En exclusivité, la Nike Victory Elite FK présentée par Elliott Heath
Dans le 10e arrondissement de Paris, Elliott Heath, ancien athlète professionnel désormais responsable produit des chaussures de course chez Nike, nous a accordé un moment privilégié pour évoquer la Nike Victory Elite FK. C’est avec cette paire d’exception que Faith Kipyegon s’élancera ce jeudi 26 juin, à partir de 20h, sur la piste du stade Charléty, avec un objectif mythique en ligne de mire : briser la barrière symbolique des 4 minutes sur le mile.
✓ Accueillie en exclusivité dans le showroom du projet « Breaking 4 », notre journaliste a eu la chance de découvrir ces pointes innovantes, d’une légèreté bluffante et au design saisissant.
| Pouvez-vous nous présenter la Nike Victory Elite FK ? Quelles sont ses principales innovations par rapport à la Victory 2 ?
La Victory Elite FK est une évolution de la gamme des Victory Spike, mais avec une approche totalement nouvelle et une conception complètement repensée. La Victory a toujours été la chaussure la plus rapide pour le mile, et Faith a porté des Victory tout au long de sa carrière, même en remontant jusqu’à 2012 et même avant. Mais ce modèle est une réinvention complète de la chaussure, un peu comme Faith a redéfini ce qui est possible sur le mile.
Il y a quelques différences clés entre la Victory Elite FK et la Victory 2. D’abord, le cœur de la chaussure, ou son unité d’air, est un peu plus épais : c’est l’unité d’air la plus haute que nous ayons jamais intégrée dans une paire de pointes, tout en restant dans les limites des règles de World Athletics. Cette semelle à air, plus épaisse, est excellente pour emmagasiner et restituer de l’énergie, avec une très grande efficacité. Si l’on pense à Faith en tant que coureuse, elle génère de la force, et notre but est de lui en restituer le plus possible. L’unité d’air stocke donc cette énergie et la lui renvoie efficacement.

| Ce modèle a été conçu dans un objectif très précis : descendre en-dessous des 4 minutes au Mile avec Faith Kipyegon. Comment cette chaussure révolutionne-t-elle l’approche des pointes de demi-fond ?
Je pense que l’objectif de cette chaussure était de créer la meilleure chaussure possible pour Faith. Et même sans tenir compte de la barre symbolique des 4 minutes au mile, il s’agissait avant tout de se concentrer sur Faith, en tant qu’athlète. Nous avons conçu la chaussure à partir de la forme exacte de son pied pour garantir un ajustement parfait. Tous les tests, les ajustements de rigidité, de structure et d’adhérence ont été faits selon les demandes précises de Faith. Je pense que certaines de ces idées influenceront les pointes du futur, et même les chaussures d’entraînement. Et je suis sûr que Faith en sera très fière.
« Tous les tests, les ajustements de rigidité, de structure et d’adhérence ont été faits selon les demandes précises de Faith. Tout dans cette chaussure est l’oeuvre de Faith. »
Elliott Heath
| Quel a été le niveau d’implication de Faith Kipyegon dans le développement de ces pointes ?
Tout dans cette chaussure est l’oeuvre de Faith. Dans la version précédente de la Victory, Faith était l’athlète la plus impliquée, mais d’autres athlètes y ont contribué également. Pour ce qui est du développement de cette chaussure en particulier, Faith est la seule athlète vraiment impliquée. Chaque aspect de la chaussure a donc été conçu pour elle.
| Quels retours vous ont le plus influencés dans la conception ? Et comment ses ressentis, son foulée ou son style de course ont-ils été intégrés dans les choix techniques ?
Au départ, Faith a dit : « Je ne sais pas, ma Victory 2 est parfaite. Je ne vois pas comment nous pourrions faire une meilleure chaussure. » Mais après que nous l’ayons questionnée un peu plus, elle a dit : « D’accord, je pense qu’il y a deux choses. Si on peut rendre la chaussure plus légère, et si elle peut offrir plus de propulsion, plus de rebond, plus d’énergie. » Pour ce qui est de la légèreté, nous avons économisé plus de 30 % du poids de la Victory 2 à cette nouvelle paire de pointes. Et en ce qui concerne l’unité d’air, le rebond et le retour d’énergie, cela a également été amélioré dans ce modèle.
| La Victory Elite FK ne pèse que 85 grammes, soit 25 % de moins que la Victory 2. Elle intègre une plaque extérieure en fibre de carbone ultra-légère et six broches en titane. Comment avez-vous réussi à gagner autant en légèreté tout en maintenant les performances de propulsion, d’adhérence et de stabilité ?
Oui, nous avons dû réduire le poids en intervenant sur plusieurs composants. Une grande partie des économies de poids a été réalisée au niveau de la partie supérieure. Comme je l’ai dit, elle ne pèse que l’équivalent de trois trombones, très, très légère. Rien que l’allègement de l’empeigne a permis de gagner plus de 10 grammes.
Ensuite, en ce qui concerne la plaque, c’était aussi un point clé pour alléger la chaussure. La Victory 2, comme la plupart des pointes, utilise généralement une plaque en plastique injecté. Celle-ci est uniquement en fibre de carbone. Elle est donc non seulement plus solide et plus légère, mais aussi plus fine, avec moins de matière.
| Cette chaussure a été pensée spécifiquement pour le projet Breaking 4. Est-ce que ce type de développement ultra ciblé préfigure une nouvelle approche dans la création de produits chez Nike ?
Je ne pense pas que cela ait créé une nouvelle approche. Je dirais plutôt que cela a insufflé beaucoup d’énergie dans une approche que Nike a déjà montrée par le passé. Que ce soit avec le projet Breaking 2 avec Eliud Kipchoge ou d’autres initiatives, chaque fois qu’un athlète vise un grand objectif, je suis très fier de faire partie d’une équipe et d’une entreprise qui les soutient dans la poursuite de leurs objectifs.
Il y a bien sûr des éléments spécifiques à Faith et au fait qu’elle soit la seule athlète à se lancer dans ce projet. Mais de manière générale, j’espère que nous continuerons à faire ce genre de choses avec d’autres athlètes, à leur manière. Nous les accompagnerons d’une manière qui fait sens pour eux. Ce projet-ci est entièrement centré sur Faith, mais soutenir les athlètes dans la poursuite d’objectifs très ambitieux, c’est le meilleur modèle de sport.
« Je pense c’est la chaussure la plus légère que nous ayons jamais fabriquée. Mais c’est aussi la chaussure la plus puissante que nous ayons jamais créée. »
Elliott Heath
| Peut-on considérer la Nike Victory Elite FK comme la paire de pointes la plus avancée jamais conçue pour le demi-fond ?
Oui, je pense. Parce que c’est la chaussure la plus légère que nous ayons jamais fabriquée. Mais c’est aussi la chaussure la plus puissante que nous ayons jamais créée. Elle est conçue pour l’athlète le plus puissant. Je ne pense pas qu’il y ait jamais eu une paire de pointes qui tire autant d’enseignements du passé et qui apporte autant de nouveautés et d’innovations à un moment donné.
| Quelles sont les raisons techniques et les bénéfices d’utiliser six pointes au lieu de quatre ?
C’était une demande de Faith qui préférait en avoir six. Les quatre pointes assurent également de l’adhérence grâce à d’autres parties de la plaque. Alors qu’avec les six pointes, comme le titane est très léger, nous pouvons l’utiliser à plus d’endroits tout en supprimant l’adhérence dans d’autres zones. L’adhérence ne dépend donc pas seulement des pointes, mais aussi de ce que nous appelons l’adhérence secondaire. Pour la Nike Victory Elite FK, il n’y a pas d’adhérence secondaire, seulement les pointes. Les pointes sont un peu plus petites : nous avons six petites pointes contre quatre grandes avec adhérence secondaire. En fait, nous avons commencé avec moins. Puis, selon les différents environnements d’entraînement de l’athlète, selon la piste mouillée ou non, nous voulions nous assurer qu’il y avait suffisamment d’adhérence.
| Ce modèle restera-t-il une exclusivité réservée à Faith Kipyegon ?
Nous verrons bien. Pour l’instant, la chaussure n’est pas approuvée. Elle respecte les exigences légales, donc nous pouvons demander son homologation pour un développement futur. Mais nous commençons déjà à réfléchir à la manière dont les enseignements de cette chaussure seront intégrés dans le développement des prochaines pointes, peut-être l’année prochaine ou en vue des Jeux Olympiques de Los Angeles 2028.
| Envisagez-vous une adaptation future pour d’autres athlètes élite…, voire une version plus grand public inspirée de la Victory Elite FK ?
Je pense qu’il y aura une autre version. Encore une fois, nous verrons ce qu’il est pertinent de conserver des connaissances liées à Faith, ou comment il est possible d’apporter ces changements à d’autres athlètes précis. Mais dans le cas présent, le travail a été plus que suffisant pour se concentrer sur Faith.
Elliott Heath vous donne rendez-vous demain soir à partir de 18h au stade Charléty pour assister à un événement majeur de l’athlétisme mondial. La Kényane, triple championne olympique du 1 500 m, foulera la piste bleue parisienne équipée de la Victory Elite FK, une paire dont le nom fait référence à l’expression « fastest known », mais surtout à son nom, qui entre un peu plus dans l’Histoire à chaque exploit : Faith Kipyegon.

Sabine LOEB
Journaliste