Marathon International de Deauville : Guillaume Ruel et Sélina Leroy ont fait leur festival
Ils ont fait vibrer les Planches. Les Normands Guillaume Ruel (Stade Saint-Lô) et Sélina Leroy (Rouen) ont remporté, ce dimanche, l’épreuve reine du Marathon International de Deauville. Sous une météo idéale et devant une foule impressionnante, ils ont avalé les 42,195 km en 2h21 et 2h39.
En ébullition dès l’aube, la journée a démarré très tôt. Environ 7900 coureurs se sont élancés sur le semi-marathon à 8h. Puis 4000 marathoniens ont pris le départ à 10h, en comptant les coureurs classés individuellement, les relais à deux et les relais à quatre. Au total, plus de 19 000 participants ont franchi la ligne d’arrivée sur l’ensemble des épreuves. Les rues de la station balnéaire étaient pleines comme rarement, transformées en un long couloir humain où encouragements, cloches et applaudissements ne se sont jamais arrêtés.
| Organisation huilée et affluence record
À l’image de l’événement, le retrait des dossards s’est déroulé sans accroc les jours précédents : malgré une file impressionnante, les coureurs n’ont patienté qu’une dizaine de minutes. L’édition 2025 a affiché encore complet sur plusieurs épreuves : relais, semi-marathon, 10 km dès la mi-septembre. Faute au cadre de ce parcours entre mer, villas iconiques et planches légendaires ? L’élégance balnéaire jusque dans le dernier souffle.
Dans la continuité d’autres grands rendez-vous running, le Marathon de Deauville se veut plus vert. Les organisateurs ont poursuivi leurs efforts environnementaux en mettant fin au t-shirt automatique, désormais optionnel, mieux conçu et plus durable. De plus, les sachets plastiques à usage unique ont été supprimés et remplacés par des sachets réutilisables. Une volonté assumée de réduire l’empreinte carbone d’un événement qui avait rassemblé 11 000 participants en 2023, et qui en réunit aujourd’hui 6000 de plus.
| Les Normands Ruel et Leroy au sommet
Il n’y a pas eu de suspense dans les derniers kilomètres : Guillaume Ruel a creusé l’écart et s’est offert, en patron, la victoire sur les Planches, tout en légèreté. Le coureur normand, premier Français sur le Marathon Côte d’Amour Amarris et qui revêt régulièrement le maillot du club de Saint-Lô pour ces occasions, n’a pas souffert de la concurrence, bouclant la distance en 2h21’44. « C’est un plaisir de gagner à domicile, en tant que Normand. C’est la troisième fois de suite que je cours à Deauville et je suis toujours satisfait. Ça a accéléré fortement au 25e km, j’ai un peu tamponné. J’ai laissé 50 mètres avec le premier (Alexander Kiprop), et je l’ai rattrapé au 32e km. Il restait 10 km donc j’ai accéléré pour créer un écart suffisant pour gagner ».
L’actuel détenteur du record d’Europe du 50 km en 2h45’32, devance d’une grosse minute Alexis Garod, deuxième en 2h23’02, pas de record personnel à la clé, mais l’amour indéfectible de sa femme, qui n’a pas cessé de l’encourager dès qu’elle le pouvait. Encore quatrième au 20e kilomètre, la clé de sa remontée réside sans doute dans le soutien de cette supportrice hors du commun. Le kinésithérapeute rit d’ailleurs de la « petite raclée » d’environ 1’30 qu’il s’est prise, remerciant chaleureusement le vainqueur « pour la leçon de course à pied ». Le Kényan Alexander Kiprop termine troisième en 2h23’34.
Après sa victoire à Rennes il y a trois semaines, la sociétaire de l’ASPTT Rouen, Sélina Leroy, remet ça sur une course à la configuration assez similaire, avec un chrono légèrement en deçà : 2h39’56. Elle a imité son compatriote normand et s’adjuge la victoire, loin devant ses concurrentes. Un doublé normand dans une ambiance chauffée par des milliers de spectateurs. La Villefranchoise, Zoé Hamel, s’octroie la deuxième place en 2h42’20, reléguée à près de deux minutes et trente secondes. La sœur jumelle de la gagnante, la « mini twin », Malory Leroy, rejoint sa sœur sur la boite grâce à un temps de 2h44’53.
Le record du marathon, détenu depuis 2022 par le Kenyan Titus Komen (2h16’19), n’est pas tombé. Pas de chrono historique cette année, mais un chapitre régional que le public n’est pas près d’oublier. En prime, le beau podium des jumelles Leroy, coureuses de fond et d’ultrafond, victorieuses de la dernière édition des 100 km de la Somme à Amiens en 2024 : l’une championne de France en 7h49, l’autre troisième en 7h54.
| Les Marocains doublent la mise
Sur le semi-mararthon, les performances ont donné le ton : Leonard Kipngeno s’impose en 1h02’59 et inscrit son nom au palmarès du semi-marathon 2025, sans pour autant faire tomber son record sur la distance d’1h43. Il a gagné avec une petite marge de sécurité d’une vingtaine de secondes sur ses poursuivants : le vainqueur du 10 km la veille, Soufiyan Bouquantar, représentant le Val d’Europe Montévrain Athlétisme en 1h03’19, un coureur bien connu des courses hexagonales françaises, et David Shesereck, troisième en 1h03’21.
La Marocaine Hanane Bouaggad, étudiante en travail social, prend la première place chez les femmes en 1h14’37, après avoir déjà remporté le 10 km le samedi. Un week-end complet pour elle, puisqu’elle devance la triathlète internationale Méghan Bazire, licenciée aux Tritons Meldois et également à Racing Multi Athlon, deuxième en 1h15’53, et Caren Barsosio en 1h17’02.
| Les jeunes à l’honneur sur le 5 km
Kévin Landier a fait cavalier seul pour s’imposer sur le 5 km en 15’10. Cinquième du mythique 20 km de Tours, il a profité de la course pour refaire un peu de vitesse, avant sa grosse séance du lendemain. Derrière lui, l’espoir Sacha Falck des Piranhas Triathlon termine à 21 secondes, tandis que le cadet de seulement 16 ans, Arthur Faudet (ACO Sourdeval) boucle l’épreuve en 15’38, envoyant son record personnel aux oubliettes.
Née la même année (2009), Justine Jamard l’emporte chez les féminines en 17’39, suivie de ses compatriotes du Caen Athletic Club. L’espoir Maelys Lebleu laisse filer la victoire de quelques secondes (17’43). Clara Ledure complète le podium en 18’11. La senior n’a pas démérité, mais a eu fort à faire face aux jeunes pousses prometteuses de son groupe d’entraînement.
Cette édition a prouvé une fois de plus que Deauville sait mêler performance et ambiance conviviale. Qu’il s’agisse d’affaires de famille ou de clubs locaux, les différentes courses organisées tout au long du week-end ont répondu aux attentes de chacun. Ceux en préparation d’une future échéance plus importante ou juste venus pour profiter du cadre marin y ont trouvé leur compte, et c’est ça qui compte.
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Sabine LOEB
Journaliste