© Marathons.com
10 000 coureurs « mettent leur pierre à l’édifice » dans la lutte contre le cancer du sein à Lille
Terrain de jeu favori des passionnés de running à Lille, la Citadelle a accueilli une marée humaine lors de la 11e édition du Challenge Ruban Rose ce dimanche 5 octobre. Femmes, Hommes, enfants… Tous ont couru ou marché pour la bonne cause : lutter contre le cancer du sein.
Après le blanc de la neige hivernale, le multicolore de la Foire aux manèges, place au rose. La Citadelle de Lille s’est littéralement métamorphosée. Le temps d’une matinée, le poumon vert de la ville nordiste a inspiré un bol d’air frais. Difficile de se frayer un chemin parmi les participants, toujours plus nombreux. Dix mille cœurs, tantôt meurtris par la maladie, tantôt solidaires pour une proche touchée par le cancer du sein, tantôt sensibles au dépistage et au développement de la recherche, ont battu au rythme de leurs foulées.
Vivre l’instant présent. Comprendre l’importance des moments précieux avec ses proches. Fanny l’a compris depuis sa rémission. Accompagnée de sa fille Camille Céline, Ketty et Tom, celle qui a été touchée de plein fouet en 2022 par le cancer du sein appelle à démystifier cette maladie. « Il ne faut pas avoir peur d’aller se faire dépister, fait-elle savoir. J’ai fait partie d’une étude avec le centre Oscar Lambret (centre lillois de traitement du cancer, soutenu à hauteur de 45 000 euros, ndlr). »
Courir en pensant aux autres. Vincent, salarié de l’entreprise Pas-de-Calais Habitat, côtoie au travail deux femmes actuellement souffrantes. « Nous souhaitons mettre notre pierre à l’édifice », souffle-t-il, les yeux embués par l’émotion. Le chrono n’aura aucune importance. Alors que certains échangent au sujet des ravitaillements sans gobelets ni bouteilles au Marathon de Paris, une première mondiale dans le running, Mylène Molitor, inspectrice de la répression des fraudes, a fait le déplacement de Paris avec son compagnon Thibault… et ses deux golden retrievers, Ollie et Topie, 7 et 3 ans, qui ne rechignent pas à se faire câliner. « Je me mobilise uniquement pour les bonnes causes », expose-t-elle.
Il est l’un des rares à ne pas s’être vêtu de rose. Et pour cause, Sébastien Legros a enfilé un tee-shirt bleu de bénévole. Une casquette qu’il a enfilé depuis bientôt une décennie, lors de l’Euro de football 2016. Arrivé à 7h00 le dimanche mais aux manettes depuis jeudi, le consultant en télécommunications s’est chargé de classer, distribuer les dossards et d’orienter les passants avec l’aide de ses vingt collègues. « Attention ça glisse ! », n’a-t-il cessé de répéter, lunettes noires sur le nez. « Lorsque l’on est jeune, on ne voit pas l’utilité du bénévolat. L’ambiance est particulière. Il n’y a pas de stress », glisse celui qui visera moins de 50 minutes au 10 km de Marchiennes le 12 octobre. « Mon fils devrait me devancer », avoue-t-il, tout sourire.
| « De plus en plus de jeunes femmes sont touchées »
Il n’a pas couru mais c’est tout comme. Maxime Sans, manipulateur au centre Oscar Lambret estime que cet événement permet de « rappeler l’importance de la prévention ». Depuis 2004, les femmes âgées entre 50 et 74 ans, peuvent bénéficier tous les deux ans d’un examen de dépistage de qualité. Pilier de la prise en charge des patientes en imagerie du sein, le trentenaire, 11 ans de métier derrière lui, souligne l’avancée de la médecine dans l’anatomopathologie, c’est-à-dire dans l’analyse des tissus dans l’identification des maladies.
Derrière ce vent d’enthousiasme se cache une réalité bien plus sombre. « De plus en plus de jeunes femmes sont touchées, liées à des facteurs environnementaux et génétiques », déplore-t-il. Selon une étude de Santé publique France, en partenariat avec plusieurs instituts, l’incidence (le nombre de nouveaux cas) des cancers du sein enregistrés chez les personnes âgées de 15 à 39 ans a augmenté en moyenne de 1,60 % par an entre 2000 et 2020.
Paul-Olivier Pluquet a troqué son costume d’auteur, interprète et compositeur pour celui de speaker. Si son fils de 10 ans s’est joint à la fête ce dimanche, il n’a pas hésité à rappeler une statistique effrayante : une femme française meurt toutes les heures du cancer du sein. Preuve que la lutte est encore loin d’être terminée.
À l’image de l’histoire de Fanny qui nous rappelle ô combien la vie est précieuse, des milliers de femmes se battent pour leur survie chaque jour en France. Pendant plus de deux heures, des vagues de centaines de participants ont déferlé pour lutter contre le cancer le plus meurtrier chez les femmes.
Renaud Chevalier
Journaliste
