Les encouragements du public qui ne motivent personne
13/06/2025 22:51Ils sont là, fidèles au poste, postés aux virages serrés, aux ronds-points, aux points de ravitaillement. Ils applaudissent avec enthousiasme, hurlent à pleins poumons, brandissent des pancartes faites maison, parfois un peu bancales, mais toujours sincères. Les supporters de course à pied, on les aime passionnément. Pourtant, il faut bien l’admettre… parfois, leurs encouragements, disons-le gentiment, ne tombent pas toujours pile dans le mille. Entre les phrases toutes faites, les compliments maladroits et les remarques un peu trop franches, il y a ces petites perles entendues au bord du bitume, qui n’ont jamais vraiment réussi à redonner des ailes à un coureur en plein galère.
✓ Voici une petite sélection de ces mots doux, lancés avec le cœur… mais reçus avec les mollets lourds.
| « Allez super, c’est fini »
Ah non monsieur, pas tout à fait… On vient juste de passer le 5ème kilomètre. Si on compte bien, il en reste 37. Oui, 37. Alors merci pour l’intention, mais on va garder l’enthousiasme pour un peu plus tard, hein.
| « T’es belle quand tu cours »
Bon, c’est pas franchement hyper vrai… Entre la pluie qui ruine la coiffure, la queue de cheval en mode « chute libre », le maquillage qui fait piscine et la transpiration façon Niagara, c’est pas la meilleure heure pour un compliment beauté à priori mais merci pour elle.
| « Vous êtes des fous de faire ça, allez allez »
Et justement, à ce moment-là, les coureurs se demandent un peu pourquoi ils sont là. Pas besoin de remuer le couteau dans la plaie, comme on dit.
| « Tu cours super bien »
Pourtant le coach, lui, ne dirait pas exactement ça. Au 38ᵉ kilomètre d’un marathon, la foulée n’est pas la plus légère.

| « C’est le mental maintenant »
Ah le fameux mental… Sauf que les jambes, elles, ont déjà déposé leur démission depuis longtemps. Alors, niveau motivation, on est un peu en rade.
| « Mange du sucre, ça va aller mieux »
Mais vous ne savez pas qu’il vient d’enchaîner 4 heures de gels goût myrtilles banane caramel ? Le sucre, là il en peut plus, il fait grève.
| « Le plus dur est fait »
Mais… Ne dites surtout pas ça. La côte des Gardes, à 5%, arrive dans 2 kilomètres. Vous voulez briser le moral ? Bingo. Et c’est (très) moche de mentir.
| « Allez, souris »
Personne, absolument personne ne veut sourire au 35ᵉ kilomètre d’un marathon, désolé. Même pas le photographe officiel, posté là depuis 4 heures sur sa chaise, qui shoote vaillamment sous la pluie… sans une once de sourire non plus.

| « Allez, t’as payé pour faire ça »
Non, non, non ne lui rappelez pas ça. S’il vous plaît, ne rappelez jamais ça à un coureur en pleine galère. À cet instant précis, il calcule combien il a dépensé en inscriptions, chaussures, fringues, gadgets… et le total lui donne envie de pleurer (ou de vomir).
| « Le plus important c’est de participer »
C’est vous le président de la « Fédération Française de la Lose » ? Enchanté. Merci, mais non merci.
| « Tu peux le faire »
Là, il est arrêté, le visage vert, en pleine session vomito. On n’est pas sûrs.
Bref, on les aime quand même, ces supporters du dimanche, avec leurs cris, leurs pancartes bancales et leurs encouragements maladroits. Parce qu’au fond, même si ça ne booste pas toujours les mollets, ça réchauffe toujours un peu le cœur. Au-delà des phrases ratées et des sourires impossibles, c’est cette énergie unique qui fait battre le cœur de la course. Alors, un grand merci à vous, champions du bord de route, pour votre enthousiasme sans faille, même quand ça ne donne pas des ailes, ça donne toujours un peu de chaleur.