Le mythe de la bière post-marathon © ASO

Le mythe de la bière post-marathon

MarathonConseil
19/06/2025 20:39

On l’attend avec impatience. Puis on la savoure avec délectation. Comme une récompense ultime, comme une dose inestimable de réconfort. La bière que l’on partage à l’arrivée d’un marathon désaltère et procure un plaisir immense. On la dit favorable à la récupération. Cette croyance est-elle justifiée ? Ou la petite mousse d’arrivée est-elle plutôt une fausse amie dont il vaudrait mieux se méfier ?


« Sur les lèvres déjà cet or mousseux, fraîcheur amplifiée par l’écume, puis lentement sur le palais bonheur tamisé d’amertume. (…) Le bien-être immédiat ponctué par un soupir, un claquement de langue, ou un silence qui les vaut. La sensation trompeuse d’un plaisir qui s’ouvre à l’infini. » Philippe Delerm la décrit à merveille, cette première gorgée de bière dont on rêve parfois en pleine course et dont on a une furieuse envie sitôt la ligne d’arrivée franchie. La bière a une dimension magique pour le coureur de fond : elle incarne tout à la fois la fin de l’effort et la récompense post-course, le réconfort et l’absence totale de culpabilité. Qui se sent coupable de siroter une petite mousse après avoir cour plus de 40 kilomètres à fond de train ? La bière est l’un des points communs à de nombreuses disciplines sportives, l’alliée des troisièmes mi-temps et des après-courses entre amis. La légende dit que la boisson à base de houblon favoriserait même la récupération… Mais la bière et le sport sont-ils réellement compatibles ?

| Une mousse de récup’… vraiment ?

Pour bien comprendre ce dont on parle, il faut remonter à la conception de la bière, bien avant son arrivée spectaculaire dans votre verre. Pour fabriquer de la bière, il faut plusieurs ingrédients : de l’eau, du malt (issu de céréales, souvent de l’orge, du froment ou du seigle), du houblon et des levures (pour la fermentation alcoolique). On vous passe les ajouts éventuels que certains utilisent et qui n’ont pas grand-chose à voir avec la véritable bière artisanale défendue par les puristes. Une fois tous ces composants réunis, on procède en 5 étapes :

  • Le brassage des céréales plongées dans l’eau chaude qui transforme l’amidon des grains en sucre, puis d’obtenir un moût auquel on ajoute le houblon ;
  • La fermentation en cuve avec des levures pour transformer le sucre en alcool et en gaz carbonique
  • La mise en cuve de garde pour affiner la bière
  • La filtration pour obtenir un liquide « pur »
  • Le conditionnement en bouteilles, en canettes ou en fûts

Deux finishers de l’édition 2025 du adidas 10K Paris © ASO

Il apparaît donc clairement que la bière contient avant tout des glucides, plus précisément du maltose. Or, après un effort sportif, la régénération des stocks de glycogène est indispensable puisque l’activité physique les a épuisés. Un bon point pour la bière !

Étant issue de céréales, la bière en retire quelques vitamines et minéraux : B6, B12, magnésium, potassium, acides aminés. Mais ces éléments, importants dans la phase de récupération post-effort, ne sont présents qu’en quantités très limitées et il va de soi qu’on peut aisément les trouver dans bien d’autres aliments. C’est un peu comme ceux qui justifient leur consommation de vin en arguant qu’il contient des polyphénols et contribue à la santé cardiovasculaire… On attribuera donc un demi (sans mauvais jeu de mots) bon point à la bière, histoire de lui trouver quand même quelques vertus.

Lire notre article : « La playlist du marathonien »

| L’alcool, ce faux ami  

Bien qu’elle soit savoureuse et que la première gorgée sirotée après la course soit divine, la bière reste avant tout une boisson alcoolisée. Nos sociétés valorisent l’alcool comme paramètre indissociable de la fête et de la convivialité et les buveurs de soft drinks sont souvent regardés de travers. Il n’empêche que les mentalités auraient tout intérêt à évoluer, d’autant plus dans la communauté sportive, car l’alcool est loin d’être l’ami de l’athlète.

Contrairement aux idées reçues, la bière déshydrate. Ce n’est pas parce qu’elle est fabriquée à base d’eau qu’elle répond aux besoins du sportif qui vient de transpirer pendant des heures ! De manière plus générale, l’alcool déshydrate car il agit sur l’hormone antidiurétique, la vasopressine, qui bloque la réabsorption de l’eau au niveau rénal et accélère la diurèse. De plus, le houblon stimule la fonction rénale, ce qui augmente encore davantage la production et l’élimination de l’urine. Qui n’a jamais remarqué que les urines étaient abondantes et claires après avoir bu une bière ? De plus, l’alcool est éliminé par le foie qui a été malmené par l’effort intense. Pendant la course, les muscles produisent des déchets que le foie doit gérer, en plus de son rôle dans le maintien de la glycémie. Autant dire que cet organe n’est pas à la fête pendant un marathon, d’autant moins que le sang est prioritairement envoyé aux muscles. Après l’effort, le foie mérite donc toutes les attentions et ce n’est évidemment pas une dose d’alcool qui va l’aider !

Enfin, la nature gazeuse de la bière peut perturber le système digestif, déjà mis à rude épreuve par l’effort d’endurance durant lequel l’organisme a subi une déshydratation, une prise alimentaire inhabituelle (produits énergétiques très concentrés notamment) ou encore les vibrations liées aux impacts au sol répétitifs. Et les eaux gazeuses que l’on préconise en récup, alors ? Bien souvent, ces eaux sont intéressantes parce qu’elles sont très minéralisées, ce qui contribue à la reconstitution des stocks après un effort physique. C’est moins leur gaz que leur composition minérale qui contribue à la régénération post-activité sportive. Bref, les bulles de la bière ne vous aident pas à récupérer !


La bière amie du marathonien n’est donc qu’un mythe qui a la peau aussi dure que les pieds tannés d’un coureur de fond. Au-delà du plaisir immédiat qu’elle procure, elle n’est clairement pas recommandable après un effort physique. L’une des alternatives est de choisir une bière sans alcool (moins de 1,2 %) qui procure autant de bonheur que « la vraie » sans en avoir les inconvénients. Et si vous pouvez vous passer de la petite mousse à l’arrivée, optez plutôt pour une bonne vieille bouteille d’eau : on n’a encore rien trouvé de mieux pour se désaltérer et se réhydrater !

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