Les Voies Royales de Saint-Denis 2025 : La fête de la course à pied au Stade de France
Ce dimanche 26 octobre, les Voies Royales de Saint-Denis ont réuni le gratin de la course à pied parisienne autour du marathon, du semi-marathon, du 10 km international et du 5 km, avec une arrivée commune sur la célèbre piste violette du Stade de France.
Fixés tous deux à 8 heures, ce sont finalement les marathoniens qui ont eu le privilège de s’élancer les premiers, suivis une quinzaine de minutes plus tard par les semi-marathoniens. Les deux distances ont souri aux Belges, Sébastien Mahia a réalisé le doublé après sa victoire de l’an passé sur les 42,195 km, tandis que Grégoire Doison s’est emparé du titre sur les 21,0975 km.
La reine et le roi de la matinée ne sont autres que Bérénice Cleyet-Merle et Flavien Szot, le couple radieux, habitué des pistes de France et d’ailleurs, parfois sous les couleurs de l’équipe de France sur 1500 m. Dès son lancement, l’événement n’a cessé de mettre en lumière les plus audacieux. Les victoires, parfois arrachées sur la ligne d’arrivée, ont fait vibrer un public avide de ces podiums aux allures de batailles affectueuses. Car au-delà de la compétition, c’est bien l’harmonie qui prime. Royal.
| Sébastien Mahia remporte le marathon
Après avoir déjà fait sensation l’an dernier en 2h42’04, le Belge Sébastien Mahia a récidivé ce dimanche, et en mieux. Il franchit la ligne d’arrivée en 2h41’02, avec plus d’une minute d’avance sur son poursuivant, fier de représenter son pays de cœur, les États-Unis, où il s’est illustré cette année en remportant les 100 km de New York. Engagé en tant qu’« Américain » sur la course, cet ultrafondeur enchaîne les marathons autour de 2h40 sans véritable entraînement. Il s’agissait d’ailleurs de son troisième marathon du mois d’octobre. « Je suis très lié à la ville de New York », confie-t-il. 
Mahia creuse l’écart autour du 28e kilomètre, contrairement à l’an passé, où la victoire s’était jouée sur la piste du Stade de France. « C’est sûr qu’il y avait un peu moins de suspense à la fin, admet-il. Les cinq derniers kilomètres, j’étais en sécurité, j’ai géré tranquillement. Le chrono m’importait peu, je rêvais surtout de faire le doublé ! ». Amusant autant qu’impressionnant, le marathonien s’était même offert le record du monde du marathon déguisé en abeille le week-end précédent, à Anvers, un clin d’œil à son nom, « Mahia ».
Derrière lui, Hugo Basset (2h42’41) et Geoffrey Zietek (2h45’36) complètent le podium. Pour sa première sur la distance, le premier savoure « C’était de la découverte, je ne savais pas comment ça allait se passer après le 30e km. J’ai vu que le premier était loin, alors j’ai préféré gérer. J’arrive pas trop fatigué, je suis content ! ». Le second, lui, n’en revient toujours pas. « Je visais 2h47, donc être sur le podium, c’est une surprise. J’ai doublé trois coureurs à 2 km de la fin, alors que j’étais cinquième pendant presque toute la course ! »
| Le retour triomphant d’Abbygaelle Zinberg
Chez les femmes, la victoire porte le prénom d’Abbygaelle Zinberg en 3h12’00. À l’arrivée, la coureuse ne peut retenir son émotion, victime d’une rupture des ligaments croisés il y a seulement neuf mois. « Ça me touche parce que je ne m’y attendais pas. Je m’étais placée dans le sas 3h30 et, dès le début, je me suis sentie bien ! J’ai suivi le meneur d’allure 3h15, puis après le premier semi, je me suis échappée. On était deux filles, et au 10e km, je me suis détachée ». 
Derrière elle, Émilie Pereira s’offre un superbe podium pour ce qu’elle appelle son « vrai premier marathon ».« J’étais pas venue pour faire un podium. Je ne savais pas à quoi m’attendre sur le chrono. Déjà faire moins de 3h45, c’était bien, 3h30 encore mieux… alors moins de 3h18′, c’est parfait ! ». Partie prudemment, elle a su remonter au fil des kilomètres. « J’ai commencé à doubler et j’ai repris la troisième à moins de 10 km de l’arrivée ». Ses prochaines échéances ? Des run & bike et des trails hivernaux, histoire de garder le rythme.
Enfin, la Lyonnaise Valentine Bonnin (3h21’39) complète le podium. Pour son troisième marathon, elle décroche une place qu’elle n’imaginait pas « Je voulais faire moins de 3h30, j’ai fait 3h21 donc je suis super contente ». Cette course solitaire, libre dans sa pratique, compte s’accorder un mois de repos avant de reprendre la route des semi-marathons et marathons, avec un nouvel objectif déjà fixé en avril prochain.
| Le Belge Doisin Grégoire éteint la concurrence sur le semi
En tête avec Abraham Kimutai dès les premiers mètres, Grégoire Doison s’empare définitivement de celle-ci lorsque son concurrent direct, le Kényan prend la mauvaise direction. Pour son premier semi-marathon, le Dourois assure en s’offrant la victoire en 1h06’46, une belle récompense pour le club de l’US Valenciennes Athlétisme qu’il vient de rejoindre cette année. « Je me lance sur les longues distances cette année. C’est la nouveauté ! Je me suis affilié à Valenciennes pour faire des cross en France, pour changer un petit peu. ». 
Près de trois minutes après, Lilian Eudier monte sur la deuxième marche du podium en 1h09’43, après la même place l’année dernière sur le semi de la Grande Course du Grand Paris. « J’étais venu pour le podium en même temps que ma prépa du marathon de Valence. Content de la forme, du volume et de la course ! ». Le représentant du Sam Paris 12, Thierry Rommel, sera lui aussi à l’affiche du marathon de Valence. Un peu déçu de ne pas être passé sous les 1h10, il a quand même pu profiter d’un belle troisième place en 1h10’42.
| Cécile Vatan accomplit sa mission avec brio
Chez les femmes, la victoire est revenue à Céline Vatan, sociétaire du club de Villefranche-sur-Saône, encouragée tout au long du parcours par son mari et leurs deux filles. Une victoire inattendue, puisqu’elle était venue avant tout pour décrocher un bon sas de départ pour le marathon de Valence. « J’étais devant tout le long, mais je me relayais avec des hommes qui me rattrapaient. Je visais surtout un chrono, 1h23. Et j’ai fait 1h22, donc objectif atteint ! ». Ancien record personnel effacé, elle est désormais prête pour Valence avec ce nouveau temps de référence de 1h22’08. 
Marlène Hamon mérite, elle aussi, sa médaille pour sa première participation sur la distance en 1h23’53. Il y a un an, elle était en congé maternité, après avoir donné naissance à des jumeaux. « Je voulais me retester sur route, parce que j’avais dû arrêter pendant la grossesse. L’arrivée est géniale, et on a eu des conditions parfaites. Ça fait environ huit mois que je me prépare. C’est mon record, le dernier, c’était 1h31. Là, j’étais mieux préparée, avec les enfants qui me poussent, l’ambiance, et mon meilleur ami à mes côtés ! ». 
À seulement 19 ans, la triathlète Lila Bardi du club de Corbeil-Essonnes, décroche une belle troisième place en 1h24’37, en pleine préparation pour les Championnats du monde d’Ironman, prévus dans deux semaines. « Je ne pensais pas faire un podium, mais j’avais de bonnes jambes. Ce n’était que mon deuxième semi. Je suis encore jeune, j’ai seulement 19 ans. C’était une course de préparation, avec la forme du moment. »

| La love story d’un couple royal sur le 10 km
Le 10 km international a offert aux spectateurs réunis dans les tribunes un très beau spectacle. Le podium s’est joué dans un mouchoir de poche, les trois premiers se tenant en moins de 17 secondes. C’est Flavien Szot du club d’Entente Savoie Athlé qui s’impose en 30’18, bientôt rejoint par sa compagne, Bérénice Cleyet-Merle, victorieuse elle aussi, six minutes plus tard. Pour sa deuxième apparition sur la distance, la demi-fondeuse, troisième des Championnats de France Elite 2025 sur 1500 m et licenciée à A. Villeneuve-la-Garenne, remporte la course en 36’18. Elle retrouve son compagnon tout sourire à l’arrivée « T’as gagné ? » Et la réponse est évidente, pour tous les deux. « Je me suis fait plaisir ! Je l’ai couru un peu comme un entraînement, mais je me rends compte que j’adore. Les gars autour de moi m’ont encouragée. On est venus avec Flavien et Renaud (Clerc, 7e des Jeux paralympiques sur 1500 m), on s’est inscrits il y a deux jours, et on a bien fait ! Notre coach nous avait prévu une séance de 7 km à allure spécifique, mais je l’ai faite tranquille parce que je voulais gagner. »
De son côté, Flavien Szot était aussi venu pour un simple entraînement, avec l’idée de courir à 3’00/km. Mais très vite, le plan a changé « Je suis parti avec deux Kényans, on a fait le premier kilomètre en 2’35… J’ai compris qu’il fallait jouer la gagne ! Je suis resté derrière eux jusqu’au 7e km, puis je suis passé devant. Petit à petit, j’ai creusé l’écart. À la fin, j’avais une centaine de mètres d’avance. » Le crossman a retrouvé des sensations familières « Le parcours faisait très ‘cross’, ça monte un peu, il y a de la terre… c’était cool. »
| Un podium de marathoniens sur le 10 km
Deux Kényans, Abraham Kimutai et Kevin Kibiwot, complètent le podium en 30’31 et 30’35. Tous deux s’entraînent depuis peu en Allemagne, mais ont prévu un retour prochain au Kenya pour préparer la suite de leur saison, avec notamment plusieurs marathons en ligne de mire.
Chez les femmes, la deuxième place revient à Chloé Conan, une coureuse en pleine progression, ravie de son chrono : « Je venais pour battre mon record et quand j’ai entendu que j’étais deuxième, je me suis dit ‘bénéf !’. Avant, c’était 37’44, et là 37’22. Devant, c’est pas n’importe qui. Je suis en préparation du marathon de Valence en moins de 3 heures ». La course fut disputée : « J’ai bataillé avec deux autres filles, on était en 3e, 4e, 5e positions au 5e km. Je me sentais bien, j’ai accéléré. J’avais un bon groupe de garçons autour de moi, ça m’a aidée à me protéger du vent. Le podium, c’est que du bonus ». Une autre Chloé, du nom de Christiaen, complète le podium en 37’49.
| Les spécialistes du 800 m brillent sur le 5 km
Le 5 km a, lui aussi, régalé le public encore nombreux dans les tribunes à près de 13 heures. L’ancien coureur de 800 m, Pierrick Loir, s’est imposé à quelques mètres de l’arrivée, franchissant la ligne en 15’52 grâce à son finish. Déjà troisième l’an passé, il réitère l’expérience cette année avec brio, en montant sur la plus haute marche du podium. « J’ai couru un peu moins vite, mais j’ai essayé de gagner aujourd’hui. Le parcours n’est pas idéal pour faire un chrono, donc j’ai voulu prendre du plaisir. Entre gagner en 15’50 et faire troisième en 15’35, j’ai choisi le plaisir. Cette fois, j’ai couru entouré, alors que l’an dernier j’étais tout seul ». Le coureur s’alignera bientôt sur le 10 km de Bordeaux, une première pour lui sur cette distance.
Derrière lui, Brice Panchot, habituellement présent sur les événements running en tant qu’attaché de presse de l’agence Com’Over, prouve qu’il n’est pas seulement à l’aise en coulisse. Il décroche une superbe troisième place en 15’57, au terme d’un sprint haletant dans l’arène du Stade de France. La course s’est rapidement décantée, quatre hommes se sont détachés dès le premier kilomètre, avant que le duo de tête ne prenne une quinzaine de mètres d’avance sur les poursuivants. « On les a eus en vue toute la course, raconte Brice. En entrant dans le stade, j’ai tenté un dernier coup d’accélération pour revenir, mais c’était un peu tard. Je termine juste derrière un copain de mon club, donc je suis super content ! » Son camarade de VMA, Alexandre Cheny, finalement deuxième en 15’53, confirme : « Copains sur la piste et dans la vie ! J’ai mené tout le long, je me fais doubler à la fin, mais c’est la course. Heureuse, je partage le podium avec lui. » 
Chez les femmes, la Bosnienne Emina Alagic (18’11) s’offre une victoire de prestige pour son arrivée à Paris. Étudiante en journalisme sportif, présente en France pour un semestre, elle savoure sa première course dans la capitale « Je ne m’attendais pas du tout à gagner. C’est incroyable de courir dans un stade aussi mythique ! ». Derrière elle, la représentante de l’Entente PUC-Stade Français, Célia Louiserre, a fait appel à ses compétences de coureuse de 800 m pour décrocher la deuxième place en 19’09, juste devant Marie Merien, licenciée au VMA, elle aussi, flashée en 19’13. 
« Je me suis un peu retrouvée bloquée au premier kilomètre, explique Célia. Ensuite, j’ai remonté petit à petit. J’étais quatrième au 4e km et j’ai passé deux filles. Ça m’a étonné, car comme c’est le premier de la saison, je ne pensais pas du tout à ce résultat ». Pour Marie Merien, c’était aussi une grande première en solo. Elle décroche le bronze grâce à un final combatif « J’aurais aimé faire tout le tour du Stade de France, mais c’était déjà magique ! J’ai tout donné, mais quand je l’ai vue sprinter, je n’ai pas pu la rattraper ». Coureuse de 10 km et de semi-marathon, Marie a profité de ce 5 km pour retrouver un peu de vitesse avant la saison de cross qu’elle attend avec impatience, tout comme Célia, qui partage son enthousiasme.
Une fois encore, le Stade de France a été le royaume des athlètes d’exception et le théâtre de performances marquantes. Qu’ils soient Belges, Kényans, Bosniens ou Lyonnais, les lauréats de cette matinée n’auront pas fait le déplacement pour rien, ils repartent chez eux auréolés de succès.
✔ Retrouvez tous les résultats des Voies Royales de Saint-Denis 2025

Sabine LOEB
Journaliste
 
                                     
                            
                                 
                            
                                 
                            
                                 
                            
                                 
                            
                                 
                            
                                 
                            
                                 
     
    