Le projet « Enraciné » de Pierre Destailleur : 20 marathons en 23 jours pour sensibiliser à la santé des sols !
Pierre Destailleur, 32 ans, se lance dans un défi hors du commun : « Enraciné », une aventure sportive et engagée pour sensibiliser à la santé des sols. Membre du mouvement Sport Planète, cet aventurier de l’effort s’apprête à parcourir plus de 800 kilomètres, en courant un marathon par jour pendant 23 jours, de Lille à Orléans, avec une halte remarquée à Nancy. Le top départ de cette odyssée écoresponsable sera donné le 16 septembre prochain. Une course au service de la planète, qui promet d’être aussi inspirante que percutante.
| Pouvez-vous me parler de votre parcours sportif ?
J’ai pratiqué du sport un petit peu toute ma vie. Je suis en situation de handicap, il me manque l’avant-bras gauche. J’ai commencé par le tennis pendant 10 ans, où je réussissais à faire mes services avec mon moignon. J’ai essayé d’oublier mon handicap pendant 18 ans. Ensuite, je me suis tourné vers le foot, c’était déjà plus simple, et enfin la course à pied. J’ai fait du Para triathlon, en réalisant que je n’avais pas les mêmes capacités que les autres. Aujourd’hui, grâce aux structures en France et aux Jeux Paralympiques, je suis fier d’être en situation de handicap.
| Quel est l’objectif que vous poursuivez à travers cette aventure ?
L’objectif est de rencontrer divers acteurs – scientifiques, collectivités, citoyens, agriculteurs – pour discuter des enjeux liés à l’utilisation des sols. Il y aura également une mise en avant scientifique des fonctions et services écosystémiques des sols. Le but est d’avoir une vue globale des problématiques liées à ce domaine. Le fait de pratiquer le sport pour porter ce message, c’est aussi un message en soi. La réussite finale serait de sensibiliser les décideurs afin qu’ils disposent de toutes les informations nécessaires pour communiquer positivement sur ce sujet et en assurer la pérennité.
| Y a-t-il eu un moment déclencheur qui vous a donné envie de vous engager en faveur de la préservation des sols ?
Le sujet des sols est venu car je suis ingénieur en agronomie. C’est une passion. Je suis passé par une crise d’éco-anxiété en me rendant compte des données. Étudier m’a fait du bien. Mais la mise en action était essentielle. Le problème, c’est qu’on ne sait pas toujours comment agir. Après m’être investi dans mon association pendant 4 ans et avoir envisagé un changement de métier, je me sentais toujours paralysé sans action concrète. Ce projet me donne une énergie nouvelle. Porter cette aventure me correspond bien, car je suis toujours en quête de nouveaux récits. Je ne pouvais pas rêver mieux que d’être accompagné par Uni-Vert Sport, qui prône une seule santé, celle de l’humain et de la planète.
| Vous avez choisi de courir un marathon par jour, un défi physique hors norme. Qu’est-ce qui vous a poussé à viser une telle intensité ?
J’ai choisi de courir un marathon par jour pour me déplacer de 40 km et promouvoir la lenteur, tout en rencontrant des acteurs. L’objectif n’est pas la performance, mais de montrer qu’on peut courir simplement pour se déplacer, tout en mettant en avant les enjeux et prouvant qu’une personne en situation de handicap peut relever ce défi.
| Courir un marathon par jour, c’est un sacré défi, non ?
Bien sûr, j’ai déjà fait 100 km et quelques marathons, mais jamais autant en si peu de temps. Je crois que c’est possible, car d’autres l’ont fait, comme Nicolas Vandenelsken, qui a couru plus de 110 marathons d’affilée. J’ai prévu trois jours de pause pour me reposer ou rencontrer des acteurs. Je me fixe un départ et une arrivée. Étant donné que je n’ai qu’un bras, j’ai prévu une poussette sportive pour être indépendant et pouvoir passer partout.
| Comment préparez-vous votre projet ?
J’utilise le logiciel OpenRunner pour planifier mes trajets avec un kilométrage et un parcours sécurisé. La plupart des routes sont protégées, mais je traverserai des villes donc je serai équipé de matériel lumineux si je cours tôt. Je suis conscient des risques. Cela permet aussi de mettre en avant les initiatives des collectivités locales, comme les chemins sécurisés pour les vélos ou les passages piétons. Maintenant que mon parcours est défini, je contacte mes interlocuteurs pour leur parler du projet et mettre en lumière les enjeux qui les concernent. Je prévois de passer par Nancy, avec l’Université de Nancy-Lorraine spécialisée sur les sols, Orléans avec l’INRAE et l’AFES, ainsi que Bure, pour rencontrer des acteurs clés du domaine.
| En plus de courir un marathon chaque jour, vous avez prévu de rencontrer des personnes sur votre parcours. Autant dire que vos journées seront bien remplies ! Comment vont-elles s’organiser concrètement ?
J’ai prévu 5-6 heures par marathon. Si jamais je suis blessé un jour et que je dois marcher 40 km, je m’autorise à en mettre beaucoup plus. Réveil à 6 heures, départ à 7 heures, arrivée en début d’après-midi pour me ressourcer et rencontrer des acteurs. Je prévois de dormir chez l’habitant. Je contacte les maires, les clubs de sport et leurs retours sont assez positifs. Dans les petites villes, je rencontrerai des collectifs citoyens, écoles et lycéens. J’aimerais réaliser six capsules vidéos des acteurs rencontrés dans les grandes villes (Troyes, Reims, Nancy), pour les utiliser après l’aventure dans des conférences et pour sensibiliser les jeunes.
| Avez-vous un budget alloué pour vos aventures ?
Oui, mes coûts principaux sont les capsules vidéo et le guide méthodologique, ainsi que le matériel, dont la poussette sportive coûtant environ 500€. Chaque projet reçoit la même enveloppe, versée à nos associations respectives. J’ai aussi prévu des frais RH pour l’alternante en communication de mon association, qui, avec les bénévoles, m’aide à contacter les acteurs de mon projet. Enraciné, c’est mon projet, il me porte les week-ends et en soirée mais je ne suis pas tout seul à le porter. C’est la force du collectif.
Pierre Destailleur aspire à sensibiliser le plus grand nombre, car la santé des sols reste un enjeu largement méconnu du grand public.
Suivez son avancée quotidienne sur Instagram (@Pierre_enracine) et apprenez-en un peu plus sur les enjeux des sols sur LinkedIn (@Pierre Destailleur). Découvrez également des vidéos mettant en lumière les acteurs locaux engagés pour la préservation des sols.
