Cassandre Beaugrand, Élise Marc, Alexis Hanquinquant… La course à pied, l’atout n°1 de ces triathlètes internationaux
Cassandre Beaugrand, Alexis Hanquinquant, Élise Marc et leurs compatriotes ont de quoi faire pâlir les amoureux du running. Ces triathlètes internationaux peuvent s’appuyer sur un finish dévastateur. Coup de projecteur sur les performances tonitruantes sur le bitume.
Le calvaire pour certains. Le bonheur pour d’autres. Après une mise en jambes dans l’eau avant de les délier sur le vélo, les triathlètes s’adonnent à la course à pied. Pour pléthore de tricolores, le running est une partie de plaisir. Déconcertants par leurs résultats sur cette discipline, ils sont rarement doublés lors des dernièrs hectomètres. Élise Marc, tout juste vice-championne d’Europe en para-triathlon (PTS3) à Besançon en juin dernier, est une spécialiste du genre. « Dès lors que j’arrive sur la course à pied, c’est à ce moment que je peux vraiment m’exprimer », commente la championne du monde à Torremolinos (PTS3) l’an passé. Avec trois séances d’entraînements par semaine (footing, séance au seuil et de VMA), l’Iséroise s’envole régulièrement à Nice pour s’assurer que ses lames runner Ottobock sont toujours aussi efficaces. « J’y vais tous les trois mois pour l’entretien et vérifier les valves », avance la protégée de Samuel Bellenoue, son nouveau coach depuis février. Au bout de ses prothèses, la passionnée de montage porte l’adidas Adizero Adios Pro Evo 1. « Franchement, ça envoie », sourit-elle.
Alors qu’elle a un record personnel sur 5000 m en 17 »56 établi lors des Jeux Européens du Sport en Entreprise à Bordeaux en 2023, l’ingénieuse diplômée de l’INSA se penchera d’ici fin octobre sur les championnats du Monde à Wollongong, dans le sud-est de l’Australie. Avant la grande échéance : les Jeux Olympiques de Los Angeles 2028. Après deux olympiades durant lesquelles sa catégorie (PTS3 : handicaps significatifs) n’avait pas été représentée (elle concourrait avec des athlètes atteints d’handicaps modérés, PTS4), la dernière d’une famille de trois enfants pourra enfin défendre ses chances à armes égales aux Etats-Unis dans trois ans. Pour son plus grand bonheur…

| Thibault Escaich du triathlon confiné à Eliud Kipchoge
Il en rêvait depuis qu’il était gosse. Thibault Escaich, plus connu sous le nom de Triathlon Thibault sur les réseaux sociaux, a échangé avec la GOAT du marathon Eliud Kipchoge après avoir bouclé les 42,195 km en 2023 en 2 h 42 au Marathon de Berlin. « J’étais invité par Nike. Karl Bebendorf (troisième du 3000 m steeple aux championnats d’Europe 2024 à Rome derrière Alexis Miellet et Djilali Bedrani, Ndlr), était mon lièvre pendant 20 bornes », dévoile celui qui a par le passé pratiqué l’athlétisme près de Toulouse à l’Athlé 632. « On me disait souvent que j’avais une belle foulée aérienne », explique le jeune homme de 23 ans. Avec une marque de référence sur 10 km en 32 »55 établi à Tournefeuille en Occitanie en lendemain de soirée, record auquel il court après depuis maintenant 4 ans, l’ancien étudiant en STAPS s’est lancé un peu par hasard dans le triathlon. « C’était pendant le Covid-19. Avec deux amis, nous avons chacun créé un compte. J’ai toujours voulu travailler dans l’évènementiel. Nous avons fait un triathlon M confiné en novembre 2019 », assure celui qui sort d’un stage en altitude à Font-Romeu. Une performance pour la bonne cause, avec 1700 € de dons aux Hôpitaux de Paris. Le début d’une aventure complètement folle. « Depuis, je n’ai jamais arrêté. »
Avec 4 à 5 entraînements par semaine dans l’eau, 10 à 15 h sur sa selle et 6 à 8 h sur le bitume, l’homme à l’accent du Sud perceptible est en pleine préparation pour l’Iron Man de Cascais au Portugal. Dimanche 13 juillet, l’ancien tennisman dans sa jeunesse a remporté le triathlon M (1,5 km de natation, 40 km de cyclisme et 10 km de course à pied) du Haut Languedoc. Avec en prime, un joli coup d’accélérateur sur sa discipline phare. « Quand je pose le vélo, on me dit que j’ai 4 minutes de retard et que je suis deuxième. Sur 10 km de course, c’est difficile de boucher cet écart. Je reviens au final au 8e kilomètre avant de filer », savoure-t-il. Alors qu’il avait des raisons de s’envoler pour les championnats du monde 2026 dans sa catégorie 18-24 ans, le vingtenaire a appris tout récemment que les modalités de sélection sont durcies pour sa catégorie. Être présent à Kailua-Kona à Hawaï relèverait du quasi-exploit. Pour mettre toutes ses chances de son côté, il côtoiera Arnaud Guilloux, premier Français à avoir remporté le Triathlon Alpe d’Huez longue distance en 2015 d’ici quelques semaines. Ça devrait lui donner des idées.
| Cassandre Beaugrand fracasse le record de France sur 5 km, Alexis Hanquinquant invincible
Le 9 février dernier, la championne du monde et olympique du triathlon Cassandre Beaugrand expédiait aux oubliettes la marque de référence hexagonale sur 5 km, jusqu’alors détenue par Sara Benfares à Hyères en 2022, lors de la Monaco Run Gramaglia, en 14 »53. Pas une surprise au vu de ses performances sur cette discipline : record personnel en 33’12 sur 10 km à 19 ans, quintuple championne de France de cross-country chez les jeunes entre 2013 et 2017, 15’20 sur les 4900 m du triathlon d’Hambourg en juillet 2024… Des chronos complètement fous.
C’est l’un des palmarès les plus fournis du sport tricolore. La liste est longue. Très longue. Double-champion olympique, sept titres de champions du monde, huit à l’échelle du Vieux-Continent… Invaincu depuis 2019, Alexis Hanquinquant s’appuie sur la course à pied pour sceller ses nombreux succès, tout comme Dorian Coninx, Vincent Luis, Pierre Le Corre et Jules Ribstein (PTS2). Les Français ont de sérieux arguments à faire valoir sur le bitume…
Sans aucune contestation, la course à pied offre un regain de confiance à ces triathlètes de renommée nationale voire mondiale dès lors qu’ils s’engagent sur le bitume après la natation et le cyclisme. Un atout qui s’explique pour certains d’entre eux par un passé dans l’athlétisme.

Renaud Chevalier
Journaliste