Les 10 passages immanquables des plus grands marathons : là où la magie opère
Un marathon, ce n’est pas qu’une ligne de départ et une médaille à l’arrivée. C’est tout un voyage, un condensé d’émotions, de paysages et de moments suspendus qui restent longtemps gravés dans la tête de tous les finishers. Certains passages de course sont devenus mythiques, au point d’être des expériences à part entière, parfois plus marquantes que le chrono final. Du Vatican de Rome au Tower Bridge de Londres, voici les 10 passages incontournables à vivre au moins une fois dans sa vie de runner.
| Rome – Le Vatican
Rome est le marathon idéal si vous souhaitez mêler patrimoine, histoire et course à pied. Cette course est une véritable carte postale de la capitale italienne. Le passage devant le Colysée est à couper le souffle et, surtout, courir sur la Via della Conciliazione (la « rue de la Réconciliation ») avec la basilique Saint-Pierre en ligne de mire, c’est un moment de pure grâce. Le vacarme de la ville se tait un instant, et on a presque l’impression de flotter vers la place du Vatican. Au 17e km, un décor grandiose se dessine, presque irréel. Entre ferveur italienne et silence sacré, on n’entend plus que le claquement régulier des foulées de milliers de coureurs sur les pavés. C’est une des rares fois de l’année où ce tronçon est privatisé. Participer au Marathon de Rome, c’est s’offrir une chance inestimable de courir dans ce lien chargé d’histoire.

| Madrid – Le moment où marathoniens et semi-marathoniens se séparent
Le Marathon de Madrid, est une course à part : c’est une fête nationale du running. Trois distances au programme — marathon, semi et 10 km — et toute une ville qui vibre à l’unisson. Ce jour-là, les rues de la capitale espagnole se transforment en un immense festival et le Zurich Rock‘n’Roll Running Series Madrid porte bien son nom : musique live, danseurs, spectateurs survoltés et plus de 30 points d’animation jalonnent le parcours. Mais le moment le plus fort arrive un peu avant la mi-course : le fameux point où les parcours se séparent. Ce qui fait la magie de ce moment, ce sont ces coureurs qui s’arrêtent pour enlacer leurs proches et leur souhaiter bonne chance avant de suivre leur propre chemin. D’un côté, ceux qui s’élancent vers la distance mythique des 42,195 km ; de l’autre, ceux du semi ou du 10 km, plus raisonnables, mais tout aussi fiers. Madrid est un marathon unique, avec son dénivelé et son ambiance de fête. Cette course est un véritable mélange d’émotions : on y retrouve la détermination, le respect et la camaraderie.
| Marine Corps Marathon (Washington) – Le coup de canon et le Capitole
Le Marine Corps Marathon est une course traditionnelle qui a lieu à Washington, la capitale des États-Unis. Elle commence dans une émotion intense. Les runners sont enfin prêts sur la ligne départ quand l’hymne américain retentit, dans un silence de cathédrale. Puis un coup de canon marque le départ, comme un symbole de courage et de mémoire à ceux engagés dans l’armée. Le parcours longe le Capitole, traverse les quartiers symboliques de la capitale américaine et rend hommage aux vétérans avec des passages devant le Cimetière d’Arlington ou encore le Memorial Lincoln. Le ton est donné : ce marathon, c’est autant une course qu’un hommage aux militaires tombés au combat.

| Boston – The Scream Tunnel
Le Marathon de Boston est l’un des plus prestigieux au monde. Une ligne droite entre Hopkinton et Boston, la traversée de petites villes qui se succèdent et une population entière qui célèbre les coureurs comme des héros. Et il y a un passage en particulier qui fait battre le cœur de la course : le campus du Wellesley College, peu après le 21e kilomètre. Ici, l’atmosphère est unique. Des milliers d’étudiantes massées le long de la route forment ce qu’on appelle le “Scream Tunnel”. Depuis des jours, elles préparent pancartes et slogans orginiaux pour encourager les coureurs. Le bruit est tel qu’on l’entend déjà un kilomètre avant d’y arriver. Une fois dedans, c’est une déferlante de cris, de sourires et de folie. Certains coureurs ralentissent, d’autres s’arrêtent même pour embrasser des étudiantes, une tradition aussi improbable qu’émouvante. Ce tunnel de décibels fait partie de l’âme du Marathon de Boston : un mélange de ferveur, de tendresse et d’énergie brute qui fait oublier, pendant quelques secondes, la douleur de l’effort.
| Boston – Heartbreak Hill
Impossible d’évoquer Boston sans parler des Newton Hills. Quatre côtes redoutées, se succédant entre les 26e et 32e kilomètres, qui brisent les jambes autant que le mental. La dernière, la plus célèbre, c’est Heartbreak Hill, une montée qui porte bien son nom. L’expression est née en 1936. Ce jour-là, le champion en titre Johnny Kelley double son rival Ellison Brown dans la célèbre montée et, en guise d’encouragement, lui tape sur l’épaule. Mais ce geste, loin d’abattre Brown, le remotive : il rattrappe son concurrent quelques instants plus tard et s’envole vers la victoire. Le journaliste du Boston Globe Jerry Nason écrira que Brown avait « brisé le cœur de Kelley sur la colline. »
Le nom Heartbreak Hill venait de naître, et n’a plus jamais quitté la légende du Marathon de Boston. Depuis, cette montée est devenue un symbole : celui de la lutte intérieure du coureur. Après 30 kilomètres dans les jambes, elle vient tester la tête autant que le corps et brise les rêves de chrono de nombreux participants. Les spectateurs, massés des deux côtés de la route, hurlent pour maintenir les coureurs debout. C’est une montée courte, mais casse-pattes (27m de dénivelé positif). Un moment charnière de la course, où de nombreux coureurs tapent de plein fouet le fameux mur du marathon. Mais pour certains, au contraire, c’est un moment de délivrance : une fois la côte passée, une longue descente les emmène vers le centre de Boston.
| New York – Queensboro Bridge et First Avenue
Le Queensboro Bridge est un moment clé du Marathon de New York. Il arrive peu après le kilomètre 25, comme un moment suspendu entre deux mondes. Le silence, d’abord, presque religieux. Loin de la foule, on n’entend plus que le bruit des chaussures carbone sur le bitume. La vue sur la skyline de Manhattan est grandiose. Puis, à la sortie du pont, c’est un véritable concert : la First Avenue et ses milliers de spectateurs, hystériques, debout sur les barrières. Les cris, la musique, les pancartes, les enfants qui tendent les mains : frissons garantis sur cette portion magique du parcours, appelée le “mur du son”. Ce contraste entre le calme et l’énergie de la ville fait partie des expériences les plus fortes qu’un coureur puisse vivre. Ce boost d’énergie arrive au bon moment pour les runners, avant de rejoindre le Bronx et d’affronter les côtes de Central Park.
| Paris – Les Champs-Élysées
Pour son marathon, Paris voit les choses en grand. L’Arc de Triomphe dans le dos, la plus belle avenue du monde sous les pieds et une marée humaine qui déboule à toute vitesse. Difficile de faire plus grandiose. Rester stoïque dans ce décor n’est pas une tâche facile, surtout quand l’émotion du rendez-vous prend le dessus. Mais attention : l’adrénaline du départ peut être trompeuse. La descente sur les Champs-Élysées invite les jambes à accélérer alors que ce n’est que le début de course. C’est un des pièges à éviter au Marathon de Paris : profiter de ce cadre exceptionnel, oui, mais ne pas s’enflammer et rester concentrer sur son allure.

| Athènes – L’entrée dans le stade Panathénaïque
Courir à Athènes, c’est revenir aux sources. Une manière de boucler la boucle pour les marathoniens les plus aguerris. Après 42,195 kilomètres d’effort, de chaleur et de côtes, les coureurs pénètrent enfin dans le stade Panathénaïque, le stade tout en marbre de tous les athéniens construit pour les premiers Jeux Olympiques modernes. Les gradins blancs reflètent le soleil et le public acclame les finishers comme des héros. C’est à Athènes que le mythe du marathon a pris racine, là où le messager de Marathon aurait rendu son dernier souffle. À cet instant, cette ligne d’arrivée a une saveur spéciale. Chaque coureur ressent un lien puissant entre l’histoire et sa propre course. Au-delà d’une simple course : le Marathon d’Athènes est un véritable pèlerinage.
| Berlin – La Porte de Brandebourg
C’est sûrement l’image la plus iconique du marathon moderne. La ligne d’arrivée est là, juste après. Mais avant, il faut passer sous la Porte de Brandebourg. Ce monument, théâtre de l’histoire allemande, devient pour un jour un portail vers la délivrance pour tous les marathoniens. Le bruit de la foule, les drapeaux des nations, la musique de fin de course : tout est réuni pour vivre une arrivée remplie d’émotions. Quand on évoque le Marathon de Berlin, on pense forcément à Eliud Kipchoge, véritable légende de cette course, et à tous ceux qui ont écrit l’histoire du marathon ici.
Pour les coureurs amateurs, ce moment est une délivrance. Quand la Porte se dresse au loin, on sait que la souffrance touche enfin à sa fin. C’est sans doute le passage le plus photographié du marathon. Celui où les coureurs, vidés mais transcendés, trouvent au fond d’eux des ressources jusque-là insoupçonnées. Les foulées s’allongent et le rythme s’accélère. Portés par les encouragements de la foule et le décor rempli d’histoire, les finishers franchissent cette ligne d’arrivée mythique dans un tourbillon d’émotions dont seul le marathon a le secret.

| Londres – Tower Bridge
Le Marathon de Londres est le plus populaire du monde. Pour l’édition 2026, plus d’un million de personnes ont participé à la loterie pour obtenir un dossard. Ce n’est un secret pour personne, l’ambiance de cette course est exceptionnelle. Le moment le plus iconique est certainement le passage sur le Tower Bridge. Les coureurs le traversent peu de temps avant le semi et il arrive au moment idéal. Après une longue portion monotone, les runners prennent un virage serré et soudain… le décor s’ouvre. La Tamise scintille, les tours de Londres se dressent et le Tower Bridge apparaît enfin, majestueux, presque irréel.
Des milliers de spectateurs s’entassent sur les trottoirs, le bruit devient assourdissant. Chaque nom scandé redonne un peu d’énergie, un peu de fierté aux runners. À cet instant, les runners ne sont plus des inconnus : ils deviennent les rock stars du jour, portés par une foule en délire. C’est l’un de ces passages où la beauté du lieu amplifie les émotions ressenties : les coureurs peuvent savourer la chance qu’ils ont d’être là. Certains franchissent le pont les yeux humides, incapables de dire si c’est la sueur, les larmes ou simplement l’émotion. Le Marathon de Londres, c’est ça : une fête populaire à ciel ouvert, et le Tower Bridge en est son symbole le plus parfait.

| Tokyo – Le Palais Impérial et Ginza
Parmi les six Majors originaux, le Marathon de Tokyo est peut-être le plus mystérieux. Difficile d’y obtenir un dossard, sur les 38 000 participants, à peine un tiers viennent de l’étranger, ce qui renforce la sensation d’entrer dans un monde à part. Dès le départ à Shinjuku, on est happé par la densité du peloton : des milliers de coureurs s’élancent dans une chorégraphie millimétrée. Le public japonais, plus discret qu’en Europe, encourage par des saluts, des sourires, des applaudissements rythmés, une ferveur moins bruyante mais polie et sincère.
Le parcours alterne entre modernité et tradition : les artères lumineuses de Ginza, les ruelles d’Asakusa, les vues paisibles sur le Palais Impérial. Là, la course devient presque silencieuse et méditative. À Tokyo, le marathon est autant un défi sportif qu’une expérience culturelle : précis, apaisant, dépaysant et profondément marquant.
Derrière chaque marathon, il y a une ville, une histoire, une émotion. Ces passages mythiques rappellent que le running, ce n’est pas seulement une histoire de performance, c’est une manière de voir le monde autrement et surtout, un moment de partage. Et pour beaucoup, ces instants-là, valent bien plus qu’un chrono. C’est ça, le marathon : avoir vécu ces émotions que seule la course peut offrir.
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Clément LABORIEUX
Journaliste