© Angeline Teh

Cyprien Benoist en mission pour L’ENVOL

MarathonInfluenceurInterview
04/05/2025 16:31

Le 18 mai prochain a lieu au Cinéma Balzac à Paris une avant-première singulière. Celle d’un documentaire retraçant une mission : celle de Cyprien Benoist qui a traversé la France de Paris à Marseille en courant un marathon par jour pendant 1 mois. Pour la gloire ? Non, pour les enfants hospitalisés et leurs familles, que l’association L’ENVOL tente de servir avec des programmes adaptés.


Du 28 avril au 25 mai 2024, Cyprien Benoist, étudiant à HEC Paris, a parcouru la France de Paris à Marseille au profit de l’association L’ENVOL. Alors qu’un documentaire s’apprête à sortir, on a voulu revenir avec l’auteur de cet exploit sur ses motivations, ses envies et sur les souvenirs de cette épopée généreuse. Une mission nommée « PAMA » qui a permis au coureur de récolter plus de 50 000€ pour les enfants et leurs familles…

© Théo Delille

| Comment est née cette Mission PAMA ?

Depuis tout petit je suis très sportif. J’ai fait beaucoup de tennis et de rugby en compétition de 4 à 20 ans, mais je n’avais jamais pratiqué la course à pied en tant que telle. J’ai eu une expérience de 6 mois dans l’armée de Terre qui m’a éveillé à la pratique, qui faisait partie du quotidien. J’ai beaucoup aimé et j’ai commencé assez vite à augmenter les distances. J’étais dans une année de césure au niveau des études et j’avais 6 mois de libre, ce qui est assez rare dans nos vies aujourd’hui. Je voulais faire quelque chose de ce temps. J’avais pas mal d’idées en tête mais il y en avait une qui trottait pas mal : celle de parcourir la France, qui est belle et que je connais très mal finalement. Cette idée est venue se coupler avec ma nouvelle passion de la course à pied. Pour te donner une idée de la vitesse à laquelle ça m’a pris : j’ai commencé à courir en août trois fois par semaine et en octobre je courrais un marathon… Je sortais de mes 6 mois dans l’armée j’étais en forme. J’ai passé un super moment sur le marathon mais à la fin je me suis rendu compte d’un truc : j’ai adoré la prépa, sortir trois fois semaine, c’était ça mon kiff. Dans la course à pied je me suis découvert moins compétiteur qu’au tennis ou au rugby. Avec la course à pied je trouve ça cool de se mettre dans le rouge, de faire du fractionné… mais le chrono ne me rend pas fou. J’habite à Paris et je trouve ça super de se balader, de découvrir des endroits en courant. Partir à l’aventure quoi. Et ça a fait tilt un jour : je n’avais « juste » qu’à utiliser cette passion pour la course à pied pour inventer quelque chose, traverser la France et rencontre des gens. C’était en novembre 2023, quelques semaines après le marathon. Le 1000 km est né à ce moment-là.

| Tu as donc nourri cette idée avant de rencontrer l’association L’Envol ?

Oui, j’ai vraiment imaginé la chose personnellement au début, avant que le projet ne prenne forme. A ce moment là je ne suis pas encore connecté avec l’association. Que tu retournes la France dans tous les sens la diagonale fait toujours plus ou moins 1000 km (24 X 42 km avec un jour de repos). Comme j’avais envie de réaliser quelque chose qui ressemblait à un marathon par jour, la Mission PAMA est né… Au bout de quelques jours, j’étais sûr de ce projet mais je me rends vite compte que cela va demander une grosse organisation, une logistique compliquée, le financement, etc. Une fois cette réflexion faite, je me suis dit que quitte à mettre autant d’énergie positive dans un projet, autant que ce ne soit pas pour moi seul… C’est à ce moment là que j’ai décidé de me mettre au service des enfants malades. J’étais déjà sensible au sujet puisque pendant mes études j’avais fait partie d’une association qui s’appelle Rêve d’enfance et j’en ai été très marqué. J’ai participé un été à une de leurs croisières en bateau organisés pour des enfants atteints du cancer. Une expérience inoubliable. C’était un an avant la Mission PAMA. Au-delà de l’empathie que j’avais pour eux, j’ai surtout nourri de l’admiration envers leur courage, leur façon d’affronter la maladie… J’ai voulu donner deux angles à mon projet : le dépassement de soi, que l’on retrouve évidemment chez ces enfants et bien au delà de ce que j’ai pu faire, et le partage avec mes proches, avec une équipe au sens plus large. C’est là que ça a super bien marché avec L’ENVOL.

« Quitte à mettre autant d’énergie positive dans un projet, autant que ce ne soit pas pour moi seul »

Cyprien Benoist

| Es-tu toujours ambassadeur de L’ENVOL ?

Oui je suis toujours ambassadeur de l’association. L’année dernière via tout ce qui a été réalisé sur les réseaux et les médias, où j’ai parlé un maximum de l’association. Dans un deuxième temps j’ai récolté des fonds (ndlr, 50 000€). Ces fonds là ont été utilisés pour moitié pour financer des actions de l’asso, et l’autre moitié pour un documentaire qui sortira le 18 mai et qui raconte l’histoire de la Mission PAMA, co-construit avec L’ENVOL.

| Peux-tu nous raconter quelques moments forts de cette épopée de 1000 km…

Un des premiers souvenirs forts, c’est le deuxième jour. Le premier jour je pars de Paris, il y a ma famille, des proches, je cours accompagné… Le deuxième jour je pars de Brie-Comte-Robert et on court avec moi encore pendant 15-20 km. Je me suis retrouvé seul pour la première fois après 60 km de mission et ça m’a mis un coup ! C’est le moment où j’ai réalisé. J’allais tout droit, pas de retour à la maison comme lors d’une sortie « classique ». Puis le soir j’étais déjà fier d’avoir parcouru 2 marathons en 2 jours… La première semaine et la sortie de Paris c’était quelque chose avec ces grandes étendues de champs. Cette fameuse deuxième journée, j’ai fait les 44 km sur la même route, toute droite… Là le voyage il est surtout intérieur. Mais au début du parcours je ne mettais pas trop d’énergie dans le « mapping » pour trouver des beaux chemins, mais j’étais concentré sur les kilomètres.

| Tu as dû mettre en place beaucoup de choses pour être capable d’enchainer un marathon tous les jours ?

Oui c’est un jeu de préparation et de récupération. L’effort en lui-même, je pense qu’il est faisable pour beaucoup de personnes, je le pense vraiment. Après là où ça se joue, c’est sur la capacité à récupérer rapidement. En gros j’avais 20 heures tous les jours pour récupérer de 4 heures de courses, 4000 calories brûlées, les muscles abimés… Tout l’après me prenait plus de temps que la course. Tout était hyper millimétré : course de 8h à 12h, déjeuner ultra-protéiné, sieste, auto massage, prévention-soin des ampoules, goûter encore avec beaucoup de protéines et le soir des glucides pour le lendemain… Je suis sorti une seule fois de cette logique en mangeant un peu de gras, j’ai vraiment souffert le lendemain !

© Victor Marcadé

| Un moment de communion avec l’environnement ?

Oui j’ai un moment divin en tête, dans le Massif des Alpilles, dans le sud, sur la fin du parcours. C’était au milieu de la 4ème semaine et je commençais à être serein d’atteindre mon objectif. J’aime la sensation de découverte dans la course à pied, avoir l’impression d’être un petit oiseau qui vole, être proche de la nature. Ce jour là j’avais envie de profiter et je suis complètement sorti de mon itinéraire ! Je suis parti faire du dénivelé dans le massif sur des chemins de « caillasse », j’aurais vraiment pu me faire une cheville. Mais à ce moment là j’avais envie de profiter dans un endroit magnifique. J’étais seul dans le massif, hors sentier, je courrais meme trop vite par rapport au terrain et à ma fatigue. Mais c’était trop beau j’en ai profité. A ce moment-là, même plus de géolocalisation avec mon équipe, liberté pure ! Un bonheur immense.

| Que représente la course à pied aujourd’hui ?

J’avais prévu avec mon docteur un programme pour que l’arrêt de la course soit bien supporté par mon corps. Je n’ai aucune intention de faire 200 km par semaine de sortie. Mais par contre, ce que j’ai gardé, c’est cet esprit balade, le plaisir de découvrir des paysages… Plus que la performance. J’ai énormément de mal à m’inscrire dans une course à dossard. J’aime la sortie plus que tout, me retrouver avec moi-même…

| Un an après, arrives-tu à jauger l’impact de ta mission ?

J’ai été franchement surpris du nombre de gens qui s’engagent dans des projets similaires. Je reçois énormément de messages de personnes qui me demandent des conseils. La semaine dernière j’ai encore eu deux appels de coureurs. Le fait de pouvoir s’identifier à des « gens normaux » pour ce genre de projets, ça pousse à sauter le pas. J’ai reçu beaucoup de messages en ce sens. Et ma sœur s’est mis à faire du sport tous les jours (sourire).


| Pour aller plus loin

Pour réserver votre billet pour la séance du 18 mai prochain au Cinéma Balzac.

Association reconnue d’utilité publique, L’ENVOL organise depuis sa création en 1997 des programmes adaptés aux enfants et jeunes malades et à leurs familles.

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