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Course de l’Escalade : Jimmy Gressier fait sauter la banque à Genève
Ce week-end, la 47e édition de la Course de l’Escalade, la course à pied la plus populaire de Suisse dans la Vieille-Ville de Genève, a été le théâtre du triomphe de Jimmy Gressier qui effectuait son retour à la compétition depuis les Mondiaux de Tokyo.
À 14h35 pétantes ce dimanche, ce sont d’abord les élites féminines qui se sont élancées pour trois boucles, soit 7,323 km, depuis la rue de la Croix Rouge. Parmi elles, Aude Clavier, la partenaire du champion du monde du 10 000 m, ainsi que Manon Trapp, Anaïs Bourgoin et bien d’autres. Dans la foulée, à 15h10 précises, les meilleurs coureurs masculins ont pris le départ sur la même distance, mais à une allure plus soutenue. Le premier à rallier la ligne d’arrivée, située au parc des Bastions, est donc Jimmy Gressier, en 20’34, largement détaché.
| Jimmy Gressier renoue avec la compétition avec brio
Le Boulonnais, sacré champion du monde du 10 000 m à Tokyo en septembre dernier, effectuait son grand retour à la compétition ce dimanche. Rien d’étonnant à ce que ce soit sur cette course, car le Boulonnais de 28 ans l’affectionne particulièrement, pour sa simplicité, son ambiance chaleureuse et la bataille acharnée qu’elle lui impose chaque année. L’an dernier, le Suisse Dominic Lobalu l’avait coiffé au sprint, offrant au public l’un des finish les plus disputés de l’histoire de l’épreuve. Cette fois, pas de répit pour ses concurrents, puisqu’il les a eus à plate couture. Dès la mi-course, il a pris les commandes, sans jamais se retourner sur ses poursuivants, le Kényan Boniface Kibiwott et le Néerlandais Mike Foppen. Le Nordiste a pu savourer sa victoire en survolant les derniers mètres, tel un roi parfaitement à son aise.
« Je voulais prendre ma revanche après ma deuxième place l’an passé où il avait fallu attendre la photo-finish. Aujourd’hui je me suis débrouillé pour ne pas avoir de photo-finish et d’être sûr d’être le vainqueur. Je suis parti plus tranquille pour avoir des jambes au milieu du parcours. C’est vraiment une bataille d’homme à homme qui est important, avec aussi donner du plaisir au public. Je repars satisfait ! »
Jimmy Gressier
Les autres Français n’ont pas démérité. Le champion d’Europe du 3000 m steeple 2024, Alexis Miellet, contraint de lever le pied cet été en raison d’une facture de fatigue, décroche une très belle onzième place, juste devant le spécialiste du 1500 m Romain Mornet, seulement six dixièmes derrière. Flavien Szot, vainqueur du 10 km des Voies Royales, prend la quatorzième place, et le troisième du Paris-Versailles, Sacha Liguori, du CA Montreuil, la 32e.
| Winnie Jeptarus en patronne, les Françaises rayonnent
La Kényanne Winnie Jeptarus s’offre la victoire au terme d’un dernier tour endiablé, en 23’39, suivie de la Néerlandaise, actuelle détentrice du record d’Europe du 5 km route, Diane Van Es et de sa compatriote Sylvia Changeiwo. Manon Trapp prend une belle cinquième place à moins d’une minute de la gagnante, tout de violet vêtue, le sourire aux lèvres comme à son habitude, encouragée par son compagnon Faustin Guignon, vainqueur de Paris-Versailles il y a deux mois. La finaliste des Mondiaux sur 3000 m steeple, Flavie Renouard, termine neuvième, juste devant la championne de France du 5000 m, Aude Clavier, dixième, à seulement quatre secondes d’écart.
L’Ardéchoise Mélanie Allier suit de près. De retour d’un camp d’entraînement en Afrique du Sud, la médaillée de bronze aux Championnats de France Elite du 1500 m cet été, Bérénice Cleyet-Merle, finit quant à elle dix-septième, tout aussi resplendissante que lorsqu’elle s’est imposée sur le 10 km des Voies Royales aux côtés de compagnon, Flavien Szot. Sa grande amie, la deuxième performeuse française de tous les temps sur 800 m, Anais Bourgoin se classe 22e place.
| Des courses pour tous, de la fête à la performance
À la Course de l’Escalade, tout le monde trouve chaussure à son pied. Le samedi, la célèbre Course de la Marmite a mis Genève en fête : Super Mario, Teletubies, M&Ms ou dinosaures, plus de 5000 participants s’étaient déguisés. Pas de chronos, pas de podiums, juste le plaisir de courir dans les rues pavées, entre volées de marches et pentes exigeantes, sous les encouragements d’un public omniprésent sur les balcons et trottoirs. Le dimanche, place à la course FlexiMix qui a réuni jusqu’à 3000 participants, où chacun a évolué à son rythme et a choisi le nombre de tours à effectuer, 1, 2 ou 3, sur 3,6 km vallonnés, le tout dans une ambiance conviviale et non compétitive.
Pour les plus expérimentés, l’Escaladélite demeure l’épreuve reine : 7,323 km, trois tours exigeants, pour les coureurs capables de gérer le relief technique et les pavés genevois. Les 166 femmes et les 558 hommes sur la ligne de départ ont du justifier d’un temps de référence ou passer par les « blocs d’allure » pour espérer se qualifier pour l’élite l’année suivante. Une manière de concilier tradition, plaisir et performance.
Cette édition s’est conclue avec les traditionnels relais, composés de deux coureurs par équipe se relayant sur quatre tours d’environ 1,7 km chacun. Dans le relais hommes, ce sont Cancela et Orler, au nom d’équipe éponyme, qui l’ont emporté en 21’32. Du côté des femmes, deux amies, sous le nom de duo « À la der », franchissent la ligne d’arrivée en première en 24’50. Enfin, sur le relais mixte, la fratrie Warpelin, sous l’acronyme « Les Warpi », l’a emporté en 23’02.
| Une renommée qui ne se dément pas
Cet événement genevois, joyeux et populaire, attire chaque année des milliers de coureurs : plus de 46 000 en 2023, faisant de l’événement la course pédestre la plus importante de Suisse et l’une des plus emblématiques d’Europe. Son succès repose sur un savant équilibre : être conviviale et fédératrice pour le grand public, tout en restant hautement compétitive, avec des élites nationales et internationales offrant un spectacle inspirant pour les jeunes. L’histoire de l’événement, qui commémore l’assaut de Genève par les troupes savoyardes en 1602, contribue également à son aura. Enfin, son parcours atypique, entre pavés, escaliers et montées techniques, représente un véritable défi, surprenant même les athlètes de haut niveau.
Le découpage de la marmite en chocolat par les vainqueurs de l’Escaladélite hommes et femmes a marqué la fin de cette 47e édition, pluvieuse mais joyeuse. Avec 3300 enfants au départ de trois épreuves adaptées à leur âge, les jeunes ont pu admirer les champions en action, des étoiles plein les yeux.
Sabine LOEB
Journaliste
