Courir, un acte de résilience pour Marine

MarathonInterview
12/04/2025 14:05

Cinq mois après un accident qui aurait pu lui coûter la vie, Marine G. a pris le départ du Marathon de New York en 2023. Deux ans plus tard, toujours aussi déterminée et surtout bien préparée, la jeune femme de 26 ans s’apprête à courir le Marathon de Paris, dimanche 13 avril. Une revanche ici en France, dans son pays natal sur un parcours mythique, entourée de ses proches.


| Pouvez-vous me parler de votre parcours sportif ?

Si les stigmates physiques ont pu s’estomper, les dommages psychologiques sont encore présents. Le 6 juillet 2023 est une date qui a marqué dans sa chair la vie Marine G., une jeune femme de 24 ans cette année 2023. Depuis le mois de janvier elle est embauchée dans une boite américaine, à New York plus précisément, pour une durée d’un an et demi. Curieuse et avide de découvrir ce pays, elle profite de son temps libre pour voyager. En ce début du mois de juillet elle se trouve donc à Austin, au Texas avec des amies. “Elles sont parties faire un tennis et moi j’ai voulu faire un tour du quartier à pied. Ce n’est pas très beau, j’hésite à faire demi-tour, mais je persiste”, raconte Marine la voix remplie d’émotions. Elle se rappelle de chaque petit détail tant tout a été maintes fois décortiqué lors du procès. A une intersection où se trouve une sortie de parking, elle voit surgir un gros 4 x 4 américain. En une fraction de secondes, l’inattention du conducteur lui vaut d’être percutée par la portière avant, de tomber au sol et de se faire rouler dessus par la voiture. “J’étais en robe et je revois encore la trace du pneu sur mon habit, décrit-elle. Je me souviens du bruit de mes os qui craquent.”

« Courir c’est ma vie, ça serait un drame si je ne récupère pas mes jambes. Vous devez tout faire pour que ça aille mieux.  »

Marine

Du courage, il lui en fallu pour surmonter l’interminable attente à l’hôpital, dans un pays dont elle ne parle pas la langue et où sa famille n’est pas là.

Le bilan est lourd : des côtes et des vertèbres cassées, un pneumothorax, des hématomes externes et internes et surtout une incertitude quant à la possibilité de recourir un jour. Impensable pour la jeune femme originaire de Charente-Maritime qui a toujours couru en famille et qui comptabilise déjà trois marathons à son actif. D’ailleurs, aux deux chirurgiens qui s’apprêtent à l’opérer pendant 6 longues heures, elle confiera : “Courir c’est ma vie, ça serait un drame si je ne récupère pas mes jambes. Vous devez tout faire pour que ça aille mieux”. L’opération consiste à retirer des morceaux de vertèbres qui touchent les ligaments et d’installer des vis et des plaques dans le dos pour réaliser une fusion de la colonne vertébrale. “Je vais garder cela à vie, j’ai beaucoup perdu en mobilité du bas du dos”, confie Marine.

| Se relever coûte que coûte

La rééducation débute. En raison de son pneumothorax elle ne peut pas prendre l’avion et doit donc rester un mois à Austin. Jour après jour elle apprend à redevenir autonome. À la mi-septembre elle marche à l’aide de béquilles et confie à son kiné son envie d’honorer son dossard pour le Marathon de New-York qui se déroule ….en novembre. Il l’écoute et l’accompagne dans ce projet fou. “Les médecins étaient sceptiques mais ils ont dit que j’avais eu de la chance d’être sportive et non fumeuse, cela avait grandement contribué à ma guérison”, se souvient l’expatriée. 

| 3 heures de marche par jour

Dans la salle de sport attenante à son building, elle s’attèle à une routine rigoureuse : 1h30 de marche sur tapis le matin et 1h30 l’après-midi. Chaque jour, elle note ses progrès dans un carnet, ce qui lui donne le courage de continuer et de ne pas lâcher. “Bien sûr il y a eu des jours où j’étais fatiguée, je n’avais pas envie, mais j’avais qu’une seule idée en tête : être au départ du marathon !” Ces trois mois d’entraînement la conduisent vers son objectif. Avec l’aval des médecins, elle s’engage dans la foule des athlètes venus accomplir un rêve. Après 4h22 d’effort Marine franchit la ligne d’arrivée sous une avalanche d’émotions. Il lui faut alors du temps pour accuser le coût physiquement et mentalement.

| Paris, son retour en France

Marine chouchoute son corps, apprend à se reconnecter à lui avec en filigrane, des rêves de marathonienne. “Deux ans c’est le temps qu’il ma fallu pour retrouver mon niveau initial”, assure la jeune femme d’un ton posé mais toujours aussi déterminé. Le 13 avril 2025 prochain, aura un goût de nouveau départ pour elle. “Je le cours avec des amis et le fait d’être dans cet engouement là me permet de me sentir comme avant l’accident : normale. C’est mon grand retour en France, à Paris, une ville dans laquelle je vis depuis quelques mois”, assure celle qui vise les 3h50 pour ce 5e marathon et certainement pas le dernier.

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