@Margauxlifestyle, une histoire personnelle qui parle aux femmes

Marathon
02/05/2025 17:21

Margaux, cette sportive taille 42 au statut rare sur les réseaux, déconstruit l’image de l’athlète féminine parfaite. Sa communauté, constituée à 85% de femmes sur toutes les plateformes confondues se reconnaît dans son parcours atypique. Au-delà de son histoire, c’est sa prise de position qui donne espoir et qui rappelle, à toutes, de ne jamais baisser les bras.

Entretien avec @Margauxlifestyle qui nous raconte son ascension sur les réseaux sociaux, la manière dont elle a surmonté les épreuves personnelles et comment elle parvient à transformer des moments de doute en sources d’inspiration pour ses abonné(e)s. Margaux, c’est avant tout une voix qui résonne et un modèle de résilience dans un monde où l’image de la femme sportive est encore trop souvent figée.


| Vous êtes une femme avec une influence grandissante (avec plusieurs centaines de nouveaux abonnés chaque jour), comment en êtes-vous venue à avoir ce statut impactant ?

En ce moment, c’est progressif, j’ai quelques réels qui tournent bien ! Vers 2014, j’ai ouvert mon compte Instagram, puis mon blog en 2015. Je postais un peu à l’instinct, et une petite communauté autour du running est rapidement née, parce que c’était la hype du moment, et tout le monde se suivait pour s’encourager. Je ne me souviens pas des dates exactes de mes débuts en course à pied car j’ai investi dans une montre en 2013. Ma première course officielle, le semi-marathon de Prague, date de mars 2015, pendant mon année Erasmus, avec ma mère. J’ai vraiment eu l’impression d’être une runneuse ce jour-là. Je me suis sentie fière de moi… Par la suite, j’ai progressé, fait tomber mes records, et j’ai même fait le Marathon de Paris. Puis, il se trouve que j’ai pris du poids en 2019, ce que j’ai assez mal vécu parce que je ne comprenais pas pourquoi. Je continuais à m’entraîner régulièrement (3 footings et 2 à 3 séances de renforcement par semaine), mais plus je prenais du poids, plus je régressais. J’ai commencé à subir des remarques grossophobes. Et par la force des choses, parce que je ne me suis pas laissée faire, j’en suis venue à prendre part à la lutte contre la grossophobie. J’ai parlé course à pied, surpoids, et essayé de faire bouger les lignes dans la manière dont les personnes en surpoids sont perçues.

Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, ce n’est pas toujours dû à une mauvaise alimentation et un manque d’activité sportive. Une chose en entraînant une autre, j’ai commencé vraiment à parler SOPK (un dérèglement hormonal dont Margaux est atteinte) et perte de poids. Je me suis retrouvée très vite dans une position un peu unique sur les réseaux, parce qu’on n’est pas beaucoup à parler course à pied et surpoids. Dans le monde du running, il y a beaucoup de femmes avec des super chronos et physiques, ce qui fait que la coureuse lambda a du mal à s’identifier. J’ai donc pris des abonnés, parfois des centaines d’un coup, parfois moins facilement. À partir de 25 000, j’ai revu ma manière de produire du contenu et depuis, ça ne fait que monter. Ce qui compte pour moi, c’est surtout de faire passer un message, et de faire en sorte qu’il atteigne les personnes qui sont concernées. Ce qui m’intéresse, c’est d’abord d’avoir une communauté de femmes qui courent et qui s’inspirent les unes les autres.

| C’est donc lié à votre histoire personnelle, devenue universelle, dans laquelle les femmes se reconnaissent. Le fait de gagner en visibilité vous a-t-il aidée à rebondir face à ce que vous traversiez ?

J’avoue que sur l’instant, je n’ai pas forcément réfléchi. Je pense que oui, même si ça s’est fait comme ça, principalement parce que je ne voulais pas me laisser faire face à ces personnes qui m’insultaient et me dénigraient, sans me connaître, ni connaître mon combat et tous les efforts que je mettais en place. À l’époque, j’avais vraiment besoin de prouver au monde que non, je ne mangeais pas mal et que je faisais du sport. Au fur et à mesure, des femmes se sont identifiées, ça a permis de créer un groupe, une sororité.

« Aujourd’hui, quand c’est l’heure d’aller courir, c’est un plaisir. C’est ma bulle à moi, un moment suspendu dans le temps, où le cerveau se met en pause et je peux juste profiter de l’instant . »

Margaux

| Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans la course à pied au début ? Et qu’est-ce qui vous motive encore aujourd’hui ?

Au début, c’était pour me défouler. Je ne supportais plus de rester assise sur un banc. J’étais une boule de nerfs. Je suis une ancienne gymnaste, donc c’était dur ! À ce moment-là, ma mère âgée d’une cinquantaine d’années était capable de courir une heure avec sa copine en papotant. Mon égo ne s’est pas laissé faire. J’ai persisté. Je me suis dit que si ma mère en était capable, je pouvais le faire aussi. J’ai pris conscience que plus je courais, plus j’étais apaisée. Ça me faisait du bien et j’ai continué. Et c’est à partir du semi-marathon de Prague que j’ai vraiment aimé courir. Aujourd’hui, quand c’est l’heure d’aller courir, c’est un plaisir. C’est ma bulle à moi, un moment suspendu dans le temps, où le cerveau se met en pause et je peux juste profiter de l’instant présent. Je mets ma musique, je profite du paysage. J’ai 3-4 parcours que j’aime faire au départ de chez moi. En étant à Lyon, quand j’ai une sortie longue à faire, je m’amuse à découvrir de nouveaux lieux.

| Comment gérez-vous la haine des réseaux, le négatif qui en émane ?

Au début, je le prenais vraiment très mal. Maintenant, je supprime, je bloque, je ne réfléchis même pas. Parfois, je m’en sers parce qu’ils me donnent des idées de contenu. C’est presque devenu une source d’inspiration. Aujourd’hui, ça ne m’affecte plus directement.

| Pouvez-vous me parler de votre travail, en quoi il consiste et ce qu’il représente pour vous ?

Je suis créatrice de contenu au sens large, je le fais autant pour moi qu’en freelance pour des marques et entreprises. Je suis vraiment dans une phase montante de l’influence, mais ce n’est encore que le début. Je n’ai pas envie de paraître prétentieuse, mais pour moi, c’est déjà énorme d’être là où j’en suis. 45 000 abonnés, c’est plus d’abonnés qu’il n’y a d’habitants dans ma ville natale, Agde. Je suis un peu en mode « wow » ! Mais au regard de l’influence, ça reste relativement petit.

| Votre mode de vie semble entièrement adapté à votre travail. Comment le vivez-vous au quotidien ?

En ce moment, je le vis bien. J’apprécie particulièrement cette liberté de gérer mon emploi du temps, même si c’est parfois intense, parce qu’il faut caser les entraînements, différents rendez-vous et surtout trouver le temps de travailler, parce que c’est bien d’être à droite à gauche, mais il faut avancer sur mon travail à côté et rendre ce qu’il y a à rendre. C’est parfois un casse-tête mais en étant à mon compte, j’ai la chance de moduler mon entraînement de façon à pouvoir aller courir de jour. J’aime partager ce qui se passe dans ma vie de sportive. C’est normal de mettre une story rouge ou en sueur, même si je fais quand même attention aux angles des vidéos. Il faut trouver un juste milieu. Il y a un biais : comme je ne parle que de sport, certaines personnes pensent que je ne fais que ça. J’essaie de déculpabiliser les femmes qui me suivent, souvent avec une vie de famille, et qui me disent : « Mais comment tu fais ? Moi, je n’ai pas le temps. » Ce n’est pas parce que je ne montre que du sport que je ne fais que ça. C’est juste que vous ne voyez pas le reste.

| À quoi ressemble une journée type pour vous ? Et plus largement, comment s’organise une semaine entre le sport, vos rendez-vous et votre travail ?

Mes journées types changent tout le temps. Ce qui est sûr, c’est que je m’entraîne 6 jours sur 7, parfois 2 fois dans la journée, et que je travaille 7 jours sur 7. Tout est mélangé, ma vie perso et mon travail. Je suis célibataire sans enfant, et avoir ce mode de vie-là si j’étais en couple avec une famille, ce ne serait pas dit. Je m’entraîne en triathlon depuis 4 ans, et je fais de la musculation et de la danse. Pour la course à pied, et le vélo, je suis souvent seule. Je suis encadrée par un coach en natation, car j’ai appris à nager très tard à cause de problèmes d’oreilles. Je ne peux pas dire que je savais réellement nager. Mon crawl ne ressemblait à rien et je ne faisais pas 25 mètres sans être essoufflée. C’est à 29 ans que je me suis inscrite au club de triathlon de Rillieux, et que j’ai commencé les cours. J’aurais eu du mal à m’accrocher sans une fille au même niveau que moi, avec qui on a partagé des délires pendant un an malgré nos galères. On se sentait comme des boulets, mais à deux, on rigolait, et ça m’a aidée à tenir le rythme !

| Comment vous entraînez-vous en course à pied au quotidien ?

En ce moment, j’alterne entre les séances de VMA et les sorties longues. Je ne fais pas trop de fractionnés, car je ne suis pas fan. Je ne vais jamais avec le groupe, car j’ai une allure qui est en dessous de tout le monde. Aujourd’hui, mon objectif principal sur les courses sur route, c’est de les finir car je lutte parfois contre les barrières horaires… et il m’arrive de perdre.

| Vous arrive-t-il souvent de croiser des abonné(es) qui vous suivent lors d’événements sportifs ? Que représentent ces rencontres pour vous ?

Ça m’arrive. Je suis toujours aussi mal à l’aise, parce que demander un selfie à quelqu’un qu’on rencontre dans la rue, pour moi, c’est réservé aux stars. Et je ne suis pas Beyoncé. Quand on me dit qu’on m’admire, qu’on est fan… Je ne m’y habitue pas, car pour moi, je suis juste une nana lambda qui fait du sport et qui gueule un peu fort quand on lui manque de respect. Quand, grâce à mes conseils, elles arrêtent de porter ces joggings en coton, qu’elles n’ont plus honte de courir en short, ou qu’elles prennent leur premier dossard… C’est ça qui me rend fière : qu’elles aient osé et qu’elles se régalent. Le problème, c’est que beaucoup ont peur, ne se sentent pas légitimes, portent une grosse charge mentale, et qu’il faudrait revoir la dynamique dans le couple pour qu’elles puissent dégager du temps. C’est parfois un gros travail sur soi juste pour aller courir, alors que pour les hommes, ça semble anodin. Ils ne se posent pas de questions, contrairement aux femmes qui en ont une liste sans fin.

| Peut-on dire que votre compte est engagé, puisque certaines personnes se reconnaissent dans votre combat ?

Quand je vois les réactions qu’a suscitées mon dernier réel sur le corps d’une sportive, ça le devient clairement. Ce n’est pas souvent que ça prend autant d’ampleur. Je ne sais pas si on peut parler de « succès », mais en moins de 48 heures, il a dépassé les 300 000 vues. Je n’ai jamais eu un tel démarrage. J’ai 2 ou 3 réels qui ont passé le million, dont le dernier, qui m’a bien fait rire à réaliser. J’y dénonce des situations de grossophobie ordinaires dans le sport, qui limitent l’accès au sport aux personnes en surpoids. Et il a fait le million de vues. C’est énorme !

| Quel message souhaitez-vous transmettre en évoquant régulièrement les défis liés à la morphologie dans le choix des vêtements de sport ?

À partir de la taille 42 — ma taille — ça devient plus compliqué de trouver des tenues de sport à la fois adaptées et jolies. Je ne suis pas toujours en galère, mais je ne peux pas m’habiller partout. Il y a des critères auxquels je dois faire attention, notamment pour éviter les frottements entre les cuisses. Ce n’est pas une question de poids, mais de morphologie, et c’est un sujet qui revient sans cesse. À tel point que ça me rend presque folle : j’ai beau en avoir parlé partout, fait du contenu pour le rendre visible, je reçois encore cette question deux à trois fois par jour. Alors j’en reparle quasiment chaque semaine… un peu comme pour les brassières grande taille, d’ailleurs !


Margaux n’est pas seulement une influenceuse, elle est un véritable symbole de persévérance et de transformation. À travers son histoire, elle montre qu’il est possible de redéfinir l’image de la femme dans le sport, loin des standards imposés. En partageant ses défis, ses victoires et ses moments de doute, elle offre à sa communauté un espace d’authenticité et de sororité. Sa démarche, à la fois personnelle et universelle, incite chaque femme à se dépasser, à prendre sa place, et à ne jamais se laisser définir par les attentes des autres. Suivre Margaux, c’est embrasser un parcours où chaque étape, même la plus difficile, devient une victoire.

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