© NN Running Team
Eliud Kipchoge tire sa révérence et lance son “World Tour” : 7 marathons sur 7 continents pour continuer à inspirer le monde
Dimanche dernier, Eliud Kipchoge a franchi la ligne d’arrivée du Marathon de New York, le visage marqué, les yeux embués. Une 17e place en 2h14’36, un chrono anecdotique à l’aube de ses 41 ans, mais un symbole immense : le champion kényan venait de compléter son ultime quête, celle des six World Marathon Majors. Pour beaucoup, cette image marquera la fin d’une ère. Celle du plus grand marathonien de tous les temps, celui qui a marqué l’histoire en repoussant les limites du possible. Double champion olympique, quintuple vainqueur à Berlin, quatre fois roi de Londres, recordman du monde à deux reprises, et bien sûr, premier homme à courir un marathon en moins de deux heures. Mais pour Kipchoge, chaque ligne d’arrivée en cache une autre, plus grande encore. Son prochain défi, nommé « Eliud Kipchoge World Tour », est à la hauteur de sa légende : courir sept marathons sur les sept continents en deux ans.
| L’homme qui a redéfini le marathon
Avant de devenir le plus grand marathonien de l’histoire, Eliud Kipchoge a fait ses armes sur la piste. Né en 1984 à Kapsisiywa, au Kenya, il s’impose dès ses débuts sur le 5000 m. Champion du monde à 18 ans, c’est le début d’une grande histoire d’amour avec la course à pied. Médaillé olympique d’argent et de bronze, il fait déjà preuve d’une endurance hors norme et d’un mental d’acier. Et après dix années passées sur la piste, il se tourne vers la route, là où sa légende va réellement s’écrire.
Sur marathon, Kipchoge a tout gagné. 16 victoires au total, dont 5 à Berlin, 4 à Londres et une à Chicago et Tokyo. En 2018 puis en 2022, il bat à deux reprises le record du monde à Berlin, confirmant sa domination mondiale sur la discipline. En 2019, il entre définitivement dans la légende en cassant la barrière symbolique des 2 heures sur marathon avec un chrono de 1h59’40 lors du défi INEOS 1:59 Challenge. Ce jour-là, il prouva au monde entier que les limites que l’on se fixe sont faites pour être dépassées.
Double champion olympique à Rio 2016 et Tokyo 2020, Kipchoge n’a pas seulement accumulé les médailles, il a aussi incarné la perfection du geste, la rigueur du travail et la philosophie du marathon. Sa foulée est devenue une signature, son calme un exemple et son sourire pendant la difficulté une leçon de vie.
© Eliud's Running World
| Le dernier chapitre d’une légende vivante
Son parcours, rempli de discipline et d’humilité, a inspiré des millions de coureurs à travers le monde. Parti d’un petit village du Kenya, il a conquis le monde du sport sans jamais trahir ses valeurs. Toujours souriant, toujours mesuré, toujours à l’écoute. Dans son camp d’entraînement de Kaptagat, il a fait de la rigueur une religion et de la simplicité un art de vivre. « No Human Is Limited » : ce mantra qu’il a rendu célèbre n’était pas qu’un slogan marketing, mais un véritable manifeste de vie. En 2017, il est même invité par la prestigieuse université d’Oxford en Angleterre pour partager les secrets de son succès.
Eliud Kipchoge a transformé la course à pied en philosophie. Il a montré que courir pouvait être un acte de foi, de patience, de paix intérieure. Ses exploits, ses records, n’étaient que la conséquence d’une préparation minutieuse, remplie de joie quotidienne et de partage avec ses coéquipiers d’entraînement. Ces dernières années, son corps a commencé à rappeler qu’aucune légende n’échappe au temps. Pourtant, fidèle à lui-même, il s’est toujours élancé avec les plus rapides, pour inspirer le monde une dernière fois avant de ralentir. À 41 ans, il ne cherche plus à défier le temps mais choisit désormais d’avancer autrement.
| Eliud’s Running World : courir pour le monde
Son nouveau défi, dévoilé juste après le Marathon de New York, a un goût d’humanité et de poésie : courir sept marathons sur les sept continents. L’Afrique, l’Europe, l’Asie, l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Océanie et même… l’Antarctique.
Le projet Eliud’s Running World, soutenu par son clan NN Running Team, s’étendra sur deux ans. Ce n’est pas seulement un défi sportif, mais une aventure humaine et culturelle. L’idée : unir les coureurs du monde entier autour d’une même passion et porter un message universel, celui d’un monde en mouvement où la course à pied relie les peuples.
Chaque étape soutiendra des initiatives locales via la Fondation Eliud Kipchoge, qui œuvre pour l’accès à l’éducation et la protection de l’environnement. Courir pour apprendre, courir pour respirer, courir pour construire. Parce que Kipchoge a toujours développé un fort sentiment de solidarité depuis son plus jeune âge. Dans ce projet, l’objectif est aussi de lever des fonds pour financer la construction de bibliothèques, de programmes éducatifs et de projets écologiques aux quatre coins du globe. Le champion le dit lui-même : ce n’est plus une quête de médailles, mais une mission de transmission.
« Parce qu’un monde qui court est un monde heureux.
Un monde qui court est un monde en bonne santé.
Un monde qui court est un monde en paix. »
Eliud Kipchoge
| De l’Asie à l’Antarctique : un monde à relier
Ce projet incarne parfaitement le nouveau visage de Kipchoge : un athlète devenu ambassadeur de la planète running. Il ne cherche plus à battre des records, mais à bâtir des ponts. À 41 ans, il se tourne vers un défi plus symbolique que chronométrique : faire du monde un terrain de course commun.
Oubliez les podiums des grands marathons. Le Eliud Kipchoge World Tour sera une aventure collective, que ce soit sur les routes de l’Océanie, les plaines africaines ou la glace de l’Antarctique. Chaque course sera l’occasion d’écrire un nouveau chapitre dans sa quête : celle d’un homme qui n’a jamais cessé de croire que la course pouvait changer le monde.
En quittant la scène des grands marathons, Eliud Kipchoge va laisser un vide immense. Alors certes, il y a toute une génération de talents prêts à courir toujours plus vite. Mais Kipchoge restera le plus grand marathonien de l’histoire pour beaucoup de passionnés. Ses valeurs, son aura et ses performances ont façonné l’histoire du marathon moderne. Désormais, le champion kényan va transformer ses exploits sportifs en aventures humaines. Un symbole fort avec toujours l’incarnation de son mantra le plus puissant : No Human Is Limited. Avec son « World Tour », il ne part pas pour une tournée d’adieux mais prend un nouveau départ. Une manière de rendre à la course ce qu’elle lui a offert : un sens, une communauté et une voix. La sienne continuera de résonner, lente, posée, inspirante, comme le bruit régulier de ses foulées sur les plus grands marathons du monde.
✔ Retrouvez toutes les informations du projet Eliud’s Running World sur le site officiel
Clément LABORIEUX
Journaliste
