semaines les plus importantes je me lève à quatre heures pour aller courir ».

La coureuse a toujours montré beaucoup de force dans son parcours et elle continue de le prouver. Malgré tout ce que l’on peut imaginer et la force décuplée que lui offre son nouveau rôle de maman, il y a aussi un brin de faiblesse qui s’ajoute à la recette. Pas la faiblesse qui rend moins fort, celle qui aide à devenir plus fort mais aussi plus vulnérable.

« C’est marrant car je me sens à la fois très forte et à la fois très fragile parce que tout ce qui touche à mon petit bout me touche énormément. Il y a ce côté où tu te sens très forte en tant que femme parce que tu as réussi à donner naissance et que c’est quelque chose d’incroyable. Et en même temps, une petite peur ou la moindre chose négative qu’il pourrait ressentir ça te touche plus. »

Anaïs Quemener

Lors du Semi-Marathon d’Annecy le 26 avril 2025 (1h27’23), sa première course officielle après l’accouchement, Anaïs, accompagnée de son conjoint, se souvient avoir vécu l’épreuve avec une intensité différente. « Il y avait quelque chose de différent, une vague d’émotions, quelque chose de très fort et de puissant qui nous a traversés ».

Cette puissance, elle s’en servira pour tous ses prochains objectifs. Elle sait désormais que même quand ce sera dur elle aura cette force que la maternité et son fils lui apportent quotidiennement. Devenir mère n’a pas éloigné Anaïs Quemener de la performance. Bien au contraire. Cela a redéfini son rapport à l’effort, à l’entraînement, à l’envie. Et son envie, elle sait la canaliser en avançant à son rythme et en acceptant de remettre à plus tard un effort qu’elle ne sentirait pas. Sa force, c’est sa détermination, sa sagesse mais aussi et surtout son fils Elyo.  

En devenant mère, Anaïs Quemener n’a pas seulement donné la vie : elle s’est offert une nouvelle force. Plus qu’un moteur, son fils Elyo est devenu ce souffle qui l’accompagne dans chaque foulée, ce rappel quotidien que la performance prend un autre sens quand elle puise ses racines dans l’amour et la résilience. Son parcours, déjà marqué par la victoire sur la maladie, écrit désormais une page encore plus inspirante : celle d’une femme qui conjugue maternité et haut niveau avec une authenticité désarmante.

Plus forte, plus fragile aussi, mais surtout plus libre, Anaïs Quemener continue de tracer sa route, un pas après l’autre, prouvant que chaque ligne d’arrivée peut devenir un nouveau départ.


La rédaction

Dernières news
30/06/2025 La Jules Verne signe une édition record dans les rues d’Amiens
10 km
La Jules Verne signe une édition record dans les rues d’Amiens
Jeudi 26 juin, lors de la soirée « Breaking 4 » en l’honneur de Faith Kipyegon, trente équipes féminines venues du monde entier ont disputé un mile effréné sous forme de relais 4 × 400 m au stade Charléty, à Paris. Sur les traces de l’icône kényane, les athlètes se sont surpassées, relais après relais, galvanisées par un public en ébullition. Dans les tribunes, une énergie folle régnait, entre pas de danse au rythme du DJ et encouragements à en perdre la voix. Une ferveur qui a porté les coureuses jusqu’à la ligne d’arrivée.
30/06/2025 La Blocks League clôturée par une ultime édition 100% féminine
Piste
La Blocks League clôturée par une ultime édition 100% féminine
24/06/2025 Le Marathon de Boston durcit ses règles de qualification
Sponsoring
Le Marathon de Boston durcit ses règles de qualification
Voir plus