Kathrine Switzer : la première femme qui a couru officiellement un marathon
En 1967, Kathrine Switzer a marqué l’histoire du sport féminin en devenant la première femme à courir officiellement un marathon. À une époque où le sport d’endurance était encore réservé aux hommes, elle s’inscrit au Marathon de Boston sous ses initiales « KV Switzer » pour éviter toute discrimination. La coureuse de nationalité américaine a bravé les interdits et défié les conventions pour ouvrir la voie aux générations de femmes et d’athlètes.
| Une femme face à l’interdit
Si la pratique du sport et notamment de la course à pied chez les femmes est devenue banale en 2025, ça n’a pas toujours été le cas. En 1967, quand Kathrine Switzer prend le départ du marathon de Boston, elle est loin d’être dans les règles. En effet, à cette époque, aucune femme n’est autorisée à courir un marathon. Dans les années 60, plusieurs médecins affirmaient que les sports d’endurance étaient trop exigeants pour les femmes. Elles n’avaient pas l’endurance nécessaire et pire encore, l’exigence de l’entraînement pouvait faire tomber leur utérus, les rendre infertiles ou encore altérer leur apparence en les rendant plus masculines. La plupart des courses longues distances étaient donc essentiellement réservées aux hommes. Aux Jeux Olympiques, les courses supérieures à 800 m n’existaient pas pour les femmes.
Un an, plus tôt, Bobbi Gibb a fait la une des journaux. Après s’être cachée dans un buisson, elle rejoint le peloton du Marathon de Boston pour participer à la course. Bien qu’elle ait terminé la course, Bobbi Gibb n’avait pas pu s’inscrire officiellement au marathon. L’américaine a pourtant ouvert la voie aux femmes et notamment à Kathrine, qui, après avoir vu passer l’information, va tenter de s’inscrire au Marathon de Boston.
| Kathrine Switzer à jamais la première
Âgée de seulement 20 ans au départ du Marathon de Boston en 1967, Kathrine Switzer a pu obtenir son dossard en ne donnant que ses initiales au moment de l’inscription. Auparavant, elle avait pris soin de lire la totalité du règlement de la course qui n’indiquait à aucun endroit que les femmes ne pouvaient pas courir. Pour autant, à partir de 1961, l’Amateur Athletic Union, qui régissait alors le sport aux États-Unis, interdisait aux femmes les courses sur route. Les organisateurs qui laissaient les femmes courir s’exposaient à des sanctions.
Dossard 261, Kathrine Switzer arrive, rouge aux lèvres, sur la ligne de départ. La fille d’un soldat américain s’était entraînée pendant plusieurs mois pour le Marathon de Boston. Elle partageait ses séances avec le groupe des garçons de son université. Au bout de 2 km de course, les journalistes la repèrent. La voiture ouvreuse qui transportait les photographes et les journalistes quitte la tête de course et redescend dans le peloton jusqu’à atteindre le groupe du dossard 261 de Switzer. Jock Semple, le directeur de course, furieux qu’une femme soit de nouveau sur son événement (et cette fois-ci avec un dossard) lui court après pour la stopper. Entourée de son coach et de son petit ami, lanceur de marteau qui écarte Semple, Kathrine Switzer poursuit son marathon.
Après plus de 4h d’effort (4h20), l’Américaine franchie la ligne d’arrivée. Un temps bien modeste par rapport à son record établi en 1975 (2h51). L’essentiel est ailleurs. En passant cette ligne d’arrivée, elle devient le symbole de l’émancipation des femmes. Par la suite, Kathy sera disqualifiée et suspendue par l’AAU.

| Un exploit qui change l’histoire du sport féminin
Après son exploit en 1967, Kathrine Switzer devient une véritable pionnière. Elle ouvre la voie aux femmes dans les épreuves d’endurance, mais surtout dans le sport de manière générale. À la suite de cet événement, l’histoire du sport féminin est bousculée.
Sous l’impulsion de son exploit, Kathrine Switzer décide d’organiser des courses réservées exclusivement aux femmes, et ce, partout dans le monde. Le développement du sport féminin connaît un véritable coup d’accélérateur. En 1972, le Marathon de Boston est désormais accessible à toutes. Deux années plus tard, Kathy remporte le Marathon de New York. La place du sport féminin gagne encore un peu de terrain grâce à son combat, quand en, 1986, lors des olympiades de Los Angeles, le marathon est reconnu comme épreuve officielle chez les femmes. Le premier titre olympique sur le marathon féminin revient à l’Américaine Joan Benoit.
En 2024, plus de 50 après son exploit, Kathrine Switzer a 77 ans. Elle est au départ des 10 km du Marathon pour Tous des Jeux Olympiques de Paris. Un symbole fort de la part de celle qui a ouvert les portes du marathon aux femmes du monde entier. Plus qu’une simple performance sportive, son engagement a ouvert la voie aux générations de sportives et contribue à faire évoluer les mentalités sur la place des femmes dans le sport.