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Pourquoi le Marathon de Paris est-il si difficile ?

MarathonMarathon de Paris
19/05/2025 10:57

Chaque année, des dizaines de milliers de coureurs se lancent à l’assaut des 42,195 km du Marathon de Paris. Un défi monumental, oui, mais dans la capitale, avoir des jambes solides ne suffit pas : il faut aussi un mental d’acier. À l’image de plus grands marathons du monde comme New York ou Boston, celui de Paris traîne une réputation bien méritée. Derrière ses monuments historiques et son image carte postale, c’est un parcours aussi redoutable qu’inoubliable.


| Un dénivelé positif loin d’être anodin

Sur le papier, le Marathon de Paris peut sembler plutôt accessible. Une grande ville, une belle organisation, des routes larges, pas de montagne à l’horizon. Mais si on observe de près le profil du parcours, on réalise vite que ce marathon ne joue pas dans la catégorie des tracés « roulants ». Avec 292 mètres de dénivelé positif, maintenir un rythme régulier dans les rues de la capitale relève de l’exploit. Les faux plats descendant sont piégeux et les nombreuses côtes cassent les jambes. Contrairement à des marathons plats comme Valence ou Séville, connus pour leurs longues lignes droites, le parcours parisien impose constamment des variations d’allure. Les réserves d’énergie s’épuisent alors plus vite que prévu et il suffit d’un oubli, comme zapper un gel, pour que la suite se transforme vite en cauchemar. Sur ce parcours, chaque erreur se paie cash. Beaucoup se heurtent au fameux mur, parfois bien avant le 35e kilomètre.

| Côtes, pavés, tunnels, un cocktail explosif pour les quadriceps

Ce qui rend Paris vraiment difficile, ce sont ces fameuses « bosses » présentes toutes au long du parcours. Dès les premiers kilomètres, le faux plat descendant des Champs incite les coureurs à partir vite, attention à l’excès de confiance. La première difficulté arrive au kilomètre 9 sur la rue du Faubourg Saint Antoine avec cette montée plutôt douce mais longue d’1 km.

Les pavés sont une autre spécificité de Paris. Ils arrivent tôt, dès les premières foulées sur l’Avenue des Champs Elysées. Ils peuvent casser le rythme, fatiguer la foulée, et grignoter de l’énergie, surtout quand il faut rester concentré sur ses appuis. À force, on peut perdre en lucidité.

Mais ce sont surtout les quais de Seine qui font mal. Les trémies, ces passages sous les ponts, cassent complètement le rythme et empêchent d’avoir une allure régulière. Une succession de quatre petites montées et descentes casse-pattes, entre le 28e et le 32e kilomètre, avec un passage sous le Pont de l’Alma, alors que les quadrcieps commencent à envoyer des signaux de fatigue. Et juste au moment où l’on rêve d’un peu de plat… il faut remonter le 16e arrondissement et le bois de Boulogne. Les derniers kilomètres grimpent lentement mais sûrement, avec trois côtes qui vont se succéder entre le 34e et le 41e km.

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© ASO / Morgan Bove
© ASO / Morgan Bove

| Une deuxième moitié de course plus exigeante

Ce n’est pas une légende : la deuxième partie du Marathon de Paris est bien plus difficile que la première. Sur les 292 mètres de dénivelé positif total, près des deux tiers se concentrent sur la deuxième moitié. Alors qu’on devrait tenter de gérer l’effort plus sereinement après le semi, à Paris c’est tout l’inverse. La course devient plus dure et plus exigeante, au moment même où les jambes flanchent. C’est aussi cette difficulté qui rend Paris si redouté par les marathoniens en quête d’un record personnel. Parmi ceux qui courent leur premier 42 km, ils sont encore nombreux à sous-estimer l’importance de la nutrition. A Paris, c’est pourtant essentiel. Le marathon n’est pas qu’une histoire d’allure ou de mental : sans une vraie stratégie nutrition, le mur peut arriver plus vite qu’on ne le pense.

| Coureurs élites ou amateurs, la douleur est la même

Chez les élites aussi, le Marathon de Paris ne fait pas de cadeaux. C’est simple : dans le top 10 masculin et féminin, un seul coureur a réussi à signer un negative split — le Kényan Benard Biwott, vainqueur en 2h05’25, avec un second semi plus rapide que le premier (1h02’57 / 1h02’28). Une donnée qui en dit long sur la difficulté de la deuxième moitié du parcours.

Chez les Français, la performance de Loréna Méningand mérite aussi d’être saluée. Elle termine première tricolore avec un nouveau record personnel. Elle a passé le semi en 1h17’55 mais elle a également buté sur la difficulté du parcours et boucle le second en 1h18’38. Moins rapide, mais tout de même une performance très solide sur un tracé aussi exigeant.

Yohan Durand a lui aussi souffert sur les pavés parisiens. « Musculairement, c’était difficile. La partie des quais est très exigeante, la météo capricieuse avec un peu de vent… », le Bergeracois a bouclé la course en 2h14’44, loin de son chrono de 2h11’56 à Valence, réalisé quelques mois plus tôt à Valence. Une différence qui illustre bien la rudesse du parcours parisien.

« Le parcours n’est pas facile. Musculairement, après le 25e km, c’était difficile. La partie des quais est exigeante, la météo capricieuse… Et puis dans Boulogne, j’ai mis un coup de frein à main. Je suis très content d’avoir fini, car physiquement, ça a été un de mes marathons les plus durs. »

Yohan Durand

© STADION-ACTU

C’est aussi pour toutes ces raisons qu’on mesure encore mieux la performance de Morhad Amdouni. En 2022, il avait signé à Paris un nouveau record de France en 2h05’22 (avant de l’abaisser à 2h03’46 à Séville en 2024). Son chrono à Paris, dans ces conditions, impose clairement le respect.

| Un marathon exigeant, mais de plus en plus populaire

Malgré toutes ces difficultés, le Marathon de Paris reste l’un des plus populaires au monde. En 2025, ils étaient 55 499 à franchir la ligne d’arrivée. Pourquoi un tel engouement ? Parce que Paris restera toujours Paris. Traverser les Champs Elysées, courir au pied de la Tour Eiffel, longer la Seine, passer devant le Louvre… difficile de rivaliser avec autant de prestige et d’histoire.

C’est aussi un vrai terrain de découverte pour les néo-marathoniens. Beaucoup choisissent Paris pour vivre leur première fois. Pour l’ambiance, les encouragements, la proximité avec les proches, et surtout pour le symbole. Même si le chrono n’est pas toujours au rendez-vous, l’émotion du marathon, elle, y est plus forte que jamais.


Le Marathon de Paris, ce n’est pas le plus rapide. Ni le plus simple. Mais c’est peut-être l’un des plus forts en émotion. Son dénivelé piégeux, ses montées cachées et ses pavés exigeants en font un vrai test physique mais aussi mental. Pour bien le vivre, mieux vaut se préparer correctement et en garder sous la semelle pour la deuxième partie du parcours. Et surtout, ne jamais oublier de lever la tête pour savourer cette chance de courir sur les avenues de la plus belle ville du monde.

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