Marseille-Cassis 2025 : Succès pour Ilias Fifa et Daisy Jepkemei, Jimmy Gressier en balade
Une 46e édition de haut vol sous le soleil de la Provence. Ce dimanche 26 octobre, les 20 000 participants de Marseille-Cassis se sont élancés à 9h tapantes, direction le bord de mer, les Calanques et la Gineste. Conditions idéales : 16 degrés, ciel bleu, peu de vent. Et au bout des 20 kilomètres, l’Espagnol Ilias Fifa a triomphé chez les hommes en 1h01’09 tandis que la Kazakhe Daisy Jepkemei remportait la course femmes en 1h06’50. La Française Mélody Julien a encore fait forte impression en prenant la deuxième place. Avec un chrono de 1h07’17, elle signe la meilleure performance tricolore jamais réalisée sur le parcours et confirme qu’elle est l’un des meilleures fondeuses en forme du moment côté Tricolores.
| Un plateau relevé et une ambiance de feu
Chaque année, l’événement fait sold-out en quelques heures seulement. Marseille-Cassis, ce n’est pas une simple course, c’est un rendez-vous mythique pour tous les marseillais et passionnés de running. Dans un décor de carte postale, entre la beauté du Parc national des Calanques, les encouragements des spectateurs massés sur les bords de la Gineste et les vignobles de Cassis, l’atmosphère est unique. Cette 46e édition n’a pas dérogé à la règle. Les élites ont répondu présent, le Rwandais Félicien Muhitira, tenant du titre, et plusieurs outsiders ambitieux, dont Ilias Fifa et Mohamed El Tahlaoui.
Côté Français, on notait la présence d’Igor Bougnot, Martin Perrin, Maxime Bargetto ou encore Faustin Guigon, tous décidés à jouer leur meilleure carte. Et, cerise sur le gâteau, la participation très remarquée du champion du monde Jimmy Gressier, venu en footing avec sa belle-sœur Emma et sa compagne Aude Clavier, championne de France Elite 2025 du 5000 m.
| Ilias Fifa, un retour venu d’ailleurs
Chez les hommes, la course a offert un scénario digne d’un film. Dans la montée de la Gineste, au 5e km, le groupe de tête se réduit rapidement : El Tahlaoui et Fifa mènent la danse, suivis à quelques mètres par Mevsha et Muhitira, en embuscade. Au sommet, après 33 minutes d’effort, la bataille s’intensifie. La côte a fait mal aux organismes et El Tahlaoui, Fifa et Mevsha en profitent pour creuser l’écart dans la descente. Puis arrivant à Cassis, les coureurs fournissent un dernier gros effort pour se détacher du peloton de tête. C’est le Marocain El Tahlaoui qui parvient à se distancer en premier. Après de longues minutes en solitaire, au milieu des vignes de Cassis, il semble filer vers la victoire. Mais à un kilomètre de l’arrivée, l’Espagnol Ilias Fifa revient de nulle part. Lancé comme une fusée dans les rues de Cassis, il revient à toute vitesse sur son concurrent. Le public retient son souffle. Sprint final, épaule contre épaule et c’est finalement l’Espagnol qui arrache la victoire en 1h01’09 après un retour stratosphérique, juste devant le Marocain Mohamed El Tahlaoui (1h01’14).
Sa pointe de vitesse a clairement fait la différence dans ce final spectaculaire. Avec un record à 27’41 au 10 km établi en début d’année à Valence (record d’Espagne), Ilias Fifa a confirmé qu’il était dans la forme de sa vie cette année. « Je suis très content, c’était magnifique. J’ai tout donné, notamment dans le col de la Gineste où c’était compliqué, mais j’étais vraiment venu pour gagner. Le public et l’organisation étaient magnifiques ! Toute cette effervescence… C’est aussi ca qui m’a donné de la force pour gagner ». L’Ukrainien Mykola Mevsha complète le podium en 1h01’37. Le premier Français, Igor Bougnot, prend une belle 8ᵉ place en 1h02’12, salué par le public de Cassis comme un héros local.
Podium masculin :
1. Ilias Fifa (Espagne) – 1h01’09
2. Mohamed El Tahlaoui (Maroc) – 1h01’14
3. Mykola Mevsha (Ukraine) – 1h01’37
1er Français : Igor Bougnot – 1h02’12
| Daisy Jepkemei dominante, Mélody Julien éblouissante
Chez les femmes, Daisy Jepkemei n’a laissé aucune place au suspense. Partie fort dès les premiers kilomètres, la Kazakhe a pris la tête dans la montée de la Gineste et n’a plus jamais été inquiétée. Elle s’impose en 1h06’50, un chrono impressionnant sur un parcours aussi exigeant. Derrière, la Française Mélody Julien a livré une superbe course. Après avoir enchaîné le Marathon de Chicago (2h27’08) et un 10 km (31’55) à Narbonne la semaine précédente, la marathonienne internationale a signé une deuxième place étincelante en 1h07’17, synonyme de meilleure performance française jamais réalisée sur le parcours. La Tarnaise efface ainsi l’ancienne marque de 1h09’00 établie par Mekdes Woldu en 2022 et confirme sa très grande forme du moment « Je me suis régalée dans la descente ! J’ai pas mal enchainé ces derniers temps, j’ai fait le marathon de Chicago, j’ai battu mon record sur 10 bornes la semaine dernière, donc je venais ici pour prendre du plaisir et c’est fait. Je n’avais plus de jambes à la fin, mais un podium c’est super ! Il y avait du très haut niveau et je suis contente d’être la première française, c’est super, ça veut dire que la forme est là ».
Manon Trapp, toujours aussi régulière et généreuse dans l’effort, complète le podium en 1h10’00, avec toujours autant de panache et d’énergie. « C’est une course extraordinaire, c’était incroyable, je me suis régalée. J’adore cette sensation de liberté arrivée au sommet du col, c’était un paysage magnifique, j’ai vraiment adoré ! C’était un parcours exigeant, mais avec de fortes émotions. Je finis une semaine à 160 km, donc je savais que je n’avais pas trop de fraicheur, je suis venue dans la forme du jour, j’ai juste voulu profiter pour moi ! Les gens m’applaudissaient comme si j’étais première, donc forcement j’avais le sourire ! J’ai kiffé la course ! ». Vainqueure l’année dernière, Clémence Calvin termine à la sixième place avec un beau chrono de 1h10’35, juste derrière Ophélie Serra Boxberger (1h10’27) et Manon Coste (1h10’32).
Podium féminin :
1. Daisy Jepkemei (Kazakhstan) – 1h06’50
2. Mélody Julien (France) – 1h07’17
3. Manon Trapp (France) – 1h10’00
| Jimmy Gressier, un champion du monde en footing
L’autre attraction du jour, c’était bien sûr Jimmy Gressier. Pas là pour le chrono, mais pour le plaisir. Le champion du monde du 10 000 m a pris le départ au milieu du peloton, en compagnie de sa belle-famille. Il a bouclé la course en 1h28’27, porté par l’enthousiasme des milliers de coureurs et spectateurs autour de lui. L’enfant du Nord, toujours aussi accessible, a savouré l’expérience. Une balade pas si tranquille, les ischios ont tiré, mais le sourire ne l’a jamais quitté.
Il l’a confié à la fin, Marseille-Cassis, il reviendra « Quel parcours ! C’est une course vraiment difficile, heureusement que je l’ai fait en footing. Dans les montées, ca allait mais dans les descentes, j’avais les ischios qui tiraient ! J’ai a cœur de revenir sur cette course et de vivre la ferveur du public en étant compétitif la prochaine fois, savoure déjà le boulonnais. J’ai vécu tous les encouragements des gens avec beaucoup de bienveillance, et je les remercie, c’est toujours flatteur quand on a la reconnaissance de tout un peuple, avec humilité. Ça me fait vachement plaisir, c’est pour moi que je cours mais aussi pour transmettre des émotions, partager des choses simples avec tout le monde, car je suis simple comme tout le monde, je cours juste un peu plus vite ! »
Avec une fin de course spectaculaire, un plateau international solide et une ambiance fidèle à l’esprit du Sud, cette 46e édition de Marseille-Cassis a tenu toutes ses promesses. Une nouvelle fois, la Gineste a fait la loi, entre souffles courts et quadriceps en feu. Et Cassis a offert son éternel décor de carte postale en guise d’arrivée sous le soleil. Ilias Fifa a signé une remontée héroïque, Daisy Jepkemei a imposé sa domination de bout en bout et Mélody Julien a brillé avec la meilleure performance française de l’histoire sur le parcours. Pour ceux qui doutaient encore, la messe est dite, Marseille-Cassis est l’une des plus belles classiques de France. Et avec un peu de chance, on y verra bientôt Jimmy Gressier jouer les premiers rôles…
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Clément LABORIEUX
Journaliste