Chebet

Championnats du Monde de Tokyo : Beatrice Chebet reste la reine du 10 000 m

Mondiaux Tokyo10 000 m
13/09/2025 17:32

Sous la chaleur de Tokyo, Beatrice Chebet a ouvert les Mondiaux d’athlétisme en patronne. La Kényane, championne olympique et recordwoman du monde, s’est offert son premier titre mondial sur 10 000 m grâce à une accélération irrésistible dans le finish. Derrière elle, l’Italienne Nadia Battocletti a confirmé son statut de révélation avec une nouvelle médaille d’argent, tandis que l’Éthiopienne Gudaf Tsegay a sauvé le bronze au terme d’une course haletante.


Quatre ans après des Jeux olympiques sous pandémie, Tokyo reçoit les les plus grands athlètes de la planète du 13 au 21 septembre. Le 10 000 m féminin ouvrait, ce samedi après-midi, la première finale sur piste des Mondiaux dans le Stade national de la capitale japonaise avec une affiche de gala et une densité de stars rarement vue sur la distance. Mais au bout des 25 tours, une seule fusée a émergé : Beatrice Chebet. La Kényane, championne olympique et détentrice du record du monde (28’54’’14), a confirmé son règne avec une accélération fulgurante dans la dernière ligne droite et un chrono anecdotique de 30’37’’61. Un premier titre mondial mérité pour la fondeuse kényane qui s’était surtout spécialisé sur 5 000 m (sacrée entre autres aux Jeux olympiques, en Ligue de Diamant mais aussi aux Jeux du Commonwealth et aux Championnats d’Afrique). Elle aspire désormais à rejoindre les légendes comme Tirunesh Dibaba et Vivian Cheruiyot en réalisant un doublé 5 000 m / 10 000 m en Championnats du monde. À 25 ans, Chebet a donc décidé de manger les parts de gâteaux de plusieurs spécialités. Avec réussite, pour l’instant.

« C’était une course difficile et très tactique, mais j’ai couru les 800 derniers mètres très fort. Tsegay a beaucoup poussé et j’ai dû continuer. J’ai couru 1 500 m en Silésie, donc mon esprit était comme si j’étais à la course de 1 500 m. J’ai dû pousser et suivre, et me motiver, mais je voulais tellement cette médaille d’or. Je n’avais jamais gagné l’or aux Championnats du monde, alors je me suis persuadé de l’obtenir. Cela me trottait dans la tête pendant la course. Ce titre signifie beaucoup pour moi et j’espère qu’il motivera les jeunes athlètes. (…) La saison a été longue, nous allons donc fermer la saison et partir en vacances. Peut-être qu’après Los Angeles (les Jeux olympiques de 2028), j’essaierai le marathon. Mais pour l’instant, je reste sur la piste. »

Beatrice Chebet, championne du monde du 10 000 m

| Battocletti encore en argent

L’exploit de Beatrice Chebet a bien été aidé par l’absence d’une prétendante qui aurait pu la titiller férocement. Titrée sur la distance aux Mondiaux de Doha en 2019 et championne olympique dans la même enceinte tokyoïte (2021), Sifan Hassan ne pouvait tenir sa place lors de ces Championnats du monde nippons, bien qu’elle ait annoncé sa présence au Marathon de New-York le 2 novembre prochain. Ce qui a profité à l’Italienne Nadia Battocletti, brillante deuxième de la course, comme lors des derniers mondiaux (record national en 30’38”23). La Transalpine de 25 ans sera accompagnée de l’Éthiopienne Gudaf Tsegay (30’39’’65) sur le podium, elle qui aura payé son accélération précoce dans les derniers mètres.

| Un départ de feu, un peloton vite explosé

Portée par le public, la Japonaise Ririka Hironaka (6e en 31’09″62) avait osé prendre les devants dans les premiers tours, déclenchant les ovations du stade. Mais le plan kényan ne tarda pas à se mettre en place. Relayées par Agnes Jebet Ngetich puis Chebet, les favorites ont durci l’allure avant la mi-course. Résultat : un peloton dynamité et plusieurs victimes, dont l’une des prétendantes à la breloque, Janeth Chepngetich, contrainte à l’abandon. Derrière, les Éthiopiennes, fortes de leur triplé mondial à Budapest en 2023, restaient groupées avec Fotyen Tesfay, Ejgayehu Taye et surtout Tsegay, la championne du monde en titre. Mais seule cette dernière parvenait à répondre aux changements de rythme.

| Un dernier kilomètre incandescent

Au milieu de cette bagarre africaine, une Européenne a tenu tête. Battocletti, l’Italienne, a collé au groupe de tête dès le 5e kilomètre. Patiente, solide, elle n’a jamais cédé malgré les accélérations kényanes et éthiopiennes. Comme à Budapest deux ans plus tôt, elle s’est accrochée pour jouer sa carte au sprint. Tout s’est décanté après 9 000 m. Tsegay a lancé une première attaque, lâchant Taye et faisant monter la tension. Restait alors un quatuor de feu : Chebet, Ngetich, Battocletti et Tsegay. La Kényane a attendu son moment, puis a placé une accélération tranchante dans le dernier 200 m. Imprenable, elle filait vers l’or. Derrière elle, Battocletti décrochait une magnifique médaille d’argent. « Je commence à aimer les médailles d’argent, s’amusait la jeune fondeuse originaire du Nord de l’Italie, en zone mixte. Cette année a été difficile, après les Jeux olympiques de l’année dernière, mais je savais que j’étais prêt à courir vite. C’est vraiment important pour une fille européenne de gagner une médaille à cet événement avec tous les coureurs africains. Dans le dernier tour, j’ai réalisé que j’étais un peu trop loin de l’athlète de tête. Je voulais aller plus vite sur les 300 derniers mètres. Malheureusement, j’ai raté un moment pour l’or, mais je suis fier. »

| Gudaf Tsegay se contente de la 3e place avant le 5 000 m

Du haut de ses 28 printemps, Tsegay, elle, a dû cravacher dans les derniers instants pour s’adjuger le bronze et ne boudait pas sa joie à l’issue de ce 10 000 m de haute volée. « Les Championnats du monde sont toujours très spéciaux pour moi, réagissait la championne du monde 2022. Obtenir ma cinquième médaille est quelque chose d’incroyable. Cela signifie beaucoup, non seulement pour moi, mais aussi pour toute l’Éthiopie. Venir ici en tant que championne du monde en titre était une énorme responsabilité et j’ai fait tout mon possible pour défendre mon titre. J’avais le contrôle de la course à neuf kilomètres, mais ensuite j’ai décidé de pousser. Ce n’était pas une erreur tactique. Physiquement, j’étais prêt pour un finish rapide, mais le plus grand défi pour moi était la météo. Même si je me suis entraîné dans des conditions chaudes, je ne m’attendais pas à une humidité aussi élevée. J’ai fait de mon mieux, mais les autres filles étaient un peu plus rapides à la ligne d’arrivée. C’est notre sport. C’est incroyable et imprévisible. » Ngetich, longtemps à la lutte, craquait dans les derniers mètres (30’42’’66), tandis que Taye (30’55’’52) terminait bien plus loin des meilleures. Toutes ces championnes de la distance, s’il n’y a pas d’accidents de parcours en demi-finales, se retrouveront samedi prochain (14h29) pour un grand rendez-vous sur 5 000 m où viendra sûrement s’intégrer la redoutable Faith Kipyegon.


Dorian VUILLET
Journaliste

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