Romane Lemière : « Le plaisir avant la performance »

Romane Lemière : « Le plaisir avant la performance »

Interview
16/07/2025 23:56

Après un premier livre sur son anorexie, Romane Lemière, alias @runromane sur les réseaux, s’est lancée dans l’écriture d’un second ouvrage en mars dernier. Dans Mon Running plaisir avec Romane, cette coach partage une multitude de conseils et d’astuces pour progresser en course à pied et prendre soin de soi, aussi bien mentalement que physiquement. Cette marathonienne, suivie par plus de 86 000 abonnés, prône désormais avant tout le running plaisir !


| Quelle était votre ambition à travers ce livre ?

Je souhaitais aider tous les coureurs, mais surtout les débutants, pour qu’ils disposent de tous les conseils nécessaires pour se mettre à la discipline et répondre à toutes les interrogations que l’on peut avoir lorsque l’on débute dans le running.

| Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux. J’ai traversé des moments difficiles : une grosse anorexie, suivie d’une dépression et d’une forte anxiété sociale. Tout cela a compliqué la poursuite de mes études, je n’ai pas eu un cursus classique. Mais quand je regarde en arrière, je suis heureuse de m’en être sortie et d’avoir surmonté tout cela. Tout rentre enfin dans l’ordre. Il a fallu beaucoup de patience.

« Je m’écoute plus qu’auparavant. »

Romane Lemière

| Quelles sont les trois choses que vous ont enseigné ce break de plusieurs mois en course à pied ?

Je ne vais pas vous cacher qu’au début, ce break imposé par ma blessure a été très difficile à gérer. C’est d’ailleurs l’une des raisons de ma dépression, car le sport était ma bouée de sauvetage. Ma seule activité sociale, c’était la course à pied. Donc, quand j’ai dû arrêter, j’ai dû apprendre à revivre autrement. Ça m’a fait du bien de m’apercevoir qu’il n’y avait pas que ça dans la vie. La course, ça reste un sport, ce n’est que du plaisir.

| Vous tenez un journal de course depuis 2019. En quoi cela vous aide ?

C’est mon premier coach qui m’avait demandé de tenir un journal pour y noter tous mes ressentis. Quand j’ai une période de doute ou de stress, lorsque j’ai loupé une séance, par exemple, ça me rassure de le consulter et de me rappeler que j’ai pu faire de bons chronos malgré des séances ratées. Ce journal de bord me permet de garder une trace de mon travail, et quand je perds confiance, c’est un bon moyen de visualiser mes progrès.

| Vous dites qu’Anaïs Quemener vous inspire, pourquoi ?

Elle m’a toujours inspirée, même avant qu’elle soit connue. Je l’avais rencontrée sur une course où elle était arrivée juste devant moi, et j’avais alors commencé à la suivre sur les réseaux. C’est là que j’ai découvert son histoire avec le cancer et son retour au plus haut niveau. Je me retrouvais un peu en elle : elle a traversé des phases très difficiles, et elle s’est accrochée à la course à pied. J’adore l’énergie qu’elle renvoie ainsi que sa résilience. Et puis, c’est aussi une runneuse extraordinaire, donc forcément, c’est très inspirant.

| Les réseaux sociaux sont-ils néfastes pour la santé physique et mentale des runners ?

Comme dans tout, il y a du bon et du mauvais. Du côté positif, les réseaux sociaux sont une mine d’or : on y trouve beaucoup de conseils. Mais il faut aussi savoir prendre du recul sur tout ce contenu, car certaines choses peuvent faire culpabiliser. Je sais que voir des filles courir tous les jours, faire de super chronos… je me compare forcément, et je me sens nulle. Cela peut entraîner du surentraînement et parfois favoriser les blessures. C’est à double tranchant.

| Justement, votre expérience de la blessure a-t-elle modifié votre approche sur votre compte instagram ?

Oui, ça a changé. Je pense qu’avant, j’avais tendance à prôner le “toujours plus”. J’adorais montrer que je faisais beaucoup de kilomètres, que je me challengeais en permanence. Aujourd’hui, je n’ai plus envie de véhiculer ce message. J’ai vécu les conséquences de tout ça avec les blessures, et je n’ai pas du tout envie de refléter cette image aux gens qui me suivent. Je cherche désormais à montrer le sport plaisir.

| Qu’est ce qui a désormais changé dans votre manière de vous entraîner ?

Je m’écoute plus qu’avant. Avant, je suivais le plan d’entraînement bêtement, douleur ou pas, envie ou pas, j’allais courir. Aujourd’hui, j’écoute mon coach, et dès que j’ai une douleur, je ralentis. Maintenant, je cours à l’envie. Ce fonctionnement me plaît, car je me sens mieux dans ma tête et dans mon corps.

| Si l’on devait retenir un seul conseil, lequel serait-ce ?

Je dirais : « faire les choses par plaisir ». Si on agit par envie, c’est l’essentiel pour rester à l’écoute de soi.

| Quelles courses projetez-vous de faire ?

Je vais faire la MCC, le 25 août à l’UTMB. C’est un 40 km avec un peu plus de 2000 m D+. C’est un sacré challenge pour moi, ça va changer de ce que j’ai l’habitude de faire, mais je suis contente de me lancer ce défi. Ensuite, j’aimerais retourner sur la route : je pense faire les 20 km de Paris en octobre, Marseille-Cassis fin octobre, et pourquoi pas un marathon cet hiver, pour revenir sur cette distance avec moins de pression qu’avant, et plus de plaisir.

| Quelle est la première personne à qui vous avez offert ce livre ?

Ma petite sœur, car elle me soutient toujours dans mes projets, et je la coache aussi. Donc ça me paraissait logique de lui offrir en premier.

Avec « Mon Running plaisir avec Romane », Romane Lemière signe un ouvrage sincère et bienveillant, à son image. Entre conseils pratiques et confidences personnelles, elle nous rappelle que la course à pied n’a pas besoin de rimer avec performance à tout prix. Son parcours, marqué par la résilience, inspire une autre façon de courir : plus libre, plus douce, plus joyeuse. Une lecture précieuse pour tous ceux qui veulent remettre le plaisir au cœur de leur foulée.

Mon running plaisir avec Romane, Leduc Editions, mars 2025, 19,90€


Julia Tourneur
Journaliste

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