« Ok les sportifs » : l’envers du décor avec Baptiste Cartieaux

Interview
22/05/2025 12:40

Dès ses premières années de pratique, partagées entre VTT et athlétisme, le jeune Baptiste Cartieaux se distingue de ses camarades. En 2019, avec Lucas Vivin, son partenaire d’entraînement et cadreur, ils commencent à dévoiler les coulisses de leurs compétitions d’athlétisme sur la chaîne Youtube Syblo. Rapidement, leur contenu séduit un public multigénérationnel, les encourageant à poursuivre l’aventure. Aujourd’hui, Baptiste est un athlète aux multiples casquettes, plusieurs fois médaillé sur la scène internationale en U23, et un sportif polyvalent, engagé chaque année sur le Grand Prix de Duathlon, où il est monté dernièrement sur le podium.

Entretien avec @Baptiste.Cartieaux, qui nous raconte son parcours de sportif et le statut de YouTubeur qu’il s’est construit au fil des années. Aux côtés de Lucas Vivin, ils partagent leurs vidéos, leurs entraînements, leurs aventures sportives et leurs performances impressionnantes sur leur chaîne YouTube Syblo.


| Cela fait maintenant sept ans que vous avez publié votre toute première vidéo sur le VTT. D’autres ont suivi, avant que vous ne vous lanciez sérieusement dans le récit de vos courses. Pourriez-vous me raconter l’évolution de ce projet, depuis cette première vidéo jusqu’à aujourd’hui ?

Il faut savoir qu’avant YouTube, je faisais déjà pas mal de vidéos avec Lucas, mon acolyte de toujours. Nous avons commencé tous les deux, d’abord en tournant des vidéos humoristiques, que nous ne postions pas. À un moment, je me suis lancé, parce que je trouvais ça dommage de ne rien partager. J’ai commencé à parler de VTT, parce que j’avais monté mon vélo moi-même avec un cadre chinois. Personne n’avait vraiment documenté ce genre de projet, et ça m’a un peu mis le pied à l’étrier sur YouTube.

Très vite, Lucas s’est proposé de m’aider à créer les vidéos. Nous nous sommes dit que ce serait sympa de raconter aussi les courses. J’avais déjà un peu mis le vélo de côté pour me focaliser sur l’athlétisme. Et c’était plus simple de filmer l’athlé. Au début, nous faisions ça en face cam, avec très peu d’images des épreuves. Aujourd’hui, nous avons presque automatisé le fait que, pour chaque compète, Lucas soit là, avec parfois un autre ami qui vient aussi filmer. Au fur et à mesure, nous sommes montés en gamme. Maintenant, nous avons même des caméras embarquées.

| Lucas Vivin est votre cadreur attitré. Pourriez-vous m’en dire plus sur votre rencontre ?

Il est dans le même univers, mais on ne fait pas exactement la même discipline. Lui, c’est du plus court : il fait du 400 m. Nous ne nous sommes pas rencontrés au club, mais en CE2, à l’école. C’est même lui qui m’a donné envie d’essayer l’athlétisme. Dans les catégories jeunes, on se bataillait souvent sur les cross. Puis, nos profils se sont différenciés. Lui est parti sur la vitesse, moi sur l’endurance. Et aujourd’hui, nous sommes toujours là. Nous avons même été sélectionnés ensemble pour les Championnats du monde d’athlétisme U20 à Cali en 2022. Partager ça avec lui, c’était incroyable, parce que c’est un milieu assez fermé, et réussir à y arriver tous les deux, ensemble, c’était fou. Depuis, nous nous entraînons sérieusement pour essayer de revivre une sélection commune comme celle-là, et je suis content de pouvoir compter sur lui.

Et côté vidéo, ça nous arrive d’inverser les rôles, mais la plupart du temps, c’est lui derrière la caméra, et moi devant, parce que je cours quand même beaucoup plus que lui. La saison d’un sprinteur est beaucoup plus courte. Alors que pour les longues distances, on peut courir toute l’année, que ce soit sur piste ou sur route. C’est pour ça qu’il apparaît un peu moins sur la chaîne, mais il est toujours là.

« J’ai grandi dans une famille assez sportive. Mes parents couraient des marathons et mon grand-père court encore quatre fois par semaine à plus de 70 ans. Mine de rien, ça joue. »

Baptiste

| Vous semblez avoir eu très tôt des facilités en course à pied. Comment l’expliquez-vous ?

Aujourd’hui, je suis presque un sportif pro, dans le sens où je me mets des charges d’entraînement assez conséquentes. J’ai grandi dans une famille assez sportive. Et mine de rien, ça joue : quand tes parents font du sport, que tu les vois partir courir ou faire du vélo, que l’alimentation à la maison est équilibrée… ça aide. Si tu manges n’importe quoi, c’est tout de suite plus compliqué pour les performances. J’ai toujours baigné dans cet esprit-là mais je n’ai jamais été poussé. Et ça, c’est important à dire. Mes parents couraient des marathons. Mon grand-père court encore quatre fois par semaine à plus de 70 ans, ce qui témoigne de la place qu’occupe le sport dans notre famille.

J’aimais bien gagner et je me donnais les moyens. Plus les années passaient, plus j’aimais courir. L’entraînement a augmenté avec moi : au début, je courais juste le mardi avec Philippe, mon coach. Puis s’est ajouté le lundi l’année suivante, et les mardis, jeudis et dimanches l’année encore d’après… Maintenant, je m’entraîne quasiment tous les jours, souvent deux fois par jour. J’ai plutôt un gabarit de cycliste, je suis assez « lourd » pour un coureur. C’est pour ça que le duathlon me plaît aussi, même si ça reste une discipline peu mise en avant.

Après, ce que j’aime, c’est ce travail constant : réussir à t’entraîner dans la bonne zone, ne pas trop t’épuiser, mais progresser. Il faut aussi tenir mentalement, parce que la fatigue psychologique, elle peut vite arriver. En fait, tout est une question de curseurs à bien régler pour rester performant sur la durée.

| Comment gérez-vous l’échec ?

L’échec, pour moi, c’est juste un passage nécessaire pour m’améliorer. J’essaie toujours de faire au mieux, et si ça ne passe pas, tant pis. J’arrive à bien faire la part des choses. Si ça n’a pas marché aujourd’hui, ça marchera un autre jour.

| Vous vous entraînez aujourd’hui à l’EACPA. Comment fonctionne le groupe au quotidien, et quel rôle joue Philippe Favreau, votre entraîneur, dans votre progression ?

Nous formons un bon groupe, bien structuré, où chacun suit un programme adapté. Philippe propose une trame générale mais, à l’approche des compétitions, ça devient plus individualisé. Ce n’est pas mon premier entraîneur, mais dès que je suis passé au demi-fond, il m’a pris en charge. J’ai fait le “saut” dès la 6e, dans son groupe. À l’époque, j’étais le plus jeune. Je savais que j’avais un bon niveau pour ma catégorie.

En hiver, nous sommes tous alignés sur les cross, donc nous nous entraînons assez collectivement. Nous avons sensiblement les mêmes entraînements jusqu’à la saison sur piste. Philippe est toujours aux manettes de tout ça. Même à la retraite, il vient tous les jours. C’est lui qui fait vivre le groupe. Si demain, il ne vient plus, la dynamique ne tiendrait probablement pas.

Le club est en pleine progression. J’ai eu la chance d’y arriver au bon moment, avec une belle énergie déjà en place. L’EACPA investit, nous avons une halle pour nous entraîner l’hiver, et ça fait une vraie différence. L’an dernier, nous avons fini vice-champions de France des clubs. Cette année, nous comptons bien réitérer, voire même aller chercher le titre !

| Quel est votre programme de la semaine ?

Nous sommes presque au club tous les jours. Ça permet de garder un lien social, d’être avec les copains. Je dis souvent que si j’ai choisi l’athlétisme plutôt que le vélo, c’est en partie grâce à mon club. Nous venons tous pour s’entraîner, pour performer, et ça crée une vraie dynamique.

De mon côté, je m’entraîne souvent deux fois par jour. Souvent un footing ou une petite séance le matin. À côté, je suis en STAPS. J’ai validé ma L3, et là j’en recommence une autre, en management du sport cette fois. C’est moi qui organise un peu mon emploi du temps. Les trois premières années n’étaient pas aménagées, mais cette année, j’ai fait un stage dans mon club, ce qui allège mes semaines. Je me laisse plus de temps pour m’entraîner, me reposer, et travailler sur d’autres projets. Mais le point noir, c’est que les partiels sont plus difficiles à appréhender avec une faible présence en cours.

| Qu’est-ce qui fait que vous aimez courir ?

Je pense être quelqu’un qui a besoin de bouger. Si un jour je ne peux plus courir, j’aurai clairement un trop-plein d’énergie. Le sport m’aide à m’aérer l’esprit, à faire des rencontres, et j’aime aussi me dépasser, me confronter aux autres. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est pouvoir raconter mes entraînements, mes courses. Le partage fait partie de ma pratique. Beaucoup de gens me disent qu’ils se sont mis à courir après avoir vu mes vidéos. Ça me fait plaisir, car j’ai l’impression que ça peut inspirer, créer des vocations. Et honnêtement, si je n’avais pas ce côté « transmission », peut-être que j’aurais arrêté à certains moments. Il y a des périodes où la motivation baisse, où la fatigue se fait sentir. Le fait de documenter tout ça me donne une motivation supplémentaire.

| Bravo pour le titre de champion de France U23 et votre quatrième place au scratch aux Championnats de France de duathlon ! Votre coach parle d’un retour à ton « ADN ». Pourriez-vous nous expliquer ce qu’il entend par ces mots ?

Le bilan de cette saison est vraiment positif. Je retiens de belles courses et la constance de mes performances, mais je sais qu’il me reste des choses à affiner. Peut-être que je me spécialiserai. Mais pour l’heure, tant qu’il y a des sélections en athlé que je peux avoir, je me focalise là-dessus. Cette année, j’ai appris que je pourrais peut-être faire une sélection élite en duathlon. C’est pour ça que j’ai fait les trois premières étapes.

Je vais courir un 3000 m aux Interclubs. L’objectif, c’est d’aller chercher une médaille, mais ce n’est pas évident. Nous n’avons pas de très grands athlètes, mais une homogénéité qui fait que nous arrivons à truster des places. Comme toujours, il y aura une vidéo. J’en fais systématiquement !

| Quelle est votre prochaine course prévue ? Est-ce qu’elle fera l’objet d’une future vidéo ?

Par la suite, j’aimerais me qualifier aux Championnats d’Europe U23. C’est ma dernière année en catégories jeunes, donc je vais tenter ma chance sur 10 000 m aux Championnats de France, le 24 mai. Les minima sont fixés à 29’13 et il faut aussi se retrouver dans les deux premiers. Ça devrait le faire, mais le classement ne dépend pas que de moi. Si j’arrive à décrocher la qualif, je me concentrerai sur d’autres distances pour gagner en vitesse, et essayer de faire une belle performance aux Europes. Si ça ne passe pas sur cette course, je tenterai peut-être de me qualifier sur une autre distance, en donnant le maximum pour aller la chercher. Il y a vraiment du monde cette année, donc il faut se faire sa place. Je verrai, mais je suis sûr d’être sur 5000 m à Maison-Lafitte le 7 juin prochain.

| Ressentez-vous une forme de pression à devoir à la fois performer en course et assurer la réalisation de votre vidéo ?

De la pression, oui et non. Dans tous les cas, je veux faire le meilleur résultat possible, c’est pour ça que je m’entraîne autant. J’ai la chance d’avoir des magiciens qui arrivent à tout capturer. Dimanche dernier, j’ai essayé de déléguer le rôle de Lucas parce qu’il était au premier tour des Interclubs, et j’ai vu à quel point Lucas a appris sur le terrain. Sur ce genre de prestation, Lucas parvient à mieux se débrouiller que de véritables professionnels de l’image.

Quand je pars en compétition, je viens vraiment travailler. J’ai énormément de choses à gérer. Interviewer les athlètes après le duathlon me prend au moins une heure. Mais il faut prendre ce temps-là. À la fin, ça rend l’événement vivant. Souvent, mes coéquipiers veulent vite repartir en minibus, je leur dis « 5 minutes », alors qu’en réalité, j’en ai pour une heure !

| Performer régulièrement, pensez-vous que ça accroît l’intérêt de votre communauté ?

C’est mon cheval de bataille : arriver à toujours rester au top. Quand tu joues la tête de course, c’est bien plus intéressant, et plus facile à filmer pour mon équipe. Le live est souvent dirigé vers les premiers. Si tu commences à être dans le peloton, voire même derrière, c’est là où les images sont plus difficiles à trouver, et surtout, l’histoire à la fin est bien plus belle à raconter puisqu’il y a toujours cette possibilité de victoire  !


Authentique, Baptiste séduit un large public, amateur de course à pied et d’aventures humaines fortes en défi. Sa détermination à progresser et son envie sincère de transmettre font de lui une voix singulière sur YouTube, à la croisée du sport et de l’expérience partagée.

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