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Être supporter, la mission ingrate sur marathon

13/08/2025 12:00

Il a cru se lancer dans un truc anodin. Juste te faire plaisir et assouvir sa curiosité puisque tu parles depuis des lustres de tes courses et de l’ambiance de « ouf » qui règne sur ces événements. Évidemment, tu l’as pris au mot et tu lui as dit de venir t’encourager sur le parcours. Le pauvre en a encore des cauchemars toutes les nuits.


| Prologue : Là où naît le drame

– Non, pas de bière pour moi, j’ai marathon dimanche.

– Encore ? T’en as pas marre de ces courses ? Je vais finir par venir te voir, histoire de vérifier que tu cours vraiment !  

– Chiche ! Je t’attends au départ, sur le parcours et à l’arrivée ! Tu verras, y’aura une super ambiance, tu vas te ré-ga-ler.

– Allez !

Et voilà. Le mal est fait. Ton pote, pas sportif pour un sou, se retrouve embarqué dans une galère dont il ignore tout. Et on peut dire qu’il ne va pas être déçu !


| Chapitre 1 : Le réveil qui pique

Bah oui, les courses officielles, c’est plein de contraintes. Pas question de ronfler dans l’oreiller jusqu’à 11 heures du mat’ le dimanche. Le réveil sonne violemment dès 6 heures parce qu’il faut anticiper le temps de transport, la foule, l’orientation dans le vaste barnum d’un marathon populaire, la quête interminable du pote coureur qu’on commence déjà à haïr. Mais bon, une promesse est une promesse, alors il faut bien s’arracher à la tiédeur du lit, ingurgiter un triple espresso qui tord l’estomac et foncer sur le site de course.


| Chapitre 2 : Le départ

Les deux amis se retrouvent enfin après une recherche pénible et hasardeuse au milieu des milliers de participants stressés et d’accompagnants souvent paumés. Le marathonien est en mode « champion », il profite pleinement de ce jour tant attendu et de la présence de son pote providentiel. Il lui refile ses fringues quand il termine son échauffement (la consigne, c’est trop pénible), lui colle une flasque de boisson énergétique et trois gels saveur cola dans les mains et lui donne rendez-vous au troisième ravito (le plus crucial à ses yeux).

Là, le supporter-vestiaire commence à se dire qu’il a mis le pied dans un truc qui le dépasse totalement.

Le pire, c’est que le coureur le plante soudain là, arguant qu’il doit filer se positionner dans le sas de départ.

Le sas, quel sas… ?


| Chapitre 3 : Le ravito

Un tympan en moins après avoir assisté au départ, le supporter part en quête du fameux troisième ravito. Il demande à gauche à droite, un poil affolé, parce qu’il ne sait pas à quelle heure son pote va passer au point indiqué. Ça court à quelle allure, un mec un peu entraîné ?

Il trouve enfin le ravito où se pressent déjà plein de gens qui ont l’air de vachement s’amuser, eux. Le supporter néophyte, lui, en a plein les bottes. Il a marché des milliards de kilomètres pour arriver là, il a attendu, il s’est fait exploser les tympans par le coup de starter et il doit de nouveau poireauter.

Autour de lui, il y a plein de gens qui ont préparé des pancartes, qui rigolent, qui guettent avec impatience leur coureur. Lui, le supporter d’un jour (un seul, c’est juré), ne sait pas trop quoi faire. Alors il reste planté là. Une éternité.

On dirait que tous les coureurs de l’univers sont déjà passés tant le temps semble long. Son pote n’est toujours pas là. À moins qu’il l’ait raté ?

Le supporter a chaud, faim et mal aux pieds à force de piétiner. Et s’il s’enfilait la gourde de boisson énergétique et un petit gel ?

Pas le temps de tergiverser, le pote arrive enfin. Il arrache la flasque des mains du supporter, râle un coup quand il peine à trouver ses gels et repart aussi sec. 4 secondes. Le gars a consacré 4 secondes à ce ravito vital. Et surtout à son supporter qui reste là comme deux ronds de flan, un peu ébahi et vachement frustré.


| Chapitre 4 : La photo finish

Si ses calculs sont bons (quelle poisse d’être nul en maths !), il a vu passer son pote à mi-parcours. Vu le temps qu’il a attendu, il devrait être cool pour aller prendre la photo juste avant l’arrivée, comme on le lui a demandé. Il s’en va donc vers la ligne, un brin inquiet quand même parce qu’il n’est plus très sûr de la distance exacte d’un marathon et du temps dont il dispose. Il faut dire aussi qu’il règne une espèce d’adrénaline collective sur ce foutu marathon qui le contamine totalement. Bref, il est stressé.

Il marche encore quelques bornes (ses pieds le font atrocement souffrir, il n’aurait pas dû mettre ses mocassins tout neufs) et rallie enfin la zone d’arrivée. Blindée, évidemment. Les gens se compressent contre les barrières, jouent des coudes, se faufilent au premier rang. Ça sent un peu la transpi’ aussi.

Le supporter se fraie un passage tant bien que mal jusqu’à la barrière métallique qui lui cisaille immédiatement le ventre.

Il attend.

Une éternité, encore.

Il commence à s’ennuyer et à compter les finishers comme on compte les moutons quand, tout-à-coup, son pote se dessine à l’horizon. Il n’a pas fière allure : un filet de bave dessine une virgule blanche sur son menton, ses yeux sont exorbités, son maillot est noir de sueur et il grimace atrocement. Il ne l’a pas vu, évidemment.

Clic clac. La photo est dans le sac !

Le supporter jette un œil au chrono géant au-dessus de la ligne d’arrivée : 4h32. Il n’y connaît rien, mais il a l’impression qu’il n’y a vraiment pas de quoi parader.


| Chapitre 5 : l’absence de gratitude

Le supporter s’extrait de la foule et arrive à rejoindre son pote, ce champion auto-proclamé qui se vante en soirée, mais qui ne fait pas trop le malin après avoir crevé à petit feu pendant 42 bornes. En trois mots : il est défait.

– « Alors, ça va ?  »

Le supporter ne sait pas qu’il y a des paroles assassines à bannir à tout prix. Il est là avec les fringues propres et le gel au cola rescapé du troisième ravito qu’il trimballe depuis des heures, un sourire de façade sur le visage, la voix enjouée pour faire plaisir à son copain. Un regard revolver lui répond. Il a dû dire une ânerie, mais il ne comprend pas laquelle.
Un ange passe (ou un démon ?), puis une voix innocente (vraiment ?) lui dit :

– « Tu veux pas aller me chercher de l’eau et récupérer la voiture au parking ? »

Leçon de l’histoire : ce n’est pas parce que tu adores courir et que tu t’éclates sur un événement que tes potes seront aussi enthousiastes que toi. Un bon conseil si tu veux garder tes amis : laisse-les dormir le dimanche et débrouille-toi tout seul, sauf si tu te sens capable de gratitude en toutes circonstances !


Marie PATUREL
Journaliste

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